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consume et son corps et son âme dans la lutte matérielle de tous les jours, soutenue d'une part contre les assaillants d'en bas, menaçant de niveler tout, de mettre la justice de l'égalité à la place de l'égalité de la justice; d'autre part, contre les intrigues, les coteries d'en haut, qui surgissent toujours, là où l'outrecuidance et l'impuissance ne sont pas régulièrement exclues des hauteurs gouvernementales; là enfin où il suffit, pour devenir un homme important, d'avoir une gueule à la place du cœur, de l'effronteric à la place du courage, de la mimique à la place du caractère, du chauvinisme patriotique à la place des idées et du talent. Si absolue que soit une monarchie, quelques grands hommes surgiront toujours dans son sein, car ils ont eu le temps de se rendre libres par le pouvoir acquis sur leurs passions. Ils peuvent apprendre, réfléchir, observer et devenir, par la liberté intérieure, les véritables maîtres du pays. Il n'en est point de même dans une démocratie; ce n'est ni l'air, ni le sol qui manquent au génié démocratique, mais

le temps. Il est ou précoce, ou indigeste, ou bien il est détourné de sa voie, avant qu'il ait la conscience de sa force.

Le mot aristocratie veut dire règne des meilleurs. Ce n'est, en effet, que dans les pays aristocratiques où naissent et fleurissent les talents de premier ordre. Or, une monarchie peut être aristocratique et appeler à elle les meilleurs de son époque, une démocratie ne l'est jamais sans guerre et troubles intérieurs; circonstance qui, à elle scule, exclue la vraie gloire de la pensée.

L'humanité revêt plusieurs formes pour parvenir à ses fins. Si elle a besoin de grands penseurs, de grands hommes d'avenir, elle établit la monarchie et le règne aristocratique. Si elle a besoin de conquérants, d'in-struments vengeurs, elle les fait sortir de la démocratie. La démocratie n'a jamais été autre chose qu'un fléau dans la main de Dieu, pour punir les crimes des rois et les injustices des peuples. Moïse la compte entre la peste et la fièvre intermittente. Il en menace son peuple en cas d'inobservance de ses lois divines. La démocratie n'est point

un élément positif et gouvernemental. Sa nature est exclusivement négative et destructive. Elle ne peut contribuer au bien qu'en qualité de contrepoids à la monarchie. Tel, l'arsenic en petite dose contribue comme ferment à la santé, et conserve certains corps; dès qu'on en augmente la dose, il devient poison.

La démocratie est à la monarchie ce qu'est la nuit au jour. Elle est nécessaire pour en faire ressortir la clarté et pour la rafraîchir. Seule, elle n'est qu'une nuit éternelle, gouvernée par des demi-lunes et éclairée par des étoiles filantes.

LE CREDIT.

I.

Le crédit est l'avenir garanti de la propriété; car si la propriété est le travail assuré d'hier, le crédit est basé sur le travail de demain. On a dit : le crédit, c'est la confiance. Oui, la confiance dans le travail deľavenir. Un homme peut avoir de grandes propriétés, une immense fortune, s'il ne prouve pas par sa conduite et son travail; qu'il sait

conserver ces propriétés — et conserver c'est augmenter, car celui qui n'avance pas recule-il finit tôt ou tard par perdre tout crédit. Il en est de même de l'Etat. Un pays a beau être grand et riche. Dès que, par l'ébranlement de l'ordre, le travail de demain n'est pas assuré, il n'y a plus de crédit, il n'y a plus de lendemain.

En outre, le crédit est fondé sur la justice et la liberté. Celui qui fait un engagement ne doit jamais pouvoir le rompre sans être passible d'une justice supérieure. Quand un Etat fait un emprunt, il faut que cet emprunt soit garanti par un pouvoir de justice suprême. On ne se fie pas à un gouvernement qui, sous prétexte de salut commun, peut manquer à ses engagements et à sa parole, sans pouvoir être traduit devant aucun tribunal.

Le crédit financier est une création des temps modernes. Il est le fruit des libertés publiques et des relations de justice internationale. Si les anciens rois de France avaient eu du crédit, ils n'auraient pas eu besoin de frelater les monnaies, ni de vendre

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