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roîtra bien-tôt eft fuppofée à Trachine, comme chez Sophocle.

Ce n'est pas ainfi, comme on a pû le voir, que le fage Sophocle a expofé fon fujet, il nous a fait, non des déclamations, mais des peintures. Il a introduit Déjanire qui fe plaint de l'absence de fon mari, & qui tremble pour fes jours, enfuite Hyllus qu'elle envoye pour chercher les traces d'un pere abfent; puis viennent les heureufes nouvelles qui annoncent la victoire d'Hercule. De ce début fi fimple & fi naturel naissent peu à peu les merveilles que le Poëte à étalées dans la fuite. c'eft qu'il fongeoit, comme depuis le prefcrivit Horace, à tirer la lumiere du fein des Ombres, & non pas à répandre des nuages de fumée après de » vains éclats ››.

* Non fumum ex fulgore, fed ex fumo dare lucem Cogitate

En écoutant au contraire dans Seneque Hercule qui ouvre la Scene, l'on peut bien dire encore après Horace. » Où aboutira ce prometteur empoullé ››

HORACE Art. Poët. v. 143

✦ˆ Quid dignum tanto feret hic promissor hiatu ?

Mais avant que d'aller plus loin, on fera peut-être curieux de voir la Scéne Latine d'Hercule adoucie en François de la façon de Rotrou dans fon Hercule mourant. On y reconnoîtra de plus en plus que c'est après tout Seneque, qui a ('pour ainfi dire, ) monté le Tragique François au ton qu'il a pris depuis dans fon plus beau fiécle.

Puiffant moteur des Dieux, ferme appui de la terre,
Seul Etre fouverain, feul Maître du tonnerre
Goûte enfin, Roi des Cieux, le doux fruit de mes
faits,

Qui par tout l'Univers ont établi la paix.
J'ai d'entre les Sujets la trahifon bannie.
J'ai des Rois arrogans puni la tyrannie,

Et rendu ton renom fi puiffant & fi beau

Que la fondre en tes mains n'eft plus qu'un vain fardeau.

Des objets de ton bras, le mien eft l'homi

cide,

Et tu n'as rien à faire après les faits d'Alcide.
Tu n'as plus à tonner: & le Ciel toutefois.
M'eft encore interdit après tous ces exploits.

Ces vers tout magnifiques qu'ils font

Ibid. v. 138.

ne laiffent pas d'être un vrai Galconifme. Cependant Rotrou y a bien abbaiffé le ton, & plus encore dans ce qui fuit.

Parois-je encore un fils indigne de mon pere?
Junon n'a-telle pas affouvi fa colère ?

N'a-telle pas affez par fon averfion

Fait paroître ma force & mon extraction?

N'ai - je pas fous mes Loix affervi les deux Po

les?

Et celui dont le Ciel charge tant les épaules.
Et fur qui ce fardeau repofe pour jamais,

Ne me peut-il porter avec ce rude faix?

Ainfi que mes exploits rends ma gloire par faite:

La Parque t'a remis le foin de ma défaite.

Et de quelques efforts qu'elle attaque mes jours

L'impuiffante qu'elle eft n'en peut borner le

cours.

L'air, la terre, la mer, les infernales rives
Laiffent enfin ma vie & mes forces oifives.
Et voyant fans effet leurs monftres abbattus
Ces foibles ennemis n'en reproduifent plus.
Pere de la clarté, grand Aftre, Ame du mon

de.

Quels termes,
de?'

n'a franchis ma course vagabon

Sur quels bords a-t'on vû tes rayons étalés,
Où ces bras triomphans ne fe foient signalés?
J'ai porté la terreur plus loin que ta carriere,

Plus loin qu'où tes rayons ont porté la lus
miere.

J'ai forcé des païs que le jour ne voit pas.
Et j'ai vu la nature au-delà de mes pas.

Neptune & les Tritons ont vû d'un œil ti
mide

Tromener mes Vaiffeaux fur leur Campagne hu mide.

L'air tremble comme l'onde, au feul bruit de mo

nom,

Et n'ofe plus fervir la haine de Junon.

Mais qu'en vain j'ai purgé le séjour où nous fom

mes!

Je donne aux immortels la peur que j'ôte aux hom

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Le Soleil voit par eux fes Maisons occupées :
Sans en être chaffés, ils les ont ufurpées.

Ces vaincus qui m'ont fait fi célebre aux nee

veux

Ont au Ciel devant moi la place que j'y veux. Junon dont le courroux ne peut encor s'étein dre

En a peuplé le Ciel pour me le faire craindre.
Mais qu'il en foit rempli de l'un à l'autre bout,
Leurs efforts feront vains; ce bras forcera tout.

Rotrou, comme il eft vifible, a paffé bien des rodomontades pareilles à celles qu'il a mifes. S'il eût voulu, par exem

ple, exprimer la menace que fait Hercule de tout bouleverfer, il auroit pû lui mettre dans la bouche ce que dit l'Artabaze des Visionnaires✶ dans le vrai goût

de Séneque.

Quoi donc, je suis oifif & je ferois fi lâche,
Que mon bras pût avoir tant foit peu de relâ

che?

O Dieux! faites fortir d'un antre ténebreux
Quelque horrible géant, ou quelque nionftre af

freux:

S'il faut que

ma valeur manque un jour de matiere.

Je vais faire du monde un vafte cimetière.

C'est en effet ce que dit Hercule à la.

lettre.

La feconde Scéne de la Tragedie Latine n'eft pas beaucoup plus fenfée que la premiere ; mais du moins on y voiť ce à fçavoir qu'Hercule revient à Trachi-qu'il eût fallu d'abord faire entendre, ne chargé des dépouilles de l'Echalie, & fuivi d'une troupe de captives, parmi lefquelles on voit Iole fille du Roi.

vaincu.

Iole & les captives plaignent leur deftinée, mais d'une maniere très-peu capable de tirer les larmes des Spectateurs. Elles pleurent par Sentences, & par

* Perfonnage des Vifionnaires.

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