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bers. This step Mad. de S. considers as the beginning of that system of military despotism which was afterwards carried so far; and seems seriously to believe, that, if it had not been adopted, the reign of law might yet have been restored, and the usurpation of Bonaparte prevented. To us it seems infinitely more probable, that the Bourbons would then have been brought back without any conditions-or rather, perhaps, that a civil war, and a scene of far more sanguinary violence would have ensued. She does not dispute that the royalist party was very strong in both the councils; but seems to think, that an address or declaration by the army would have discomfited them more becomingly than an actual attack. We confess we are not so delicate. Law and order had been sufficiently trod on already, by the Jacobin clubs and revolutionary tribunals; and the battalions of General Augereau were just as well entitled to domineer as the armed sections and butchering mobs of Paris. There was no longer, in short, any sanctity or principle of civil right acknowledged; and it was time that the force and terror which had substantially reigned for three years, should appear in their native colours. They certainly became somewhat less atrocious when thus openly avowed.

We come at last to Bonaparte-a name that will go down to posterity, and of whom it is not yet clear, perhaps, how posterity will judge. The greatest of conquerors, in an age when great conquests appeared no longer possible--the most splendid of usurpers, where usurpation had not been heard of for centuries--who entered in triumph almost all the capitals of Continental Europe, and led, at last, to his bed, the daughter of her proudest sovereign-who set up kings and put them down at his pleasure, and, for sixteen years, defied alike the swords of his foreign enemies and the daggers of his domestic factions. This is a man on whom future generations must yet sit in judgment; but the evidence by which they are to judge must be transmitted to them by his contemporaries. Mad. de S. has collected a great deal of this evidence; and has reported it, we think, on the whole, in a tone of great impartiality. Her whole talents seem to be roused and concentrated when she begins to speak of this extraordinary man; and much and ably as his character has been lately discussed, we do think it has never been half so well described as in the volumes before us. We shall venture on a pretty long extract, beginning with the account of their first interview; for on this, as on most other subjects, Mad. de S. has the unspeakable advantage of writing from her own observation. After mentioning the great popularity he had ac

quired by his victories in Italy, and the peace by which he had secured them at Campo Fermio, she says-

C'est avec ce sentiment, du moins, que je le vis pour la première fois à Paris. Je ne trouvai pas de paroles pour lui répondre, quand il vint à moi me dire qu'il avoit cherché mon père à Coppet, et qu'il regrettoit d'avoir pass en Suisse sans le voir. Mais, lorsque je fus un peu remise du trouble de l'admiration, un sentiment de crainte très-prononc lui succéda. Bonaparte alors n'avoit aucune puissance; on le croyoit même assez menacé par les soupçons ombrageux du directoire; ainsi, la crainte qu'il inspiroit n'étoit causee que par le singulier effet de sa personne sur presque tous ceux qui l'approchent. J'avois vu des hommes très-digues de respect, j'avois vu aussi des hommes f roces: il n'y avoit rien dans l'impression que Bonaparte produisit sur moi, qui pt me rappeler ni les uns ni les autres. J'aperçus assez vite, dans les differentes occasions que j'eus de le rencontrer pendant son séjour à Paris, que son caractère ne pouvoit être défini par les mots dont nous avons coutume de nous servir; il n'étoit ni bon, ni violent, ni doux, ni cruel, à la façon des individus à nous connus. Un tel être n'ayant point de pareil, ne pouvoit ni ressentir, ni faire éprouver aucune sympathie: c'étoit plus ou moins qu'un homme. Sa tournure, son esprit, son langage sont empreints d'une nature étrangère, avantage de plus pour subjuguer les François, ainsi que nous l'avons dit ailleurs.

Loin de me rassurer en voyant Bonaparte plus souvent, il m'intimidoit toujours davantage. Je sentois confusément qu'aucune émotion de cœur ne pouvoit agir sur lui. Il regarde une créature humaine comme un fait ou comme une chose, mais non comme un sem blable. Il ne hait pas plus qu'il n aime; il n'y a que lui pour lui; tout le reste des créatures sont des chiffres. La force de sa volonté consiste dans l'imperturbable calcul de son égoïsme; c'est un habile joueur d'échecs dont le genre humain est la partie adverse qu'il se propose de faire échec et mat. Ses succès tiennent autant aux qualités qui lui manquent, qu'aux talens qu'il possède. Ni la pitié, ni l'attrait, ni la religion, ni l'attachement à une idée quelconque ne sauroient le détourner de sa direction principale. Il est pour son intérêt ce que le juste doit être pour la vertu: si le but étoit bon, sa persévérance seroit belle.

