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charmes ne deviennent véritablement invincibles que par la solidité du mérite et la force du goût.

(Synonymes de l'abbé GIRARD.)

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AVENTURE, ÉVÉNEMENT, ACCIDENT.

TER MES relatifs aux choses passées ou considérées comme

telles. Evénement est une expression qui leur est commune à toutes; il se dit en général de tout ce qui arrive dans le monde, soit au public, soit aux particuliers. Le changement dans la valeur des espèces est un événement. Mais qu'est cet événement ? Il est avantageux pour quelques particuliers, fâcheux pour l'état.

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Accident a rapport à un fait unique ou considéré comme tel, et se dit de ce qui arrive de fâcheux soit à un seul individu, soit à plusieurs. Il s'applique également aux faits qui ne sont pas personnels comme à ceux qui le sont, et marque toujours quelque mal physique. Il est arrivé un grand accident dans ce village, le tonnerre en a brûlé la moitié. Aventure est aussi indéterminé qu'événement quant à la qualité des choses arrivées; mais événement est plus général; il se dit des êtres animés et des êtres inanimes; et aventure n'est relatif qu'aux êtres animés. Une aventure est bonne ou mauvaise, ainsi qu'un événement, mais il semble que la cause de l'aventure nous soit moins inconnue, et son existence moins inopinée que celle de l'événement et de l'accident, Aventure marque quelque chose qui tient plus du bonheur que du malheur.

Les révolutions d'état sont toujours de fâcheux événemens. Les chutes d'édifices sont des accidens. Les bonnes fortunes des jeunes gens sont des aventures.

La vie est pleine d'événemens, dit l'abbé Girard; entre ces événemens combien d'accidens qu'on ne peut ni prévoir ni éviter, ni même prévenir. La plupart des accidens n'arrivent que par défaut d'attention. Il est peu de gens qui ayent vécu dans le monde sans avoir eu quelqu'aventure bizarre. (Anonyme.)

Ha

116 AUTORITÉ dans les discours, etc.

AUTORITÉ dans les discours, etc.

J'ENTENDS, par autorité dans le discours, le droit qu'on a d'être cru dans ce qu'on dit : ainsi, plus on a de droit d'être cru sur sa parole, plus on a d'autorité. Ce droit est fondé sur le degré de science et de bonne foi qu'on reconnoît dans la personne qui parle. La science empêche qu'on ne se trompe soi-même, et écarte l'erreur qui pourroit naître de l'ignorance. La bonne foi empêche qu'on ne trompe les autres, et réprime le mensonge que la malignité chercheroit à accréditer. C'est donc les lumières et la sincérité qui sont la vraie mesure de l'autorité dans le discours. Ces deux qualités sont essentiellement nécessaires. Le plus savant et le plus éclairé des hommes ne mérite plus d'être cru dès qu'il est fourbe; non plus que l'homme le plus pieux et le plus sincère, dès qu'il parle de ce qu'il ne sait pas de sorte que Saint-Augustin avait raison de dire que ce n'étoit pas le nombre, mais le mérite des auteurs qui doit emporter la balance. Au reste, il ne faut pas juger du mérite par la réputation, surtout à l'égard des gens qui sont membres d'un corps, ou portés par une cabale. La vraie pierre de touche, quand on est capable et à portée de s'en servir, c'est une comparaison judicieuse du discours avec la matière qui en est le sujet, considérée en elle-même : ce n'est pas le nom de l'auteur qui doit faire estimer l'ouvrage, c'est l'ouvrage qui doit obliger à rendre justice à l'auteur.

:

L'autorité n'a de force et n'est de mise à mon sens que dans les faits, dáns les matières de religion et dans l'histoire. Ailleurs elle est inutile et hors d'œuvre. Qu'importe que d'autres ayent pensé de même ou autrement que nous, pourvu que nous pensions juste, selon les règles du bon sens et conformément à la vérité? Il est assez indifférent que votre opinion soit celle d'Aristote, pourvu qu'elle soit selon les lois du syllogisme. A quoi bon ces fréquentes citations, lorsqu'il s'agit de choses qui dépendent uniquement du témoignage de la raison et des sens? A quoi bon m'assurer

AUTORITÉ dans les discours, etc.

117 qu'il est jour, quand j'ai les yeux ouverts et que le soleil luit? Les grands noms ne sont bons qu'à éblouir le peuple, à tromper les petits esprits, et à fournir du babil aux demisavans. Le peuple qui admire tout ce qu'il n'entend pas, croit toujours que celui qui parle le plus et le moins naturellement est le plus habile. Ceux à qui il manque assez d'étendue dans l'esprit pour penser eux-mêmes, se contentent des pensées d'autrui, et comptent les suffrages. Les demi-savans, qui ne sauroient se taire, et qui prennent le silence et la modestie pour des preuves d'ignorance ou d'imbécillité, se font des magasins inépuisables de citations. Je ne prétends pas néanmoins que l'autorité ne soit absolument d'aucun usage dans les sciences. Je veux seulement faire entendre qu'elle doit servir à nous appuyer et non pas à nous conduire, et qu'autrement elle entreprendroit sur les droits de la raison : celle-ci est un flambeau allumé par la nature et destiné à nous éclairer; l'autre n'est tout au plus qu'un bâton fait de la main des hommes et bon pour nous soutenir en cas de foiblesse dans le chemin que la raison

nous montre.

