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<«<les à vos plaisirs. Le duc d'Alençon est mort; vous <«< n'avez plus qu'un pas à faire pour monter sur le << trône. Si vous devenez l'époux de votre maîtresse, <«<le mépris que vous ferez rejaillir sur votre personne « vous en fermera le chemin sans ressource. Quand << vous aurez subjugué le cœur des Francais par vos << grandes actions, et que vous aurez mis votre vie et <«< votre fortune à l'abri, vous pourrez alors imiter, << si vous le voulez, les exemples que vous alléguez. » Quelle liberté ! quelle dure sincérité ! Henri remercia cependant d'Aubigné de son conseil, et lui donna plus d'une preuve de sa tendre affection. Quelle générosité daus le sujet! Quelle grandeur d'ame dans le monarque!

10. Pendant qu'Antoine, épris des charmes dangereux de Cléopâtre, se laissoit amollir par les délices de l'Asie, Auguste, aigri contre ce rival, se préparoit à lui faire la guerre. Les amis d'Antoine, qui étoient à Rome, lui députèrent Géminius, pour l'instruire des dispositions de son collégue, et l'engager à se réconcilier avec cet homme jaloux de sa grandeur. Le triumvir recut très-bien Géminius, et l'invita même à un festin magnifique, où se trouva la reine d'Egypte, armée de ses funestes attraits. Au milieu du repas, Antoine pressa l'ambassadeur de lui dire le sujet de son arrivée. «<Seigneur, lui répondit Géminius, ce lien << n'est pas propre à traiter des affaires sérieuses; et << vous-même n'êtes pas en état de m'entendre. Ce<< pendant je vois qu'il faut vous obéir ; je vais le faire << en deux mots : Mon général, quittez Cléopâtre << rompez avec cette princesse, et tont ira bien. »

11. Darius, roi de Perse, ayant déclaré la guerre aux Scythes, entra dans leur pays à la tête d'une armée nombreuse, capable d'effrayer tout autre peuple que ces Barbares fameux. Ils ne répondirent aux vives poursuites du monarque ennemi, que par une fuite plus vive encore. Ils vouloient affamer, épuiser, ruiner ses formidables bataillons. Ils en vinrent à bout; et bientôt cette armée si belle, si florissante, n'offrit plus aux regards étonnés que d'infortunés restes échappés aux maladies, aux fatigues, à l'hor

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reur de la famine. Dans cette triste circonstance, le roi des Scythes envoya des ambassadeurs qui présentèrent à Darius, de la part de leur maître, un oiseau un rat, une grenouille et cinq flèches. L'orgueil interpréta cette offrande à sa manière; mais Gobrias seigneur persan, plus célèbre encore par sa profonde sagesse que par sa haute naissance, en donna une explication bien différente. «Prince, dit-il au monarque, <«<les Scythes veulent vous faire entendre que si vous << ne vous envolez comme un oiseau, si vous ne vous << cachez sous la terre comme un rat, si vous ne sautez <«< dans les marais comme une grenouille, vous se<< rez percé de leurs flèches. Croyez-moi, seigneur, fu<< yons une contrée qui pourroit devenir notre tombeau: << retournons dans la Perse.» Darius goûtà cet avis et s'empressa de le suivre.

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12. Cynéas, ministre de Pyrrhus, roi d'Epire, voyant que ce prince, avide de conquêtes, se préparoit, avec beaucoup d'ardeur, à porter la guerre en Italie, et n'ignorant pas les dangers de cette expédition employa toute la souplesse de son esprit pour le détourner de ce dessein. « Vous connoissez, lui dit-il, le « courage des Romains, leurs exploits, leur puissance. << Si les dieux vous en rendent victorieux, que comptez« vous faire?— Vainqueur des Romains, je m'empare de l'Italie, et de là je passe en Sicile. Après la «< conquête de la Sicile, où portez-vous la terreur de << vos armes? En Afrique, et, ce pays une fois sou« mis, il n'y a plus rien qui puisse nous résister.

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Mais après tant de victoires, après cette foule de «< conquêtes, que ferez-vous, seigneur? --- Alors, mon « cher Cynéas, Lous n'aurons qu'à nous réjouir; tous <«< nos jours seront des fêtes.- Eh! grand roi, qui vous << empêche de vous réjouir dès à présent, sans sortir « de l'Epire, sans essuyer de dangers ! N'êtes-vous

pas assez puissant et assez riche?» Ainsi le philosophe Cynéas faisoit sentir à Pyrrhus la folie de ses projets, et apprenoit en même temps à tous les hommes à se défier de cette inquiétude naturelle, qui les fait chercher bien loin, et au travers de mille dan

gers, un bonheur qu'ils ont sous la main. La manie du roi d'Epire le précipita dans une foule de disgraces, et ruina sa puissance. Si les dieux de la terre savoient mieux régler l'aveugle ambition qui les transporte, l'univers seroit plus paisible: il y auroit moins de héros et plus d'heureux.

