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CHAPITRE PREMIER.

De la misère chez les Israélites, et des institutions de Moïse pour y remédier.

Christianisme et mosaïsme. L'un procède de l'autre.

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Pourquoi, avant d'étudier la misère chez les premiers chrétiens, nous commençons par examiner ce qu'étaient:- Les riches et les pauvres ;-Le travail; - Le sabbat; Les prêts gratuits et la remise des dettes;- L'année jubilaire; La libération périodique des esclaves; L'hospitalité; - L'aumône volontaire et l'aumône forcée; — Enfin, la communauté de vie et de biens- chez le peuple hébreu.

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S'il est vrai que le Nouveau Testament soit caché dans l'Ancien, comme l'Ancien est manifesté dans le Nouveau; - s'il est vrai que l'avenir s'y voie dans le passé et que le passé y contemple l'avenir comme dans un prophétique miroir; il est vrai, dès lors, que, pour étudier les lois du christianisme à leur vraie source, il faut indispensablement en rechercher le germe et l'esprit dans les institutions du peuple hébreu.

Donc, ayant à analyser les éléments de solution du problème de la misère sous l'empire de la loi nouvelle, nous avons dû nous demander, avant tout, comment

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le même problème était posé et résolu sous l'empire de l'ancienne loi.

C'est pourquoi, avant d'entrer dans l'examen des institutions du christianisme concernant la misère, nous commençons par faire connaître les institutions du mosaïsme sur le même sujet, en traitant successivement, dans ce chapitre : Des riches et des pauvres; du travail; -- du sabbat; — des prêts gratuits et de la remise des dettes;-du jubilé; - de la libération périodique des esclaves; de l'hospitalité ; enfin, de l'aumône volontaire et forcée, peuple de Dieu '.

chez le

1 Ce peuple célèbre de l'Asie, le premier et le plus étonnant, sans contredit, dans les annales du genre humain, par sa religion, ses lois, ses mœurs et sa destinée, porta d'abord le nom d'Hébreux, ensuite celui d'Israélites, et prit enfin celui de Juifs après la captivité de Babylone. Abraham fut la tige de ce peuple et alla, par ordre de Dieu, s'établir dans la terre de Chanaan (2291 ans av. J.-C.). Jacob, petitfils d'Abraham, fut le père de douze fils qui devinrent les chefs des douze tribus de la Judée. Joseph, un de ses fils, ayant été vendu par ses frères à des marchands, fut conduit en Égypte, y devint premier ministre de Pharaon, y fit venir Jacob, et l'établit avec toute sa famille au pays de Gessen, le plus fertile de l'Égypte (1976 av. J.-C.). Ayant été asservis par les Pharaons, Moïse se mit à leur tête, les délivra de la servitude (1645 av. J.-C.), et les conduisit dans le désert où il les guida pendant quarante ans. Moïse mourut, en 1605, sans avoir pu les conduire dans la terre promise. Cette gloire était réservée à son successeur, Josué, qui partagea le pays en douze parts et le distribua aux douze tribus (voy. ci-après, p. 18, n. 4). A la mort de Josué le gouvernement fut confié à des juges (1554-1080 av. J.-C.). Ensuite vinrent les rois; le premier fut Saül (1080); après lui David (1040); enfin Salomon (1001-962). Salomon mort, survint, sous Roboam, son fils, un schisme pendant lequel dix tribus se séparèrent et formèrent un royaume, le royaume d'Israël, dont le premier roi fut Jéroboam. Les deux autres tribus demeurèrent fidèles à Roboam et formèrent le royaume de Juda. De ces deux royaumes le premier fut détruit par Salmanasar, roi d'Assyrie (718 av. J.-C.); le second par Nabuchodonosor, qui emmena les Juifs captifs à Babylone (587 av. J.-C.).

§ I.

Riches et Pauvres.

Richesses au temps des patriarches. Quand naquit et s'accrut la misère. Causes. Polygamie et concubinage légal. — Excès de population et exposi

tion d'enfants, etc.

pauvre.

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Exemples. Causes.

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egeni, vagi, mendici, leprosi, etc. Les cinq doigts de la main de la misère. Mauvais riches- Portraits. - Antagonisme et parallèle du riche et du Problème de la misère posé et résolu par Moïse. - « Il y aura toujours des pauvres, mais il peut, mais il doit n'y avoir ni indigents ni mendiants parmi vous. » Distinction des livres saints entre pauvreté et misère.- Moyens proposés par Moïse pour adoucir l'une et éteindre l'autre. Le Décalogue.

