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Parmi nous les bains publics, sur la rivière, ne sont autre chose que de grands bateaux faits de sapin et couverts d'une grosse toile, autour desquels il y a de petites échelles attachées par des cordes pour descendre dans un endroit de la rivière, où l'on trouve des pieux enfoncés d'espace en espace, qui soutiennent ceux qui prennent le bain.

Nous appelons bains domestiques ceux que les grands et les gens riches font pratiquer dans leurs maisons, pour leur commodité personnelle et celle de leur famille.

Il n'est point de remède pour la santé d'une utilité plus étendue que celle des bains; ils sont capables, non seule ment de guérir, mais encore de prévenir une infinité de maladies; et l'habitude réfléchie et bien raisonnée des différentes espèces de bains peut réformer les tempéramens, et produire dans nos corps des révolutions favorables aux fonctions corporelles, et même aux intellectuelles, Une délicatesse blâmable fait mal à propos redouter les bains froids, qui ont été mis en usage depuis les temps les plus reculés, et l'on aura l'obligation à M. Pomme d'avoir familiarisé les Français avec cette espèce de bains, employés depuis long-temps par les Russes et les Anglais avec beaucoup d'avantages pour de certaines maladies. Mais il seroit dangereux de croire avec ce médecin que toutes les maladies spasmodiques exigent l'usage des bains froids. On doit regretter que la coutume de porter des chemises de lin ou de chanvre, au lieu de tuniques de laine, ait fait abandonner les bains publics; et il est à desirer que le gouvernement en favorise l'établissement, si les circonstances ne lui permettent pas de l'ordonner; toutefois en prenant les précautions que la pureté des mœurs exige. Les bons effets des bains que M. Poitevin a construits sur la Seine doivent engager à en établir de pareils, au moins dans les grandes villes, où la dépravation des mœurs rend plus nécessaires les moyens de s'opposer à la dégradation de l'espèce humaine, et à la dépopulation qui en est une suite inévitable.

(M. l'abbé MALLET.)

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MARQUE

BAISE-MAIN.

ARQUE d'honneur ou de respect universellement répandue par toute la terre, et qui a été également partagée entre la religion et la société. Dès les temps les plus reculés, on saluoit le soleil, la lune et les étoiles en baisant la main. On rendoit le même honneur à Baal. Job se défend de cette superstition. Lucien, après avoir parlé des différentes sortes de sacrifices que les personnes riches offroient aux dieux, ajoute que les pauvres les adoroient par de simples baisemains. Pline, de son temps, mettoit cette même coutume au nombre des usages dont on ignoroit l'origine. Dans l'église même, les évêques et les officians donnent la main à baiser aux autres ministres qui les servent à l'autel.

Dans la société, l'action de baiser la main a toujours été regardée comme un formulaire muet pour assurer les réconciliations, demander des grâces, remercier de celles qu'on a reçues marquer sa vénération à ses supérieurs. Dans Homère, le vieux Priam baise les mains d'Achille lorsqu'il le conjure de lui rendre le corps de son fils Hector. Chez les Romains, les tribuns, les consuls, les dictateurs donnoient leur main à baiser à leurs inférieurs. Sous les empereurs, cette conduite devint un devoir essentiel, même pour les grands; car les courtisans d'un rang inférieur étoient obligés de se contenter d'adorer la pourpre en se mettant à genoux, pour toucher la robe du prince avec la main droite qu'ils portaient ensuite à leur bouche; honneur qui ne fut depuis accordé qu'aux consuls et aux premiers officiers de l'empire; il étoit seulement permis aux autres de saluer le prince de loin, en portant la main à la bouche, comme on le pratiquoit en adorant les dieux.

La coutume de baiser la main du prince est en usage dans presque toutes les cours de l'Europe, et surtout en Espagne où, dans les grandes cérémonies, les grands sont admis à baiser la main du roi. Dapper, dans son Afrique, assure que les nègres sont en possession de témoigner leurs

respects pour leurs princes ou chefs par des baise-mains; et Fernand Cortez trouva cette pratique au Mexique, où plus de mille seigneurs vinrent le saluer, en touchant d'abord la terre avec leurs mains, et les portant ensuite à leur bouche.

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(M. l'abbé MALLET.)

DANSE

BALLE T.

ANSE figurée exécutée par plusieurs personnes qui représentent, par leurs pas et leurs gestes, une action naturelle ou merveilleuse, au son des instrumens, ou de la voix.

Tout ballet suppose la danse et le concours de deux ou de plusieurs personnes pour l'exécuter. Une personne seule qui, en dansant, représenteroit une action, ne formeroit pas proprement un ballet; ce ne seroit alors qu'une sorte de pantomime. Et plusieurs personnes qui représenteroient une action sans danse, formeroient une comédie et jamais un ballet.

La danse, le concours de plusieurs personnes, et la représentation d'une action par les gestes, les pas, et les mouvemens du corps, sont donc ce qui constitue le ballet. 11 est une espèce de poésie muette qui parle, parce que sans rien dire elle s'exprime par les gestes, les mouvemens et les pas. Sans danse il ne peut point exciter de ballet; mais sans ballet il peut y avoir des danses.

