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antique majefté. Toutes les fatyres étoient retombées dans l'oubli, dont elles n'auroient jamais dû fortir. Il ne refte plus à Anne d'Autriche que de rappeller Mazarin, & tous fes vœux font comblés. Mais de quel œil le peuple verra-t-il reparoître un miniftre odieux, dont il a demandé le sang? De quel il le parlement verra-t-il régner dans le Louvre cet homme, qu'il a condamné à mort, & dont il a mis la tête à prix ? De quel œil enfin la nobleffe recevra-t-elle un miniftre, qui l'a traitée avec tant de hauteur & de mépris? L'incendie va-t-il fe rallumer? Tous les troubles

vont-ils renaître ?

Mazarin reparoît (1653); & le peuple qui l'a profcrit, le reçoit avec des acclamations de joie. » Il fut étonné, dit M. de Voltaire, de rentrer » dans Paris tout puiffant & tranquille: Louis XIV le reçut, comme un » pere, & le peuple, comme un maître. On lui fit un feftin à l'hôtel-de» ville, au milieu des acclamations des citoyens : il jetta de l'argent à la » populace; mais on dit, que, dans la joie d'un fi heureux changement > il témoigna du mépris pour notre inconftance. Le parlement, après avoir » mis fa tête à prix, comme celle d'un voleur public, le complimenta » par députés. «

On vit encore quelques troubles s'élever dans les provinces. Mais c'étoit un refte d'orage que l'approche des troupes, eut bientôt calmé. Il ne resta plus à Louis XIV d'autre ennemi parmi fes fujets, que le prince de Condé, que les hauteurs & la jaloufie des généraux Efpagnols, puniffoient chaque jour de fa perfidie, & qui, après tant de viciffitudes, rentra en grace par le traité des Pyrenées.

Lorfqu'on réfléchit fur les troubles de la Fronde, on eft forcé de convenir que la cour avoit eu des torts. C'étoit infulter la nation entiere, que de confier à un étranger, le foin de la gouverner; c'étoit déclarer, que parmi tous les membres de ce corps politique, on n'en avoit pas trouvé un feul, qui pût en devenir la tête. On ne peut douter cependant, que dans tous les fiecles, la nature n'enfante des génies capables de grandes chofes. Mais il faut les chercher, il faut écarter la foule devant eux, & renverser les barrieres, que l'intrigue, & l'envie leur opposent. Un François, avec des talens ordinaires, parviendra plutôt à s'attirer le refpect & l'amour de fes compatriotes, qu'un étranger avec les qualités les plus brillantes. D'Amboife, & Fleuri ont prouvé, qu'avec un jugement fain, beaucoup de droiture, & de douceur, des hommes médiocres peuvent gouverner la France. Tout joug étranger eft odieux, & comme le miniftre eft en effet plus roi, que le roi lui-même, fi ce miniftre eft né hors de nos frontieres, la nation a pour lui la même indignation, dont elle feroit animée contre un conquérant, qui l'auroit fubjuguée. Anne d'Autriche commit donc une faute en confervant Mazarin malgré le peuple. Mais ce peuple lui-même, par fa révolte, s'attira plus de maux cent fois que Mazarin ne lui en auroit fair; &, parmi ces maux, il faut compter encore

le ridicule, que jetterent fur la nation tant de contradictions & d'inconféquences. Toutes ces bifarreries ont été faifies avec beaucoup d'adreffe par l'auteur de l'efprit de la Fronde, ouvrage estimable, où les difcuffions même intéreffent, où les caufes des événements font bien développées, où toutes les conjectures font vraisemblables, mais dont le ftyle eft tellement inégal, qu'on doute que le tout foit d'une même main. C'eft principalement dans cette hiftoire, que nous avons puisé les matériaux qui nous ont fervi à former cet article. (D. S.)

FU

FUENSALDAGNE, (Le Comte de) habile Négociateur Espagnol.

