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entendre plus clairement, que la meilleure éducation est celle qui se donne par les parens eux-mêmes.

4. Dès que Philippe, roi de Macédoine, eut recu la nouvelle de la naissance d'Alexandre-le-Grand, son fils, son premier soin fut de songer à son éducation ; et pour remplir cet objet avec succès, il lui choisit pour précepteur le célèbre Aristote, l'un des plus fameux philosophes de la Grèce. « Je vous apprends, lui écrivit<< il, que le ciel vient de me donner un fils. Je rends gra«< ces aux dieux, non pas tant du présent qu'ils me font, << que de me l'avoir fait du temps d'Aristote. J'ai lieu de << me promettre que vous en ferez un successeur digne << de nous, digne de commander aux Macédoniens. »

5. La fameuse Cornélie, mère des Gracques, éleva ses enfans avec tant de soin, que, quoiqu'ils eussent recu les plus heureuses dispositions, on jugeoit qu'ils devoient encore plus à l'éducation que leur avoit donnée leur mère, qu'à la nature même, La réponse que fit Cornélie, à leur sujet, à une dame campanienne, prouve combien elle avoit à cœur ce droit maternel. Cette dame qui étoit très-riche, et encore plus fastueuse, après avoir étalé à ses yeux, dans une visite qu'elle lui rendit, ses diamans, ses perles, ses bijoux les plus précieux, la pria avec instance de montrer aussi les siens. Cornélie fit tomber adroitement la conversation sur une autre matière, pour attendre le retour de ses fils qui étoient allés aux écoles publiques. Quand ils en furent revenus, et qu'ils entrèrent dans la chambre de leur mère : « Voilà, dit-elle à la << dame campanienne, en les lui montrant de la main; << voilà mes bijoux et ma plus belle parure. »

6. Une femme d'Ionie montroit à une Lacédémonienne un riche morceau de tapisserie qu'elle avoit fait elle-même. La Lacédémonienne, à son tour, lui montra quatre de ses enfans, qui étoient des mieux élevés de la ville : « Pour moi, ajouta-t-elle, voilà ce « qui a fait toute mon occupation: ce sont les seuls << ouvrages dont une femme de bien puisse se glorifier.»

7. La célèbre Pulchérie, chargée de la tutèle de Théodose II, son frère, s'appliqua à former le cœur et

l'esprit de ce jeune prince. Elle commença par écarter d'auprès de lui l'eunuque Antiochus, qui, ayant étéjusqu'alors son précepteur, s'occupoit plus des intrigues de cour et de ses propres intérêts, que de l'instruction de son souverain. Ensuite, n'osant confier à personne un emploi si important, elle s'en chargea elle-même. Elle jeta d'abord dans le cœur de Théodose les fondemens d'une piété solide, en le faisant instruire de la doctrine la plus pure, en l'accoutumant à prier souvent, à fréquenter les églises, à les décorer par de riches offrandes, à respecter les ministres des autels, et à honorer la vertu par-tout où elle se rencontroit. Comme les pratiques de religion ne sont pas incompatibles avec les vices du cœur, elle s'étudioit principalement à régler ses mœurs, à lui inspirer l'amour de la justice, la clémence, l'éloignement des plaisirs. Pour la culture de son esprit, elle se fit seconder par des maîtres vertueux, les plus instruits en chaque genre; et, cequin'est guère moins utile que d'habiles maîtres, elle lui procura des compagnons d'étude, capables d'exciter son émulation: c'étoient Paulinet Placite qui parvinrent ensuite aux premières dignités. Elle n'oublia point le soin de son extérieur. En même temps qu'elle l'appliquoit à tous les exercices convenables de son âge, elle formoit ellemême ses discours, sa démarche, sa contenance : elle lui enseignoit l'art d'ajouter du prix aux bienfaits, et d'ôter aux refus ce qu'ils ont d'amer et de rebutant. Jusqu'à ce qu'il fût en âge de gouverner, ce fut elle qui dressa les ordonnances; elle les lui faisoit signer, et lui laissoit tout l'honneur du commandement.

8. Un habitant de la province, homme riche, et qui ne connoissoit M. Rollin que de réputation, lui amena son fils pour être pensionnaire au collége de Beauvais, ne croyant pas que cela pût souffrir quelque difficulté. Le célèbre principal se défendit de le recevoir, sur ce qu'il n'avoit pas un pouce de terrain qui ne fût occupé ; et, pour l'en convaincre, il lui fit parcourir tous les logemens. Ce père, au désespoir, ne chercha point à l'exprimer par de vaines exclamations : « Je suis « veņu, lui dit-il, exprès à Paris ; je partirai demain :

aveugle et molle tendresse rend souvent incapables de ce soin. L'Etat s'en chargeoit.

Ils étoient élevés en commun d'une manière uniforme. Tout y étoit réglé ; le lieu, la durée des exercices, le temps des repas, la qualité du boire et du manger, le nombre des maîtres, les différentes sortes de châtimens. Toute leur nourriture, aussi-bien pour les enfans que pour les jeunes gens, étoit du pain, du cresson et de l'eau; car on vouloit de bonne heure les accoutumer à la tempérance et à la sobriété. D'ailleurs, ces alimens simples et naturels leur fortifioieut le corps, et leur préparoient un fonds de santé capable de soutenir les plus dures fatigues de la guerre, jusques dans l'âge le plus avancé.

Ils alloient aux écoles pour y apprendre la justice, comme ailleurs on y va pour apprendre les lettres et les sciences; et le crime qu'on y punissoit le plus sévèrement, étoit l'ingratitude.

