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moins de bruit chez Sophocle, & c'elt pour cela qu'elle exécute fon dessein fans oppofition. Ici elle avèrtit toute la terre de fon projet, & perfonne ne s'y oppose. Cela n'eft pas naturel.

Il eft vrai qu'Hyllus délibere s'il n'ira pas fauver fa mere. Mais il lui prend un fcrupule, une crainte d'être coupable en cela même envers fon pere mourant. A la verité, il étouffe bien-tôt cette vaine crainte par une réflexion plus fensée, & il court après Déjanire. Mais il n'eft plus tems. Il n'a déliberé, ce femble, que pour lui donner le loifir de se frapper. Car il falloit que Déjanire mourût, comme chez Sophocle. Les Tragiques Grecs, en fuivant la nature & le bon fens qu'ils préferoient à une Scéne brillante, ne tomboient pas dans ces fortes d'inconveniens où un Poëte imitateur fe voit réduit comme à l'étroit, ainfi que le dit Horace, lorf» qu'il a commencé à fuivre un modele dont il ne lui eft pas permis de s'é

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L'Interméde que fait le Chœur ne vient à rien du tout. En voici la matiere. Hercule meurt, tant eft vrai » l'Oracle d'Orphée, que rien n'est » éternel ici bas». Cet Oracle qui n'a rien de rare affurément, donne lieu aux Etoliennes de raconter toute l'hiftoire d'Orphée. Etoit-ce là fa place? On ne pardonneroit pas cette faute à un Poëte

novice.

ACTE IV.

On améne Hercule qui fait d'abord connoître combien il eft furieux. Ce qu'il a dit de folies dans fon bon fens, n'est rien au prix de ce qu'il exhale dans fa fureur. Ce qui eft étonnant, c'est qu'un auffi bel efprit que Rotrou ait refpecté le nom vrai ou fuppofé de Seneque, jufqu'à traduire tout cela prefque mot pour mot,

* Fais d'un rapide cours, prince de la lumiere,
A tes chevaux ardens rebrouffer leur carriere
Qu'une ombre générale obfcurciffe les airs,
Et ne fais point de jour alors que je le perds.

Converte, Titan clare, anhelantes equós.
Emitte nochem. Pereat hic mundo dies
Quo moriar..s

ROTROU. Herc, mour. Act. III. Sc. II.

Tome IV

D

Alcide meurt, fans qu'en cette

aventure

Le cahos de retour confonde la nature!

La terre en cet effort eft ferme sous mes pas :
Les Aftres font leur cours, le Ciel ne fe rompt

pas!

Juge combien ma mort ébranle ta Couronne,

C'est à Jupiter en perfonne que ce difcours s'adreffe.

Préviens avec honneur ce honteux accident: Romps ce qu'on t'ôteroit, perds tout en me perdant.

Nune pater cacum cabos

Reddi decebat. Hinc & hinc compagibus

Ruptis uterque debuit frangi polus.

Quid parcis aftris? Herculem amittis pater! ›

Le beau de l'affaire, c'eft que cet enthousiasme va toujours en croiffant & à quel excès ! j'en ai peut-être déja trop cité. Le Choeur y entre auffi comme par contagion, de maniere que c'est une vraye converfation d'infenfés ou de Furies. Mais de même que dans une horrible tempête on voit briller des éclairs, ainfi entrevoit-on dans cette Scéne d'éclatantes idées, comme quand Alcide fe plaint de n'avoir pas été la

victime des Monftres qu'il a domtés, & d'être réservé à mourir par les mains d'une femme eft-il poffible, ajoûte"t'il, que j'aye perdu tant de fois une belle mort»?

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Tories honeftam!

Perdidi mortem, hei mihi,

Le magnifique endroit de Sophocle traduit par Ciceron ou Attilius, eft en partie bien imité. En voici une ébauche de Rotrou tirée du Poëte Latin.!

Eft-ce donc là ce bras dont les faits fönt fi rares, Ibid.
Ce vainqueur des Tyrans, cet effroi des bar-

bares,

Ce fléau de révolte, & de rébellions,

Ce meurtrier de ferpens, ce domteur de lions? &c.

Ce bel endroit eft toutefois défiguré par de faux brillans dont il y en a un remarquable. Hercule ne fçachant quelle eft la cause du mal qui le dévore dit, en fe déchirant les entrailles: » Que le » mal a trouvé un afyle au-delà. O mal » femblable à Hercule ! C'est pour faire entendre que ce mal eft invincible comme lui. La pensée qui fuit feroit belle, fi elle ne dégénéroit pas en impiété.

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D'un regard de pitié daigne percer la nuë,
Et fur ton fils mourant arrête un peu la vuë.
Vois, Jupin, que je meurs; mais vois de quelle

mort;

Et donne du fecours ou des pleurs à mon fort.
J'ai toujours dû ma vie à ma feule défense;

Et je n'ai point encore imploré ta puiffance.
Quand les têtes de l'Hydre ont fait entre mes
bras,

Cent replis tortueux, je ne te priois pas.

Quand j'ai dans les Enfers affronté la mort même
Je n'ai point reclamé ta puiffance fuprême;
J'ai de monftres divers purgé chaque élément,
Sans jetter vers le Ciel un regard feulement.
Mon bras fut mon recours; & jamais le ton-
perre,

N'a, quand j'ai combattu, grondé contre la terre :
Je n'ai rien imploré de ton affection,

Et je commence helas, cette lâche action!
Aux prieres enfin ce feu me fait résoudre

Et pour toute faveur j'implore un coup de fou-
dre

Le Latin eft plus ferré & plus éner

gique,

Tot feras vici horridas :

Reges, Tyrannos z non iamen vultus meos

*In aftra torfi. Semper hac nobis manus
Votum fpopondit.

Cette derniere penfée eft fublime. » Mon bras m'a tenu lieu de vœux,

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