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misères-là n'avaient point encore rencontré de soulagement, ni de refuge 1... »

Mais à des circonstances transitoires ne pouvait-on pourvoir par des institutions transitoires? Le moyen antique indiqué par saint Chrysostôme était assurément le meilleur. Même dans les circonstances ordinaires, la maison de chacun eût dû être, pour chacun, son hôpital. Le pauvre était-il sans asile? Il fallait l'aider à revenir à celui qu'il avait quitté. Il fallait le soulager sur place, chez lui, dans sa famille ou chez un voisin. C'est ainsi qu'agissait la charité dans son jeune âge.

La charité, dans un âge plus avancé, avait-elle besoin de quelque asile public pour la plus prompte et la plus commode dispensation de ses dons? Alors, la diaconie ne suffisant plus, pourquoi plus les Maisons-Dieu modestes? Pourquoi les Hôtels-Dieu superbes? Pourquoi le luxe dans la demeure du pauvre? Pourquoi un palais pour qui n'habite qu'une chaumière? Pourquoi tant de millions enfouis dans des portiques, dans des colonnes, dans des constructions fastueuses? Ces millions eussent suffi à extirper la misère qu'ils eurent pour effet d'entretenir.

Je sais enfin que, par suite des édits rendus par Constantin en faveur des chrétiens qui, sous les règnes précédents, avaient été condamnés à l'esclavage, aux mines, aux galères, ou relégués dans les prisons, l'Église se trouva subitement inondée d'une foule prodigieuse de misérables qui apportèrent avec eux une infinité de besoins et d'infirmités corporelles, que de simples secours à domicile étaient impuissants à soulager; - d'autant qu'à cette époque les familles chré

1 Grégoire de Naz., Panégyr. de saint Basile.

tiennes, ne formant pas encore le plus grand nombre, ne pouvaient donner asile à tous ces malheureux ni fournir, en même temps, à toutes leurs nécessités; de là, le devoir imposé aux évêques et aux magistrats d'y pourvoir autrement que par les distributions des diaconies...

Mais, encore une fois, n'y pouvait-on pourvoir autrement que par des asiles permanents, que par des palais!...

Saint Grégoire appelait l'établissement de saint Basile, le Gymnase des pauvres. C'était, par un éloge, prononcer sa condamnation.

gymnases

Tous les hospices, en effet, sont autant de où la pauvreté s'exerce à devenir, et devient promptement paupérisme. L'hospice entretient la misère et ne la guérit pas. Il fait plus : il la fomente, il la féconde, il la multiplie. L'hospice a plus engendré de pauvres que les pauvres jamais n'ont peuplé d'hôpitaux. L'hospice est un appeau qui attire le pauvre. L'hospice appelle l'hospice, comme l'abîme, l'abîme. Pour tarir la misère, il faut en disperser les sources, non les concentrer. Voilà ce que la primitive charité avait su faire. Les fondateurs d'hôpitaux ont détruit son œuvre.

Les fondateurs d'hôpitaux ont fait, sans le savoir, à coup sûr!-ce que font les fondateurs de manufactures. Ceux-là ont tué la charité comme celles-ci l'industrie.

Charité et industrie ne sont plus que philanthropie et industrialisme.

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1. Communisme pratique des saints de l'Église de Jérusalem.

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Sectes mosaïques dominantes, en Judée. A laquelle de ces sectes appartenait Jésus? Jésus vécut en communauté avec ses apôtres. Idem, les apôtres avec leurs disciples. - Église de Jérusalem.-Nombre de fidèles qui la composaient. - Ce n'était point entre tous les fidèles, mais entre les disciples, entre les saints seulement, que erant omnia communia. · Preuves. Légende d'Ananias et de Saphira. — Communauté de biens, non de vie. Même, plutôt communication que communauté. - Pas d'indigents, d'abord, - Bientôt, indigents abondent. La communauté ne se soutient plus qu'à l'aide d'aumônes. Ce résultat était forcé. — L'Église de Jérusalem seule adopte le système communautaire et meurt. — Toutes les autres le rejettent et vivent.

