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PHILOCTÉTE.

Elles répondront à mon courage. NEOPTOLEME revenant encore. Mais comment me juftifierai-je auprès des Grecs?

2.

PHILOCTÉTE.

En les méprifant.

NEOPTOLEM E.

Ils ravageront mes Etats.

PHILOCTÉTE.

Je volerai à votre fecours.

NEOPTOLEME.

Avec quelles troupes ?
PHILOCTÉTE.

Avec les fléches d'Hercule. Ces armes & ce bras fuffiront pour les faire trembler.

NEOPTOLEME.

Hé-bien, embarquons-nous. Faites vos derniers adieux à Lemnos.

SCENE I V.

Les mêmes, HERCULE.

HERCULE fur un nuage. Ne partez pas encore... Philoctéte, reconnois Hercule. Tu l'entends, tu le vois. C'est pour toi

que j'ai quitté la

voûte azurée, je viens t'annoncer les Fordres de Jupiter, & te marquer un autre chemin. Demeure donc, & m'é

coute.

Tufçais mes travaux, & ce qu'il m'en a coûté pour acquérir l'immortalité dont tu me vois jouir. Apprends que tu dois remplir la même deftinée. C'est par cette route pénible qu'il te faut arriver à la gloire. Il faut que tu ailles à Troye avec le fils d'Achille. Tu guériras; ta valeur te donnera le premier rang dans l'armée. Tu perceras de mes fléches le fier Paris, auteur de tant de malheurs. Tu renverferas Troye, & tu enverras à Pœan ton pere, fur le mont Oëta, les dépouilles choifies qui feront le prix de ta bravoure. Tu me réferveras les dons de l'armée, & tu les mettras fur mon tombeau, comme un monument de la victoire dûe à mes fléches.

Et toi, ô fils d'Achille, je te déclare que tu ne peux vaincre fans Philoctéte, ni Philoctete fans toi. Allez donc comme deux lions qui cherchent enfemble leur proie. J'enverrai Efculape pour guérir Philoctéte. Car c'eft à mes traits que les Dieux ont attaché deux fois la prife d'Ilion. Mais quand vous ravage

rez ce riche pays, fouvenez-vous de refpecter la Religion. Jupiter prefère la piété à tout le refte. Le refte meurt; elle ne meurt jamais. Elle nous fuit au tombeau ; & indépendante de nos deftinées, foit que nous vivions ou que nous mourions, elle eft immortelle.

PHILOCTÉTE.

Aimable voix ! chere Divinité, que je goûte de plaifir de te revoir enfin après tant d'années! Je t'obéis, je pars fous tes aufpices.

NEOPTOLEME.

J'accepte le même augure.

HERCULE s'en allant aux Cieux. Ne différez plus. Le tems vous invite, Le vent eft favorable. Adieu.

PHILOCTÉTE.

Allons,& faluons feulement ces lieux. Adieu, chère grotte, doux afyle de ma mifère. Adieu, Nymphes de ces prés humides. Je n'entendrai plus le bruit fourd des vagues de cette mer. Adieu, rivage, où tant de fois j'ai fouffert les injures de l'air. Adieu, promontoire, où Echo répéta tant de fois mes gémiffemens. Adieu, douces fontaines, que j'avois cru ne devoir jamais quitter. Et

roi, ô terre de Lemnos, laiffe-moi partir heureusement, puifque je vais où m'appellent les Deftins, Hercule & les Dieux qui l'ont voulu ainfi.

LE CHEUR.

Réunis déformais, embarquons-nous, & prions les Déeffes de la mer de nous accorder un retour fortuné,

*****

REFLEXIONS

SUR

PHILOCTÉ TE.

L bien

'EFFET de cette Tragédie, auffique de la plupart des anciennes, confifte pour le moins autant dans le jeu & la repréfentation, que dans la verfification & les paroles. Toutefois je ne doute pas que la fimple lecture n'ait fait fur les Grecs la même impreffion, que le récit de Philoctéte fur Telemaque dans l'ingénieux* Poëme de feu M. de Cambrai. Pendant que Philoctéte avoit » raconté ainfi fes aventures, dit-il, Te» lemaque étoit demeuré comme fufpendu & immobile. Ses étoient » attachés fur ce grand homme qui par»loit. Toutes les paffions différentes qui avoient agité Hercule, Philoctéte, Ulyffe, Neoptolème, paroiffoient tour » à tour fur le vifage naïf de Telemaque,

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* Telemaque Livre XVI,

yeux

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