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la vénérable Eve, recluse, confidente de Julienne, Urbain IV la fit célébrer par toute la terre.

5. L'odeur de la piété de S. Louis, roi de France, s'étoit répandue jusques dans les pays les plus éloignés. Baudouin, empereur de Constantinople, étant venu en France pour implorer les secours du roi contre les Grecs, qui assiégeoient la ville impériale, crut gagner tout d'un coup le coeur de Louis, en lui faisant présent de la sainte couronne d'épines. Il ne fut pas trompé; le roi l'assista de troupes et d'argent. La sainte couronne fut retirée des mains des Vénitiens, à qui les Grecs l'avoient engagée, et elle fut apportée en France. S. Louis alla la recevoir à cinq lieues de Sens, suivi de toute la cour et du clergé. Il l'accompagna jusqu'à Paris, avec des sentimens de componction et d'humilité, dont tout son extérieur donnoit des marques bien sensibles. Il porta lui-même la relique, assisté de son frère le comte d'Artois, étant nu-pieds, et ayant la tête découverte, depuis l'église de S. Antoine-des-Champs, dans un des faubourgs de Paris, jusqu'à celle de Notre-Dame; et elle fut déposée dans la chapelle de S. Nicolas, qui tenoit à son palais. Quelque temps après, il reçut encore un morceau de la vraie croix, que les Vénitiens avoient eu du roi de Jérusalem; il fit abattre la chapelle de S. Nicolas, et bâtit en la même place l'église de la Sainte-Chapelle: il y mit les divines reliques enchâssées dans l'or et les pierreries; il y fonda des chanoines pour y chanter, jour et nuit, les louanges de Dieu, en présence de ces précieux monumens de notre rédemption; et il eut pour ce lieu une dévotion particulière. Tous les ans, le vendredi saint, il s'y rendoit, revêtu des habits royaux, la couronne sur la tête; et il exposoit lui-même la vraie croix à la vénération du peuple; mais il commençoit par donner l'exemple de l'humiliation avec laquelle on doit s'approcher de ces sacrés instrumens du salut : il se tenoit la tête décou verte, les pieds nus, sans épée, et il se prosternoit d'abord, priant Dieu quelque temps il se traînoit sur les genoux, et s'arrêtoit de nouveau pour prier

comme auparavant : enfin il s'approchoit de la croix, devant laquelle il prioit pour la troisième fois; puis étant prosterné, il la baisoit avec une humilité profonde. Voyez PIÉTÉ.

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DISCRETION.

1. NOUSCHIRVAN, surnommé le Juste, roi de Perse,

étant à la chasse, voulut manger du gibier qu'il avoit tué; mais il n'avoit pas de sel. Il en envoya chercher au village le plus voisin, en défendant de le prendre sans le payer. « Quel mal arriveroit-il, dit un des <«<courtisans, si l'on ne payoit pas un peu de sel? Si un roi, répondit Nouschirvan, cueille une « pomme dans le jardin de ses sujets, le lendemain << ses favoris couperont l'arbre. »

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2. Le consul Métellus, à qui la conquête de la Macédoine fit donner le surnom de Macédonique, ne communiquoit jamais ses vues à personne. Un de ses amis lui ayant demandé ce qu'il comptoit faire après qu'il auroit soumis les Arbaques, peuples de Macédoine : « Je me dépouillerois de ma tunique, répondit<< il, si je soupçonnois qu'elle sût mon dessein. »>

3. Levicomte de Turenne s'étant emparé du château de Solza, quelques soldats lui amenèrent une femme d'une grande beauté, qu'ils avoient trouvée dans la place, et la lui présentèrent, comme la part la plus précieuse du butin. Le vicomte n'avoit alors que vingtsix ans ; il n'étoit pas insensible: cependant il feignit de ne pas pénétrer le dessein de ses soldats, et loua beaucoup leur retenue, comme s'ils n'avoient pensé, en lui amenant cette femme, qu'à la dérober à la brutalité de leurs compagnons. Il fit chercher son mari; et la remettant entre ses mains, il lui dit que c'étoit à la discrétion de ses soldats qu'il devoit l'honneur de sa femme.

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DOCILITÉ.

¡. Le célèbre Lysandre, général de Lacédémone,

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trop grand pour rester simple sujet, avoit porté ses regards sur le trône; mais la mort avoit renversé ses projets ambitieux, et la conjuration formée contre les deux souverains qui régnoient à Sparte, étoit restée dans un profond secret. Elle fut enfin découverte par une espèce de hasard. Sur quelques affaires qui regardoient le gouverneur, on eut soin d'aller consulter les mémoires que Lysandre avoit laissés, et Agésilas se transporta dans sa maison. En parcourant ses papiers, il tomba sur le cahier où l'on avoit transcrit la harangue que l'orateur Eléon avoit préparée sur la nouvelle manière de procéder à l'élection des rois. Frappé de cette lecture, le monarque quitta tout et sortit brusquement pour aller communiquer cette harangue au peuple, et lui faire voir quel homme c'étoit que Lysandre, et combien on s'étoit trompé à son égard. Mais Lucratidas, homme sage et prudent, et qui étoit le président des éphores, le retint, en lui disant, <«< qu'il ne falloit pas déterrer Lysandre, mais enterrer « avec lui sa harangue comme une pièce très-dan<< gereuse par le grand art avec laquelle elle étoit «< composée. » Agesilas le crut; et la harangue demeura ensevelie dans le silence et dans l'oubli.

