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mettre au lendemain le payement du salaire de l'ouvrier, mais ils recommandent de faire ce payement sans aigreur, sine tristitiâ, et de traiter l'ouvrier avec mansuétude, in mansuetudine'; car, c'est lui tout entier, animam suam, qu'il donne par son travail à celui qui l'emploie ; et l'ouvrier pauvre, s'il est honnête, est digne de tous nos égards'.

Ajoutons s'il est sobre; car l'ouvrier ivrogne, outre qu'il n'amasse jamais rien*, ne mérite que mépris3. C'est ainsi que la sobriété et l'économie, c'est-à-dire l'épargne, étaient mises, chez les Hébreux, à côté du travail, au premier rang de leurs éléments de puissance et de richesse.

§ III.

Le sabbat.

Ce que c'était que le sabbat ou jour du repos. Commandé sous peine de mort. Travaux permis et défendus.

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Exagérations des Juifs à ce sujet.

Raison de la périodicité fixe et régulière qui coupe à intervalles égaux la succession des œuvres et des jours. Origine physiologique de la semaine.

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- Sabbat de l'homme et sabbat de la terre. Ce que c'était que le sabbatum terræ. La terre se reposait tous les sept ans. Comment vivre, pendant l'année sabbatique, en l'absence de toute récolte?

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Les Israélites travaillaient six jours de la semaine et se reposaient le septième qui était le jour du sabbat o. En dehors de ce jour, ils n'interrompaient leurs travaux que pour les autres fêtes marquées par la loi'.

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2 Eccli., VII, 22. 3 Eccli., X, 26.

Eccli.. XIX, 1.

* Eccli., XXXI, 33.

• En hébreu, sabbat signifie repos.

7 Telles que la Pàque, la Pentecôte, la fête des Tabernacles, etc.

Moïse avait fait de l'observation du sabbat une loi si rigoureuse que quiconque l'enfreignait était puni de

mort.

<< Vous travaillerez durant six jours et vous y ferez tout ce que vous aurez à faire'. >>

« Mais le septième jour est le jour du sabbat, c'està-dire du repos du Seigneur votre Dieu, car le Seigneur a fait en six jours le ciel, la terre, et la mer et tout ce qui y est enfermé, et il s'est reposé le septième jour. C'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l'a sanctifié 3. Aussi, le septième jour est-il appelé saint*. >>

« Vous garderez donc le jour de mon sabbat partout où vous demeurerez; ce jour doit vous être saint, car, entre moi et mon peuple, c'est un pacte éternel '. »

« Donc, vous travaillerez pendant six jours, et, le septième jour, vous cesserez de labourer la terre et de moissonner'. Vons ne ferez, ce jour-là, aucun ouvrage, aucune œuvre quelconque, omne opus non facietis 3, ni

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Certains de leurs travaux étaient aussi pour eux des fêtes. Telles étaient
les tondailles des moutons, la moisson et les vendanges auxquelles les
voisins prenaient part pour s'entr'aider, en se réjouissant les uns les
autres (Isaïe, IX, 3. Ibid., XVI, 10).
- Deuter., V, 13.

1 Exod., XX, 9.
2 Exod., XX, 10. - Deuter., V, 14.
3 Exod., XX, 11. — Deuter., V, 12.
Levit., XXIII, 3.

5 Levit., XIX, 23. — Id., XXIII, 3.

6 Exod., XXXI, 14, 15.

7 Exod., XXXIV, 21. & Jerem., XVII, 22. ·Exod., XX, 10. — Deuter., V, 14. — Dans leur Talmud, ou Rituel, les Juifs, exagérant la loi de Moïse, poussent jusqu'à l'extravagance leurs scrupules sur ce qui regarde l'observation du sabbat. Non-seulement, se fondant sur un texte de Jérémie (XVII, 21 et 22), el sur un autre d'Isaïe (LVIII, 13), ils évitent de porter au

vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servante, ni votre bœuf, ni votre âne, ni aucune de vos bêtes de service, ni l'étranger qui est entre vos portes', afin que votre bœuf et votre âne se reposent et que le fils de votre servante et l'étranger aient quelque relâche, refrigerentur 2, et afin que votre serviteur et votre servante se reposent comme vous; ut requiescant servus tuus et ancilla tua sicut tu3. »

<< Heureux celui qui observe le sabbat et ne le viole point, car il trouvera sa joie dans le Seigneur *. »

Malheureux, au contraire, celui qui ne sanctifie pas le sabbat, selon que je l'ai ordonné, car quiconque travaillera ce jour-là sera puni de mort. »

cun fardeau, ou de faire plus d'un mille de chemin hors de la ville ce jour-là; mais ils n'osent allumer ni éteindre le feu. Ils ont soin d'apprêter la veille tout ce qui est nécessaire pour leurs repas. Ils ont la précaution de ne pas trop se charger d'habits. Tout entretien sur les affaires temporelles est interdit. Ils ne peuvent ce jour-là ni rien donner ni rien recevoir, ni manier aucun outil ni rien qui soit pesant. Manier de l'argent, aller à cheval, jouer des instruments, se baigner, etc., etc., sont autant de contraventions à la loi du sabbat.

