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guerre dans l'Eubée contre Eurytus. » Mais fçavez vous, mon fils, reprend

Déjanire, quels Oracles votre pere » m'a laiffés en partant touchant cette » expédition ? les voici. Il y périra » où enfin rendu à lui-même il jouïra », déformais d'un fort plus tranquille » & plus doux. Vous voyez quelle eft » la fituation de ce Heros dont dépen»dent nos deftinées. Car enfin c'eft » fait de nous s'il n'eft plus; & tant qu'il » vivra nous fommes trop fortunés. Ba» lancerez-vous donc à lui porter du

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fecours? J'y vole, répond Hyllus, & »croyez que fi j'avois eû la moindre » lumiere de cet Oracle paternel, on »me verroit depuis long-tems courir fur fes pas. Mais enfin quoique le » bonheur qui accompagne fes armes doive me raffurer, & calmer votre » inquiétude, je pars; & comptez que je mettrai tous mes foins à m'inftruire » de tout ce qui touche une fi chere » tête. Partez, mon fils, dit la mere: » ne rougiffons pas de pourfuivre un » projet utile quoique tardif. Adieu ».

Une troupe de filles du païs fe préfente à l'inftant au Vestibule de la maifon de Ceyx où fe paffe la fcene. Elles cherchent Déjanire, & inquiettes

fur le deftin d'Hercule, elles prient le Soleil d'apprendre à cette épouse affligée le fort de fon époux. Ces filles, comme on a dit, forment le Choeur qui fera déformais témoin de toute l'action. Celle qui prend la parole pour les autres touchée de voir Déjanire pri-. vée depuis long-tems du fommeil, & livrée à fes craintes mortelles, entreprend de la confoler. Ces confolations ne font que des lieux communs qu'on trouve répandus chez tous les Anciens, fur l'inftabilité de la fortune, fur le mê◄ lange des biens & des maux, & fur les charmes de l'efpérance. Mais tout cela eft tourné d'une maniere inexprimable.

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Senfible à la tendreffe de ces jeunes filles, Déjanire répond, qu'elles igno¬ rent encore les chagrins inévitables que traîne après foi l'hymenée, chagrins dont leur âge les a mis à couvert juf qu'ici: mais qu'enfin elles fçauront un jour par leur propre expérience, en quelles peines doivent jetter une tendre épouse l'absence d'un époux chéri, l'inquiétude fur des enfans qu'on aime, & mille autres foucis. Ce sentiment eft tout femblable à celui que Racine tout rempli de fon Sophocle a mis dans la bouche d'Andromaque, quand elle dit

à Hermione, Andromaque. Acte III. Scene IV.

... Il me reste un fils, vous fçaurez quelque jour, Madame, pour un fils jufqu'où va notre amour': Mais vous ne fçaurez pas, au moins je le fouhaite En quel trouble mortel son intérêt nous jette. Lorsque de tant de biens qui pouvoient nous flatter C'est le feul qui nous refte, & qu'on veut nous l'ôter.

Déjanire fe détermine à réveler à fes confidentes, un fouci qui la tourmente particulierement. L'écrit que lui a laiffé Hercule à fon départ en eft le fujet, Véritablement c'eft le détail de fes dernieres volontés, & un teftament dans les formes. Jadis il partoit, dit-elle, com» me un Héros qui court à la victoire. » mais ici il parle en époux expirant. » Il regle mon héritage: il divife fes »Etats à fes fils: & il détermine un » terme au-delà duquel nous ne de»vons plus compter fur fes jours ». Ce terme eft de quinze mois, & Déjanire se voit au dernier jour. De plus l'Oracle dønt. elle a parlé à fon fils & qu'elle répéte au Chœur, eft un Oracle donné à Hercule par des Colombes de la forêt de Dodone. » Voilà ce qui ne me permet pas d'abandonner mes

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yeux au fommeil, dans la crainte con

"", tinuelle où je fuis d'être affez infortunée furvivre à ce Héros », Ce font-là certes des fentimens héroïques

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& rares.

pour

Le fujet s'étant ainsi dévoilé infenfiblement par des mouvemens inquiets, le Chœur voit venir un homme couronné de branches d'arbre; heureux préfage: En effet, c'eft un Citoyen qui ayant rencontré Lichas Officier d'Hercule, l'a prévenu pour annoncer à Déjanire, que fon époux revient comblé de gloire, & chargé de dépouilles remportées fur fes ennemis. Vous le re

verrez bien-tôt lui- même couronné » de lauriers à la tête d'une armée victo

rieufe». Déjanire demande, qui empêche donc Lichas de venir lui-même Jui apporter cette nouvelle. On lui répond, que le peuple curieux de fçavoir en détail un fi grand fuccès, l'arrête malgré lui. Déjanire fe livre à une joye d'autant plus vive & moins aisée à exprimer, que fa trifteffe avoit été plus profonde. Elle invite le Choeur à prendre part à fon allégreffe; & cela fert de matiere à un court Intermede qui n'eft qu'un chant de triomphe en 1'honneur de Diane, d'Apollon, & de Bacchus.

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Lichas arrivé acheve en détail à la Reine le récit qu'un autre avoit ébauché en deux mots: Hercule a faccagé la ville d'Echalie*, tué Eurytus, & emmené un grand nombre de captifs & de captives, qu'il envoye devant lui à fon époufe. On les voit en effet dans de fonds du Théâtre avec une jeune Princeffe à leur tête.

Le fujet de cette guerre, dit Lichas, étoit une jufte vengeance qu'Hercule vouloit tirer d'Eurytus Roi d'Echalie; qui avoit violé à fon égard les loix de Phofpitalité, jufqu'à l'offenfer par des paroles piquantes, & le bannir de fon Palais dans la débauche d'un feftin: ce qui avoit été caufe que ce Héros irrité rencontrant malheureusement un certain Iphitus fur le haut d'un rocher, T'en avoit précipité dans la colere, fans lui donner le tems de fe reconnoitre & de fe défendre. Il eft étonnant que Spphocle ait imputé cette lacheté à fon Héros même dans un récit infidéle. Du

@chalie, ville 'ancienne de la Theffalic Eurytus en étoit Roi,

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