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Quelle différence entre les magistrats dont nous venons de rapporter les injustices, les rapines, les violences, et les grands hommes dont l'équité, la sagesse, le désintéressement, ont fait tant d'honneur au peuple romain, et ont plus contribué à ses conquêtes que force des armes et le courage des troupes! Nous avons vu les deux Scipions qui périrent en Espagne autant et plus regrettés par les Espagnols que par les Romains mêmes. Leur successeur, fils de l'un, neveu de l'autre, était regardé par les mêmes Espagnols comme un homme envoyé du ciel pour faire le bonheur des peuples. Loin que les campements d'armées, les quartiers d'hiver et le séjour des généraux dans les villes parussent à charge aux alliés, ils se croyaient d'autant plus heureux qu'ils les conservaient plus de temps chez eux : tant les Romains alors faisaient paraître de tempérance, de douceur, d'humanité! On pourrait appliquer à plusieurs commandants, et surtout au grand Scipion, ce que Cicéron dit de Pompée 2, que sous lui non-seulement on ne contraignait point les peuples de faire de la dépense pour le soldat, mais que même on ne le leur permettait pas quand ils le souhaitaient, car, ajoute le même orateur, nos ancêtres ont voulu que les quartiers d'hiver que l'on passe dans les maisons et sous le toit des alliés servissent de retraite contre les rigueurs de la saison, et non d'occasion d'avarice.

1 «Hunc audiebant antea, nunc præsentem vident, tantâ temperantià, tantà mansuetudine, tantâ humanitate, ut ii beatissimi esse videantur, apud quos ille diutissimè commoratur. » (Cic. de lege Man. n. 13.)

> «Non modò, ut sumptum faciat in militem, nemini vis affertur, sed ne cupienti quidem cuiquam permittitur. Hiemis enim, non avaritiæ, perfugium majores nostri in sociorum atque amicorum tectis esse voluerunt. » (Ibid. 39.)

Réflexion sur le chan

gement arrivé dans les

mœurs et le gouverne

meut à Rome.

Telles étaient les maximes des bons temps de la république mais elles commencent depuis quelques années à s'affaiblir beaucoup; et nous les verrons dans la suite disparaître entièrement. En effet, les divers exemples de malversation que nous avons réunis ensemble montrent que l'on envoyait dans les provinces avec autorité des commandants ', dont l'entrée dans les terres et villes des alliés ne différait guère d'une irruption d'ennemis, et n'y faisait pas moins de ravages.

Il est remarquable que ce changement dans les mœurs et dans le gouvernement, ces vexations des peuples, inouies presque jusqu'ici, et qui commencent depuis quelque temps à devenir fort communes, cette licence effrénée de s'enrichir par les dépouilles des dieux et des hommes; que tout cela, comme nous l'avons déja observé, est de même date que l'introduction du luxe dans Rome, et en est certainement l'effet. Ces désordres croissent peu à peu 2, et d'une manière qui d'abord se fait peu sentir. On y oppose des réglements; on fait de temps en temps, mais faiblement, quelques exemples. Cependant le mal gagne et saisit toute une nation. Alors la face de l'état change; et le gouvernement, de juste et sage qu'il était, devient tyrannique et insupportable. C'est ce que la suite de l'histoire nous rendra sensible.

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LIVRE VINGT-CINQUIÈME.

Ce livre contient l'histoire de Persée, roi de Macédoine, depuis l'an de Rome 573 qu'il monta sur le trône, jusqu'à l'an 585 qu'il fut mené en triomphe par Paul Émile.