13. Antigone, roi de Macédoine, consultoit le philosophe Ménédème, pour savoir s'il devoit se trouver à certaine partie de débauche. Le sage, pour toute réponse, lui dit : « Seigneur vous êtes roi. »

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14. Théodose-le-Grand ayant fait proclamer auguste Honorius son second fils, embrassa le jeune Čésar avec tendresse, et lui donna ces conseils qui peuvent servir à tous ceux qui commandent : « Mon fils, si << vous étiez destiné à régner sur les Perses, vous n'au<< riez besoin que d'être issu d'Artaxerxès, pour por<<< ter le diadême. Mais celui dont je viens d'orner votre <«< tête, exige un titre supérieur à la naissance : c'est <«< la vertu. Pour bien régner sur les autres, il faut « savoir régner sur soi-même. C'est un devoir com<«< mun à tous les hommes, il est vrai : mais vous devez << apprendre pour l'univers, ce que les particuliers << n'apprennent que pour eux. Vous serez esclave sous << la pourpre, si les passions vous tyrannisent. Com<< bien il est difficile à un prince de les maîtriser! La « facilité de les satisfaire, leur prête l'attrait le plus « dangereux. Elles font courir les autres hommes vers << les objets de séduction; mais elles viennent les offrir << aux princes; elles les amènent au pied de leur trône. << Ils peuvent tout ce qu'ils veulent. Songez donc à « régler tous vos désirs: songez que vous allez être << placé sur un théâtre éclatant de lumière, en vue à << toutes les nations du monde, environné de regards << perçans, qui pénétreront jusques dans votre coeur; << et ne comptez pas que la renommée vous fasse au<«< cune grace. Soyez clément comme Dieu même << prudent sans défiance, vrai et sincère. Faites le bien « que vous souhaitez qu'on dise de vous, sans vous in<< quiéter si l'on vous rend justice. L'amour de vos su<< jets sera votre garde la plus sûre: méritez d'être aimé.

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« Quelque puissance que vous ayez, le cœur de vos << peuples sera toujours libre. Occupez-vous de leur « intérêt plutôt que du vôtre; ou plutôt ne séparez « pas ce qui est inséparable: leur félicité seule peut << vous rendre heureux. Si quelqu'un doit trembler << c'est celui qui fait trembler les autres. Soyez vous<< même une loi vivante. Vos exemples donneront à « vos ordres plus de force que ni les menaces, ni les << châtimens. Vous gouvernerez des Romains : ce n'est << pas l'orgueil et la fierté qui les tiendront soumis : « plus vous vous rapprocherez d'eux par la bonté et par << la douceur, et plus ils vous élèveront au-dessus de << leurs têtes. Apprenez la guerre ; étudiez-en toutes << les parties: endurcissez-vous à tout ce quelle a de << pénible. Laissez aux rois asiatiques ce luxe incom<< mode qui accable les armées, et qui met obstacle « aux succès. Partagez avec vos soldats toutes les fati«<gues: ils n'en sentiront que l'honneur. En attendant << que l'âge ait fortifié votre corps, formez-vous l'esprit « et le cœur ; remplissez-vous de grands exemples : << l'histoire de vos prédécesseurs vous montrera ce que << vous devez suivre, et ce qu'il vous faut éviter.»

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15. Un homme demandoit au philosophe Aristippe, quelle sorte de femme il devoit prendre. « Je n'en «sais rien, répondit-il belle, elle vous trahira << laide, elle vous déplaira ; pauvre, elle vous rui<< nera; riche, elle vous dominera. Mon ami, conseil<< lez-vous vous-même.»>

CONSIDERATION.

1.C'ÉTOIT sur-tout au célèbre Themistocle, que la Grèce devoit l'heureux succès de la journée de Salamine aussi n'oublia-t-elle rien pour lui prouver la grande estime qu'elle faisoit de son rare mérite. Les Lacédémoniens, l'ayant mené à Sparte, pour lui rendre les honneurs qui lui étoient dûs, lui décernèrent une couronne d'olivier, et lui firent présent

du plus beau char qui fût dans la ville. A son départ, ils le firent accompagner jusqu'aux frontières du pays, par trois cents jeunes hommes de la première naissance: honneur que, jusqu'alors, ils n'avoient encore rendu à aucun général. Dès qu'il parut aux jeux olympiques, tout le monde se leva pour lui faire honneur. Personne n'étoit attentif aux jeux ni aux combats : Themistocle seul faisoit le spectacle. Tous les yeux étoient tournés vers lui; et chacun s'empressoit de le montrer de la main aux étrangers qui ne le connoissoient pas. Il avoua depuis à ses amis, qu'il regardoit ce jour comme le plus beau de sa vie ; que jamais il n'avoit ressenti une joie si douce ni si vive, et que cette récompense passoit tous ses désirs.

2. François I, plein d'estime pour la valeur du chevalier Bayard, voulut être armé chevalier de sa main. Il assembla les principaux capitaines de son armée; leur proposa son dessein, et regardant Bayard: » Jene << connois, dit-il, personne dans l'armée plus généra<«<lement estimé que ce chevalier ; je veux honorer en << lui la voix publique. Oui, Bayard mon ami, je serai << aujourd'hui chevalier de votre main, parce que celui << qui s'est trouvé en tant d'assauts et de batailles, tou<< jours en parfait chevalier, est le plus digne d'en faire « d'autres.» Bayard représenta qu'un si grand honneur ne lui appartenoit pas. Mais le roi persista dans sa résolution. Il se mit à genoux ; et Bayard, tirant son épée, l'en frappa du plat sur le cou, en répétant ces mots qui n'étoient point préparés : «Sire, autant vaille « que si c'étoit Roland ou Olivier, Godefroy ou Bau<< douin son frère. Certes, vous êtes le premier prince <«< que oncques fis chevalier : Dieu veuille qu'en guerre << ne preniez fuite! » Et regardant ensuite son épée avec une joie ingénue: «Tu es bienheureuse, mon « épée, dit-il, d'avoir aujourd'hui à un' si vertueux et << puissant roi, donné l'ordre de chevalerie. Certes, ma « bonne épée, vous serez moult bien comme relique « gardée et sur toutes autres honorée ; et ne vous << porterai jamais, si ce n'est contre Turcs, Sarrasins << ou Maures. >>

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