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leur compte particulier, ils doivent toujours se ressouvenir que leurs pères et mères leur ont donné la naissance et l'éducation; ils doivent conséquemment les regarder toute leur vie comme leurs bienfaiteurs, et leur en marquer leur reconnoissance par tous les devoirs de respect, d'amitié et de considération dont ils sont capables; ils doivent redoubler d'attention pour eux dans leur vieillesse, et venir à leur secours s'ils sont dans le besoin. C'est sur ce respect et sur l'affection que les enfans doivent avoir pour leurs pères et mères qu'est fondé le pouvoir que ceux-ci conservent encore sur leurs enfans dans le troisième âge.

Le droit naturel, le droit des gens et le droit divin ne donnent point aux pères et mères d'autre puissance sur leurs enfans que celle qu'on vient d'expliquer; tout ce qui est au delà provient de la disposition des homines, et est purement arbitraire.

Ainsi ce que l'on entend en droit par puissance paternelle, en tant que cette puissance attribue au père certains droits. singuliers sur la personne et les biens des enfans, est une prérogative émanée du droit civil, et dont l'exercice, plus ou moins étendu, dépend des lois de chaque pays. (Voyez pouvoir paternel.) (Anonyme.)

R.

RAFFIN E MEN T.

C'EST la manière de s'écarter de la simplicité dans la conduite avec les autres, quand on se propose de les tromper sans qu'ils s'en apperçoivent, ou dans la manière de penser, de parler ou d'écrire, afin de paroître neuf, subtil, ingénieux, délicat. Le raffinement dans les actions est tout voisin de la fausseté; il n'y a point de raffinement dans l'expression ou dans les idées, qui ne marque de la puérilité, et qui ne vise au galimathias. Fuyons le raffinement en toutes choses, surtout dans la religion et dans la probité.

(Anonyme.)

S.

SALIÈRE.

LES anciens mettoient le sel au rang des choses qui de

Es

voient être consacrées aux 'dieux. C'est dans ce sens qu'Homère et Platon l'appellent divin. Vous croyez sanctifier vos tables en y mettant les salières et les statues des dieux, dit Arnobe: aussi n'oublioit-on guère la salière sur la table; et si l'on avoit oublié de la servir, on regardoit cet oubli comme d'un mauvais présage, aussi bien que si on la laissoit sur la table et qu'on s'endormît ensuite. Festus rapporte à ce sujet l'histoire d'un portier qui, à ce que croyoit le vulgaire, avoit été puni, par les dieux, de cette faute : s'étant mis à table avec ses amis, près de sa fournaise 'allumée, et s'étant endormi, pris de vin et accablé de sommeil, un débauché qui couroit la nuit vit la porte ouverte, entra et jeta la salière au milieu de la fournaise, ce qui causa un tel embrasement que le portier fut brûlé avec la maison. Cette superstition n'est point encore éteinte dans l'esprit de beaucoup de gens, qui sont affligés si un laquais a oublié de mettre la salière sur la table, ou si quelqu'un vient à la renverser. Les Romains avoient pris des Grecs ce scrupule ridicule qui a passé jusqu'à nous.

Festus nous apprend encore qu'à Rome on mettoit la salière sur la table avec l'assiette dans laquelle on présentoit aux dieux les prémices. Sa remarque nous procure l'intelligence de ce passage de Perse. « Que craignez-vous? vous » avez un joli revenu de votre patrimoine; votre table n'est >> jamais sans une salière propre, et sans l'assiette qui sert à » présenter aux dieux les prémices. >>

Souvent les salières que les anciens mettoient sur leurs tables avoient la figure de quelque divinité. Ce fait présupposé, il n'est pas surprenant que les Romains se soient imaginés que la divinité qui présidoit à la table, se tînt offensée

Tome XIII.

Сс

lorsque sans respect on renversoit le sel; mais on doit s'étonner de ce que dans le christianisme des personnes, d'ailleurs éclairées, soient encore dans ces idées ridicules de craindre quelques malheurs à cause du renversement d'une salière. (M. DE JAU COURT.)

SATIRIQUE.

On entend principalement, par satiriques, les poètes qui

ont composé des satires, tels qu'Horace, Juvénal, Perse, le comte de Rochester, Boileau, etc. L'auteur du Cours des belles-lettres distribuées par exercices, caractérise ainsi les trois principaux satiriques latins, et le satirique français.