JE ne fais fi le comte de Fuenfaldagne a fervi en d'autres ambaffades

qu'en celle de France: mais de la façon dont il fe comporta en celle-ci dans le dernier fiecle, il faut convenir qu'une feule ambaffade fuffit pour donner une haute réputation à l'ambaffadeur. Il avoit donné des preuves de fon habileté pendant qu'il avoit eu la principale direction des affaires des Pays-Bas fous l'archiduc Léopold, & enfuite au gouvernement de Milan. Comme il favoit le mauvais état de ces provinces-là il fut le premier qui détrompa don Louis de Haro des vaines espérances dont le confeil d'Espagne étoit prévenu de les pouvoir garantir des armes Françoises, & ce fut lui qui lui confeilla de faire la paix à quelque prix que ce fûr. Ce fut dans cette intention qu'il commença, étant encore à Bruxelles, à entretenir correfpondance avec le cardinal Mazarin, & qu'il s'opposoit à tout ce que le prince de Condé vouloit entreprendre pour irriter encore la France. Etant gouverneur de Milan il continua cette correfpondance, de forte qu'étant celui qui avoit donné les premieres difpofitions à la paix, on jugea après le traité des Pyrenées, qu'il feroit auffi le plus propre conferver un fruit qu'il avoit planté & cultivé; c'eft pourquoi on l'envoya ambaffadeur extraordinaire à Paris. Il s'étoit fi dignement acquitté des grands emplois qu'on lui avoit confiés, qu'il n'eût point de peine à réuffir en celui-ci, où il tint une conduite fi fage & fi égale qu'il fut bien autant aimé à la cour de France, qu'il étoit eftimé en celle d'Espagne. Wicquefort lui rend ce glorieux témoignage.

Fuenfaldagne finiffoit fon ambaffade, lors de la rencontre que le comte Deftrades & le baron de Vatteville, ambaffadeurs de France & d'Espagne à la cour d'Angleterre, eurent à Londres, en 1661, où ils fe difputerent fi violemment la préféance. Dès que l'on fut inftruit à Verfailles de ce qui s'étoit paffé à Londres, le roi fit dire au comte de Fuenfaldagne qui avoit déjà commencé à faire fes vifites d'adieu, qu'il eût à fortir de la cour en vingt-quatre heures, & à ne fe point arrêter en aucune des villes de fon paffage, qu'il ne fût hors du royaume. L'Efpagne le nomma enfuite gouverneur des Pays-Bas ; mais il mourut en arrivant dans la premiere place de fon gouvernement.

FULDE, Etat Ecclefiaftique d'Allemagne.

L'ÉVÉCHÉ de Fulde eft fitué dans le cercle du haut-Rhin, aux confins

milles

de la Heffe, des comtés d'Ifenbourg & de Hanau, de l'évêché de Wurtz-
bourg, de la principauté de Henneberg, & de quelques diftri&ts relevans
de l'empire, à titre de feigneuries immédiates. On lui donne 13
à 14
d'Allemagne dans fa plus grande longueur, & 10 à 12 dans fa plus grande
largeur. C'eft un pays montueux & chargé de forêts, mais où les bonnes
terres labourables ne manquent pas, & où l'on trouve auffi des falines
confidérables. Il eft arrofé des rivieres de Fulde & de Saale, & fait com-
merce de bois, de grains & de bétail. Il fe divise en 20 bailliages, dont
chacun a une ville, ou un bourg, ou un gros village pour chef-lieu. Les
villes font Fulde, capitale de tout l'Etat, ville médiocrement grande &
médiocrement peuplée, Burghaun, Geyff, Hunefeld, Brukenau, Hamel-
bourg, Salmunster, & Herbftein. La plupart font anciennes & munies de
châteaux, mais petites d'ailleurs, & peu floriffantes. Il y a généralement
dans tout ce pays-là, trop de couvens, & trop de biens eccléfiaftiques,
L'on y compte So églifes paroiffiales, & 94 annexes, toutes catholiques
romaines, à la réserve de 9 paroiffes qui fuivent la doctrine de Luther.

