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donnait à ceux qui ne communiaient pas les restes du pain offert et non consacré; de là est venu le pain bénit1.

Après la communion, avait lieu l'agape2. C'était un repas fraternitaire que tous les fidèles, riches et pauvres, faisaient dans le même lieu. Plus tard, on ne le donna plus qu'aux veuves et aux pauvres ; et les abus qui s'y commirent finirent par en abolir l'usage tout à fait $.

L'eucharistie, distribuée à la communion, étant, en même temps qu'un secours spirituel, un secours matériel pour les malheureux, ceux des fidèles qui n'avaient pu la recevoir à l'église, la recevaient à domicile, par les soins des diacres ou de leurs acolytes qui la leur portaient. On permettait même aux fidèles de l'emporter chez eux, pour la prendre, tous les matins, avant toute autre nourriture, ou dans les occasions de péril, comme lorsqu'il fallait aller au martyre; parce que l'on n'avait la liberté de s'assembler tous les jours pour célébrer les mystères *.

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Tous les autres secours se distribuaient pareillement

1 Fleury, ub. sup., XLII.

2 « Le nom que nous donnons à notre repas du soir, dit Tertullien, en marque la qualité; il est appelé agape, d'un mot grec qui signifie amour ou dilection. C'est par cette table commune que nous aidons à vivre les plus indigents. » Saint Chrysostôme appelle les agapes le fondement de la charité, la consolation de la pauvreté pour les uns, l'école de l'humilité pour les autres. Il raconte qu'après la célébration du sacrifice et la communion, les chrétiens, à certains jours, se réunissaient dans un banquet commun et général, dont les riches fournissaient les mets, et où les plus pauvres étaient admis, à la différence de ce qui avait lieu aux repas communs de Sparte. (Voy. tom. Fer, p. 367.)

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Voy. Fleury, ub. sup., XIV. Voy. ci-après, § VII, no 1. ♦ Ibid., XLII.

à domicile, c'est-à-dire dans la demeure même des pauvres qui y avaient droit. Les pauvres y trouvaient la discrétion qui doit toujours accompagner l'aumône, et les diacres, tout en prenant conseil de leur pudeur autant que de leurs besoins, selon le précepte de saint Léon', y trouvaient le moyen d'en contrôler, d'en surveiller l'emploi. Le secours à domicile a cet autre avantage de venir en aide à la famille, sans jamais la remplacer, sans jamais en faire perdre l'esprit. Il est, de plus, le seul moyen de proportionner le remède au mal, et de donner à l'intelligence de l'usage la force de s'opposer aux envahissements de l'abus. Enfin, il met le riche à même d'avoir ses pauvres à lui, de les aimer, de les visiter, de s'en faire connaître, et de se faire ainsi, de la reconnaissance et des prières de ses protégés, une source de jouissances intimes que la charité à distance ou en masse n'a jamais pu procurer.

Ce n'est que quand, la persécution ayant cessé, les maisons particulières où les fidèles s'assemblaient firent place aux églises publiques qui se construisaient et s'élevaient de toutes parts, que, dans la disposition des bâtiments qui en composaient les dépendances à cette époque, on comprit un local spécial, appelé diaconie, diaconium, destiné à l'usage dont nous avons parlé 2.

1 Solitá benignitate vigilandum est ut quem modestia tegit et verecundia præpedit, invenire possimus. Sunt enim qui palàm poscere ea quibus indigent erubescunt, et malunt miseriâ tantæ egestatis affligi, quam publicâ petitione confundi. Intelligendi ergo isti sunt et ab occulta necessitate sublevandi, ut hoc ipso ampliùs gaudeant cùm et paupertati eorum consultum fuerit et pudori (Leo, Serm. IV, de Collect.).

2 L'église était environnée de tous côtés de cours, de jardins, ou de bâtiments dépendant de l'église même, qui tous étaient enfermés

Alors, l'Église heureuse et fière de pouvoir étaler, aux yeux de tous, les trésors de sa charité, réunissait tous les pauvres à sa porte, afin d'attirer, par cette vue, les plus indifférents et les plus inhumains à la pensée de l'aumône. « Devant ce choeur de vieillards courbés sous le poids des ans, couverts de haillons misérables et souillés, se soutenant à peine sur leur bâton, quelquefois privés de la vue, paralysés de tous leurs membres, quel cœur de pierre, disait saint Chrysostôme, ne se laisserait attendrir par le spectacle de leur âge, de leurs infirmités, de leur cécité, de leur indigence, de ces vêtements en lambeaux et de tant de motifs de pitié?... Comme les fontaines disposées près des lieux de prières, pour l'ablution des mains que l'on va tendre vers le ciel, les pauvres, ajoute le saint docteur, ont été placés par nos aïeux près de la porte des églises afin de purifier nos mains par la bienfaisance, avant de les élever à Dieu 1. >>