>> Horace et Boileau, dit-il, avoient un esprit plus doux, » plus souple; ils aimoient la simplicité; ils choisissoient les » traits et les présentoient sans fard et sans affectation. Juvé»nal avoit un génie fort, une imagination fougueuse; il >> chargeoit ses tableaux, et détruisoit souvent le vrai en le » poussant trop loin. Horace et Boileau ménageoient leur » fonds; ils plaisantoient doucement, légèrement; ils » n'ôtoient le masque qu'à demi et en riant. Juvénal l'ar>> rache avec colère; quelquefois les deux premiers font >> exhaler l'encens le plus pur du milieu même des vapeurs » satiriques. Le dernier n'a jamais loué qu'un seul homme, >> et cette louange se tournoit même en satire contre le reste » du genre humain. En un mot les portraits que font Ho>> race et Boileau, quoique dans le genre odieux, ont tou»jours quelque chose d'agréable qui paroît venir de la » touche du peintre. Ceux que fait Juvénal ont des couleurs » tranchantes, des traits hardis, mais gros. Il n'est pas né» cessaire d'être délicat pour en sentir la beauté.

>> Horace et Boileau ont des traits propres et qui les sé» parent; Horace nous paroît quelquefois plus riche et Boi»leau plus clair. Horace est plus réservé que Juvénal, mais nil l'est beaucoup moins que Boileau. Il y avoit plus de na

SCANDALEUX. 425 »ture et de génie dans Horace, plus de travail et peut-être » plus d'art dans Boileau.

>>

» Perse a un caractère unique qui ne sympathise avec personne. Il n'est pas assez aisé pour être mis avec Horace. Il est trop sage pour être comparé à Juvénal; trop >> enveloppé, et trop mystérieux pour être joint à Despréaux. » Aussi poli que le premier, quelquefois aussi vif que le se» cond, aussi vertueux que le troisième, il semble être plus » philosophe qu'aucun des trois. Peu de gens ont eu le cou» rage de le lire, mais la première lecture une fois faite, » on trouve de quoi se dédommager de sa peine dans la se>> conde. >> (Anonyme.)

SCANDALE, SCANDALEUX.

SCANDALE, dans le langage familier, est une action contraire aux bonnes mœurs ou à l'opinion générale des hommes. Il signifie une rumeur désavantageuse qui déshonore quelqu'un parmi le monde. En ce sens on appelle la médisance la chronique scandaleuse,

Scandaleux est tout ce qui cause du scandale. Il se dit des choses et des personnes. Avancer, comme quelques écrivains de la société de Jésus l'ont fait, qu'il n'est pas permis à tout le monde de disposer de la vie des tyrans, c'est une proposition scandaleuse, parce qu'elle laisse entendre qu'il y a apparemment des personnes à qui le tyrannicide est permis. La doctrine du probabilisme est une doctrine scandaleuse. L'invitation que le P. Pichon fait au pécheur d'approcher tous les jours des sacremens sans amour de Dieu, sans changer de conduite, est une invitation scandaleuse. L'éloge de l'ouvrage de Busembaum, qu'on lit dans les Mémoires de Trévoux, est scandaleux. Des religieux traînés dans les tribunaux civils, pour une affaire de banque et de commerce, et condamnés par des juges-consuls à payer des sommes illicitement dues, et plus illicitement encore refusées, sont des hommes scandaleux. Des prêtres qui font jouer des farces sur un théâtre, et danser, dans l'enceinte Cca

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de leurs maisons, les enfans confiés à leurs soins, confondus avec des histrions, donnent un spectacle scandaleux. On trouveroit toutes sortes d'exemples de scandale sans s'éloigner de là; mais il y en a dont il seroit difficile de parler sans scandaliser étrangement les femmes, les hommes et les petits enfans. (M. DE JAU COURT.)

SÉPULTURE.

On entend en général, par sépulture dans le droit naturel,

les derniers devoirs rendus aux morts, soit qu'on enterre leurs corps, soit qu'on les brûle; car tout dépend ici de la coutume qui détermine la manière d'honorer la mémoire du défunt.

Le droit de sépulture est fondé sur la loi de l'humanité, et en quelque façon sur la justice. Il est de l'humanité de ne pas laisser des cadavres humains pourrir, ou livrés en proie aux bêtes. C'est un spectacle affreux pour les vivans; et il leur en proviendroit un dommage réel par l'infection de l'air. Ainsi les personnes les plus indifférentes sont obligées par cette seule raison de donner elles-mêmes la sépulture aux morts, lorsqu'il n'y a point de gens, de parens ou d'amis portée de leur rendre ce dernier devoir. Que si l'on empêche les parens ou les amis de s'en acquitter, ou leur fait une injure. On augmente la douleur qu'ils ressentent de la perte d'une personne qui leur étoit chère; ou leur ôte la consolation de lui rendre ce qu'ils regardent comme un devoir indispensable. C'est sur ce pied-là que la chose a été envisagée de tout temps parmi les nations qui n'ont pas été plongées dans la barbarie. C'est aussi en partie là-dessus que sont fondées les lois qui privent de la sépulture ceux qui ont commis de très-grands crimes; car elles se proposent autant de rendre chacun soigneux de détourner de tels crimes ses enfans, ses parens, ses amis, que d'intimider le criminel.

Mais, en refusant la sépulture à quelqu'un, ne viole-t-on pas en quelque manière envers lui l'humanité et la justice? M. Thomas et quelques autres ne le croyent pas, parce que,

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