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poète peut retrancher ou ajouter à son sujet, parce qu'il n'est point d'une nécessité absolue que la scène donne les choses comme elles ont été, mais seulement comme elles ont pu être.

On peut distinguer plusieurs sortes de sujets ; les uns sont d'incidens, les autres de passions; il y a des sujets qui admettent tout à la fois les incidens et les passions. Un sujet d'incidens est lorsque d'acte en acte, et presque de scène en scène, il arrive quelque chose de nouveau dans l'action; un sujet de passions est quand d'un fonds simple en apparence, le poète a l'art de faire sortir des mouvemens rapides et extraordinaires, qui portent l'épouvante ou l'admiration dans l'âme des spectateurs.

Enfin les sujets mixtes sont ceux qui produisent en même temps la surprise des incidens et le trouble des passions. Il est hors de doute que les sujets mixtes sont les plus excellens et ceux qui se soutiennent le mieux.

(M. DE JAUCOURT.)

FIGURE

T.

TALISMAN.

IGURES magiques gravées en conséquence de certaines observations superstitieuses sur les caractères et configurations du ciel ou des corps célestes, auxquels les astrologues, les philosophes hermétiques, et autres charlatans, attribuent des effets merveilleux, et surtout le pouvoir d'attirer les influences célestes.

L'auteur de l'Histoire du ciel va nous expliquer combien étoit vaine la vertu qu'on attribuoit aux talismans.

«Dans la confection des talismans, dit-il, la plus légère » conformité avec l'astre où le dieu en qui l'on avoit con» fiance, une petite précaution de plus, une légère ressem» blance plus sensible faisoit préférer une image ou une ma»tière à une autre; ainsi les images du soleil, pour en imiter

» l'éclat et la couleur, devoient être d'or; on ne doutoit » pas même que l'or ne fût une production du soleil ; cette >> conformité de couleur, d'éclat et de mérite en étoit la » preuve. Le soleil devoit donc mettre sa complaisance dans » un métal qu'il avoit, indubitablement engendré, et ne、 » pouvoit manquer d'arrêter ses influences dans une plaque » d'or où il voyoit son image empreinte, et qui lui avoit été >> religieusement consacrée au moment de son lever. Par un » raisonnement semblable, la lune produisoit l'argent, et fa>>vorisoit de toute l'étendue de son pouvoir les images d'ar» gent, auxquelles elle tenoit par les liens de la couleur, » de la génération, de la consécration. Bien entendu que » Mars se plaisoit à voir ses images quand elles étoient de » fer; c'étoit là sans doute le métal favori du dieu des com» bats. Vénus eut le cuivre, parce qu'il se trouvoit en abon» dance dans l'ile de Chypre dont elle chérissoit le séjour. » Le langoureux Saturne fut préposé aux mines de plomb. » On ne délibéra pas long-temps sur le lot de Mercure; un >> certain rapport d'égalité lui fit donner en partage le vif» argent. Mais en vertu de quoi Jupiter sera-t-il borné à la » surintendance de l'étain? Il étoit incivil de présenter >> cette commission à un dieu de sa sorte. C'étoit l'avilir; » mais il ne restoit plus que l'étain, force lui fut de s'en >> contenter. Voilà certes de puissans motifs pour assigner à » ces dieux l'inspection sur tel ou tel métal, et une affection » singulière pour les figures qui en sont composées. Or, » telles sont les raisons de ces prétendus départemens; tels » sont aussi les effets qu'il en faut attendre. »

Il étoit aussi aisé de faire ces raisonnemens il y a deux mille ans qu'aujourd'hui; mais la coutume, le préjugé, l'exemple de quelques faux sages qui, soit persuasion, soit imposture, accréditoient les talismans, avoient entraîné tous les esprits dans ses superstitions. On attribuoit à la vertu et aux influences des talismans tous les prodiges qu'opéroit Apollonius de Thyane; et quelques auteurs ont même avancé que ce magicien étoit l'inventeur des talismans'; mais leur origine remonte bien plus avant dans l'antiquité.

La coutume des talismans n'étoit pas nouvelle chez les Romains,puisque la bulle d'or que portoit au cou les gé

néraux ou consuls, dans les cérémonies du triomphe, renfermoit des talismans. On pendoit de pareilles bulles au cou des enfans, pour les défendre des génies malfaisans ou les garantir d'autres périls.

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La fureur que l'on avoit pour les talismans se répandit parmi les sectes chrétiennes, comme on le voit dans Tertullien qui la reproche aux Marcionites qui faisoient métier, dit-il, de vivre des étoiles du créateur. Peut-être cela doitil s'entendre de l'astrologie judiciaire en général. Il est beau coup plus certain que les Valentiniens en faisoient grand usage, comme le prouve leur abracadabra prescrit par le médecin Serenus Sammonicus qui étoit de leur secte, et par leur abrasax dont l'hérésiarque Basilides lui-même fut Ï'inventeur.

Des catholiques eux-mêmes donnèrent dans ces superstitions. Marcellus, homme de qualité et chrétien du temps de Théodose, dans un recueil de remèdes qu'il adresse à ses enfans, décrit ce talisman: Un serpent, dit-il, avec sept rayons, gravé sur un jaspe enchâssé en or, est bon contre les maux d'estomac, et il appelle ce philactère un remède physique. Ce terme de physique fait entendre que l'astrologie entroit dans la composition de l'ouvrage.

