صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

prêtres de Pharaon. Les Grecs avaient leurs oracles, dont la prétention était de prédire l'avenir; et les Romains leurs sibylles, qui n'étaient autre chose que des devineresses. Les princes, les peuples et les particuliers comblaient des présents les plus riches tous ces diseurs et toutes ces diseuses de bonne aventure. Le temple de Delphes, dont l'oracie était le plus renommé, regorgeait d'offrandes splendides, et l'or s'y était accumulé à tel point que le prix de ce métal baissa en Europe après que, par le pillage du temple, ces richesses eurent été dispersées.

A Rome, des devins étaient payés par l'État pour lire l'avenir dans le cœur et dans le foie d'un bœuf. Il y avait même des poulets sacrés qui, selon le plus ou moins d'appétit qu'ils montraient, annonçaient si les armées seraient victorieuses ou vaincues. Les plus grands personnages remplissaient la charge d'augures, qui consistait à conjecturer les événements futurs d'après le vol des oiseaux. Si une troupe de corbeaux volaient à droite, c'était bon signe; s'ils volaient à gauche, c'était un présage sinistre. Ce qu'il y a de curieux, c'est qu'en Grèce c'était le contraire: la gauche était le bon côté, et la droite le mauvais. Il y avait aussi des interprètes des songes, et les songes jouent un grand rôle dans l'histoire ancienne.

Quand le christianisme triompha du paganisme, sous les empereurs chrétiens, Théophile, évêque d'Alexandrie, fit voir aux habitants de cette ville les statues creuses où les prêtres païens entraient par des chemins cachés pour y rendre des réponses à ceux qui venaient consulter les faux dieux. Quelquefois on déposait des billets dans les temples, et le lenmain on venait chercher la réponse, que le dieu était censé avoir écrite.

De nos jours même, malgré le progrès des lumières, et en dépit des condamnations dont la police correctionnelle frappe à chaque instant les prétendus sorciers, nous voyons encore bien des gens dupés par ces impudents escrocs.

Dans les campagnes surtout, de pauvres sots s'imaginent que ces charlatans ont le pouvoir de faire retrouver les choses perdues, de guérir les maladies des bestiaux, de jeter des sorts ou des maléfices, de faire voir l'avenir dans un miroir, et autres billevesées semblables. Que dis-je? n'avons-nous pas vu, il y a peu d'années, les classes élevées de la société s'engouer des tables tournantes, et croire qu'une table pouvait se mouvoir toute seule et répondre, en frappant du pied, aux questions qui lui étaient adressées? Après-cela, nous n'avons plus droit de nous moquer de la simplicité de nos pères, qui croyaient aux revenants, aux lutins, aux fantômes, aux enchanteurs, aux talismans, et qui pensaient voir les sorcières se rendant au sabbat, en traversant les airs, montées sur un banc ou sur un manche à balai.

QUESTIONS.

[ocr errors]

Sur quoi est fondé l'art des devins? - Quel est aujourd'hui le rapport de l'or et de l'argent, au point de vue de la valeur vénale? Quels exemples de crédulité à l'égard des sorciers ou autres fourbes de même espèce trouvons-nous dans l'histoire des anciens ?

[merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Le premier devoir de la vie civile est de songer aux autres ceux qui ne vivent que pour eux tombent dans le mépris et dans l'abandon. La vie est un commerce d'offices mutuels; en songeant au bonheur des autres, vous assurez le vôtre.

Ne soyez point précipité dans vos jugements; n'écoutez point la calomnie, résistez même aux apparences et ne vous pressez jamais de condamner. Pensez qu'il v a des choses vraisemblables sans être vraies, comme il y en a de vraies qui ne sont pas vraisemblables. Trop souvent nous nous

rendons, à la légère, les arbitres de la réputation d'autrui ; toute preuve suffit, tout autorité paraît bonne, quand il faut condamner. Conseillés par la malignité naturelle, nous croyons nous donner ce que nous ôtons aux autres. De là viennent les haines et les inimitiés; car tout se sait.

Il ne faut jamais compter à la rigueur avec personne : l'exacte honnêteté ne demande point tout ce qui vous est dû. Avec vos amis surtout ne craignez point d'être en

avance.

Soyez humble et modeste, sans être honteux. La honte est un orgueil secret.

Accoutumez-vous à voir sans étonnement et sans envie ce qui est au-dessus de vous, et sans mépris ce qui est audessous. Que le faste ne vous impose pas: il n'y a que les petites âmes qui se prosternent devant la grandeur; l'admiration n'est due qu'à la vertu.