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De même que le peuple juif des premiers temps, campé plutôt qu'établi dans un coin de la Syrie, pendant plusieurs siècles, tour à tour courbé sous le joug ou affranchi de la servitude, soumis ou triomphant, transplanté sur la terre de ses nouveaux maîtres ou rendu à celle de ses aïeux, vécut isolé et compacte au milieu des autres nations de la terre; de même, le peuple chrétien des premiers temps, sorti des flancs du judaïsme dispersé, dut vivre isolé et compacte, sur le petit coin de son berceau, au milieu de ses ennemis victorieux et persécuteurs.

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Trois sectes mosaïques dominaient en Judée lors de la venue de Jésus-Christ : les saducéens, les pharisiens, les esséniens.

Les saducéens avaient systématisé l'égoïsme, et vivaient entre eux dans un individualisme complet '.

1 Josèphe, Guerre des Juifs, liv. II, ch. 8. Voy. ci-dessus, p. 64.

Les pharisiens, au contraire, pratiquaient la charité, mais entre eux seulement, et dans la sphère de l'orgueil et de leur intérêt personnel '.

Les esséniens seuls pratiquaient la fraternité, non dans les limites restreintes de l'individualité, mais dans les limites infinies de l'espèce. Seulement, pour vivre dans un plus parfait état de sainteté, ils avaient adopté la communauté de biens comme base sociale de leur existence 2.

La doctrine des esséniens avait une telle similarité avec celle de Jésus-Christ, que la plupart des Pères de l'Église prirent pour des chrétiens les thérapeutes de l'Égypte, et que les premiers disciples de Jésus n'étaient connus que sous le nom d'esséniens.

Ce n'est que huit ans après sa passion que quelquesuns prirent, à Antioche, le nom de chrétiens ".

6

Ceci nous induit à croire que si Jésus, avant sa prédication qu'il commença vers l'âge de trente ans appartenait à l'une des trois grandes sectes du mosaïsme, il dut nécessairement appartenir à l'essénianisme, dont la doctrine se rapprochait le plus de la sienne, et dont la formule de vie était la communauté ".

1 lbid.

2 Voy. ci-dessus, p. 65.

3

* Voy. P. Leroux, De l'Humanité, t. II, p. 673 et 765. - Et ci-dessus,

p. 67, n. 2.

C'est ce qu'affirme positivement saint Épiphane, Hores., XXXIX, 4. - Voy. le texte cité dans P. Leroux, ub. sup., p. 772.

5 Act. Apost., XI, 26.

Quelques années plus tard, ils avaient tous nom chrétiens, et formaient, à Rome, une immense multitude. Voy. Tacite, Annal., XV.

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7 Cette vraisemblance est démontrée pour nous par les raisons qu'en

Quoi qu'il en soit à ce sujet, ce qui est constant, c'est que la communauté de biens et de vie fut le régime qu'adoptèrent Jésus et ses apôtres. Nulle part, il est vrai, il n'est fait mention, dans l'Évangile, de la communauté comme doctrine; mais partout, dans la vie de Jésus-Christ, elle y est établie comme fait. Jésus vivait en communauté avec ses apôtres; ses apôtres et lui ne formaient qu'une famille dont il était le chef. <<< Ils mangeaient et logeaient ensemble, dit Tertullien ; » et, comme ils n'avaient aucun bien en propre, ils mettaient en commun leur pauvreté. C'était là leur unique trésor. Judas en tenait la bourse '; quand elle était vide, elle se remplissait de nouveau du fruit de leur travail, et, plus souvent, de celui de l'assistance publique 2. >>

Après la mort de Jésus, chaque apôtre fit de même avec ses disciples. Tous vivaient ensemble, en famille, << mangeant à même table et couchant en même chambre. » C'est ainsi, du moins, que l'auteur des Recognitions nous représente saint Pierre avec ses disciples.

La loi première et vitale de l'apostolat était le prosé

donnent Salvador, Jésus et sa doctrine, I, 201; et P. Leroux, De l'Egalité, 2o partie; Id., De l'Humanité, II, p. 765 et suiv.

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Fleury, Vie de Jésus-Christ.—Ainsi, nous voyons auprès de saint Pierre, et vivant avec lui: saint Marc qu'il nomme son fils, saint Clément si fameux par toute l'Église, saint Évode qui lui succéda à Antioche, saint Lin et saint Clet qui lui succédèrent à Rome (I Petr., V, 13). Ainsi, auprès de saint Paul, nous voyons saint Luc, saint Tite, saint Timothée, et le même saint Clément. Auprès de l'apôtre saint Jean, nous voyons saint Polycarpe et saint Papias (Id).

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