dans une enceinte de murailles. La cour d'entrée était environnée de galeries couvertes, soutenues de colonnes, comme sont les cloîtres des monastères. Sous ces galeries se tenaient les pauvres à qui l'on permettait de demander à la porte de l'église. Au fond était un vestibule d'où l'on entrait par trois portes dans la salle ou basilique, qui était le corps de l'église. Les églises d'alors ressemblaient moins à des temples qu'à des écoles publiques, ou à ces salles destinées à traiter les affaires, que les anciens appelaient basiliques, et dont Vitruve fait la description (Vitr., lib. V). On y voyait un tribunal, une chaire, un pupitre, des armoires, des bancs, une table. Sur cette table se prenaient les repas fraternels (Fleury, Mœurs des chrét., XXXVII). Près de la basilique, en dehors, étaient au moins deux bâtiments, dont l'un, à l'entrée, contenait le baptistère, et l'autre le diaconicum, et le secretarium ou sacristie. Le diaconicum renfermait les trésors de l'église, vases sacrés, ornements, meubles précieux, oblations des fidèles pour les pauvres, etc. (Fleury, ub. sup., XXXV et XXXVI).

1 Chrys., De verbis apost., etc., Hom. III, 11.

Ce fut donc à la porte des églises, ou dans les églises mêmes, que se firent, dès lors, les distributions de pain, d'argent, de vêtements, etc., aux pauvres qui étaient reconnus en avoir besoin 1.

Bientôt, on fit ces distributions dans le local des diaconies qui y était spécialement affecté. Les aumônes à distribuer se plaçaient en ordre sur des tables. De là l'expression ministrare mensis employée dans les Actes des Apôtres (Voy. ci-dessus, p. 198).

Plus tard, le nombre des pauvres ayant augmenté avec le nombre des chrétiens, il devint impossible de procéder aux distributions publiques selon le mode usité. On dut donc revenir à la distribution individuelle à domicile, et le bienfaisant usage en subsista jusqu'à ce qu'il fût remplacé de nouveau, et, cette fois, définitivement, par une institution que nous allons avoir bientôt à juger, -- celle des hôpitaux, et qui ne put jamais en tenir lieu.

Sous quelque forme qu'ils fussent distribués, les trésors de l'Église excitaient au plus haut degré la convoitise des païens. Souvent même ils furent le prétexte de plus d'une persécution; — témoin le martyre de saint Laurent, arrivé l'an 250.

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Le préfet de Rome ayant sommé le diacre Laurent de lui livrer ces trésors, Laurent demanda trois jours pour les ramasser. Pendant ce temps-là, il parcourut toute la ville, pour chercher, dans chaque quartier, les pauvres que l'Église y nourrissait, et qu'il connaissait mieux que personne les boiteux, les estropiés, les aliénés, etc. Au jour marqué, il les assemble, écrit leurs noms, et les range devant l'église; puis il va trouver le

'Fleury, Hist. eccl., liv. XII, chap. 20.

préfet et lui dit : « Venez voir les trésors de notre Dieu ; vous verrez une grande cour, pleine de vases d'or, et des talents entassés dans les galeries. » Le préfet le suit, et Laurent lui montrant, de la main, tous ces pauvres assemblés : « Voilà, lui dit-il, les trésors que je vous avais promis. J'y ajoute les perles et les pierreries: vous voyez ces vierges, et ces veuves, c'est la couronne de l'Église. Profitez de ces richesses pour Rome, pour l'empereur, et pour vous '. »

Le même jour, le diacre Laurent expirait dans les tourments, emportant avec lui le secret du trésor des pauvres.

2. Hospices et Hôpitaux.

Naissent, quand la charité meurt: Avec l'ère du luxe et de la richesse. Époque et causes de cette transformation.

multiplicité des pauvres.

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Le concile de Nicée.

Maintenant qu'il faut des palais aux évêques, faut des Hôtels-Dieu aux pauvres.Xenodochia; - Nosocomia;- Orphanotrophia, etc., etc. Un hospitium pour chaque genre de misère. Leur multiplicité dépassée par la croissante Un pauvre sur deux habitants. Appelés Gymnases des pauvres.- Gymnases, en effet! La pauvreté s'y exerce à devenir paupérisme. · Bien L'hospitium entretient la misère et ne la guérit pas. · plus, il la fomente. L'hospitium est à la charité ce que la manufacture est à l'industrie. Pour tarir la misère, faut en disperser les sources, non les concentrer.

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Pendant les trois premiers siècles du christianisme, la charité n'eut pas d'autres trésors que les aumônes des fidèles, pas d'autres ministres que les évêques et les diacres, pas d'autre mode de secours que le secours à domicile, pas d'autre centre de distribution que la diaconie, pas d'autre asile pour l'indigence que la demeure même du pauvre, pas d'autre auxiliaire étranger

1 Fleury, Hist. eccl., liv. VII, ch. 40.

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