Soyez inviolable dans vos paroles; mais pour leur acquérir une entière confiance, songez qu'il faut une extrême délicatesse à la garder. Respectez la vérité, même dans les choses indifférentes. Il faut aussi éviter les serments : la seule parole d'un honnête homme doit avoir toute l'autorité d'un serment.

La politesse est un des plus grands liens de la société, puisqu'elle contribue le plus à la paix. Elle consiste principalement à ne se préférer point aux autres; elle défend qu'on étale avec complaisance son esprit ou ses talents. Il ne faut que du monde pour polir les manières; mais il faut beaucoup de délicatesse pour faire passer la politesse jusqu'au cœur. Avec une politesse fine et exacte, on vous passe bien des défauts et on étend vos bonnes qualités, Ceux qui manquent de manières ont plus besoin de qualités solides, et leur réputation se forme lentement. Enfin, la politesse coûte peu, et rend beaucoup.

Il faut surtout éviter le caractère plaisant : c'est toujours un mauvais personnage, et rarement en faisant rire se fait

on estimer. Sachez écouter sans avoir l'air distrait; approuvez, mais admirez rarement; et contez peu.

Une conduite droite, la réputation de probité, attirent plus de confiance et d'estime, et à la longue plus d'avantages de la fortune, que les voies détournées et que l'adresse elle-même. D'après Mme DE LAMBERT.

QUESTIONS.

Comment appelle-t-on ceux qui ne vivent que pour eux? En quoi l'indulgence envers autrui est-elle une qualité louable et utile? Comment faut-il entendre l'obligeance envers autrui? la modestie? le respect pour les grands? la fidélité à sa parole et à la vérité. Quels sont les avantages de la politesse? Quelles règles doit-on observer dans la conversation? - En quoi la probité est-elle préférable à l'habileté?

[blocks in formation]

Reprise de Toulon (1793).

Au milieu des troubles dont la France était agitée, Toulon, notre principal port militaire sur la Méditerranée, s'était livré à l'ennemi. Une garnison composée d'Espagrols, d'Anglais et de Napolitains s'y était établie, et notre territoire, violé par la présence de l'étranger, se trouvait en péril.

Il était urgent d'enlever aux ennemis ce dangereux pied-à-terre, et une armée de 30,000 hommes, commandée par le général Carteaux, fut dirigée sur Toulon pour en aire le siége. Au bout de quelques mois, comme le siége irait en longueur, on sentit le besoin d'y envoyer un offiier d'artillerie habile, et le choix tomba sur Napoléon Bonaparte, alors jeune officier de 24 ans, que ses notes ésignèrent au ministre comme capable de remplir cet mploi.

Napoléon (1) s'empresse de partir; arrivé au quartier

(1) C'est lui-même qui a raconté ces détails dans le Mémorial de Sainte-Hélène.

général, il abord le général Carteaux, homme superbe doré depuis les pieds jusqu'à la tête, qui lui demande c qu'il y a pour son service. Le jeune officier présente mo destement sa lettre, qui le chargeait de venir, sous se ordres, diriger les opérations de l'artillerie.

« C'éta bien inutile, dit le bel homme, en caressant sa moustache nous n'avons plus besoin de rien pour reprendre Toulon Cependant soyez le bienvenu: vous partagerez la gloire d le brûler demain, sans en avoir eu la fatigue. » Et il le fi rester à souper.

Le lendemain, le nouveau commandant d'artillerie visit les pièces et cherche à se rendre compte de la position de batteries. Il n'y comprend rien, et Carteaux, qui veut lu faire admirer ses dispositions, y comprend moins encore Napoléon s'efforce, avec tous les ménagements possibles de lui faire entendre que des pièces, postées à une lieue e demie du point à attaquer, ne sauraient avoir d'effet. Or essaye, et les coups ne vont pas à un tiers de la distance mais Carteaux n'est pas convaincu, et s'en prend au aristocrates qui auront, dit-il, malicieusement gâté les poudres.

Le jour suivant, le général mande, dès le matin, le com mandant d'artillerie pour lui annoncer qu'il vient de décou vrir une position, admirable, disait-il, d'où une batterie de six ou douze pièces devait infailliblement amener la prise de Toulon sous peu de jours : c'était un petit tertre d'où l'on pouvait battre à la fois trois ou quatre forts et plusieurs points de la ville. Le jeune commandant lui fait observer que si la batterie battait tous ces points, elle en était battue aussi; que les douze pièces auraient affaire à cent cinquante; qu'une simple soustraction démontrait que c'était là une position désavantageuse. Carteaux se fâcha, et resta persuadé que le commandant Bonaparte manquait de coup d'œil stratégique.

Enfin, pour prévenir ces difficultés sans cesse renais

« السابقةمتابعة »