صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

« du crime dans nos conseils, il retombera sur nous, <<< et vous n'en serez point chargé. Nous ferons appor << ter ici des viandes, dont il vous est permis de man<< ger; nous ne vous demandons que d'avoir la com<< plaisance d'y toucher. Vous le pouvez, selon la loi; « reposez-vous sur nous du succès. S'il faut faire enten<«<dre aux officiers du roi que vous êtes déterminé à << obéir, c'est notre affaire; et le soin que notre zèle << nous impose ne doit point vous inquiéter. Voilà, sans << doute, un moyen sûr, et tout-à-la-fois fort innocent, << d'échapper à une mort honteuse, qui déshonore votre << nation. Nous vous conjurons d'accepter ce parti, « que l'humanité seule nous obligeroit de vous sug« gérer, quand nous n'y serions pas engagés par le << devoir de notre ancienne amitié. »

Eleazar ne put entendre ces paroles, sans être pénétré d'une sainte indignation. « Quelle humanité bar<< bare ! s'écria-t-il, quelle indigne amitié! Qu'on me « mène au supplice; et, plutôt que de consentir jamais << à une infame lâcheté, qu'on me jetle tout vivant dans <«<le tombeau. Eh quoi! on me croit donc capable à « mon âge, de l'odieuse dissimulation qu'on ne rougit « point de me proposer? Eléazar auroit attendu, dans << la pureté et dans l'innocence, qu'il eût atteint quatre<< vingt-dix ans, pour donner lieu de croire qu'il seroit « passé de la religion de ses pères aux superstitions des » étrangers? Et ce seroit le vieux Eléazar que notre << jeunesse pourroit se proposer comme le modèle de la plus làche prévarication! Ce seroit moi qui leur <<< montrerois l'exemple de se laisser séduire par l'amour << de la vie et par la crainte des supplices! Car, après « cela, qu'auroient-ils à se reprocher dans les plus << beaux jours de leur vie, et dès l'entrée de la car<< rière, si moi, prêt à la fournir, et touchant déjà au <«< terme, j'imprimois à mon nom cette tache honteuse, << si j'attachois à ma vieillesse l'exécration de tous les << gens de bien ? Le peu qui me reste de jours ne << mérite pas d'être acheté à ce prix. Mais quand je << pourrois aujourd'hui, en prostituant mon honneur << et ma conscience, me rédimer des tourmens,

«

«

<< blerois-je que je sers un Dieu, à la justice duquel il << ne m'est pas possible d'échapper pendant ma vie, et <<< dont le pouvoir éternel s'étendra sur moi jusqu'an « delà de mon trépas. Mourons avec courage, et mon<«<trons-nous dignes de nos longues années. Puisque " Dieu daigne nous choisir pour nous donner en specta<< cle, apprenons par notre allégresse à tous nos jeunes << gens attentifs sur nos démarches, que la mort la << plus cruelle est aussi douce qu'elle est honorable, << quand c'est à la souveraineté de son Dieu, à la sain<< teté de ses lois, à la conservation de son innocence, << qu'on fait le sacrifice de sa vie. »

«

[ocr errors]

«

15. Mathathias, près de terminer sa glorieuse carrière, fit assembler ses cinq fils, connus sous le nom des cinq Machabées, et leur tint ce discours: « Je meurs, «mes enfans, plein de jours et d'années, après avoir vu, dans le cours d'une si longue vie, le peuple choisi de Dieu dans des états bien différens. Heureux aussi long-temps que fidèles, nous n'avions point d'ennemis; et notre constante prospérité nous faisoit moins de jaloux, qu'elle ne nous attiroit d'admirateurs. Nous «avons nous-mêmes enseveli notre bonheur sous les ruines de notre innocence, et nous avons commencé à trouver des tyrans dans nos souverains, quand << nous nous sommes fait un ennemi de notre Dieu. Nous avons lassé sa miséricorde, avant que sa justice ait éclaté. Mille avertissemens charitables nous pres«soient de retourner à lui. Endurcis que nous étions, c'étoit trop peu pour nous gagner, que des caresses « paternelles; il a fallu nous dompter par des vengean«ces éclatantes. Vous avez vu, mes enfans, jusqu'où « nos iniquités ont forcé notre Dieu de porter son in<«< dignation. Il nous à livrés à l'orgueilleuse tyrannie « des rois de la terre. Les feux de sa vengeance ne se << sont point éteints dans notre sang. La ville sainte et << le temple ont eu part à la désolation; mais ce qui <<<< me console en ces derniers momens, dans le souve<< nir funeste de tant de maux, c'est qu'il paroît qu'enfin << notre Dieu, réconcilié avec nous, veut nous en faire << trouver le remède. C'est vous, mes enfans, dont

