صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

paix sur la terre, disait Jésus-Christ à ses apôtres; je suis venu apporter non la paix, mais l'épée 1. » L'épée de Jésus-Christ, c'est la vérité chrétienne combattant l'erreur et l'imperfection humaines; la victoire, mais la victoire toujours incomplète dans la lutte incessante, c'est la condition à laquelle doivent se résigner les défenseurs de la vérité chrétienne au sein de la liberté.

Si ces vaillants et intelligents champions de la foi chrétienne n'étaient pas accueillis et accrédités dans les églises auxquelles ils appartiennent; si le Catholicisme donnait lieu de croire qu'il est essentiellement hostile aux principes et aux droits essen

1. Évangile selon saint Matthieu, chap. x, vers. 34.

tiels de la société moderne, et qu'il ne les tolère que comme Moïse tolérait le divorce parmi les Juifs, « à cause de la dureté de leur cœur ; » si d'autre part les adversaires du surnaturel, de l'inspiration des Livres saints et de la divinité de Jésus-Christ prévalaient au sein du Protestantisme, qui ne serait plus alors qu'une philosophie hésitant à prendre son vrai nom, si toutes ces mauvaises chances venaient à se réaliser, je suis loin de penser qu'en présence de telles fautes et de tels revers, la religion chrétienne disparaîtrait du monde et retirerait définitivement aux hommes sa lumière et son appui; ses destinées sont au-dessus des égarements humains; mais, à coup sûr, pour que les hommes revinssent de tels

égarements, pour que la lumière rentrât dans leur âme et l'harmonie dans la société moderne, il faudrait qu'il éclatât de nouveau, dans les âmes et dans la société, un de ces troubles immenses, une de ces tourmentes révolutionnaires dont les hommes ne recueillent les leçons qu'après en avoir souffert tous les maux.

Près d'aborder des questions plus profondes et plus permanentes, je ne fais qu'indiquer ici ce que je pense de la crise qui agite en ce moment le monde chrétien, de sa cause principale, de ses périls, et des chances bonnes ou mauvaises qu'elle laisse entrevoir pour l'avenir. Dans l'ouvrage dont je publie aujourd'hui la première partie, je laisse de côté ces faits et

ces débats de circonstance; c'est de la religion chrétienne en elle-même, de ses croyances fondamentales et de leur légitimité que je m'occupe; c'est la vérité du Christianisme que je voudrais mettre en lumière en le mettant en présence des systèmes et des doutes qu'on lui oppose. Je m'abstiendrai de toute polémique directe et personnelle; les personnes embarrassent et enveniment les questions; on ménage ou l'on injurie ses adversaires; deux genres de fausseté qui me sont également antipathiques; je ne veux avoir pour adversaires que les idées; et quelles que soient les idées, j'admets la sincérité possible de ceux qui les professent; la discussion n'est sérieuse qu'à cette condition, et ni l'énor

mité intellectuelle de l'erreur, ni ses funestes conséquences pratiques n'excluent sa sincé

rité. L'esprit de l'homme est encore plus facile à séduire et plus égoïste que son cœur; quand il a conçu et exprimé une idée, il s'y attache comme à son œuvre propre, et s'y emprisonne orgueilleusement, comme s'il était en possession de la pure et pleine vérité.

Ces Méditations seront divisées en quatre séries. Dans la première série, qui forme ce volume, j'expose et j'établis ce qui est, selon moi, l'essence de la religion chrétienne, c'est-à-dire les problèmes naturels auxquels elle répond, les dogmes fondamentaux par lesquels elle résout ces problèmes, et les faits surnaturels sur lesquels ces dogmes re

« السابقةمتابعة »