§ I. Dessein qu'avait formé Philippe de transporter les Bastarnes dans le pays des Dardaniens, voisin de la Macédoine. Ambassadeurs de Persée aux Romains. Ceux-ci accordent à ce prince la confirmation du traité fait avec Philippe, son père. Beaux commencements et qualités vertueuses de Persée. Ambassadeurs des Dardaniens à Rome au sujet des Bastarnes. Ambassadeurs de Persée à Carthage. Rapport des ambassadeurs romains revenus de Macédoine. Eumène vient à Rome pour exhorter le sénat à la guerre contre Persée. Ambassadeurs de Persée mal reçus. Ce prince aposte des meurtriers pour tuer Eumène. Le sénat, après avoir avéré les crimes de Persée, se prépare à la guerre, et la lui fait déclarer par des ambassadeurs. Gentius rendu suspect aux Romains. Dispositions des rois et des peuples libres à l'égard des Romains et de Persée dans guerre de Macédoine. La guerre est déclarée

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Ax. R. 573.

Av. J.C. 179.

Dessein

qu'avait

dans les formes à Persée. Les levées se font avec un soin extraordinaire. Disputes au sujet des centurions. Discours d'un ancien centurion au peuple. Ambassadeurs de Persée renvoyés au consul, qui devait bientôt arriver en Macédoine. Ambassadeurs des Romains vers leurs alliés. Entrevue de Persée et des ambassadeurs romains. Trève accordée à Persée pour envoyer à Rome de nouveaux ambassadeurs. Mouvements en Béotie. Elle se déclare presque entière pour les Romains. Secours que fournit la ligue achéenne. Les Rhodiens équipent une flotte considérable pour les Romains. Ambassade de Persée à Rhodes. Ruse des députés condamnés par les anciens sénateurs. Les ambassadeurs de Persée reçoivent ordre de sortir de Rome et de l'Italie.

J'en suis resté, dans le livre précédent, à la mort de Philippe, à qui Persée, son fils, succéda dans le royaume de Macédoine. J'ai ensuite réuni ensemble, sous différents titres, tous les événements qui se trouvent mêlés, pendant l'espace de onze années, avec l'histoire du règne de Persée, sans y avoir un rapport nécessaire, afin de n'être point obligé d'en interrompre plusieurs fois le fil, et de pouvoir la raconter tout entière de suite; ce qui la rendra plus claire et plus agréable.

Q. FULVIUS.

L. MANLIUS.

La mort de Philippe était arrivée fort à propos pour

1

lippe de transporter les Bastarnes

dans le pays des voisin

des Darda

de la Macédoine.

Liv. lib. 40,
Oros. lib. 4,

cap. 57.

cap. 20.

différer la guerre qui menaçait les Romains, et pour formé Phileur laisser le temps de s'y préparer. Ce prince avait formé un étrange dessein, et avait déja commencé à le mettre à exécution : c'était de faire venir du pays des Bastarnes, peuple d'origine gauloise ou germanique, .transplantés près des embouchures du Borysthène, un nombre considérable de troupes, tant d'infanterie que de cavalerie. Après qu'ils auraient passé le Danube, il devait les établir à la place des Dardaniens, qu'il avait résolu de détruire absolument, parce que, comme ils étaient très-voisins de la Macédoine, ils ne manquaient pas d'y faire des irruptions dès qu'ils en trouvaient l'occasion favorable. Les Bastarnes, laissant leurs femmes et leurs enfants dans ce nouvel établissement, devaient passer en Italie pour s'enrichir du butin opulent qu'ils espéraient y faire. Quel que dût être le succès, Philippe comptait y trouver de grands avantages. S'il arrivait que les Bastarnes fussent vaincus par les Romains, il se consolerait facilement de leur défaite en se voyant délivré par leur moyen du voisinage dangereux des Dardaniens et si leur irruption dans l'Italie réussissait, pendant que les Romains seraient occupés à repousser ces nouveaux ennemis, il aurait le temps de recouvrer tout ce qu'il avait perdu dans la Grèce. Les Bastarnes s'étaient déja mis en marche, et étaient assez avancés lorsqu'ils apprirent la mort de Philippe. Cette nouvelle, et divers accidents qui leur arrivèrent, suspendirent l'exécution de leur dessein, et plusieurs même y renoncèrent absolument, et s'en retournèrent en leur pays.

Persée, dans la vue de se mieux affermir sur le trône, envoya des ambassadeurs aux Romains leur demander

Ambassadeurs de

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