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part se trouva à l'audience: « Messieurs, leur dit le monarque, en leur montrant ce capitaine, voilà << un homme que je présente également à mes amis <«< et à mes ennemis. » Que cet éloge délicat est digne du grand roi qui l'a fait, et du général qui l'a recu ! »

4. Boileau fut choisi par Louis XIV, pour écrire l'histoire de son règne. Ayant appris que, dans une affaire, ce monarque s'étoit si fort exposé, qu'un boulet de canon avoit passé à sept pas près de lui, ce poète courut à lui, et lui dit : « Je vous prie, sire, << en qualité de votre historien, de ne me pas faire « finir sitôt mon histoire. » Une autre fois, le roi lui demandant son âge il répondit : « Je suis venu au monde un an avant votre majesté, pour annoncer les merveilles de son règne. » Voyez COMPLIMENT.

1.

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ÉLOQUENCE.

PYRRHUS disoit souvent que l'éloquence de Cy

,

néas son ministre, lui avoit soumis plus de villes que la force de ses armes. Souverain empire de l'éloquence! Annibal et Scipion ont avoué que Pyrrhus l'emportoit sur eux : Pyrrhus avoue que l'éloquence l'emporte sur lui,

2. On demandoit à Isocrate, célèbre orateur grec, ce que c'étoit que l'éloquence: « C'est, répondit-il « l'art d'élever les petites choses, et d'abaisser les < grandes. >>

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3. On demandoit à Démosthène par quels moyens il avoit fait tant de progrès dans l'éloquence: « En « dépensant plus d'huile que de vin, répondit-il. » 4. En présence d'Agésilas, roi de Lacédémone on louoit un jour un orateur de ce que, dans ses discours, il faisoit paroître merveilleusement grandes les choses même les plus petites. « Je ne regarde pas « comme fort habile, dit ce prince, un cordonnier « qui fait de grands souliers pour un petit pied. »

5. Phocion se distinguoit par une éloquence vive et serrée; c'étoit le rival de Démosthène. Toutes les fois qu'il se levoit pour parler : « Voilà, disoit Démosthène, la hache qui và trancher tous mes argumens. »

6. Le philosophe Hégésias parloit avec tant d'éloquence des maux de la vie, que, par le triste tableau qu'il en offroit à l'esprit de ses auditeurs, il leur inspiroit le désir et même la volonté de se donner la mort, pour terminer une si pénible carrière. Il traitoit un jour cette matière devant le roi Ptolémée. Ce prince fut si frappé de toutes les raisons qu'il employoit, que, dans la crainte d'être vaincu comme les autres, il lui défendit de continuer. Heureux ce sage, s'il eût employé à l'enseignement de la vertu son sublime talent! Peut-être cût-il eu la gloire de réformer, sinon l’humanité, du moins les hommes de son siècle.

7. Le talent que le fameux Périclès cultiva avec le plus de soin, fut celui de la parole. Ille regardoit comme l'instrument le plus nécessaire à quiconque veut conduire et manier les caprices du peuple. En effet, c'est par là que, dans une république comme celle d'Athènes, on dominoit dans les assemblées, qu'on entraînoit les suffrages, qu'on se rendoit maître des affaires, et qu'on exerçoit sur les esprits et sur les cours un empire absolu. Ce grand homme n'eut pas lieu de se repentir du temps qu'il donna à cette étude, car le succès passa toutes ses espérances. Les poètes de son temps disoient de lui qu'il foudroyoit, qu'il tonnoit, qu'il mettoit toute la Grèce en mouvement; tant son éloquence étoit mâle et impétueuse ! Il avoit de ces traits vifs et perçans qui touchent et qui pénètrent, et son discours laissoit toujours dans l'esprit des auditeurs une espèce d'aiguillon. Il savoit joindre l'agrément à la force; et au moment où il combattoit avec le plus de fermeté le goût et les désirs des Athéniens, il avoit l'art de rendre populaire la sévérité même, et l'espèce de dureté avec laquelle il parloit contre les flatteurs du peuple. On ne pouvoit se défendre de la solidité de ses raisonnemens, ni de la douceur de ses paroles; ce qui faisoit dire la déesse de la persuasion, avec toutes ses graces, résidoit

que

sur ses lèvres. On demandoit à Thucydide, son adversaire et son rival, qui de lui ou de Périclès luttoit le mieux: «<Quand je l'ai renversé par terre cn luttant, << répondit-il, il assure le contraire avec tant de force, <qu'il persuade en effet à tous les assistans, contre « le témoignage de leurs propres yeux, qu'il n'est << point tombé, et je finis par le croire moi-même. »

8. L'orateur Marc-Antoine, aïeul du triumvir, ayant appris que Marius le faisoit chercher pour lui ôter la vie, se réfugia chez un plébéien de ses amis, homme pauvre, mais d'une fidélité éprouvée. Ravi d'avoir dans sa maison un des principaux citoyens de Rome, et voulant le bien traiter, il envoya son valet chez un marchand de vin du voisinage, avec ordre d'acheter du meilleur vin. Ce valet, ayant goûté avec plus d'attention qu'à l'ordinaire le vin qu'on lui donnoit, et ne le trouvant pas assez bon, en demanda du meilleur. « Qu'est-ce << donc qui se passe chez toi? lui dit alors le marchand de vin, et pourquoi te faut-il aujourd'hui de si excel«lent vin?» L'imprudent valet lui répondit que son maître vouloit régaler Marc-Antoine, qui s'étoit caché chez lui. A peine fut-il sorti, que ce marchand, homme scélérat et sans foi, court chez Marius, qui venoit de se mettre à table pour souper. Dès qu'on l'eut fait entrer, il annonce au proscripteur qu'il alloit lui livrer son ennemi. A cette nouvelle, Marius jette un cri, et frappe des mains pour marquer la joie qui le transporte. Il fut même sur le point de quitter la table, et d'aller chercher l'orateur dans son asile; mais ses amis le retinrent: il se contenta d'y envoyer un de ses officiers, nommé Annius, avec plusieurs soldats. Le marchand les conduisit. Lorsqu'ils furent arrivés, Annius resta à lá porte, et les soldats montèrent à la chambre où étoit Antoine. Il ne les eut pas plutôt apercus, qu'il se douta de leur dessein. Il commença d'abord à leur parler avec tant d'éloquence et d'un ton si pathétique, que leurs cœurs farouches s'attendrirent. Aucun d'eux n'osa mettre la main sur lui, ni même le regarder en face. Ils avoient tous les yeux baissés, et ne pouvoient s'empêcher de verser des larmes. Cependant Annius, fati

