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NOTICE F756

1815

SUR LA VIE ET LES OUVRAGES

PIERE

DE P.-L. SIRET.

IERRE-LOUIS SIRET naquit à Evreux le 30 juillet 1745. Après ses premières études, il alla faire un cours de droit à l'université de Caen, dans l'intention de suivre la profession d'avocat inais étant venu à Paris, il changea de sentiment et ne pensa plus qu'à s'instruire en voyageant. Il partit pour l'Angleterre, où il demeura six années, et y fit une étude particulière de la littérature anglaise. Le goût de la musique et des beaux arts l'appela bientôt à Rome, à Venise et autres principales villes de l'Italie.

Après un assez long séjour dans cette contrée, Siret revint en France, où il s'occupa principalement de la littérature et des arts. Il entra dans une société qui avoit entrepris le Journal Anglais, dont il fut un des principaux rédacteurs. On trouve dans chaque numéro un article biographique sur les poètes et les écrivains les plus célèbres de l'Angleterre. Ils sont en grande partie de lui, et font honneur à son goût et à son savoir. Cet ouvrage périodique ayant été discontinué au bout de deux ans (1), Siret conçut le dessein d'une nouvelle Grammaire anglaise, et l'exécuta avec beaucoup d'intelligence. Les élémens qu'il en publia sont si clairs, si simples, que rien n'a plus facilité parmi nous l'étude de la langue de nos rivaux, qui font eux-mêmes grand cas de cet ouvrage vraiment classique.

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Le grand succès qu'il eut, détermina l'auteur à composer, d'après la même méthode, les Elémens de la langue Italienne. Quoiqu'au premier coup-d'œil, ils paroissent plus longs que les précédens, ils ne sont cependant pas rédigés avec moins de clarté et de précision. La différence ne vient que de la nature des deux langues : l'Italienne ayant plusieurs idiomes, Siret y'a consacré tout un livre, et a multiplié davantage les exemples. Enfin cette dernière Grammaire est également propre à répandre de plus en plus dans la suite la connoissance

(1) Ce Journal, imprimé aux frais de Ruault, beau-frère de Siret, a commencé le 15 octobre 1775, et fini le 14 septembre 1777. 911

A

d'une langue flexible, abondante et harmonieuse, qu'ont parlé avec tant de charmes Pétrarque, l'Arioste, le Tasse, etc.

Ce livre a été imprimé sous les yeux de Siret, et est sorti des presses qu'il avoit lui-même établies depuis la révolution. Il les vendit pour se livrer entièrement à divers travaux qu'il avoit commencés, et qu'une mort prématurée ne lui a pas permis de terminer.

Il s'occupoit principalement d'un ouvrage qu'il se proposoit de publier en 4 volumes, contenant une Grammaire française, un traité d'Histoire, de Chronologie, de Géographie, d'Agriculture, de Commerce, d'Histoire naturelle, de Chimie, de Physique, de Mathématiques, et autres sciences et arts, exposés d'une manière simple, et mis à la portée des jeunes

gens.

Siret ne perdoit pas néanmoins de vue ses études chéries, celles qui concernent les langues étrangères. Il commença une Grammaire Portugaise, qui est presque finie; il n'y manque que les exercices sur la Syntaxe.

Peu content du Traité de Musique qui se trouve dans l'Encyclopédie méthodique, il conçut et exécuta le projet d'en faire un nouveau. La première partie renferme des idées neuves, et faites pour opérer une révolution dans cet art agréable; et c'est le premier qui ait prouvé la possibilité, la nécessité d'accorder les pianos, les clavecins, par quintes également justes.

Cet homme recommandable est mort le 3 vendémiaire de l'an VI de la République française (1797), au port de Vitrisur-Seine, dit à l'Anglais. Il avoit l'esprit de combinaison et de justesse qui forme un grammairien habile et un bon litté rateur. Les qualités de son cœur répondoient à celles de son esprit; ses amis ont mêlé leurs larmes à celles d'une épouse (Marie-Angélique Ruault), digne, par les qualités du cœur, de toute sa tendresse.

INTRODUCTION.

LA Grammaire est l'art de réduire en règles les principes com

muns à toutes les Langues. Les Langues sont composées de phrases ou sentences, les phrases de mots, les mots de syllabes, et les syllabes de lettres. Les lettres, ou (ce qui est la même chose) les sons, sont donc les premiers matériaux du langage.

que

Noms. Dès les hommes eurent trouvé ces sons, ils songèrent à inventer des mots pour désigner les divers objets qui s'offroient à leurs sens. Comme chacun de ces objets est un être animé ou une substance inanimée, les premiers mots dont on convint furent nommés substantifs, c'est-à-dire, noms de substances.

Pronoms. Ensuite, pour éviter la répétition des mêmes mots lorsque les mêmes objets se présentoient dans le discours, il fallut en créer d'autres qui pussent exprimer les choses que l'on vouloit sous-entendre; de-là l'origine des pronoms, c'est-à-dire, mots représentant les noms.