«

[ocr errors]

«

«il a dessein de se servir; et, en vous séparant du << milieu des coupables, il vous réservoit à être les << instrumens de ses miséricordes. Si vous vivez donc, «<et si vous respirez, ce n'est pas pour vous, c'est pour << votre Dieu, c'est pour son peuple que vous vivez. << Restes précieux de tant de saints opprimés, songez à << être d'intrépides zélateurs de la sainte loi qu'ils ont << scellée de leur sang. N'oubliez jamais que son réta<< blissement est entre vos mains. Vivez, en renouve<< lant la divine alliance de nos pères, et mourez, en << combattant pour elle. Je sais qu'une si grande en«treprise est au-dessus de toutes vos forces, et qu'à « en juger selon les règles de la prudence humaine, << elle doit passer pour téméraire; mais, qui sommes« nous pour mesurer les desseins de Dieu à nos foibles * intelligences, et pour donner des bornes à l'étendue << de son pouvoir? Je ne vous rappellerai point, pour << vous encourager, ce que je viens d'exécuter avec << vous en si peu de temps, et avec si peu de ressources. << C'en serait cependant assez pour vous faire com<< prendre que la foiblesse se change en force, quand << elle est mise en œuvre par le Toul-puissant. Dieu m'a « fortifié dans l'exécution de ce que nous avons fait << ponr sa gloire; et je meurs content de n'avoir point « délibéré en faux sage, quand il ne s'agissoit que d'obéir en fidelle. Remontez, mes enfans, jusqu'aux pre<< miers temps de notre origine; rappelez-vous toute << notre histoire; souvenez-vous des merveilles que << nos pères ont opérées, et voyez si la confiance au << Seigneur a jamais été confondue. Devenus leurs imi<< tateurs, vous acheterez comme eux une gloire solide, « et vous vous ferez un nom qui ne périra jamais. « Abraham, notre père, fut mis à de rudes épreuves; « il sontit victorieux de la tentation; et la constance de <«< sa foi lui étant imputée à justice, attira sur lui et sur << sa famille les bénédictions les plus abondantes. L'in<< nocent Joseph vendu, calomnié, captif, ne put être « détourné de l'observation des saintes lois, par l'opi<< niâtreté des plus violentes persécutions, et sa fidélité fut enfin couronnée par une espèce de souveraineté

<<.sur toute l'Egypte. Le brave Phinées, de quinous des«cendons et de qui nous avons recula qualité de prêtres << du Seigneur, brûladu zèle ardent de la gloire de Dieu; << et il en recut, pour récompense, la promesse infailli<< ble d'un sacerdoce éternel. L'intrépide Josué obéit à « l'ordre de Dieu, malgré les prévarications d'un peu<< ple incrédule, dont il étoit environné; et le Tout<< Puissant le déclare, par son serviteur Moïse, chefet << conducteur d'Israël. Le fidelle Caleb soutint dans l'as<< semblée du peuple un témoignage aussi glorieux à « Dieu, qu'avantageux à sa nation; et, parmi tant de « milliers d'hommes qui périrent dans le désert, Dieu « le réserva à un abondant héritage dans la terre de << promission. Le vertueux David ne put être forcé à la « vengeance par les plus indignes traitemens; et sa <«< clémence lui valut un trône affermi pour toujours « dans sa famille. L'incomparable Elie brûloit d'une << sainte ardeur pour la défense de la loi ; et il mérita << d'être, tout vivant, enlevé dans le ciel. Ananias, « Azarie et Mizaël, ces saints jeunes hommes, si cé