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Chaque fois que je l'entendois parler, j'étois frappée de sa superiorité; elle n'avoit pourtant aucun rapport avec celle des hommes instruits et cultivés par l'étude ou la société, tels que l'Angleterre et la France peuvent en offrir des exemples. Mais ses discours indiquoient le tact des circonstances, comme le chasseur a celui de sa proie. Quelquefois il racontoit les faits politiques et militaires de sa vie d'une façon très-intéressante; il avoit même, dans les récits qui permettoient de la gaité, un peu de l'imagination italienne. Cependant rien ne pouvoit triompher de mon invincible éloignement pour ce que j'apercevois en lui. Je sentois dans son âme une épée froide et tranchante qui glaçoit en blessant; je sentois dans son esprit unc

ironic profonde à laquelle rien de grand ni de beau, pas même sa propre gloire, ne pouvoit échapper; car il méprisoit la nation dont il vouloit les suffrages, et nulle étincelle d'enthousiasme ne se mêloit à son besoin d'étonner l'espèce humaine.

Ce fut dans l'intervalle entre le retour de Bonaparte et son départ pour l'Egypte, c'est-a-dire, vers la fin de 1797, que je le vis plusieurs fois à Paris; et jamais la difficulté de respirer que j'éprouvois en sa présence ne put se dissiper. J'étois un jour à table entre lui et l'abbé Sieyes: singulière situation, si j'avois pu prévoir l'avenir ! J'examinois avec attention la figure de Bonaparte; mais chaque fois qu'il découvroit en moi des regards observateurs, il avoit l'art d'ôter à ses yeux toute expression, comme s'ils fussent devenus de marbre. Son visage étoit alors immobile, excepté un sourire vague qu'il plaçoit sur ses lèvres à tout hasard, pour dérouter quiconque voudroit observer les signes extérieurs de sa pensée.

Sa figure, alors maigre et pâle, étoit assez agréable; depuis, il est engraissé, ce qui lui va très-mal: car on a besoin de croire un tel homme tourmenté par son caractère, pour tolérer un peu que ce caractère fasse tellement souffrir les autres. Comme sa stature est petite, et cependant sa taille fort longue, il étoit beaucoup mieux à cheval qu'à pied; en tout, c'est la guerre, et seulement la guerre qui lui sied. Sa manière d'être dans la société est gênée sans timidité; il a quelque chose de dédaigneux quand il se contient, et de vulgaire, quand il se met à l'aise; le dédain lui va mieux, aussi ne s'en fait-il pas faute.

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Par une vocation naturelle pour l'état de prince, il adressoit déjà des questions insignifiantes à tous ceux qu'on lui présentoit. Etesvous marié? demandoit-il à l'un des convives. Combien avez-vous d'enfans? disoit-il à l'autre. Depuis quand êtes-vous arrive? Quand partez-vous? Et autres interrogations de ce genre qui établissent la supériorité de celui qui les fait sur celui qui veut bien se laisser questionner ainsi. Il se plaisoit déjà dans l'art d'embarrasser, en disant des choses désagréables: art dont il s'est fait depuis un système, comme de toutes les manières de subjuguer les autres en les avilissant. Il avoit pourtant, à cette époque, le désir de plaire, puisqu'il renfermoit dans son esprit le projet de renverser le directoire, et de se mettre à sa place; mais, malgré ce désir, on eût dit qu'à l'inverse du prophète, il maudissoit involontairement, quoiqu'il eût l'intention de bénir.

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Je l'ai vu un jour s'approcher d'une Françoise très-connue par sa beauté, son esprit et la vivacité de ses opinions; il se plaça tout droit devant elle comme le plus roide des généraux allemands, et lui dit : Madame, je n'aime pas que les femmes se mêlent de politique. "Vous avez raison, général," lui répondit-elle: "mais dans un pays où on "leur coupe la téte, il est naturel qu'elles aient envie de savoir pourquoi. Bonaparte alors ne répliqua rien. C'est un homme que la résistance véritable apaise; ceux qui ont souffert son despotisme, doivent en être autant accusés que lui-même.' II. 198-204.

The following little anecdote is every way characteristic.

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Un soir il parloit avec Barras de son ascendant sur les peuples italiens, qui avoient voulu le faire duc de Milan et roi d'Italie. Mais je ne pense, dit-il, à rien de semblable dans aucun pays. "Vous faites "bien de n'y pas songer en France, " répondit Barras; car, si le "directoire vous envoyoit demain au Temple, il n'y auroit pas quatre "personnes qui s'y opposassent. Bonaparte étoit assis sur un canapé à côté de Barras; à ces paroles il s'élança vers la cheminée, n'étant pas maître de son irritation; puis, reprenant cette espèce de calme apparent dont les hommes les plus passionnés parmi les habitans du Midi sont capables, il déclara qu'il vouloit être chargé d'une expédition militaire. Le directoire lui proposa la descente en Angleterre; il alla visiter les côtes; et reconnoissant bientôt que cette expedition étoit insensée, il revint décidé à tcnter la conquête de l'Egypte.' II. 207, 208.

We must add a few miscellaneous passages, to develop a little farther this extraordinary character. Mad. de S. had a long conversation with him on the state of Switzerland, in which he seemed quite insensible to any feelings of generosity.