Cet Etat, compofé en grande partie de la contrée, jadis appellée Buchau, Buchonia, Boconia, Bocauna, Buochunna, Puohunna, prit naiffance l'an 742 de l'ere chrétienne, fous les aufpices de S. Boniface, apôtre de l'Allemagne, & fous la régence de Carloman, frere & collegue de Pepin-le-Bref. Par les confeils du faint, & par la permiffion du prince, un moine Allemand, nommé Sturm, pénétra dans les fombres & vaftes forêts qui couvroient la contrée, & y cherchant un lieu propre à l'emplacement d'un monaftere, le trouva & le fixa dans l'endroit où la ville de Fulde eft aujourd'hui bâtie. Ce lieu n'étoit pas, à la vérité, tellement folitaire, que les religieux, destinés à l'habiter, n'y puffent avoir quelquefois & des témoins flatteurs de leur dévotion, & des bienfaiteurs commodes de leur établiffement. Sturm eut l'attention d'obferver, que dans cet endroit paffoient, à l'ordinaire, les marchands Thuringiens qui commerçoient avec Mayence. Cet avantage ne lui parut pas devoir être négligé; il crut, comme bien d'autres, pouvoir allier quelques confidérations mondaines avec la gloire, alors exemplaire, d'aller prier Dieu dans des endroits fauvages. Mais il étoit du fort de cette humble fondation de jouir, avec le temps, d'une profpérité très-indépendante, & du bonheur qu'une folitude peut donner, & des aumônes que des paffagers peuvent faire. A juger en effet de fon mérite par fes fuccès temporels, on ne peut douter que cette abbaye n'ait au moins été bien agréable aux yeux des hommes; & il faut avouer auffi, que dans fon efpece, elle n'eft pas la feule fur qui

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tombe cette réflexion. Mais enfin, il eft très-fûr, que de concert avec les papes, les fouverains de l'Allemagne ont comblé Fulde de diftin&tions & de richeffes. Pour ne parler ici que de fes honneurs, fes biens s'étant accumulés comme la plupart de ceux de fes femblables, c'eft-à-dire, par des défrichemens, par des conceffions, par des ufurpations; pour ne parler dis-je, que de fes honneurs, dès l'an 751, le pape Zacharie I, déclara cette fondation exempte de toute jurifdiction épifcopale, & cet affranchiffement fut ratifié l'an 755, par le roi Pepin-le-Bref, & par le pape Etienne IV. L'an 968, le pape Jean XIII, lui donna la primatie de toutes les abbayes de France & d'Allemagne, & Sylveftre II y ajouta la prérogative de pouvoir convoquer des conciles, & de n'en appeller au pape qu'à la façon des évêques. Avec la même prédilection, l'empereur, Othon I, créa les abbés de Fulde, archi-chanceliers des impératrices d'Allemagne, & Charles IV les confirmant dans cette dignité perpétuelle, leur accorda encore le privilege exclufif de mettre, de leurs mains, à chaque occafion, la couronne fur la tête de ces princeffes, & de l'en ôter. Enfin le pape Benoît XIV éleva ces abbés au rang des évêques, l'an 1752, fans les foumettre à aucun métropolitain, mais fans les difpenfer en même temps des regles de l'état régulier. Leurs titres actuels font donc, évéque & abbé de Fulde, prince du S. Empire Romain, archi-chancelier de l'impératrice régnante, & primat de la Germanie & des Gaules. C'eft par les fuffrages de leur chapitre que ces princes évêques font élus, & ce chapitre eft compofé de quinze chanoines, Jefquels, comme le dit M. le chevalier de Jaucourt, ne font admis dans cette maisön d'humilité, qu'après avoir fait preuves de nobleffe.

En fa qualité de prince du Saint-Empire, l'évêque abbé de Fulde, prend place à la diete de Ratisbonne, immédiatement après l'évêque de Coire; & en celle de membre du cercle du haut-Rhin, il fiege entre l'évêque de Bâle, & le grand-prieur de faint Jean de Jérufalem, prince de Heitersheim. Ses mois romains font de 250 florins, & fa contribution à Wetzlar, eft de 243 ridallers 4 creutzers. Il a, pour l'adminiftration de fa régence, un confeil proprement dit, une cour féodale, un tribunal eccléfiaftique, & une chambre des finances. C'eft aujourd'hui un baron de Bibra qui regne à Fulde.

FULVIE

FULVIE, célébre Romaine.

ULVIE étoit de la famille Fulvia, qui donna un grand nombre de confuls & de grands capitaines à la république. La magnanimité de fes ancêtres avoit exalté & gàté fon ame. Elle eut toute l'ambition des héros, avec toutes les foibleffes de fon fexe. Elle fut d'abord mariée au turbulent

Clodius,

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