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église immense, et dans l'instant fait retentir les voûtes d'un concert de vive le Roi! que répète en écho la multitude des assistants dont toute l'enceinte du chœur est remplie en amphithéâtre. Ces cris, mille fois renvoyés du fond du sanctuaire au-delà du parvis, font taire les chants de l'église, absorbent le son des trompettes, couvrent le bruit des cloches et celui du canon.

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C'est alors qu'un attendrissement inexprimable a saisi toute l'assemblée, et que les larmes ont coulé; c'est alors que, toutes les voix étouffées par les sanglots, un mouvement involontaire a excité des battements de mains, qui, dans l'instant, sont devenus universels. Les grands, la cour, le peuple, animés du même transport, n'ont eu que la même manière de l'exprimer : l'ivresse était au comble; et ce n'a plus été qu'une alternative rapide d'acclamations et d'applaudissements. Ces marques éclatantes de joie et de tendresse ont redoublé dans le moment que les frères du roi et les princes de son sang, qui représentaient les anciens pairs laïcs, s'avançant jusqu'aux pieds du trône, ont reçu du roi le baiser de paix. Le voeu de la nation,. pour une concorde si précieuse, a été marqué par le plus unanime et le plus doux transport. Enfin, dans tout ce qu'on a pu entendre des hymnes de l'église, il n'y a pas un seul mot susceptible d'allusion aux vertus du roi, à l'amour de son peuple, à la prospérité de son règne, qui n'ait été saisi et relevé par des cris de vive le Roi!

Mélanges.

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Oublierais-je, dans ce tableau, ce qu'il y a eu de plus touchant! La reine, qui avait suivi des yeux tous les détails de la cérémonie avec le plus tendre intérêt, immobile, attentive, et respirant à peine, ne perdant pas le roi de vue un seul instant, soutenait son émotion, et se soulageait par ses larmes ; mais au moment du grand éclat de l'alégresse universelle, à ce moment du plus beau triomphe qu'ait jamais décerné l'amour, l'impression a été trop forte elle n'a pu y résister; et obligée de sortir pour respirer, elle a perdu quelques instants du plus beau jour de sa vie. Cette scène touchante n'a fait que redoubler l'enthousiasme de l'assemblée; et quand la reine a reparu, la nation a rempli le plus cher des vœux de son roi, et l'a fait jouir à son tour de l'hommage adressé aux vertus de la reine.

Ainsi s'est passé, mon ami, ce spectacle auguste et sublime. Un Africain en a été presque aussi attendri que nous. Oui, l'envoyé de Tripoli est devenu Français dans ce moment; j'étais auprès de lui, et je l'ai vu baigné de larmes.

Le roi a été accompagné jusques à son palais par de nouvelles acclamations. Il a paru sensiblement touché des marques d'amour de son peuple. Quel nouveau gage pour la France des soins qu'il prend de son bonheur!

Après son dîner, le roi ayant appris que le peuple assemblé aux portes du palais désirait le voir encore, a fait annoncer qu'il allait se promener dans la galerie, qui du palais conduit au vestibule

de l'église. Le peuple, de lui-même, s'est rangé en deux haies sous ce portique. Le roi s'est avancé, sans gardes, sans cortége, et seul avec la reine, s'est promené long-temps au milieu de la foule, se laissant toucher' par les uns, prêtant l'oreille aux vœux des autres, y répondant avec bonté, s'arrêtant même avec complaisance si quelqu'un voulait lui parler, donnant à tous, par ses regards, des témoignages de son amour. Cette popularité si touchante n'a pas surpris la ville de Rheims : elle lui était annoncée par une réponse du roi, lorsqu'on lui avait demandé si l'on tapisserait selon l'ancien usage, les rues par lesquelles sa majesté devait passer. Point de tapisserie, avait répondu le roi; je ne veux rien qui empêche mon peuple et moi de

nous voir.

Avouez, mon ami, que voilà un beau jour à consacrer dans l'histoire.

Je suis, etc.

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FRAGMENTS

DE

PHILOSOPHIE MORALE.

DE LA GLOIRE.

La gloire est l'éclat de la bonne renommée. L'estime est un sentiment tranquille et personnel; l'admiration, un mouvement rapide et quelquefois momentané; la célébrité, une renommée étendue ; la gloire, une renommée éclatante, le concert unanime et soutenu d'une admiration universelle.

L'estime a pour base l'honnête; l'admiration, le rare et le grand dans le bien moral ou physique; la célébrité, l'extraordinaire, l'étonnant pour la multitude; la gloire, le merveilleux.

Nous appelons merveilleux ce qui s'élève ou semble s'élever au-dessus des forces de la nature: ainsi la gloire humaine, la seule dont nous parlons ici, tient beaucoup de l'opinion; elle est vraie ou fausse comme elle.

II

y

a deux sortes de fausse gloire : l'une est fondée sur un faux merveilleux; l'autre sur un

PHILOSOPHIE MORALE.

DE LA GLOIRE.

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merveilleux réel, mais funeste. Il semble qu'il y ait aussi deux espèces de vraie gloire, l'une fondée sur un merveilleux agréable, l'autre sur un merveilleux utile au monde; mais ces deux objets n'en font qu'un.

La gloire fondée sur un faux merveilleux, n'a que le règne de l'illusion, et s'évanonit avec elle: telle est la gloire de la prospérité. La prospérité n'a point de gloire qui lui appartienne, elle usurpe celle des talents et des vertus, dont on suppose qu'elle est la compagne elle en est bientôt dé pouillée, si l'on s'aperçoit que ce n'est qu'un larcin ; et, pour l'en convaincre, il suffit d'un revers : eripitur persona, manet res. On adorait la fortune dans son favori; il est disgracié, on le méprise. Mais ce retour n'est que pour le peuple : aux yeux de celui qui voit les hommes en eux-mêmes, la prospérité ne prouve rien; l'adversité n'a rien à détruire.

Qu'avec un esprit souple et une ame rampante, un homme, né pour l'oubli, s'élève au sommet de la fortune; qu'il parvienne au comble de la faveur ; c'est un phénomène que le vulgaire n'ose contem pler d'un œil fixe ; il admire et il se prosterne : mais l'homme sage n'en est point ébloui; en observant ce corps lumineux en apparence, il voit que ce qu'on appelle sa lumière, n'est rien qu'un éclat réfléchi, superficiel et passager.

La gloire fondée sur un merveilleux funeste, fait une impression plus universelle; et, à la honte des

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