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Nulla propter me facro

Micuere solo fulmina. Hic aliquid dies.
Optare juffit. Primus audierit preces
Idemque fummus. Unicum fulmen peto.

Certes files Sçavans qui fur la fimple critique du ftyle, ôtent cette Piece à l'Auteur de Medée, n'avoient égard qu'à ce morceau & à quelques autres, ils devroient la lui rendre fans. balancer, Il paroît que Racine a imité le tour dont je viens de parler, dans la feconde Scene de l'Acte IV. de Phedré, où Thefée parle ainfi au Dieu de la mer en le priant de le venger d'Hippolyte.

Et toi Neptune, & toi, fi jadis mon courage
D'infâmes affaffins nettoya ton rivage,

Souviens-toi que pour prix de mes efforts heu

reux

Tu promis d'exaucer le premier de mes vœux.
Dans les longues rigueurs d'une prifonc ruelle,
Je n'ai point imploré ta puiffance immortelle.
Avare du fecours que j'attends de tes soins,
Mes vœux t'ont refervé pour de plus grands
befoins.

Je t'implore aujourd'hui. Venge un malheureux

pere:

J'abandonne ce traitre à toute ta colere,
Etouffe dans fon fang fes défirs effrontés :
Thefée à tes fureurs connoîtra tes bontés.

Ce parallele fait voir combien une main habile & délicate fçait employer d'art dans une heureuse imitation. C'estlà non feulement tirer des pierreries du fumier d'Ennius.

Enni de ftercore gemmas :

Mais encore fçavoir les tailler & les em bellir ce que Rotrou n'a fait qu'imparfaitement.

Hercule après avoir prié Jupiter de le foudroyer, s'adreffe à Junon. » Que ›› demandez-vous de plus, fiere Déesse? vous voyez Alcide fuppliant Himplore les Peuples, les Villes, & l'Univers entier, pour obtenir la mort, comme une récompenfe dûë à fes travaux. Cela eft moins ampoullé que le refte. Rotrou dit noblement :

Pour prix de tant d'exploits je ne veux que la

mort.

Alcméne furvient avec Philoctéte, d'où & comment, on ne le dit pas. Ce qui a donné lieu à Seneque d'introduire Alcméne, c'eft que Sophocle fait dire à Hercule prêt à accomplir fa deftinée, qu'on lui faffe venir fa mere & toute

fa Maison. Mais Hyllus le rappelle de fon égarement, & lui fait fouvenir qu'Alcméne & tous fes freres font ailleurs.

Hercule chez Seneque raconte en peu de mots fes tourmens: & Alcméné en eft au défefpoir. Pour Philoctéte, c'eft un perfonnage muet: de forte que toute cette Scéne n'eft qu'une continuation des plaintes d'Alcide. Il y dit entr'autres chofes extraordinaires: » Qu'il » faut le jetter dans la mer, afin d'é"teindre le feu qui le dévore. Car les fleuves ne fuffiroient pas. Ils feroient "defféchés ». Et même il craint que l'Océan ne puiffe fuffire à étouffer ces flammes. Rotrou ajoûte à cela qu'Alcide plongé dans le Penée * a fait bouillir les ondes, que ce feu vehement convertiroit en foi le liquide élement. Et il avoit dit plus haut:

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O cruelle douleur ! o tourment! ô martyre'!
Ce lieu brûle déja de l'air que je refpire:
La place autour de moi fume de toutes parts,
Et ces humides fleurs féchent à mes regards.

Le feu de Seneque est encore plus actif & plus contagieux, que celui qui brûle

* Penée, fleuve de Theffalie, dont la fource eft au Pinde, & qui coule entre les monts Offa & Olympe, & arrofe la vallée de Tempé.

Hercule. On le fent par ces vers de Rotrou, & par quelques-uns du grand Corneille.

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Autre idée bizarre. Hercule dit, » que quand il feroit attaché au mont » Caucafe pour être la proye des vau» tours, quand plufieurs montagnes, » ( que nomme le Poëte) se réuniroient » pour l'écrafer comme les Tytans, quand le monde entier tomberoit ,, embrafé fur lui, rien ne feroit capable de tirer un foupir de fon fein, parce qu'il ne craint rien de tout ce quil peut voir & repouffer ». On peut défier toutes les imaginations du monde, de rien imaginer de plus fort. Il n'eft pas furprenant qu'après quelques autres idées pareilles Hercule se pâme.

Alcmene dans cet intervalle fait des vœux ardens pour fa guérifon; & Hyllus paroît. Il s'écrie que Déjanire eft morte; non pas fi fimplement que je le dis ce qui auroit fuffi: mais avec les ornemens ordinaires, qui coutent fi peu au Poëte Latin. Hyllus auroit dû au moins ajoûter, qu'il a fait tout fon poffible pour empêcher fa mere de fe percer, puifqu'il avoit volé fur fes pas. Mais non il femble qu'il n'ait couru que

pour être le témoin de fa mort. Rotrou s'eft bien apperçu de cette faute de Seneque, & il l'a évitée habilement. Alcméne qui apparemment n'a pas entendu les paroles d'Hyllus, le prie de ne pas réveiller Hercule. Mais il n'eft plus tems. Ce Héros reprend fes efprits, & fe croit tranfporté au Ciel. C'eft un effet de fa fureur tranquillifée, qui eft très bien ménagé. Rotrou l'a fenti & en a profité.

* Quel favorable fort a fini mes défaftres

Et m'a fait obtenir un rang parmi les Aftres;
O divin changement! ô miracles divers!

Mon pere à ma venue accourt les bras ouverts

&c..

Mais ce fpectacle célefte s'évanouit avec fa réverie. Hercule fe retrouve à Trachine, & reconnoît Hyllus qui lui annonce la mort de Déjanire, & la juftifie. Dès qu'Hercule apprend que c'eft le fang du Centaure Neffus qui caufe fes tourmens, il reprend fa tranquillité, & femblable à un malade revenu d'un long délire, ( chez Sophocle ce n'eft qu'un fommeil) il dit ::

Mes travaux ont leur flat

Ce que vous m'apprenez explique mon déstim

*ROTROV Herc. mour. A&t. IV. So IL.
Dw

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