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NEOPTOLEME.

Je lui ai ravi fes armes. Je vais les ...

ULYSSE.

Quoi, les rendre? Dieux ! que m'annoncés-vous ?

NEOPTOLEME.

C'eft contre l'équité que je les retiens.

ULYSSE.

Au nom du Ciel, Neoptoleme, répondés. Parlés-vous tout de bon ?

NEOPTOLEME.

Je penfe comme je parle.

ULYSSE.

Ah, fils d'Achille, que me dites-vous ?

NEOPTOLEME.

Ce que je vais faire. Faut-il le redire encore?

ULYSSE.

C'étoit trop de me l'avoir dit une fois.

NEOPTOLEME:

N'en doutés donc plus. Vous fçavés tout.

ULYSSE.

Je fçai qui s'y opposera.

NEOPTOLEME.

Hé qui, je vous prie, auroit cette témérité ?

ULYSSE.

Toute la Grece, & moi.

NEOPTOLEME.

Certes, je cherche le prudent Ulyffe dans fes paroles.

ULYSSE.

Et moi, je trouve le bouillant Neoptoleme dans fes actions.

NEOPTOLEME.

Peu m'importe la réputation de politique, pourvû que je fatisfaffe l'équité.

ULYSSE.

Où eft donc l'équité de rendre malgré moi un Thréfor que vous ne devés qu'à mes confeils?

NEOPTOLEME.

Vos confeils m'ont fait commettre un crime dont je rougis: je veux le réparer.

ULYSSE.

Et ne craignés-vous point le reffentiment de l'armée ?

NEOPTOLEME.

Je ne crains ni l'armée, ni vous, quand il y va de la justice. ULYSSE.

Ce fera donc contre Neoptoleme, & non-plus contre les Troyens qu'il nous faudra combattre.

NEOPTOLEME.

Combattés. J'y confens.

ULYSSE.

Cette épée vous répondra dans peu.

NEOPTOLEME.

La mienne eft prête. Je n'attens que les Grecs & vous,

ULYSSE.

Faites donc ce qu'il vous plaira. J'en rendrai compte à l'armée, & fçachés que la peine fuivra le crime de près. Adieu. Il fe retire..)

NEOPTOLEME à Ulyffe déja parti.

Vous faites prudemment. Ufés-en toujours de même à l'avenir, pour vous garentir de mon courroux. ( Allant vers l'Antre.) O Philoctete, fortés de votre Grotte.

SCENE II.

NEOPTOLEME, PHILOCTETE, LE CHOEUR.

PHILOCTETE.

Quel bruit ai-je entendu ? qui m'appelle? que voulés-vous de moi? pouvés-vous me rendre encore plus malheureux ? vous le croïés fans doute, & c'eft le deffein qui vous amene.

NEOPTOLEME.

Raffurés-vous, & m'écoutés.

PHILOCTETE.

Je vous ai trop écouté. Vos difcours trompeurs m'ont perdu.

NEOPTOLEME.

Croïés au moins mon repentir.

PHILOCTETE.

Ainfi m'avés-vous engagé à vous croire, quand vous m'avés furpris mes armes. Votre fincerité feinte cachoit une perfidie.

NEOPTOLEME.

Oubliés-la; & dites-moi feulement fi vous êtes déterminé à demeurer en ces tristes lieux, où si vous daignés nous accompagner.

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PHILOCTETE.

Plus inébranlable que je ne puis dire.

NEOPTOLEME.

Mon deffein étoit d'appaifer votre courroux, & de & de vous perfuader, s'il étoit possible. Mais fi cela vous offense, je

me tais.

PHILOCTETE.

Tu fais bien. Vainement voudrois-tu me féduire encore par tes frivoles difcours. Mon cœur ulceré ne te pardonnera jamais le lâche tour que tu m'as fait. Fils indigne du plus généreux pere, tu m'arraches la vie, & tu viens me donner des confeils! ah, puiffiés - vous périr tous miferablement, les Atrides, Ulyffe, & toi.Voilà mes adieux.

NEOPTOLEME.

Plus d'imprécations, plus de haine. Voici vos armes & rc= cevés-les de ma main.

PHILOCTETE.

Que dis-tu ? quel nouveau piége m'as-tu préparé?

NEOPTOLEME.

Venés, je vous les rends. J'en jure par le fouverain maître des Dieux.

PHILOCTETE.

O agréables paroles! mais dois-je les croire ? O Ciel !

NEOPTOLEME.

Croïés les effets. Avancés. Ne craignés rien. Recevés

votre arc.

7

SCENE III.

PHILOCTETE, NEOPTOLEME, ULYSSE,
LE CHOEUR.

ULYSSE furvenant.

Et moi je m'y oppofe au nom des Atrides & de l'Armée. j'en attefte les Dieux.

PHILOCTETE après avoir reçû fes armes de Neoptoleme,
Eft-ce la voix d'Ulyffe que j'entends?

ULYSSE.

De lui-même. Le voiei. Oui, c'eft moi qui malgré le fils d'Achille vous ferai partir pour le fiége.

PHILOCTETE fe mettant en fituation de lancer une fléche.
Attends. Cette fléche va punir ton outrage.

NEOPTOLEME Parrêtant.

Ah, Philoctete, qu'allés-vous faire ? au nom du Ciel ne lancés pas ce trait,

PHILOCTETE.

Laiffe-moi faire, mon fils; laiffe-moi percer le traître.

NEOPTOLEME.

Non, je ne puis le fouffrir.

PHILOCTETE.

Pourquoi m'empêcher de me venger de mon plus cruel

ennemi.

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