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première vigueur; et bientôt il se fit voir à ses soldats, qui adorèrent presque comme un dieu l'habile homme qui leur avoit rendu ce prince chéri.

7. Louis XIV ne fut pas toujours heureux; mais sa constance, l'égalité d'ame, l'héroïque fermeté, avec lesquelles il soutnt ses disgraces, prouvèrent qu'il avoit mérité de l'être. Il perdit son fils unique en 1711; et, quoique très - sensible à cette perte, il sut la supporter en roi. Voyant une princesse qui poussoit des soupirs et des cris, et marquoit une douleur extraordinaire, il lui dit : « Eh! madame, modérez«< vous; j'y perds encore plus que vous à quoi ser<< vent ces cris? « L'année suivante, il vit périr, dans l'espace de moins d'un mois, le duc de Bourgogne son petit-fils, la duchesse de Bourgogne, et le duc de Bretagne, l'aîné de ses arrière-petits-fils. Ce grand monarque, la gloire de son peuple et de son siècle, la gloire de la religion et de l'état, vit passer comme l'ombre sa nombreuse postérité. Seul dans ses immenses palais, il sembloit se survivre à lui-même. A la place de tant de fleurs moissonnées dans leur printemps, ses yeux, prêts à se fermer pour toujours, n'apercevoient plus qu'une fleur à peine éclose, foible, chancelante, presque dévorée par le souffle qui avoit séché, consumé tant de tiges florissantes. A la vue de ce nouveau Joas, unique reste du sang de David, arraché aux débris de son auguste maison, ayant peine à se faire jour à travers les ruines Sous lesquelles il avoit paru enseveli, tout ce que Louis XIV dit, pour exprimer tant de pertes accumulées, furent ces paroles remplies tout à la fois de sensibilité et de constance : « Voilà donc M. le dauphin!» Cette magnanime constance, il la fit briller avec plus d'éclat encore dans les maladies cruelles qui consumèrent sa vieillesse. On lui fit, en 1686, l'opération de la fistule. Tout le monde trembloit pour ses jours. Ses amis , ses ministres, sa famille, fondoient en larmes. Le médecin, le chirurgien étoient saisis de frayeur lors-même qu'ils arrachoient, d'une mainimpitoyable. jusqu'aux dernières racines du mal. Louis seul étoit

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tranquille. Le calme de son ame fut sans nuage: il ne poussa pas la moindre plainte. Le lendemain, il donna audience aux ambassadeurs, et tint conseil avec ses ministres. L'homme souffroit: le roi se portoit bien. Madame de Maintenon lui dit : «Avouez, sire, que vous << avez bien souffert. Oui, répondit le prince, de « vous voir souffrir. » Malgré les douleurs vives dont il fut attaqué le 24 d'Août 1715, et la foiblesse extrême qui leur avoit succédé, il ne laissa pas de se préparer le lendemain à dîner en public; mais on fut obligé de faire sortir tous ceux qui étoient entrés dans sa chambre, et il ne retint que le maréchal de Villeroi, avec lequel il resta seul plus de deux heures. « Je vois, lui dit-il, que mon heure approche : il <«< faut penser sérieusement à mourir. » Pendant qu'on lui faisoit des incisions qu'on avoit jugé à propos de lui faire à la jambe, pour retarder, s'il se pouvoit, les effets de la gangrène dont elle étoit attaquée, son premier médecin lui tenoit le bras, et n'y remarqua aucune émotion considérable. Ces incisions furent inutiles. On délibéra si on lui couperoit la cuisse; et il parut que c'étoit l'exposer à des douleurs qui ne pouvoient rien produire d'avantageux Il se résolut alors à la mort; et comme quelqu'un vouloit le consoler « Il a plus de dix ans dit-il, que je pense <«< à mourir en roi très-chrétien. » Le 25 d'Ãoût, jour de St. Louis, il demanda pourquoi ses musi-ciens ne lui avoient pas donné le bouquet ordinaire. On lui répondit qu'on les en avoit empêchés. « Eh! « non, dit-il; l'état où je suis ne doit rien empêcher. » Ils vinrent; ils lui donnèrent le concert préparé; il témoigna y prendre quelque plaisir. Il fit appeler le lendemain les princes et les princesses de son sang. Tous fondoient en larmes. Il parla sans trouble, sans émotion, avec une constance qu'on ne pouvoit trop admirer dans un prince qu'un instant va dépouiller de tout ce que le monde offre de plus brillant. Après avoir dit à chacun de ceux qui étoient présens ce qu'il convenoit il tint à son successeur un discours proportionné à l'âge de ce prince encore enfant, et le

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finit par ces paroles, qui ne devroient jamais s'effacer du souvenir des monarques : « J'ai chargé mon peuple; << les longues guerres m'y ont forcé. Aimez la paix, <«<et ne vous engagez jamais dans une guerre, qu'au<«< tant que l'intérêt de l'état et le bien des peuples l'exigeront. » Puis, adressant la parole aux princes et à ses premiers officiers : « Vous avez pu voir, leur << dit-il, quelques personnes qui, pendant mon règne, « se sont écartées de leur devoir pour un temps, et << s'en sont repenties toute leur vie ; profitez de leur « exemple, et ne le suivez pas. Voyez CONSTANCE, FERMETÉ.

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1.

ÉGARDS.