Ceux qui se conduisent dans leurs études par l'autorité seule, ressemblent assez à des aveugles qui marchent sous la conduite d'autrui. Si leur guide est mauvais, il les jète dans des routes égarées, ou il les laisse las et fatigués avant que d'avoir fait un pas dans le vrai chemin du savoir. S'il est habile, il leur fait, à la vérité, parcourir un grand espace en peu de temps; mais ils n'ont point eu le plaisir de remarquer ni le but où ils alloient, ni les objets qui ornoit le rivage et le rendoient agréable.

Je me représente ces esprits qui ne veulent rien devoir à leurs propres réflexions, et qui se guident sans cesse d'après les idées des autres, comme des enfans dont les jambes ne s'affermissent point, ou comme des malades qui ne sortent point dé convalescence, et ne feront jamais un pas sans un bras étranger. ( Anonyme.)

B.

BAINS,

GRANDS et somptueux bâtimens élevés par les anciens pour l'ornement et la commodité. Il faut distinguer les bains en naturels ou artificiels. Les bains naturels sont ou froids, comme l'eau de rivière; ou chauds, comme des eaux minérales, propres à la guérison de plusieurs maux.

Les bains artificiels, qui étoient plutôt pour la propreté du corps que pour la santé, étoient chez les anciens des édifices ou publics ou particuliers. Les bains publics ont été en usage en Grèce, à Rome; mais les orientaux s'en servirent auparavant. La Grèce connoissoit les bains chauds dès le temps d'Homère, comme il paroît par divers endroits de l'Odyssée; et ils étoient ordinairement joints aux gymnases ou palestres, parce qu'en sortant des exercices on prenoit le bain. Vitruve a donné une description fort détaillée de ces bains, par laquelle il paroît qu'ils étoient composés de sept pièces différentes, la plupart détachées les unes des autres, et entremêlées de quelques pièces destinées aux exercices.

du

Les anciens prenoient ordinairement le bain avant souper; il n'y avoit que les voluptueux qui se baignassent à la suite de ce repas. Au sortir du bain, ils se faisoient frotter d'huile et d'onguens parfumés, par des valets. Les bains, si l'on croit Pline, ne furent en usage à Rome que temps de Pompée; dès lors les édiles eurent soin d'en faire plusieurs. Dion, dans la vie d'Auguste, rapporte que Mécène fit bâtir le premier bain public; mais Agrippa, dans l'année de son édilité, en fit construire cent soixantedix. A son exemple, presque tous les empereurs qui cherchèrent à se rendre agréables au peuple, firent bâtir des étuves et des bains avec le marbre le plus précieux, et dans les règles de la plus belle architecture, où ils prenoient

plaisir à se baigner avec le peuple: on prétend qu'il y avoit jusqu'à huit cents de ces édifices répandus dans les quar

tiers de Rome..

Tout se passoit dans les bains avec modestie. Les bains des femmes étoient entièrement séparés de ceux des hommes, et c'auroit été un crime, si l'un des sexes avoit passé dans le bain de l'autre. La pudeur y étoit gardée jusqu'à ce scrupule, que même les enfans pubères ne se baignoient jamais avec leurs pères, ni les gendres avec leurs beauxpêres; et en cela les Romains avoient plus consulté les bienséances que les Lacédémoniens chez qui les deux sexes se baignoient pêle-mêle. Les gens qui servoient dans chaque bain étoient du sexe auquel le bain étoit destiné. Mais quand le luxe et la vie voluptueuse eurent banni la modestie, et que la débauche se fut glissée dans toute la ville, les bains n'en furent pas exempts. Les femmes s'y mêlèrent avec les hommes, et il n'y eut plus de distinction; plusieurs personnages de l'un et de l'autre sexe n'y alloient même que pour satisfaire leurs regards impudiques, ou pour cacher leurs intrigues : ils y menoient des esclaves ou servantes pour garder les habits. Les maîtres des bains affectoient même d'en avoir de plus belles les unes que les autres, pour s'attirer un plus grand nombre de chalands. Tout ce que les magistrats purent faire d'abord, ce fut de défendre à toutes personnes de se servir de femmes ou de filles pour garder les habits, ou pour rendre les autres services aux bains, à peine d'être notées d'infamie. Mais l'empereur Adrien défendit absolument ce mélange d'hommes et de femmes sous de rigoureuses peines. Marc-Aurèle et Alexandre Sévère confirmerent cette même loi; et sous leur règne les bains des hommes et ceux des femmes furent encore une fois séparés, et la modestie y fut rétablie.

Les bains particuliers, quoique moins vastes que les bains publics, étoient de la même forme, mais souvent plus magnifiques et plus commodes, ornés de meubles précieux, de glaces, de marbres, d'or et d'argent. On pouvoit s'y baigner à toute heure; et l'on rapporte des empereurs Commode et Galien qu'ils prenoient le bain cinq ou six fois par jour.

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