Cette conversation,' however, she adds, me fit cependant concevoir l'agrément qu'on peut lui trouver quand il prend l'air bonhomme, et parle comme d'une chose simple de lui-même et de ses projets. Cet art, le plus redoutable de tous, a captivé beaucoup de gens. A cette même époque, je revis encore quelquefois Bonaparte en société, et il me parut toujours profondément occupé des rapports qu'il vouloit établir entre lui et les autres hommes, les tenant à distance ou les rapprochant de lui, suivant qu'il croyoit se les attacher plus sûrement. Quand il se trouvoit avec les directeurs surtout, il craignoit d'avoir l'air d'un général sous les ordres de son gouvernement, et il essayoit tour à tour dans ses manières, avec cette sorte de supérieurs, la dignité ou la familiarité; mais il manquoit le ton vrai de J'une et de l'autre. C'est un homme qui ne sauroit être naturel que dans le commandement.' II. 211, 212.

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Quelques personnes ont cru que Bonaparte avoit une grande instruction sur tous les sujets, parce qu'il a fait à cet égard, comme à tant d'autres, usage de son charlatanisme. Mais comme il a peu lư dans sa vie, il ne sait que ce qu'il a recueilli par la conversation. Le hasard peut faire qu'il vous disc, sur un sujet quelconque, une chose très-détaillée et même très-savante, s'il a rencontré quelqu'un qui l'en ait informé la veille; mais, l'instant d'après, on découvre qu'il ne sait pas ce que tous les gens instruits ont appris dès leur enfance." II. 248, 249.

The following remark relates rather to the French nation. than their ruler. We quote it for its exquisite truth rather than its severity.

Sa conversation avec le Mufti dans la pyramide de Chéops devoit enchanter les Parisiens, parce qu'elle réunissoit les deux choses

qui les captivent: un certain genre de grandeur, et de la moquerie tout ensemble. Les François sont bien aises d'être émus, et de rire de ce qu'ils sont émus; le charlatanisme leur plaît, et ils aident volontiers à se tromper eux-mêmes, pourvu qu'il leur soit permis, tout en se conduisant commes des dupes, de montrer par quelques bon mots que pourtant ils ne le sont pas. II. 228.

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On his return from Egypt it was understood by everybody that he was to subvert the existing constitution. But he passed five weeks at Paris in a quiet and apparently undecided wayand, with all this study, acted his part very badly after all. Nothing can be more curious than the following passage. When he had at last determined to put down the Directory,

Il se rendit à la barre du conseil des anciens, et voulut les entraîner en leur parlant avec chaleur et avec noblesse; mais il ne sait pas s'exprimer dans le langage soutenu; ce n'est que dans la conversation familière que son esprit mordant et décidé se montre à son avantage d'ailleurs, comme il n'a d'enthousiasme véritable sur aucun sujet, il n'est éloquent que dans l'injure, et rien ne lui étoit plus difficile que de s'astreindre, en improvisant, au genre de respect qu'il faut pour une assemblée qu'on veut convaincre. Il essaya de dire au conseil des anciens : Je suis le dieu de la guerre et de la fortune, suivezmoi. Mais il se servoit de ces paroles pompeuses par embarras, à la place de celles qu'il auroit aimé leur dire: Vous êtes tous des misérables, et je vous ferai fusiller si vous ne m'obéissez pas.

Le 19 brumaire, il arriva dans le conseil des cinq cents, les brais croisés, avec un air très-sombre, et suivi de deux grands grenadiers qui protégeoient sa petite stature. Les députés appelés jacobins poussèrent des hurlemens en le voyant entrer dans la salle; son frère Lucien, bien heureusement pour lui, étoit alors président; il agitoit en vain la sonnette pour rétablir l'ordre; les cris de traître et d'usurpateur se faisoient entendre de toutes parts; et l'un des députés, compatriote de Bonaparte, le corse Aréna, s'approcha de ce général et le secoua fortement par le collet de son habit. On a supposé, mais sans fondement, qu'il avoit un poignard pour le tuer. Son action cependant effraya Bonaparte, et il dit aux grenadiers qui étoient à côté de lui, en laissant tomber sa tête sur l'épaule de l'un d'eux: Tirez-moi d'ici! Les grenadiers l'enlevèrent du milieu des députés qui l'entouroient, ils le portérent hors de la salle en plein air; et, dès qu'il y fut, sa présence d'esprit lui revint. Il monta à cheval à l'instant même ; et, parcourant les rangs de ses grenadiers, il les détermina bientôt à ce qu'il vouloit d'eux. Dans cette circonstance, comme dans beaucoup d'autres, on a remarqué que Bonaparte pouvoit se troubler quand un autre danger que celui de la guerre étoit en face de lui, et quelques personnes en ont conclu bien ridiculement qu'il manquoit de courage. Certes on ne peut nier son audace; mais, comme il n'est rien, pas même brave, d'une façon généreuse, il s'ensuit qu'il ne s'expose jamais que quand cela peut être utile. Il seroit très-faché d'être tué, parce que c'est un revers, et qu'il veut en tout du succès; il en seroit aussi VOL. XXX. No. 60.

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