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2. Par une conduite que la flatterie avoit introduite, et que toléroit la timide complaisance des prélats, les empereurs, pendant la célébration de l'office, étoient assis dans le sanctuaire, où les prêtres seuls avoient leur place, selon l'ancienne discipline. Un jour que Théodose y étoit resté, après avoir fait son offrande, S. Ambroise s'en étant aperçu, lui envoya demander ce qu'il attendoit : « J'attends, répondit l'empereur, le << moment de participer aux saints mystères. » Alors l'évêque lui fit dire par un de ses diacres, que le sanctuaire étoit réservé aux seuls prêtres ; que la pourpre

donnoit droit à l'empire, mais non pas au sacerdoce, et qu'il devoit prendre place avec les autres laïques Théodose recut cet avis avec respect, et se retira hors de la balustrade, en disant qu'il n'avoit pas eu dessein de rien entreprendre contre les canons de l'Eglise ; qu'il avoit trouvé cet usage établi à Constantinople, et qu'il remercioit l'évêque de l'avoir instruit de son devoir. Il retint si fidellement cette leçon, qu'étant retourné à Constantinople, la première fois qu'il vint dans l'église, il sortit du sanctuaire, après avoir porté son offrande à l'autel. L'évêque Nectaire lui ayant envoyé demander pourquoi il ne restoit pas dans l'enceinte sacrée : « Hélas! dit-il en soupirant, << j'ai appris bien tard la différence d'un évêque et << d'un empereur. Que de temps il m'a fallu pour trou« ver un homme qui osât me dire la vérité! Je ne <«< connois qu'Ambroise qui soit digne du nom d'évê«que.» Depuis ce temps, les empereurs prirent leur place dans l'église, à la tête du peuple, hors de l'enceinte destinée aux prêtres ; et cette réforme subsista sous les successeurs de Théodose, jusqu'à ce que les princes usurpèrent une partie des fonctions ecclésiastiques; et que, par un mélange bizarre, voulant être tout à la fois empereurs et évêques, ils ne furent ni évêques ni empereurs.

DOUCEUR.

1. Ce n'est pas, disoit le grand Fabius, par les fouets

:

ni les chaînes, par mais par les caresses et les bons. traitemens qu'on apprivoise les animaux féroces il n'y a que la douceur et les bienfaits qui puissent humaniser les caractères durs et farouches. Le laboureur n'arrache pas le figuier et l'olivier sauvage mais en y insérant un coin d'un arbre plus doux, il corrige l'âpreté naturelle de leurs fruits.

2. On demandoit à Alexandre-le-Grand comment, en si peu de temps, et dans un âge si peu avancé, il avoit pu conquérir tant de régions, et fonder une st

vaste monarchie? « C'est, répondit-il, en traitant si <«< bien mes ennemis, que j'en ai fait des amis ; et «<en caressant si soigneusement mes amis, qu'ils se << sont attachés inviolablement à mon service. Pour s'attacher ses conquêtes, il faut subjuguer les cœurs.» 3. Caton l'ancien répétoit sans cesse cette maxime aux grands de Rome : « Usez avec modération de votre « puissance, si vous voulez en user long-temps. La << douceur entretient l'autorité; la rigueur la détruit.»

4. Lacédémone commandoit à toute la Grèce ; mais la dureté et la hauteur de ses capitaines rendoient son autorité odieuse à tous les alliés. Au contraire, les manières douces et honnêtes d'Aristide et de Cimon > chefs des Athéniens; un éloignement infini de tout air impérieux et fier, qui n'est propre qu'à révolter les esprits; une bonté et une affabilité qui ne se démentoient en rien, et par laquelle ils savoient tempérer l'autorité du commandement et le rendre aimable ; l'humanité et la justice qui paroissoient dans toutes leurs actions; l'attention qu'ils avoient à n'offenser personne et à faire du bien à tout le monde ; enfin, toutes les vertus sociales que ces deux grands hommes faisoient éclater dans leur conduite, leur gagnoient tous les cœurs, et faisoient aimer la ville qui avait donné le jour à des héros si estimables. Bientôt le mécontentement contre Lacédémone éclata, et tous les alliés passèrent sous la protection et sous la puissance des Athéniens avec le consentement même de Sparte; ainsi Aristide, en opposant au despotisme beaucoup de douceur et d'humanité, en inspirant à Cimon son collégue les mêmes sentimens détacha des Lacédémoniens, insensiblement et sans qu'ils s'en apercussent, l'esprit des alliés, et leur enleva enfin le commandement, non de vive force, en employant des armées et des flottes, et encore moins en usant de ruse et de perfidie, mais en rendant aimable, par une conduite sage et douce, l'administration des Athéniens.

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5. Pendant la seconde guerre punique, Marcellus, à qui son intrépide valeur fit donner le glorieux surnom d'épée de la république, se rendit à Nole, me

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