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Jerem., XVII, 22, 27.

• Exod., XXV, 2.— Id., XXXI, 16, 17.- Voici, à cet égard, deux exemples cités par les livres saints: « Or, les enfants d'Israël étant dans le désert, il arriva qu'ils trouvèrent un homme qui ramassait du bois le jour du sabbat. Et l'ayant présenté à Moïse, à Aaron et à tout le peuple, ils le firent mettre en prison, ne sachant ce qu'ils en devaient faire. Alors le Seigneur dit à Moïse: Que cet homme soit puni de mort, et que tout le peuple le lapide hors du camp. Ils le firent donc sortir dehors, et ils le lapidèrent; et il mourut ainsi que le Seigneur l'avait ordonné » (Nombres, XV, 32-36). L'autre exemple est celui de cette troupe de Juifs qui, ayant été attaqués le jour du sabbat, pen-

Et ce jour de repos n'était pas perdu pour le travail, non plus que pour la prospérité des familles, car << le repos est père du mouvement, générateur de la force, et compagnon du travail. Le repos, pris modérément et à temps utile, soutient le courage, vivifie la pensée, fortifie la volonté et rend invincible la vertu 1. »

Ce qu'il y a d'admirable, à cet égard, dans la loi de Moïse, c'est moins le repos en lui-même, dont la nécessité n'est contestée par personne, que cette périodicité fixe et régulière qui coupe à intervalles égaux la succession des œuvres et des jours. Pourquoi cette constante symétrie ? Pourquoi six jours de travail plutôt que cinq ou sept? Pourquoi la semaine plutôt que la décade? Quel statisticien a observé, le premier, qu'en temps ordinaire la période du travail doit être à la période de repos comme 6 est à 1, et d'après quelles lois? que ces deux périodes doivent s'alterner, et pourquoi?...

De cette loi de proportion, entre la durée du travail et celle de relâche, nous ne soupçonnons pas plus la raison que nous ne savons l'origine physiologique de la semaine. «Notre ignorance est opaque sur toutes ces choses. >> Aussi, ne chercherons-nous point, avec M. Proudhon, à sonder ce qu'il appelle lui-même un abîme2. Nous dirons seulement, comme lui, que la certitude de la science, qu'il appelle harmonique transcendante, et

dant la guerre des Machabées, aimèrent mieux se laisser massacrer, eux, leurs femmes et leurs enfants, de peur d'enfreindre la loi. Mathias fit alors rendre une ordonnance qui permettait au peuple de se défendre le jour du sabbat, s'il était attaqué (Voy. I Machab., II, 30 et suiv.).

1 De la célébration du dimanche, p. 84.

2 Voy. Proudhon, ub. sup., p. 85 et suiv.

qu'avait à fonder Moïse lorsqu'il songea à régler, dans la nation israélite, les œuvres et les jours, les repos et les fêtes, les travaux du corps et les exercices de l'âme, les intérêts de l'hygiène et de la morale, l'économie politique et la subsistance des personnes,- que la certitude de cette science est démontrée par le fait même dont nous nous occupons. «< Diminuez la semaine d'un seul jour, le travail est insuffisant comparativement au repos; augmentez-la de la même quantité, il devient excessif. Etablissez tous les trois jours une demi-journée de relâche, vous multipliez par le fractionnement la perte de temps, et, en scindant l'unité naturelle du jour, vous brisez l'équilibre numérique des choses. Accordez, au contraire, quarante-huit heures de repos, après douze jours consécutifs de peine, vous tuez l'homme par l'inertie, après l'avoir épuisé par la fatigue '. >>

Que conclure de tout ceci? Que si Moïse se montra si juste, en adoptant sa proportion sabbatique, ce ne fut pas seulement parce qu'il en avait calculé d'avance toute la portée, ce fut encore, et surtout, parce que le sabbat était l'œuvre de Dieu.

Outre le sabbat du travailleur, Moïse avait institué le sabbat de la terre, sabbatum terræ 2. Le repos était jugé aussi nécessaire à la terre qu'au laboureur. Toujours produire épuise le sol, autant que travailler sans cesse épuise le corps. Dans l'ignorance où l'on était alors des assolements alternés, la jachère, ou le repos périodique du sol (jacere), était indispensable à la terre pour renouveler ses forces productives. C'est par le chiffre

1 Ibid., p. 101.

2 Levit., XXV, 4.

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