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pece, mais elles font gâtées d'ordinaire par les autres vers où elles fe trouvent comme noyées Ce font de vrayes pierreries qui font confondues parmi un grand nombre de faux diamans. Que la fureur de Déjanire paroît froide au milieu de tant de feux! en effet, tout ce grand courroux qui ne menaçoit que de fer & de flammes, n'aboutit qu'à tenter le fecours de la magie pour faire un philtre. Elle ordonne à fa Confidente de répandre du fang de Neffus fur une robe qu'elle veut envoyer à fon infidéle. Cependant elle prie l'Amour de feconder fes deffeins.L'opération fe fait en un inftant: & Lichas qui fe préfente à propos fans être appellé, & fans dire un mot, eft chargé: de porter la robe à Hercule.

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Le Chœur différent de celui du premier Acte, & compofé de filles Etoliennes attachées à Déjanire, fait l'Interméde fur cette parole de la Reine, Pleurez mes malheurs. Elles fe difpofent à obeir. Mais leur Ode loin d'être plaintive n'eft qu'un tiffu de morale fçavante, & raffinée fur ce texte, »il eft rare qu'on foit fidele > aux malheureux ». Le commentaire eft fort long, & roule fur le contraste du malheur des têtes couronnées, & du bonheur des fimples particuliers. Cela

ne vient guères au fujet. On feroit dédommagé, fi du moins on y reconnoiffoit un peu de ces traits charmans que Virgile à répandus fur le meme fujet à. l'occafion des amateurs de la Campagne & de la vie privée.

O Fortunatos nimiùm ; sua si bona norinsy.
Agricolas !

» Trop heureux ceux qui jouiffent » des charmes de la campagne, s'ils fça→ >> vent connoître leur bonheur !.

ACTE HI

Déjanire vient frémir par machine, s'il eft permis de parler ainfi, pour exprimer ce qui eft en effet. La caufe de fes frémiffemens, c'eft qu'à peine l'opération magique a été faite, & la robe envoyée, que le refte du sang dont on s'eft fervi pour teindre la robe étant exposé au jour s'eft liquéfié & enflammé. Pour peindre cela, il a fallu que Seneque ait eú recours à la Geographie, & cherché des monts où les neiges fe fondent, & des côtes maritimes où l'eau brifée fe change en écume.» Tandis que j'admire ce prodige (continuë Déjanire) la cause

de ma furprise difparoit. La terre même bouillonne comme les flots, & » tout ce que le venin touche est ébranlé. Ce n'eft pas-là du Sophocle; ou plutôt c'est le Poëte Grec fophiftiqué en Latin. Voici le même affaifonne ment de la façon de Rotrou..

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Une obfcure fumée au milieu de la porte

M'a fait baiffer la vûë, & j'ai vû fur le feüil‚¿
(O Prodige, ô Spectacle, épouvantable à l'œil.)?
Sous deux goutes de fang par hazard repanduës
Du bois fe confumer, & des pierres fonduës;
L'air en étoit obfcur, la terre en écumoit ;
Le fer en étoit chaud, & le bois en fumoit,

Si la traduction eft niaise, c'est qu'il falloit bien qu'elle fût conforme au Texte.

"

Hyllus revient tout-à-coup du Prò-montoire de Cenée, où il a vû Hercule revêtu de la robe fatale & faifant des facrifices à Jupiter: Il débute ainfi. » Partez, ma mere, fuyez, cherchez un afyle au-delà des Terres de l'Ocean,. » des Aftres, & des Enfers: fuyez en » un mot, au-delà des travaux d'Alcide... Allez aux Temples de Junon; ils vous feront ouverts: tous les autres vous font fermés ». C'est que Junon étoit l'ennemie d'Hercule. Il faut qu'Hyl

fus y ait l'ong-temps fongé pour expri mer fon courroux d'une façon fi finguliere. Rotrou l'a fait parler un peu plus fenfément en ces termes.

Allez, courez, fuyez, Hé quoi, Madame ? ☎

Dieux !

Après cet accident vous êtes dans ces lieux !
Helas, fi quelque route en ce danger extrême
Va plus loin que la terre, & que l'Erebe même
Et dont Hercule encor n'ait aucun fouvenir,
Courez; c'est le chemin que vous devez tenir

Il dit enfin que le poifon de Neffus fait:
mourir fon pere; mais d'où fçait-il qu'on
a fait l'opération magique ? Déjanire
fe défefpere à cette nouvelle: puis Hyl
lus fait dans les formes le récit de tout
le détail, Ce récit entier eft fi peu fenfé,,
qu'il fuffira d'en donner un léger crayon,
pour faire juger du refte. Hercule
> au milieu de fa priere à Jupiter laiffe
échapper tout à-coup un gémiffement
» involontaire. Ce gémiffement, par-
» ce qu'il eft d'Hercule, retentit comme
» un cri horrible, comme le mugiffe.
»ment d'un taureau frappé, comme un
» bruit de tonnerre, qui menace l'Uni-
vers. Ce gémiffement frappe les Aftres
» & la mer. Les Cyclades mêmes, &:
les côtes plus éloignées en deviennent:

les échos. On voit pleurer Hercule. On croit que c'eft un nouvel accès de fu »reur. Tout fuit, tout tremble, Mais ce Héros, jettant çà & là des regards , enflammés, cherche le feul Lichas. Cet >malheureux embraffe les autels. La » frayeur qui le glace, laiffe à peine » lieu à fon fupplice. Alcide lui prend » la main. Voilà donc, dit il, le bras » qui paffera pour m'avoir abbatu. Li chas fait périr Hercule; & fur pour » croît de honte, Hercule va faire périr Lichas. Je fouille mes grands deftins » & la mort de ce miferable fera le

dernier de mes travaux. Incontinent » Lichas eft jetté en l'air, & il arrofe

les nuées de fon fang Tel un trait » lancé par un Gete ou par un Cydo >>>nien s'éleve dans les airs, hormis » qu'il s'éleve moins haut, &c. Le refte eft à peu près de même tournure, c'eft-à-dire, entre-mêlé de faux fubli me, & d'affez beaux vers. Rotrou tout fidéle qu'il s'eft montré à Seneque, n'a olé traduire le plûpart de ces penfées.

Après ce récit le même tintement d'antithefes forme la réponse de Déja nire. A la lire férieufement & à tête repofée, on feroit tenté de croire qu'elle Cydon, ville de Crete.

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