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STROPHE II.

ANTISTR.II.

C'eft lui qui a perdu a Iole & fa patrie. Princeffe heureuse tant qu'elle fut libre, illa rendit malheureufe par les liens de l'hymen. Venus en uniffant fon fort au fils d'Alcmene, célébrace trifte Hymenée par le carnage & la ruine entiere de l'Occhalie.

b Sacrés murs de Thebes, & vous, malheureufe Dircé, foïés-nous témoins de la colere implacable de Citherée. C'est elle qui environna de flammes, l'amante de Jupiter, la mere de Bacchus, & qui l'écrafa de la foudre aux yeux de fon amant. Semblable à une innocente abeille, Venus femble voltiger autour des mortels; mais fon fouffle empesté nous corrompt, comme un vent impitoïable ternit l'éclat des plus belles fleurs.

a

Iole étoit fille d'Eurytus Roi d'Oechalie. Son pere la promit en mariage à celui qui remporteroit le prix de l'arc. Hercule étant déclaré vainqueur, Eurytus fit difficulté de lui donner fa fille, & ce refus irrita tellement Hercule, qu'il ravagea l'Oechalie & enleva la Princeffe. Mais cette conquête lui couta la vie : car Dejanire fon époufe piquée de jaloufie lui envoïa la robe de Neffus, préfent funefte qui le fit perir.

b Voici encore deux exemples fenfibles des malheurs de l'Amour. Ils font tirés de Thebes. Dircé époufa Lycus Roi

de ce païs après qu'il eût répudié Antiope. Mais les fils du premier lit vengerent cruellement leur mere, & firent repentir Dircé d'avoir été aimée. Ils l'attacherent par la chevelure aux cornes d'un Taureau furieux. Pour Semelé, qui eft l'autre exemple, on a rapporté plus haut ce qu'en difent les Poëtes. Euripide attribuë fon malheur à l'amour, & Ôvide à la vanité. L'un & l'autre fe concilient aifément, fi ce n'eft que la vanité eft plus dur rable encore, & plus forte en quelque forte que d'autre paffion.

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Qu'entens-je dans le Palais ? ah, je fuis perduë.

LE CHOEUR.

Quoi, Madame ? quel nouveau malheur vous menace ?
PHEDRE.

Faites filence, vous dis-je. Laiffés-moi prêter l'oreille à ces cris.

LE CHOEUR.

Je vous obéis. O funefte présage!

PHEDRE.

C'en eft fait. Ah fatal amour, que tu me causes de maux ?

LE CHOEUR.

STROPHE 1. Quel défespoir eft le votre, Madame? d'où viennent ces pleurs ne puis-je fçavoir quelle accablante nouvelle vient de vous faifir d'effroi ?

SYST. I.

STROPHETI.

PHEDRE.

Je fuis perduë. Approchés vous-même des portes du Palais: vous entendrés le fujet de mes fraïeurs.

LE CHOEUR.

Vous êtes à portée de l'entendre, & ce bruit vous intereffe. Parlés; qu'eft-il arrivé?

SYST. II.

ANTISTR. I.

ANTISYS. I.

ANTIST, 11.

PHEDRE.

Le fils de l'Amazone, Hippolyte fait éclatter fa fureur contre l'infidelle dépofitaire de mes fecrets.

LE CHOEUR.

Des voix confuses frappent mon oreille: mais les paroles ne peuvent paffer jufqu'à moi. Hé-bien, Madame ?

PHEDRE.

Vous l'entendés maintenant. C'est ce monftre miniftre de mes fureurs qui révele l'opprobre de Thesée.

LE CHOEUR.

Je ne l'entends que trop. Vous êtes trahie, chere Princeffc. Quel confeil vous donnerai-je ? l'affreux myftere eft échappé. Vous voilà perduë.

PHEDRE.

Ah, Ciel!

LE CHOEUR.

ANTISYS, II.

Et le coup qui vous frappe part d'une main amie,

PHEDRE.

Cruelle amitié! main barbare, tu mas trop fervie, Falloitil réveler mes maux pour les guerir?

LE CHOEUR.

Que faire donc ? quel remede à des maux qui n'en fouffrent point?

PHEDRE.

Je n'en connois qu'un : c'eft une prompte mort. Voilà mon unique reffource.

SCENE I I.

Les mêmes, HIPPOLYTE, LA CONFIDENTE de PHEDRE.

HIPPOLYTE.

O Terre, ô Soleil, quelle abominable parole ai-je entenduë! LA CONFIDENTE.

Ah, moderés-vous, cher Hippolyte, gardés qu'on n'entende vos cris.

HIPPOLYTE.

Et le moïen de me taire,après ce que je viens d'apprendrer LA CONFIDENTE.

Je vous en conjure par cette main que je touche.

HIPPOLYTE.

Retire-toi, malheureufe; ne porte pas fur moi tes profa

nes mains.

LA CONFIDENTE.

Par vos facrés genoux, Prince, ne me perdés pas.

HIPPOLYTE.

Mais pourquoi me tairois-je, puisqu'à t'entendre, ce que tu m'as dit n'eft point criminel?

LA CONFIDENTE.

N'importe, il faut l'enfevelir dans l'oubli,

HIPPOLYTE.

N'est-il pas honorable de publier les actions vertueuses? LA CONFIDENTE.

O mon fils, fongés qu'un ferment inviolable vous engage au filence.

HIPPOLYTE.

a Malangue a prononcé le ferment; mon cœur l'a défavoué.

LA CONFIDENTE.

Quel fruit vous en reviendra, cher Prince? vous perdrés

vos amis.

HIPPOLYTE.

Mes amis ! ah je detefte cette horrible amitié. Je ne veux point d'amis coupables.

LA CONFIDENTE.

Hé-bien, fi c'eft une foibleffe, couvrés-la d'un généreux oubli. La foiblesse n'eft-elle pas l'appanage de l'humanité ? HIPPOLYTE.

b Puiffant Jupiter, pourquoi avés-vous permis qu'on vît paroître fous le Soleil un mal auffi dangereux que le fexe? qu'étoit-il befoin de produire par cette voïe notre race mortelle? n'eût-il pas été plus avantageux pour les hommes, de porter dans vos facrés parvis l'airain, le fer, & l'or, pour acheter de vous des enfans à proportion de leur offrande? n'euffions-nous pas été plus heureux de vivre en liberté dans le fein de nos tranquilles maifons? infenfés, nous faifons le contraire, & nous épuifons nos familles pour y introduire cer effain de maux. Je ne veux que cela même pour garant de mes juftes plaintes : car d'abord que n'en coûte-t'il pas à un pere, qui a élevé sa fille avec tant de foin, quand il s'agit de

s'en

a Vers célebre par les fréquentes cri- perceptible les nôtres n'auront pas le mêtiques d'Ariftophane, comme on le verra me fort, quand nos Tragédies Françoises dans la troifiéme Partie de cet Ouvrage. auront autant vieilli que les fiennes ? du Il eft vifible que cette déclamation refte Hippolyte garde ici fon caractere de d'Hippolyte n'eft pas fort galante. Auffi Philofophe, & Phedre celui de femme, Euripide ne prévoïoit pas que les mœurs j'ai prefque dit d'Efclave; la véritable de fon pais,qui lui paroiffoient les plus polies datte du Genie qui regnoit chés les Grecs du monde, deviendroient un jour ridicules. lorfque cette piéce fut compofée peut feule Scavons-nous fi par une révolution im- juftifier tout ceci.

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