On y croyoit encore sous le règne de nos rois de la première race; car, au sujet de l'incendie général de Paris, en 585, Grégoire de Tours rapporte une chose assez singulière à laquelle il semble ajouter foi, et qui rouloit sur une tradition superstitieuse des Parisiens. C'est que cette ville avoit été bâtie sous une constellation qui la défendoit de l'embrasement, des serpens et des souris; mais qu'un peu avant cet incendie on avoit, en fouillant une arche d'un pont, trouvé un serpent et une souris d'airain, qui étoient les deux talismans préservatifs de cette ville. Ainsi, ce n'étoit pas seulement la conservation de la santé des particuliers, c'étoit encore celle des villes entières, et des em-. pires, qu'on attribuoit à la vertu des talismans; et en effet, Te palladium des Troyens, et les boucliers sacrés de Numa étoient des espèces de talismans.

Les Arabes, fort adonnés à l'astrologie judiciaire, répan dirent les talismans en Europe après l'invasion des Maures en Espagne; et il n'y a pas encore deux siècles qu'on en étoit

infatué en France, et même encore aujourd'hui présentés sous le beau nom de figures constellées, dit M. Pluche, ils font illusion à des gens qui se croyent d'un ordre fort supérieur au peuple. Mais on continue toujours d'y avoir confiance en Orient. (M. DE JAUCOURT.)

TOMBEAUX.

Les Rois d'Egypte, pour se consoler de leur mortalité, se

bâtissoïent des maisons éternelles qui devoient leur servir de tombeaux après la mort. Voilà l'origine de leurs obélisques et de leurs superbes pyramides.

Les Romains avoient trois sortes de tombeaux; sepulcrum, monumentum, et cenotaphium.

Sepulcrum étoit le tombeau ordinaire où l'on avoit déposé le corps entier du défunt.

Le monument, monumentum, offroit aux yeux quelque chose de plus magnifique que le simple sépulcre; c'étoit l'édifice construit pour conserver la mémoire d'une personne, sans aucune solennité funèbre. On pouvoit ériger plusieurs monumens à l'honneur d'une personne, mais on ne pouvoit avoir qu'un seul tombeau.

Lorsqu'après avoir construit un tombeau, on y célébroit les funérailles avec l'appareil ordinaire, sans mettre néanmoins le corps du mort dans ce tombeau, on l'appeloit cenotaphium, cenotaphe, c'est-à-dire, tombeau vide. L'idée des cenotaphes vint de l'opinion des Romains, qui croyaient que les âmes de ceux dont les corps n'étoient point enterrés, erroient pendant un siècle le long des fleuves de l'enfer, sans pouvoir passer dans les champs Elysées. On élevoit donc un tombeau de gazon; après cela on pratiquoit les mêmes cérémonies que si le corps eût été présent.

Cependant, comme ce n'étoit point en réalité que l'on faisoit les funérailles de la personne en l'honneur de laquelle ce tombeau vide étoit construit, les jurisconsultes ont beaucoup disputé si le cénotaphe étoit religieux. Marcian le prétend, Ulpien le nie; et tous deux se fondent sur divers

endroits de l'Enéide: mais il est aisé de les concilier, en distinguant le cénotaphe consacré dans les formes, de celui qui ne l'a point été avec les cérémonies requises. Virgile lui-même a décrit les cérémonies de cette consécration, en parlant du cénotaphe élevé à l'honneur d'Hector sur le rivage feint du fleuve Simoïs.

On ne peut pas douter que la consécration n'ait été nécessaire pour rendre le cenotaphe religieux, puisque l'on apprend, par plusieurs inscriptions, que ceux qui faisoient construire leur tombeau pendant leur vie, le consacroient dans la pensée qu'il ne pourroit passer pour religieux, si par quelque aventure leur corps n'y étoit pas mis après leur

mort.

En un mot, les tombeaux étoit du nombre des choses religieuses. Celui, dit Justinien dans ses Institutes, qui fait inhumer le corps d'une personne décédée dans un fonds qui lui appartient, le rend religieux. On peut même inhumer un corps dans le fonds d'autrui, avec le consentement du propriétaire; et s'il arrive qu'il oblige dans la suite d'enlever ce cadavre, le fonds restera toujours religieux.

Non seulement la place occupée par le tombeau étoit religieuse, il y avoit encore un espace aux environs qui étoit de même religieux, ainsi que le chemin par lequel on alloit au tombeau. C'est ce que nous apprenons d'une infinité d'inscriptions anciennes. On y voyoit qu'entre l'espace où le tombeau étoit élevé, il y avoit encore une dépendance du tombeau qui jouissoit du même privilége. S'il arrivoit que quelqu'un eût osé emporter quelques-uns des matériaux d'un tombeau, comme des colonnes ou des tables de marbre, pour les employer à des édifices profanes, la loi le condamnoit à dix livres pesant d'or, applicables au trésor public, et de plus son édifice étoit confisqué de droit au profit du fisc. La loi n'exceploit que les sépulcres et tombeaux \des ennemis, parce que les Romains ne les regardoient pas comme saints ni religieux.

Ils ornoient quelquefois leurs tombeaux de bandelettes de laine et de festons de fleurs; mais ils avoient surtout soin d'y faire graver des ornemens qui servissent à les distinguer, comme des figures d'animaux, des trophées militaires, des emblèmes caractéritisques, des intrumens, en un mot, dif

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