La vue des Perses, dans tous ces sages établissemens, étoit d'aller au devant du mal, persuadés qu'il vaut bien mieux s'appliquer à prévenir les fautes, qu'à les punir. Ils tâchoient de faire en sorte que parmi eux il n'y eût point de méchans.

On étoit dans la classe des enfans jusqu'à seize ou dix-sept ans ; et c'est-là qu'ils apprenoient à tirer de l'arc et à lancer le javelot. Après cela, on entroit dans celle des jeunes gens c'est alors qu'on les veilloit avec plus de soin, parce que cet âge a plus besoin que tout autre, d'une éducation scrupuleuse. Pendant dix années qu'ils restoient dans ce second ordre, ils passoient toutes les nuits aux corps-de-garde, tant pour la sureté de la ville, que pour les accoutumer à la fatigue. Durant le jour, ils venoient recevoir les ordres de leurs gouverneurs, accompagnoient le roi lorsqu'il alloit à la chasse, ou se perfectionnoient dans les exercices.

La troisième classe étoit composée des hommes faits. On y demeuroit vingt-cinq ans. C'est de là qu'on tiroit tous les officiers qui devoient commander dans les troupes, et remplir les différens postes du royaume,

les charges, les dignités. On ne les forcoit point à porter les armes hors du pays, quand ils avoient passé cinquante ans.

Enfin, ils passoient dans le dernier ordre où l'on choisissoit les plus sages et les plus expérimentés pour former le conseil public, et les compagnies des juges.

Par là tous les citoyens pouvoient aspirer aux premières chages de l'Etat; mais on n'y pouvoit arriver" qu'après avoir passé par ces différentes classes, et s'en être rendu capable par tous ces exercices. Ces classes étoient ouvertes à tous; mais il n'y avoit ordinairement que ceux qui étoient assez riches pour entretenir leurs enfans sans travailler, qui les y envoyassent.

12. A Sparte, sitôt qu'un enfant étoit né, les anciens de chaque tribu le visitoient; et, s'ils le trouvoient bien formé, fort et vigoureux, ils ordonnoient qu'il fût nourri, et lui assignoient un héritage. Si, au contraire, ils le trouvoient mal fatt, délicat et foible, et s'ils jugeoient qu'il n'auroit ni assez de force, ni assez de santé pour remplir les devoirs pénibles de la vie spartaine, ils le condamnoient à périr, par une coutume inhumaine, et le faisoient exposer.

Dès la plns tendre enfance, on accoutumoit les citoyens à n'être pas difficiles ni délicats pour le manger, à n'avoir point de peur dans les ténèbres, à ne s'épouvanter pas quand on les laissoit seuls ; à ne point se livrer à la mauvaise humeur, aux cris, aux pleurs, aux emportemens ; à marcher nu-pieds pour se faire à la fatigue; à coucher durement, et souvent sur la terre; à porter le même habit en hiver et en été, pour s'endurcir contre le froid et le chaud.

A l'âge de sept ans, on les distribuoit dans les classes où ils étoient élevés tous ensemble sous la même discipline. Leur éducation n'étoit, à proprement parler, qu'un apprentissage d'obéissance; le législateur ayant bien compris que le moyen le plus sûr d'avoir des citoyens soumis aux lois et aux magistrals, étoit d'apprendre aux enfans, dès leurs premières années, à être parfaitement soumis aux maîtres. Pendant qu'on étoit à table, le maître proposoit des

, par

questions aux jeunes gens. On leur demandoit exemple: «Quel est le plus homme de bien de la ville? «Que dites-vous d'une telle action?» Il falloit que la réponse fût prompte, et accompagnée d'une raison et d'une preuve conçue en peu de mots; car on les accoutumoit de bonne heure au style laconique, c'està-dire, à des manières de parler courtes, précises et pleines de sens.

pour

Quant aux belles-lettres, ils ne s'y appliquoient que le besoin. Toutes les sciences étoient bannies de leur pays. Leur étude ne tendoit qu'à savoir obéir, à supporter les travaux, à vaincre dans les combats. Ils avoient pour surintendant de leur éducation un des plus honnêtes hommes de la ville, et des plus qualifiés, qui établissoit sur chaque troupe des maitres d'une sagesse et d'une probité reconnues.

Afin d'inspirer aux jeunes gens destinés tous à la guerre, plus de finesse et de hardiesse, et pour leur apprendre à pourvoir eux-mêmes à leur subsistance, un vol d'une certaine espèce sculement, et qui n'en avoit que le nom, élant autorisé par la loi et par le consentement de tous les citoyens, leur étoit permis, et même commandé. Ils se glissoient le plus adroitement et le plus subtilement qu'ils pouvoient dans les jardins et dans les salles à manger, pour y dérober des herbes ou de la viande; et, s'ils étoient découverts, on les punissoit pour avoir manqué d'adresse. On raconte qu'un d'eux, ayant pris un petit renard, le cacha sous sa robe, et souffrit, sans jeter un seul cri, qu'il lui déchirât le ventre avec les ongles et les dents, jusqu'à ce qu'il tombât mort sur la place. La patience et la fermeté des jeunes Lacédémoniens éclatoient sur-tout dans une fête qu'on célébroit en l'honneur de Diane, surnommée Orthia, où les enfans, sous les yeux de leurs parens, et en présence de toute la ville, se laissoient fouetter jusqu'au sang sur l'autel de cette inhumaine déesse. Quelquefois ils expiroient sous les coups, sans pousser aucun eri, ni même aucun soupir.

13. Il est étonnant que Sparte, cette ville si renommée en matière d'éducation et de politique, ait cru

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