ST. ARSÈNE, dans le long cours de sa pénitence, fut souvent affligé de maladies cruelles; et comme il étoit aussi docile à faire en cet état ce qu'on lui prescrivoit, qu'il l'avoit toujours été à se corriger des moindres défauts dont on l'avertissoit, cette docilité le fit un jour consentir qu'on mît sous lui un matelas et un oreiller, par ordre du prêtre qui avoit soin de lui. Un solitaire, des plus anciens du désert, l'étant venu visiter alors, en fut scandalisé. Le prêtre qui s'en apercut, le prit en particulier, et le pria de lui dire ce qu'il étoit dans le monde, avant qu'il se fit religieux. « J'étois berger, lui dit ce solitaire, et je n'avois pas << de quoi vivre. - Cela étant, reprit le prêtre, vous << avez donc trouvé plus de commodité dans la vie re<< ligieuse que votre premier état ne vous en auroit << donné. Il n'en est pas de même du père Arsène que << vous voyez ; il étoit autrefois le père et le maître des << empereurs ; il avoit tout en abondance; il vivoit « dans les délices; il couchoit sur de bons lits: pouvez<< vous donc trouver mauvais que, pour lui procurer <«< quelque soulagement dans sa vieillesse, et dans une <«< si grande maladie, nous lui donnions un oreiller « et un matelas, un peu moins durs que la pierre ? »

2. Louis XIV faisoit un conte à ses courtisans. Il avoit promis qu'il les divertiroit bevucoup il ne divertit personne, quoiqu'il fût du roi. M. le prince d'Armagnac, qu'on appeloit M. le Grand, sortit alors de la chambre; et le roi dit à ceux qui restoient : « Messieurs, vous avez trouvé mon conte << fort insipide, et vous avez raison; mais en vous le << rapportant, je me suis aperçu qu'il y avoit un trait << qui regarde de loin M. le Grand, et qui auroit pu l'embarrasser. J'ai mieux aimé le supprimer que <«< de le chagriner maintenant qu'il est sorti, voici << mon conte. » Il l'acheva, et l'on rit beaucoup.

3. Quelques seigneurs français s'expliquoient d'une façon trop libre sur les malheurs du roi d'Angleterre. « Henri est mon frère, leur dit St. Louis; c'est un « grand roi : si dans ma cour son nom ne le met pas << å couvert des langues satiriques, je deviens con<< pable de le souffrir. Il est à plaindre d'écouter de « mauvais conseils. Après tout, sa piété et ses au<< mônes le rendent estimable, et ne sauroient man<< quer d'avoir leur récompense. >>

ÉLOGES.

1. JE vis, dit le philosophe Sadi, chez un grand sei

gneur fort riche, plusieurs mollaks qui lui donnoient des louanges fort exagérées : « Vous louez, leur dit-il, «< celui qui se connoît, et vous l'affligez; vous vantez << les plumes du paon, mais il voit ses pieds et sou<< pire. Tenez, ajonta-t-il, en leur donnant une somme << considérable, recevez cet argent; et je vous en << donnerai davantage, si vous ne me loucz plus. » Ils prirent l'argent, et ne louèrent plus le grand seigneur. 2. Archidame, roi de Lacédémone, entendant un homme donner les plus grands éloges à un musicien, et porter jusqu'au ciel sa science et ses talens : « Mon << ami, lui dit-il, quels honneurs réservez-vous done

« à la vertu, si vous préconisez avec tant de zèle l'art « d'un vil histrion? »

3. Hippomaque, fameux joueur de flûte, entendoit un de ses écoliers qui jouoit assez mal dans un carrefour, mais qui cependant étoit applaudi par la populace qui l'environnoit. Il s'approcha de lui; et lui arrachant sa flûte : « Ne vois-tu pas, dit-il, que tu << joues mal, puisque de tels ignorans t'applaudissent?>> 4. Au lever de Louis XIV, l'archevêque d'Embrun louoit beaucoup la harangue de l'abbé Colbert. Le roi, qui vit que le prélat ne songeoit qu'à flatter son ministre, dit à M. de Maulevrier : « Promettez-moi de «< ne pas dire un mot à Colbert de tout ce que va dire << l'archevêque d'Embrun; » et ensuite il dit au prélat adulateur: «< Continuez tant qu'il vous plaira. »

5. Chez les Grecs, au milieu des jeux publics, les écrivains dans tous les genres exposoient au jugement d'une assemblée nombreuse et solennelle, les productions de leur génie. Hérodote lut son histoire pendant les jeux olympiques; et cet excellent auteur fut écouté avec tant d'applaudissemens, qu'on donna aux neuf livres qui la composent, le nom des neuf Muses, et qu'on crioit par-tout quand il passoit : << Voilà celui qui a si dignement écrit nos actions, et <«< célébré les glorieux avantages que nous avons rem<< portés sur les Barbares! » Toutes les bouches de ceux qui avoient assisté à ces jeux furent comme autant de trompettes qui firent ensuite retentir toute la Grèce du nom et de la gloire de ce fameux historien. 6. Un jour, le brave Crillon se trouvoit auprès de Henri IV avec tous les grands de la cour et les mimistres étrangers. La conversation étant tombée sur les guerriers qui se sont le plus distingués : « Mes<< sieurs, dit le monarque en mettant la main sur << l'épaule de Crillon, voilà le premier capitaine du << monde. Vous en avez menti, sire; c'est vous, » reprit vivement Crillon.

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7. Henri IV fut complimenté par les députés du parlement de Paris sur une victoire qu'il avoit remportée. Le maréchal de Biron, qui y avoit eu beaucoup de

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