Le ballet est un amusement très-ancien. Son origine se perd dans l'antiquité la plus reculée. On dansa dans les commencemens pour exprimer la joie, et ces mouvemens réglés du corps firent imaginer bientôt après un divertissement plus compliqué. Les Egyptiens furent les premiers qui firent de leurs danses des hieroglyphés d'action, comme ils en avoient de figurés en peinture, pour exprimer tous les mystères de leur culte. Sur une musique de caractère, ils composèrent des danses sublimes, qui exprimoient et qui peignoient le mouvement réglé des astres, l'ordre immuable et l'harmonie constante de l'univers.

Les ballets furent constamment attachés aux tragédies et aux comédies des Grecs. Athénée les appelle danses philosophiques, parce que tout y étoit réglé, et qu'elles étoient des allégories ingénieuses et des représentations d'actions, ou des choses naturelles qui renfermoient un sens moral.

Le mot ballet vient de ce qu'originairement on dansoit en jouant à la paume. Les anciens, attentifs à tout ce qui pouvoit former le corps, le rendre agile et robuste, à donner des grâces à ses mouvemens, avoient uni ces deux exercices; en sorte que le mot ballet est venu de celui de balle: on en a fait bal, ballet, ballade et baladin.

Deux célèbres danseurs furent en Grèce les inventeurs véritables des ballets, et les unirent à la tragédie et à la comédie. Bathyle, d'Alexandrie, inventa ceux qui représentoient les actions gaies; et Pylade introduisit ceux qui représentoient les actions graves, touchantes et pathétiques. Leurs danses étoient un tableau fidèle de tous les mouvemens du corps, et une invention ingénieuse qui servoit à les régler; comme la tragédie, en représentant les passions, servoit à rectifier les sentimens de l'âme.

Quelques auteurs ont prétendu que c'étoit à la cruauté d'Hyéron, tyran de Syracuse, que les ballets devaient leur origine. Ils disent que ce prince soupçonneux ayant défendu aux Siciliens de se parler, de peur qu'ils ne conspirassent contre lui, la haine et la nécessité, deux sources fertiles d'invention, leur suggérèrent les gestes, les mouvemens du corps et les figures, pour se faire entendre les uns aux autres: mais nous trouvons des ballets et en grand nombre, antérieurs à cette époque; et l'opinion la plus certaine de l'origine des danses figurées, est celle que nous avons rapportée ci-dessus.

Le ballet passa des Grecs chez les Romains, et il y servit aux mêmes usages. Les Italiens et tous les peuples de l'Europe en embellirent successivement leurs théâtres, et on l'employa enfin pour célébrer dans les cours les plus galantes et les plus magnifiques les mariages des rois, les naissances des princes, et tous les événemens heureux qui intéressoient la gloire et le repos des nations. Il forma seul alors un très-grand spectacle, et d'une dépense immense, que, dans les deux derniers siècles, on a porté au plus haut

point de perfection et de grandeur. Lucien, qui a fait un Traité de la danse, entre dans un détail fort grand des sujets qui sont propres à ce genre de spectacle: il semble que cet auteur ait prévu l'usage qu'on en feroit un jour dans les cours les plus polies de l'Europe. Ces grands ballets sont aujourd'hui tout à fait hors de mode.

Il n'est point de genre de danse, de sortes d'instrumens, ni de caractères de symphonie qu'on n'ait fait entrer dans les ballets. Les anciens avoient une singulière attention à employer des instrumens différens, à mesure qu'ils introduisoient sur la scène de nouveaux caractères; ils prenoient un soin extrême à peindre les âges, les mœurs, les passions des personnages qu'ils mettoient devant les

yeux.

A leur exemple, dans les grands ballets exécutés dans les différentes cours de l'Europe, on a eu l'attention de mêler dans les orchestres, les instrumens convenables aux divers caractères qu'on a voulu peindre; et on s'est attaché plus ou moins à cette partie, selon le plus ou le moins de goût de ceux qui en ont été les inventeurs, ou des souverains pour lesquels on les a exécutés.

Les personnages du chant et de la danse en étoient presque toujours remplis par les souverains eux-mêmes, les seigneurs et les dames les plus aimables de leur cour; et souvent les princes, qui leur donnoient ces sortes de fêtes, ajoutoient des présens magnifiques pour toutes les personnes qui y représentoient des rôles: ces présens étoient donnés d'une manière d'autant plus galante, qu'ils paroissoient faire partie de l'action du ballet.

En France, en Italie, en Angleterre, on a représenté une très-grande quantité de ballets de ce genre: mais la cour de Savoie semble l'avoir emporté dans ces grands spectacles sur toutes les cours de l'Europe. Elle avoit le fameux comte d'Aglié, le génie du monde le plus fécond en inventions théâtrales. Le grand art des souverains en toutes choses est de savoir choisir; la gloire d'un règne dépend presque toujours d'un homme mis à sa place, ou d'un homme oublié.

Les ballets représentés en France jusqu'en l'année 1671, furent tous de ce grand genre. Louis XIV en fit exécuter

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