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Minot fund.

DES PERSES,

DES GRECS ET DES MACÉDONIENS.

LIVRE NEUVIÈME.

HISTOIRE DES PERSES ET DES GRECS,
PENDANT LES QUINZE PREMIÈRES ANNÉES DU RÈGNE
D'ARTAXERXE-MNÉMON.

CHAPITRE PREMIER.

CE chapitre renferme les troubles domestiques de la

cour de Perse, la mort d'Alcibiade, le rétablissement de la liberté à Athènes, les secrets desseins de Lysandre pour se faire roi.

§ I. Sacre d'Artaxerxe-Mnémon. Cyrus entreprend d'égorger son frère; il est renvoyé dans l'Asie mineure. Cruelle vengeance de Statira, femme d'Artaxerxe, sur les auteurs et les complices du meurtre de son frère. Mort d'Alcibiade; son caractère.

Arsace, en montant sur le trône, prit le nom d'Ar- AN M. 3600 taxerxe : c'est celui à qui les Grecs, à cause de sa mémoire

Tome IV. Hist. anc.

Av. J.C. 404.

P. 548.

1. 13, § 107. Justin.

5, 8 et 11.]

Athen. 1. 12, prodigieuse, ont donné le surnom de MNÉMON 1. Étant auprès du lit de son père malade, il lui demanda, un moment avant qu'il expirât, quelle avait été la règle de sa conduite pendant un règne aussi long et aussi heureux [Diod. Sic. que le sien, afin de pouvoir l'imiter : C'a été, lui répondit-il, de faire toujours ce que la justice et la religion demandaient de moi : paroles mémorables, et qui méritent d'être gravées en lettres d'or dans le palais des rois, pour les faire souvenir continuellement de ce qui doit régler toutes leurs actions. Il est assez ordinaire aux princes de donner en mourant d'excellentes instructions à leurs enfants : elles seraient plus efficaces, si l'exemple et la pratique les avaient précédées; sans cela elles sont aussi faibles que le malade qui les donne, et ne lui survivent de guère.

Plut.

in Artax. p.1012.

2

Peu de jours après la mort de Darius, le nouveau roi partit de sa capitale; et alla à la ville de Pasargades pour s'y faire sacrer, selon la coutume, par les prêtres de Perse. Il y avait dans cette ville un temple de la déesse qui préside à la guerre, où se faisait le sacre des rois. Il était accompagné de cérémonies très-singulières, qui sans doute ont un sens caché; mais Plutarque ne l'explique point. Le prince qui devait être sacré dépouillait sa robe dans ce temple, et y prenait celle que l'ancien Cyrus avait portée avant que de devenir roi, laquelle y était gardée avec beaucoup de vénération. Ensuite, après avoir mangé une figue sèche, il mâchait des feuilles de térébinthe, et avalait un breuvage composé de vinaigre et de lait. Cela signifierait-il que les douceurs qu'on goûte dans la royauté sont mêlées de

1 Ce mot signifie en grec un homme qui a une bonne mémoire.

2 Ville de Perse, bâtie par le grand Cyrus.

beaucoup d'amertumes, et que, si le trône est environné de plaisirs et d'honneurs, il ne l'est pas moins de peines et d'inquiétudes? Il paraît assez clair qu'en revêtant le nouveau roi de la robe de Cyrus, on voulait lui faire entendre qu'il devait aussi être revêtu de ses grandes qualités et de ses rares vertus.

Le jeune Cyrus, dévoré d'ambition, était au désespoir d'être frustré pour toujours de l'espérance du trône que sa mère lui avait donnée, et de voir passer dans les mains de son frère un sceptre qu'il croyait lui être dû. Les crimes les plus noirs ne coûtent rien à un ambitieux. Celui-ci résolut d'égorger son frère dans le temple même, en présence de toute la cour, dans le moment qu'il quitterait sa robe pour prendre celle de Cyrus. Artaxerxe en eut avis par le prêtre même qui avait élevé son frère, et à qui ce jeune prince avait fait confidence de son dessein. Cyrus fut arrêté et condamné à mort. Sa mère Parysatis, étant accourue toute hors d'elle-même, le prit entre ses bras, le lia avec les tresses de ses cheveux, attacha son cou au sien, et fit tant par ses cris, par ses larmes et par ses prières, qu'elle obtint sa grace, et qu'elle le fit renvoyer dans les provinces maritimes dont il avait le gouvernement. Il y porta une ambition non moins ardente qu'auparavant, animée de plus par le dépit de l'affront qu'il avait reçu et par un vif desir de vengeance, et armé d'un pouvoir presque sans bornes. Artaxerxe, dans cette occasion, manqua contre les règles les plus communes de la politique, qui ne permettent pas de nourrir et d'enflammer par des honneurs extraordinaires la fierté d'un jeune prince

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I

perbiam extolleret.» (TACIT. Annal. lib. 4, cap. 17.)

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hardi et entreprenant comme était Cyrus, qui avait porté la haine personnelle contre son frère jusqu'à vouloir l'assassiner de sa main, et l'ambition de régner jusqu'à mettre en œuvre les moyens les plus criminels pour parvenir à son but.

Artaxerxe avait épousé Statira. A peine son mari futil monté sur le trône, qu'elle employa l'empire que sa beauté lui donnait sur lui pour tirer vengeance de la mort de son frère Tériteuchme. C'est une des scènes les plus tragiques que fournisse l'histoire, et une complication monstrueuse d'adultères, d'incestes et de meurtres, qui, après avoir causé de grands désordres dans la famille royale, eurent enfin l'issue la plus tragique pour tous ceux qui y avaient eu part. Mais il faut reprendre les choses de plus haut pour mettre le lecteur au fait.

Hidarne, père de Statira, Perse de fort grande qualité, était gouverneur d'une des principales provinces de l'empire. Statira était d'une rare beauté, et c'est ce qui engagea Artaxerxe à l'épouser : il portait alors le nom d'Arsace. Tériteuchme, frère de Statira, épousa en même temps Hamestris, sœur d'Arsace, une des filles de Darius et de Parysatis; et, en faveur de ce mariage, Tériteuchme, quand son père fut mort, eut son gouvernement. Il y avait encore dans cette famille une autre sœur nommée Roxane, qui n'était moins belle que Statira, et qui, avec cela, excellait dans l'art de tirer de l'arc et de lancer le dard. Tériteuchme, son frère, conçut pour elle une passion criminelle; et, pour la satisfaire, il résolut de se mettre en liberté, et de tuer Hamestris qu'il avait épousée. Darius, ayant été informé de ce complot, engagea, à force de présents et de pro

pas

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