lèbres dans notre dernière captivité, demeurent << inébranlables dans la profession de leur foi ; et Dieu, << par un miracle éclatant, les conserve au milieu des « flammes. Daniel, ce prophète divinement éclairé, « persiste, avec une admirable pureté de cœur, dans << la pratique du saint culte, jusques dans le sein d'une <cour idolâtre. On le jette en proie à des lions affamés ; « et les bêtes féroces respectent sa vertu. Poussez plus « loin cette recherche, mes enfans: examinez en détail « ce qui s'est passé, de race en race, depuis tant de « siècles; et vous verrez avec consolation, qu'une << filiale confiance dans le Seigneur assure de sa constante << protection, et, s'il le faut même, des prodiges de sa << droite. Que la puissance de ces hommes orgueilleux, << que vous avez à combattre, n'abatte point votre cou«rage: ce sont des pécheurs et des ennemis de Dieu. «Leur gloire, plus méprisable que la boue, sera ense"velie dans le même tombeau, où leur corps livré à la corruption deviendra la pâture des vers. Un impie « s'élève aujourd'hui jusqu'aux cieux; demain il n'en

[ocr errors]

« paroîtra pas de vestiges: il retourne dans la poust << sière d'où il a été tiré ; et ses ambitieux desseins s'éva-<< nouissent avec lui. Armez-vous, mes enfans, d'une << invincible fermeté; c'est pour la défense de notre « loi que vous allez combattre, et c'est le choix de Dieu « que vous avez à justifier. Soutenez l'une et l'autre «< avec vigueur ce sera pour vous une source abon<«< dante de la plus belle gloire. Je compte que vous « consommerez l'ouvrage que l'Eternel m'a chargé de commencer : il ne reste plus à votre père mourant que << de partager entre vous les différens emplois auxquels << il vous destine. Le peuple fidelle, qui s'est attaché à << moi jusqu'à ce jour, autorisera par son consentement << la distribution que Dieu m'inspire. Vous voyez Si« mon votre frère : je sais que c'est un homme de bon « conseil, d'un esprit appliqué, et d'une grande sa«gesse ; je vous ordonne de le consulter dans toutes << vos entreprises, de vous conduire par ses avis; et je « veux qu'après ma mort il vous tienne lieu de père. « Pour Judas Machabée, j'ai reconnu dans lui, dès << sa plus tendre enfance, cette force de corps et cette << intrépidité de courage qui font les guerriers: je le dé<< clare général des troupes ; et c'est à lui que je remets << le commandement des armées. Le peuple de Dieu « sous ses étendards, ne peut marcher qu'à la victoire. « Sur-tout, mes enfans, vivez unis, et agissez de con« cert. Ne souffrez pas qu'une basse jalousie, qu'une << criminelle émulation divisent jamais des frères invin<< cibles, tandis qu'ils seront liés par les mêmes intérêts. << Attirez près de vous tout ce que la sainte loi compte << dans Israël de fidelles observateurs. Les bons servi<< teurs de Dieu seront toujours vos meilleurs soldats. << Oubliez votre propre gloire, pour songer unique<< ment à tirer votre peuple de l'oppression. Faites re<< tomber sur les idolâtres tous les maux qu'ils nous << ont faits. Qu'Israël triomphe: que les méchans soient « punis: que Dieu soit vengé! Approchez, mes enfans, << et recevez la dernière bénédiction de votre père. « Dieu m'appelle à lui; et je quitte volontiers la terre, « où je laisse à ma place de si vertueux successeurs.»

« السابقةمتابعة »