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plus rien. Les Troyens avoient-ils le », deffus? Ménélas vous devenoit mépri» fable. Le fuccès, non la vertu, déter›› minoit vos penchans & vos inclinations. › Venons à ces évafions dont vous ofez "parer votre vertu prétenduë. Vous n'avez pû fuir, dites-vous. Hé bien, il ,, falloit mourir. Toute autre que vous » auroit-elle balancé à facrifier fa vie à fon époux légitime? C'est moi qui cent » fois vous ait dit : Fuyez, ma fille; dérobez vous à votre amant: je trou›› verai le moyen de vous renvoyer aux ,, Grecs; délivrez-nous d'une guerre » cruelle. Mais comment avez-vous reçu ,, ces avis maternels? Ils excitoient votre ›› courroux. Fiere de régner dans le palais » de Pâris, vous ne cherchiez qu'à nour»rir votre orgueil de l'encens & des ,, adorations des Phrygiens. Tout cela » vous étoit précieux, & vous ofiez vous

montrer avec des parures faites pour ,, rehauffer l'éclat de votre beauté; vous, ›› qui auriez dû rougir de respirer le mê,, me air que Pâris,

Hécube finit en exhortant Ménélas à venger la Gréce & la pudeur violée, en faifant mourir Hélène. Le Chœur feconde cette demande; & Ménélas y foufcrit, Hélène a beau le fupplier; il ne veut

plus rien entendre, & il l'envoye fur le rivage pour être transportée en Gréce; mais non fur le même vaisseau que lui, fuivant fon premier deffein, dont Hécube l'a détourné. C'eft qu'elle craignoit avec raifon que l'adroite Hélène ne vînt à regagner par fes pleurs & fes charmes le cœur de Ménélas, comme il arriva en effet,

Le Chœur, pour Interméde, continue fes chants lugubres. Les Troyennes imputent à Jupiter les facrifices abolis, les autels profanés & les temples abbatus. Elles pleurent leurs maris privés de fépulture, & leurs enfans orphelins, dont les Grecs vont les féparer. Dans la crainte du fort qui les menace, elles fouhaitent de périr fous les flots: & furtout elles font des imprécations contre Hélène, afin qu'elle n'arrive pas dans la Gréce. Cet Intermede paroît plus touchant que les

autres.

ACTE V.

Talthybius apporte à Hécube deux affreufes nouvelles. L'une eft celle du départ précipité d'Andromaque, qui a été obligée de fuivre Neoptoléme fur le même vaiffeau, où il emportoit les cendres de fon pere Achille. La feconde

s'explique

s'explique affez par le préfent qu'il lui fait. C'eft le corps d'Aftyanax qu'il lui remet entre les mains pour l'enfévelir. Il peint la douleur d'Andromaque, qui vient d'arrofer de fes larmes le corps de fon malheureux fils, en faifant retentir tout le rivage de fes adieux à fa patrie expirante, & au tombeau d'Hector. Talthybius confeffe qu'il en a été extrêmement touché. Auffi eft-ce à lui qu'elle a confié ce cher dépôt, pour être remis entre les mains d'Hécube. On le lui préfente fur le bouclier d'Hector qui doit lui fervir de cercueil. Heureuse idée, & digne d'Euripide. Andromaque n'a pas crû devoir faire un autre ufage de ce bouclier, qui lui auroit rappellé fans ceffe le fouvenir cruel de fon époux & de fon fils maffacrés.

Ce fpectacle intéreffant fournit à Hécube la matiere d'un beau Monologue, qu'elle fait tandis que Talthybius va tout préparer pour les funerailles du jeune Prince. Mettez bas, (dit-elle » à ceux qui porte fon petit fils) mettez bas ce bouclier fi capable de re>> nouveller mes douleurs. Fiere Gréce. que ton orgueil eft timide & cruel! » Quoi, la crainte d'un enfant t'a porté à immoler cette tendre victime! Mon Tome 1V

Z

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"Hector, fecondé de fon courage & 10 de tant d'alliés, a fuccombé fous tes " coups; & cet enfant t'a fait trembler » dans le sein même de tes triomphes! » Cher Aftyanax, quelle deftinée est » la tienne? Ah, fi du moins, arrivé » à un âge plus avancé, tu étois mort » pour ta patrie; fi, poffeffeur de la » couronne, tu avois laiffé des héritiers d'un Royaume floriffant, tu ferois heureux: fi l'on peut appeller un bonheur des biens trop peu durables, ,, Mais, helas, né pour tant de gran» deur, tu n'as fait que l'entrevoir. » Que nos barbares murs ont défiguré » cette tête charmante, qui fit les déalices d'une mere! O mains, ô levres, » où nous reconnoiffions les traits d'un » pere, qu'eft devenu votre éclat ! quel, le étoit ton erreur, cher enfant, quand attaché à ma robe, tu me promettois, en begayant, l'hommage de ta chevelure & de pieux devoirs, pour appaifer mon Ombre! Courbée fous le poids des ans, privée de tous mes 2 fils, efclave enfin, c'eft moi qui fuis 2.contrainte de te rendre ce trifte of fice. Eft-ce-là le fruit de mes foucis, » & de tant de nuits inquiétes. Tendres careffes, étoit-ce-là le terme fatal où

vous deviez finir? Que puis-je graver » fur ton fépulchre? Aftyanax fur la » victime des craintes de la Grèce. Que » cet éloge fera glorieux aux Grecs! Tu n'as point joui du fceptre ni des biens paternels; mais le bouclier qui "te fert de tombeau eft le plus pré"cieux de ces biens. Bouclier fidéle, » tu as perdu le héros qui t'illuftra; » mais le fardeau que tu portes fçaura » te dédomager, &c.

Les femmes du Choeur apportent à Hécube le peu d'ornemens qu'elles ont pû recueillir de leurs anciennes richeffes pour les enfevelir avec le corps d'Aftyanax, fuivant l'ufage. Là commencent les cris & les lamentations funébres, fi frequentes chez Euripide. Hécube & les Dames Troyennes font retentir tour à tour le Théâtre de leurs plaintes; mais Héçube dit une chofe affez remarquable pour le tems où elle vivoit. C'eft au fujet d'une pompe fi peu digne du fils de tant de Rois. » Que font, après tout,, aux morts de fi riches funérailles; Ce n'eft qu'un vain éclat imaginé pour fatisfaire la » vanité des vivans ». Cette penfée marque' au moins que les payens n'étoient pas tout-à-fait dupes de leurs coutu

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