La richesse et la pauvreté d'un peuple se mesurant sur l'étendue de ses ressources et de ses besoins, les Israélites ne purent qu'être universellement riches, au temps des patriarches, car, bien qu'ils connussent l'or et les bijoux', l'extrême simplicité de leurs mœurs faisait qu'ils avaient assez du produit de leurs bestiaux 3

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1 Voy. Genes. XXIV, 22. — Ils connaissaient aussi les parfums et les habits précieux (voy. ibid., XXVII, 27); ainsi que l'argent monnayé (Ibid., XX, 16, et XXIII, 16).

2 Les patriarches logeaient sous des tentes, et se servaient euxmêmes pour les besoins ordinaires de la vie. Abraham, qui avait tant de domestiques, apporte lui-même de l'eau pour laver les pieds à ses hôtes, presse sa femme de leur faire du pain, va lui-même choisir la viande, et revient les servir debout (Gen., XVII, 4). Jacob fait un voyage de plus de deux cents lieues un bâton à la main (Gen., XXXII, 11), etc., etc.

3 La richesse des patriarches consistait principalement en troupeaux. Abraham en avait de si nombreux, qu'il fut obligé de se séparer de son neveu Lot, parce que la terre ne les pouvait contenir ensemble (Gen., XIII, 6). Jacob fit à son frère Ésaü un présent de cinq cent quatre-vingt-dix pièces de bétail (Gen., XXXII, 16, etc.). Les troupeaux consistaient en chèvres, brebis, chameaux, bœufs et ânes. Il n'y avait ni porcs ni chevaux. - Voy. la p. 5, note 5.

et de leur travail', pour satisfaire à tous les besoins de leur vie frugale 2 et heureuse".

Mais, depuis la sortie d'Égypte jusqu'à la captivité de Babylone,-période à laquelle se rapporte la plus grande partie des livres saints, et dans laquelle nous nous renfermons, - leurs besoins s'accrurent avec l'accroissement de leur population", et leur petit territoire3,

1 La principale occupation des patriarches était le soin de leurs troupeaux (Gen., XLIII, 3). Quelque innocente que soit l'agriculture, la vie pastorale leur paraissait plus parfaite ; ils ne se considéraient sur cette terre que comme voyageurs (Hebr., XI, 7, 13).

2 Les lentilles qui tentèrent si fort Ésaü sont une preuve de l'extrême sobriété des patriarches. Cependant, dans le repas qu'Abraham servit autrefois aux trois anges, on voit figurer un veau, du pain frais cuit sous la cendre, du beurre et du lait (Gen., XVIII, 6, etc.). Pareillement Rebecca sert à Isaac un ragoût composé de deux chevreaux (Gen., XXVIII, 9); mais, dit Fleury, son grand âge fait excuser cette délicatesse. Ajoutons que c'est un veau tout entier, et un pain de trois mesures de farine, ou deux de nos boisseaux, cinquante-six livres de notre poids environ, qu'Abraham servit à ses hôtes. Ce qui prouve qu'ils étaient grands mangeurs (Mœurs des Israélites, IV).

3 C'est ce qui les faisait vivre si longtemps et mourir si doucement. Il n'est fait nulle part mention dans l'Écriture que les patriarches fussent jamais malades. « Il défaillit et mourut dans une heureuse vieillesse, rempli de jours. » C'est ainsi que l'Écriture exprime leur mort (Gen.).

Quand les Israélites entrèrent dans la terre promise, il y avait plus de six cents mille hommes portant les armes (Num., 11, 32). La seule tribu de Benjamin, la moindre de toutes, avait une armée de vingtcinq mille hommes; le reste du peuple en avait quatre cent mille (Jud., XX, 15, 17). Saül avait deux cent dix mille combattants quand il extermina les Amalécites (I Reg., XV, 4). David entretenait continuellement deux cent quatre-vingt mille hommes, et, dans le dénombrement qu'il fit du peuple, il compta un million trois cent mille combattants (I Paral., XVII, XXVII, 2. — Reg., XXIV, 9). Josaphat, qui n'avait pas le tiers du royaume de David, avait jusqu'à onze cent soixante mille hommes de bonnes troupes (II Paral., XXVII, 14, 15, etc.). Le tout, sans compter les femmes aussi nombreuses, les enfants, les vieillards, les esclaves. L'exagération de ces chiffres ne ressort-elle pas de leur énormité ?

"La Palestine contenait en superficie quinze millions d'arpents car

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