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Adjectifs et Verbes. Mais en parlant des choses, il est nécessaire de dire ce qu'elles sont, ce qu'elles opèrent, etc. Il fallut donc encore de nouveaux mots, tant pour désigner les attributs et les qualités des substances que pour marquer leur influence et leurs diverses opérations; de-là l'origine des adjectifs et des verbes. Les adjectifs sont ainsi appelés, parce qu'ils sont ajoutés aux noms, et qu'ils leur ajoutent des attributs et des qualités; le verbe est ainsi nommé par excellence, parce qu'il exprime l'existence, l'action, la condition et la passion des êtres.

Adverbes. En considérant ensuite les diverses qualités et les diverses actions, l'on s'aperçut bientôt qu'elles étoient susceptibles de modifications innombrables; il fallut donc encore inventer des mots pour désigner ces modifications; on les nomma adverbes parce qu'ils sont ajoutés aux verbes afin de donner plus ou moins d'étendue à leur signification.

Noms de nombre. La multiplicité des individus de chaque espèce, et la fréquence des actions d'une même nature, firent rechercher dans la suite une nouvelle sorte de mots propres à spécifier à la fois une quantité d'objets, de causes et d'effets. De-là les noms de nombre.

Prépositions. A ceux-ci succédèrent de nouvelles expressions pour dénoter les rapports que les choses ont entr'elles, et fixer l'idée de l'une par celle de l'autre. Ces nouvelles expressions furent appelées prépositions, parce qu'elles précèdent communément les noms et les verbes.

Conjonctions. Mais souvent les choses ayant des relations éloignées, il eût été impossible de les rapprocher dans une même phrase, sans le secours de certaines particules, que pour cet effet l'on nomma conjonctions.

Interjections. Enfin, après s'être pourvu de moyens suffisans pour désigner la nature, l'espèce, le nombre, les attributs, l'influence,

l'existence, les rapports et les différentes modifications des choses, on en inventa d'autres pour peindre les mouvemens subits de l'ame ce furent les particules ou interjections, qui sont plus ou moins nombreuses, suivant le génie des Langues.

::

Il est aisé de voir par ce détail, que la Grammaire est fondée sur neuf espèces de mots, dont l'origine est prise dans la nature. On les nomme les neuf parties d'oraison, parce qu'effectivement on ne peut proférer aucun mot qui n'appartienne à l'une ou à l'autre de ces espèces.

Les Grammairiens ne sont pas d'accord sur ces neuf élémens du discours; les uns y comprennent l'article et en excluent l'adjectif; les autres y comprennent le participe et en excluent l'article: la raison cependant semble proscrire l'article et le participe; le premier, parce qu'il n'est qu'une particule accidentelle au nom; le second, parce qu'il est dérivé du verbe dont il n'est qu'une modification. Elle admet au contraire le nom de nombre et l'adjectif, parce que d'eux-mêmes ils expriment le nombre, le rang, la distribution et les qualités essentielles ou accidentelles des choses et des actions (1).

Suivant cette division, qui me paroît la plus simple et la plus na turelle, je me suis attaché d'abord à l'analyse des mots, et à les ranger dans les classes qui leur sont propres. J'ai expliqué, de la manière la plus claire et la plus sensible, toutes les variations qu'ils épronvent par ce que les Grammairiens ont jugé à propos d'appeler déclinaison quant aux verbes, qui, dans la plupart de nos Grammaires, ont été présentés sous une forme presqu'inintelligible, je les ai réduits à un petit nombre de pages, dans lesquelles on trouvera non-seulement tous les accidens dont leur conjugaison est sus ceptible, mais encore tout ce qui concerne l'usage et la construction de leurs temps et de leurs modes.

Dans la seconde partie qui contient la Syntaxe, j'ai démontré, par des règles très-simples, la place que chaque mot doit occuper dans le discours; outre les fréquens exemples dont j'ai appuyé mes règles, j'ai ajouté à chaque chapitre des Exercices particuliers, où les mots sont accompagnés de chiffres qui indiquent la règle qui y a rapport. Cette méthode m'a paru nécessaire, pour que le Lecteur fit marcher la pratique de pair avec la théorie.

Dans la troisième partie, j'ai examiné les principaux Idiomes français et anglais, et j'ai détaillé autant qu'il m'a été possible les différens effets que les mêmes mots peuvent produire dans le discours. Cette partie, la plus nécessaire de toutes, a été trop négligée par les Grammairiens. Il ne suffit pas de savoir par cœur tous les mots d'une Langue, et la manière de les arranger dans la construc

(1) Comme il ne s'agit point ici d'une méthode purement spéculative, je n'entrerai point dans l'examen des divers rapports qui existent entre les parties du discours, et ne m'étendrai point sur les divisions et subdivisions dont chacane de ces parties est susceptible. Ceux qui voudront approfondir ces matières, doivent avoir recours aux excellens Ouvrages que nous avons dans ce genre, tels que la Grammaire raisonnée de Port-Royal; celle de Dumarsais; le Mécanisme des Langues; par Pluche; la Manière d'étudier les Langues par Radonvilliers, etc. etc.

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