gué dattendre, monte dans la chambre. Il voit tous ses soldats rangés autour de l'infortuné proscrit, l'écoutant en silence. Ce spectacle enflamme sa fureur: il les appelle lâches et traîtres; et courant sur Antoine il lui couple la tête qu'il va déposer aux pieds de Marius.

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9. Gainas, chef des Goths ariens, homme fier et impérieux, chagrin de n'avoir point d'Eglise dans Constantinople, en demanda une pour lui et pour ceux de sa secte à l'empereur Arcadius. Ce prince timide lui promit de le satisfaire. Ayant fait venir S. Jean-Chrysostome, qui siégeoit alors sur la chaire de Constantinople, il lui exposa la demande de Gaïnas, et combien il étoit dangereux d'irriter un Barbare si fort à caindre. Le généreux prélat lui répondit « que le prince n'étoit << pas le maître de disposer à son gré de la maison de << Dieu; que pour lui il ne souffriroit jamais qu'on fer<< mât une église aux Fidelles, pour l'ouvrir aux ennemis « de Jésus-Christ. Prince, continua-t-il, si vous crai« gnez ce Barbare, permettez-moi de lui parler en « votre présence, et écoutez-nous sans rien dire. J'es<< père lui fermer la bouche, et le réduire à se désister << d'une prétention sur laquelle on ne peut sans crime << lui rien accorder. » L'empereur y consentit avec joie, et les manda tous deux le lendemain. Chrysostome se rendit au palais, accompagné des prélats qui se trouvoient pour lors à Constantinople. Gainas, avec son audace ordinaire, somma le prince de tenir sa parole. Il représenta que ce seroit une injustice de lui refuser une église, et qu'après ce qu'il avoit fait pour l'honneur et la défense de l'empire, il méritoit bien cette déférence. Alors Chrysostome, prenant la parole, et tenant en main la loi de Théodose, qui ôtoit aux sectaires toutes les églises de Constantinople: « Il est vrai, dit-il à Gaïnas, « que vous avez servi le père de l'empereur; mais ju

gez vous-même si les récompenses n'ont pas au moins << égalé les services. Considérez ce que vous étiez et ce « que vous êtes. Né Barbare, fugitif de votre pays, « réduit à la plus extrême misère, vous y trouvâtes des << richesses et des honneurs. Vous lui jurates alors de «< servir, lui et ses enfans, et d'observer fidellement les

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lois de l'empire. Vous êtes maintenant général; vous « portez les ornemens de la dignité consulaire : com« parez ces habits dont vous êtes revêtu, avec ceux sous lesquels vous passâtes le Danube. Souvenez-vous de << votre serment. Voici une de ces lois auxquelles vous << avez juré d'obéir. N'oubliez pas les bienfaits du « père, n'oubliez pas ceux que les enfans y ont ajoutés. Les empereurs sont-ils seuls obligés à la reconnoissance? et vous est-il permis d'être ingrat? Pour vous, « prince, ajouta-t-il en se tournant vers Arcadius, c'est « à vous à maintenir les saintes ordonnances de votre << père. Vous perdriez moins en renoncant au nom << d'empereur, qu'à celui de prince catholique ; et vous << ne pouvez conserver ce titre, si vous abandonnez la << maison de Dieu à un culte qui l'outrage. » Ces paroles foudroyèrent l'audace de Gaïnas; il se retira confus, renfermant sa honte, et jurant en secret de ne point dévorer impunément la douleur de sa défaite.

10. Julien l'Apostat, ayant promis à ses soldats, pour récompenser leurs travaux, cent pièces d'argent par tête, s'aperçut qu'une gratification si modique n'excitoit que des murmures. Alors, prenant un air majestueux et sévère, et montrant de la main le pays qu'il avoit devant lui : « Voilà, dit-il, le domaine des Per<< ses : vous y trouverez des richesses, si vous savez com<< battre et m'obéir. L'empire fut opulent autrefois : il << s'est appauvri par l'avarice de ses ministres, qui ont partagé les trésors de leurs maîtres avec les Barbares « dont ils achetoient la paix. Les fonds publics sont << dissipés, les villes épuisées, les provinces désolées. « Quelque noble que je sois, je suis le seul de ma « maison: je n'ai de ressource que dans le cœur. Un « empereur qui ne connoît de trésors que ceux de «<l'ame, sait soutenir l'honneur d'une vertueuse indi« gence. Les Fabrice, qui firent triompher Rome des << plus redoutables ennemis, n'étoient riches que de << gloire. Cette gloire vous viendra avec la fortune, <<< si vous suivez sans crainte et sans murmure les ordres « de la Providence, et ceux d'un général qui partage <«< avec elle le soin de vos jours. Mais, si vous refusez

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