صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

رو

fois invoqués, ils fe font rendus fourds » à ma voix. C'en eft fait, ma gloire le s, veut je m'en vais me précipiter dans » cet incendie. Troye me fervira de bu» cher,. Talthybius Parrête. Elle & le Chœur fe retranchent fur les larmes, & fur les cris, pour déplorer Hlion, & tous les maux qui ont précédé. Cela produit des peintures très-vives: car il femble qu'on voye périr & expirer, pour ainfi dire, cette ville fous fes dernieres ruines, qu'on entende les palais s'écrouler, & que Troye elle-même ferve de bucher au cadavre de Troye. Talthybius, tout Grec qu'il eft, fe fent touché de ce fpectacle; mais il obéït en foupirant à fon Roi, & il emmene les captives aux vaiffeaux.

La gradation qui regne en cette piéce eft admirable. Le renverfement d'Ilion · produit l'affemblée des Grecs dans la tente d'Agamemnon, pour la deftination des Troyennes, refte unique de Troye. C'eft delà que le fort aveugle, ou le caprice orgueilleux des vainqueurs lancent tous leurs traits fur ces femmes infortunées, enforte qu'ils retombent tous fur Hécube leur Reine. La mort de fa fille Polyxène en est le premier effai. Encore en cache t'on quelque tems la nouvelle,

pour tourmenter davantage Hécube & fes compagnes par une incertitude pire encore que les maux qui les menacent. Les forts & les déliberations ne fe dé

voilent que peu à peu, comme pour leur faire goûter à longs traits toute l'amertume de leurs maux. Agamemnon (e deftine Caffandre pour efclave. Andromaque eft donnée à Neoptoléme; Hécube elle-même à Ulyffe. Caffandre eft traînée aux vaiffeaux; Andromaque eft emmenée avec fon fils qu'on lui a laissé; Hécube apprend la mort de fa fille Polyxène; mais Aftyanax, ce cher gage, fufpend un peu la douleur commune, Vaine confolation! On vient l'arracher d'entre les bras de fa mere, pour le faire mourir. Il ne reftoit qu'Hélène. Les Grecs l'abandonnent à la fureur de Ménélas. Autre fujet de confolation pour les Troyennes; mais on les replonge bientôt dans une plus profonde trifteffe, en apportant fur le bouclier d'Hector, le corps brifé d'Aftyanax, que le départ précipité d'Andromaque ne lui a pas permis d'inhumer. Ce trifte emploi, dont Hécube eft chargée, réveille toute fa fenfibilité, & lui retrace tous les malheurs, comme fi fes cinquante fils, fon époux & toute fa maison fe trouvoient

[ocr errors]

réunis fur ce bouclier dans Aftyanax qui en eft le refte. Pour furcroît de défefport on brûle à fes yeux jufqu'aux ruines de Troye, & on la conduit elle-même à Ulyffe fon plus cruel ennemi. Tant de fujets différens, mais fi habilement Tiós, n'en forment qu'un & frepent tõus au mème but.

LA

TROADE,

TRAGEDIE

DE

SENEQUE.

E nom de cette piéce imitée des Troyennes d'Euripide, a fait quelque peine aux Sçavans, furtout à Daniel Heinfius, & avant lui à Jof. Scaliger. La raison, en effet, en faute aux yeux: car, outre que quelques auteurs, comme Valerius Probus, la cite fous le nom d'Hécube, faute d'un meilleur titre il n'eft pas naturel de penfer qu'elle ait eû celui qu'on lui donne univerfellement. Troas fignifie ou la region Troyenne, ou un Poëme qui concerne Troye, ou une femme Troyenne. Ainfi, dit-on, eû égard aux païs différens, Thébaïs Ilias, &c. C'eft le même défaut que Dan.

1

Heinfius a trouvé dans la Thébaïde de Sénéque. Ces fortes de titres tirés du nom des païs, font trop généraux ; & les Anciens, furtout les Grecs, étoient trop délicats pour les admettre, eux qui tiroient plufieurs Tragédies d'une même hiftoire, partagée en divers évenemens, afin d'en faire leur trilogie, à laquelle ils donnoient un nom commun, par exemple celui d'Oreffée aux trois piéces qui rouloient fur Orefte. C'eft le nom qu'on donnoit à l'Agamemnon, aux Coëphores, & aux Euménides, toutes trois d'Efchyle; & en y joignant le Protée, piéce fatyrique, ces quatres Poëmes s'appelloient une tetralogie. De plus, nul titre tiré des trois Poëtes Grecs ne justifie celui de Sénéque; d'où il eft néceffaire de conclure qu'on appelloit & qu'on' devoit appeller fa Tragédie, les Troyennes (Troades) du nom du Chœur, comme celle d'Euripide, dont elle eft une copie. Tel eft le fentiment raisonnable de Jof. Scaliger, & de Dan. Heinfius : & c'eft en partie ce qui a déterminé ce dernier à rejetter la Thébaïde * de Sénéque, & à la dégrader du rang que lui donnoit Jufte Lipfe parmi les bons ouvrages Romains, jufqu'à la condition * Voyez la Thébaïd, vol. IV.

« السابقةمتابعة »