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Tallongement que Rotrou a fait à Seneque, pour ajufter fa Piéce à la Fran çoise.

ACTE H.

Lufcinde, Confidente de Déjanire, commence le fecond Acte ainfi que dans le Latin, c'est-à-dire, en préparant le Spectateur à voir cette Princeffe dans toute fa fureur. En effet, Déjanire paroît telle qu'on l'a annoncée, & que la peinte Seneque, avec toutes les horreurs de la plus jalouse rage, qui n'aboutit pourtant qu'à teindre une robe du fang de Neffus: traduction trèslitterale de la Scéne Latine avec tous fes défauts. Cependant le grand fracas de Déjanire fembloit menacer de quelque chofe de plus que d'un fimple philtre. C'eft à en faire un, qu'aboutit fon défefpoir affecté: encore eft-ce par hazard qu'elle s'en fouvient, après avoir refufé de prêter l'oreille à un Magicien. Elle s'étoit défiée des charmes,

He quel charme affez fort

Pourroit fur fon efprit faire un utile effort?

Elle avoit même dit beaucoup plus. Comment donc fe ravife-t'elle tout-à

Tome IV.

E

coup de recourir à un philtre qu'elle avoit dédaigné, qu'elle n'avoit pas éprouvé, & d'en attendre un heureux fuccès.

Iole vient se présenter à elle affez malà-propos. Auffi lui demande-t'elle la mort pour éviter les pourfuites d'Her

cule.

Vous même portez lui ce cœur qu'il me de mande.

Déjanire croit que ce difcours n'est qu'un voile artificieux pour cacher l'infidelité d'Alcide & fon intelligence avec Iole. C'est pourquoi elle maltraite fa captive, & ne lui épargne pas même les termes, d'infame, d'impudente, & d'effrontée: injures à la mode dans le fiécle paffé, & que la politeffe du nôtre a bannies en fubftituant celles de barbare, cruelle, perfide, lâche, &c. Que diroit donc Homere, s'il revenoit dans les divers tems de notre langue *?

* Sans avoir recours à l'autorité des Anciens, & au bon fens, les modes diverfes de notre langue ne nous montrent que trop, qu'en tout fiécle les injures ne fignifioient que ce que les nôtres fignifient. Il ne faut donc pas faire aux Anciens leur procès fur cet article.

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Iole ainfi perfécutée de toutes parts fe défefpere. Elle craint plus pour Ar cas, que pour elle même. La mort lui couteroit peu. Arcas paroît aufsi-tôt à la fenêtre de fa prison, où Hercule l'a relegué; & il dit à Iole, ́

Quelle heureufe nouvelle

Recevrai-je aujourd'hui d'une bouche fi belle ?
Que vient-elle annoncer au malheureux Arcas?

IOLE. La mort.

ARCAS. Et qui fera l'auteur de montrépas !
Moi-même.

ZOLE.

Iole explique cette Enigme, & apprend à fon amant qu'Hercule vent les perdre, ou les feparer pour toujours. Mais en même tems elle lui jure une fidelité fi conftante que tous deux beniront, dit-elle, leur mort & leur bourreau.

ACTE III.

Dans cet Acte, au lieu de la prifon d'Arcas on voit un Temple où Hercule fait un facrifice avec Philoctéte, pour rendre grace à Jupiter de la conquête de l'Echalie & d'lole. Toute fa fuite fe met à genoux; & le Héros fait à fon pere une priere très-noble le pour

bonheur & le repos de l'Univers. Elle finit ainfi

Qu'une éternelle paix regne entre les mortels!
Qu'on ne verse du fang que deffus les autels!
Que la mer foit fans flots! que jamais vent n'excite
Contre l'art des Nochers le courroux d'Amphi

trite?

Et que la foudre enfin demeure après mes faits
Dans les mains de mon pere un inutile faix!

Alcide dans cette pompe facrée eft revêtu d'un ornement extraordinaire ; & c'eft fur ce vêtement que Déjanire a répandu le venin du Centaure. L'effet en eft fi prompt qu'Hercule fe levant tout. à-coup s'écrie:

Mais qu'elle prompte flamme en mes veines s'al

lume?

Quelle foudaine ardeur jufqu'aux os me confume?

Quel poifon communique à ce linge fatal

La vertu qui me brûle ? O tourment fans égal !
Ouvre, Enfer, à mes cris tes cavernes profon

des,

Préte contre ce feu le fecours de tes ondes.

Souffre Alcide là bas, non pas comme autre

fois

Pour défarmer la Parque, & ruïner fes loix ;
Mais Alcide fouffrant d'in fupportablespeines.
Et qui porte déja les Enfets dans fes veines.

Lichas interrogé de qui il a reçû ce voile, répond que c'eft de la Reine. Sur quoi Hercule prend sa maffuë, & poursuivant ce malheureux domeftique, il l'affomme derriere le Theâtre.

Voila le commencement des fureurs d'Alcide dont tout le refte de la Piece eft compofé. Seneque a fourni affez à Rotrou pour en parfemer trois Actes ntiers.

Hercule revient & fait une Scéne veritablement belle par la nobleffe que lui a donnée le Poëte en corrigeant l'enflure du Latin, dont il a seulement confervé le fonds. Elle finit par la vengeance qu'Alcide veut tirer de fon époufe. Mais tandis qu'il va la chercher, elle paroît d'un autre côté pour faire part de fes frayeurs à fa Confidente au fujet du prodige qu'elle vient de voir & dont nous avons parlé. C'eft qu'elle s'eft apperçûë que le fang du Centaure expolé au jour devenoit un feu dévorant. Agis un des Confidens d'Hercule la rencontre, & lui tient le même difcours qu'Hyllus à fa mere chez Seneque. Il lui confeille une promte fuite, & lui apprend l'accident d'Hercule, comme nous l'avons vû dans le Poëte Latin, hormis qu'Agis tient toujours la Place d'Hyllus. Car

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