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lesalna, et l'embrassa avec de grandes marques d'amitié. 8. Les états de la Grèce, voulant terminer les guerres qui les épuisoient depuis quelques années, indiquèrent un congrès général, auquel chaque ville envoya des députés. Parmi ces ambassadeurs, Epaminondas tenoit un des premiers rangs. Sa grande érudition, sa profonde sagesse l'avoient déjà rendu très-célèbre ; mais il n'avoit pas encore trouvé l'occasion de donner des preuves bien éclatantes de sa haute capacité pour commander les armées, et pour manier les affaires publiques. Dans cette circonstance, il fit briller une fermeté qui dévoila toute la grandeur de son ame. Voyant que tous les députés, par respect pour Agésilas, roi de Lacédémone, qui se déclaroit ouvertement pour la guerre, n'osoient le contredire, ni s'écarter de son avis, il fut le seul qui parla avec une noble et sage audace, comme il convient à un homme d'état, qui n'a en vue que le bien public. Agésilas, piqué de ce qu'on avoit la hardiesse de fronder son sentiment, demanda au téméraire ambassadeur, « s'il croyoit qu'il « fût juste et raisonnable de laisser la Béotie libre et << indépendante ; » c'est-à-dire, s'il consentoit que les villes de Béotie ne dépendissent plus de Thèbes? Epaminondas tout aussitôt lui demanda à son tour, avec beaucoup de vivacité, «s'il croyoit aussi qu'il fût << juste et raisonnable de laisser la Laconie (ou terri<< toire de Sparte) dans la même liberté et la même indépendance? » Alors le roi Spartiate, se levant de son siége, plein de colère, le pressa de déclarer nettement, «s'il laisseroit la Béotie libre. » Epaminondas lui répondit par la même question, et lui demanda encore, << s'il laisseroit de son côté la Laconie libre. » Cette intrépide fermeté mit le comble à la fureur du monarque, qui ne cherchoit qu'un prétexte pour rompre avec les Thébains: il saisit celui-ci; et, dans le moment, il effaça leur nom du traité d'alliance qu'on étoit près de conclure. Telle fut la cause de la guerre des Thébains contre ceux de Sparte; guerre mémorable, qui fut si funeste à la grandeur lacédémonienne.

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9. Marius, parmi les vices qui le déshonoroient, fit

quelquefois briller des vertus dignes du rang distingué qu'il tient dans l'histoire. Etant tribun du peuple, il voulut faire passer une loi utile sur la manière de donner les voix et les suffrages. Comme cette loi paroissoit diminuer l'autorité des nobles dans les jugemens, le consul Cotta s'y opposa, persuada au sénat de la rejeter, et de citer l'audacieux tribun pour venir rendre raison devant lui de la proposition qu'il en avoit faite. Le décret étant donné, Marius entra dans le sénat, non avec l'embarras et l'étonnement d'un jeune homme qui, avant que d'avoir fait aucune action d'éclat, s'ingéroit de réformer la république ; mais avec l'assurance que lui donnoit le pressentiment des grandes actions qu'il devoit faire un jour. D'abord, il menaça Cotta de le traîner en prison, si, dans le moment, il ne révoquoit son décret. Cotta, se tournant alors vers Métellus, l'un des plus illustres sénateurs romains, lui demande son avis. Métellus se levant, appuie le sentiment du consul. Aussitôt Marius, sans rien perdre de sa fermeté, fait appeler un licteur qui étoit à la porte, et lui commande de mener en prison Métellus. Ce patricien en appelle aux autres tribuns; mais aucun d'eux ne vint à son secours. Le danger d'un si grand personnage intimide le sénat; il annulle son décret ; et ce magistrat, que l'on traitoit de jeune audacieux, triomphe de cette auguste compagnie de vieillards. Marius les quitte couvert de gloire, et se rend à la place publique, où il fait passer la loi dans l'assemblée du peuple. Cette action le fit d'abord regarder comme un homme. entiérement dévoué au peuple, et toujours prêt à soutenir ses intérêts contre le sénat; mais, par un acte contraire, il détrompa ceux qui pensoient ainsi, et leur fit voir qu'il n'avoit d'autre parti que celui de l'utilité publique. Quelqu'un ayant proposé une loi qui portoit que l'on distribueroit gratuitement du blé aux citoyens, Marius s'y opposa de toutes ses forces; et, l'ayant emporté, il s'attira le respect de l'une et de l'autre faction.

10. Le tyran Maxime se préparoit à faire la guerre à Valentinien II, afin de le dépouiller de ses étals.

Justine, mère et tutrice du jeune empereur, s'adressa à S. Ambroise pour écarter cet orage; et, quoiqu'elle eût cruellement persécuté le saint prélat, parce qu'il ne vouloit point communiquer avec les ariens qu'elle protégeoit, elle comptoit assez sur sa générosité pour lui confier ses plus grands intérêts. Ambroise accepta cette commission difficile; il s'empressa de montrer àJustine et à toute la terre, que la persécution ne relâche pas les nœuds sacrés qui attachent les vrais chrétiens à leur souverain. Il avoit ordre de sonder les dispositions du tyran, de renouveler avec lui le traité de paix, et de lui demander les cendres de Gratien, pour leur donner une sépulture honorable. Le lendemain de son arrivéc; il alla au palais, et sollicita une audience particulière. On lui répondit qu'il ne pouvoit être admis qu'en présence du conseil. II y consentit, pour ne point rompre la négociation. Lorsqu'il y fut entré, il refusa le baiser de Maxime: « Vous êtes en colère, « évêque, lui dit le tyran ; n'est-ce pas ainsi que je vous « ai reçu dans l'audience que je vous donnai il y a << quatre ans? Il est vrai, répondit Ambroise, que << vous avez, dès ce temps-là, manqué à la dignité épis<«< copale; mais alors je demandois la paix pour un in« férieur; aujourd'hui, je la demande pour un égal.. << Et qui lui donne cette égalité? - Le Tout-Puissant « qui a conservé à Valentinten l'empire qu'il lui avoit « donné. » Cette fermeté irrita le tyran; il s'emporta en invectives contre Valentinien, qu'il accabla de reproches. Ambroise le justifia: il le fit souvenir que Valentinien étant le maître de venger la mort de Gratien sur Marcellus, frère de Maxime, qu'il tenoit alors en son pouvoir, il le lui avoit renvoyé : il lui demandoit en récompense les cendres du défunt empereur. Maxime alléguoit, pour raison de son refus, que la vue de ces cendres animeroit ses soldats contre lui, «Eh quoi! « répondit Ambroise, défendront-ils, après sa mort, « celui qu'ils ont abandonné pendant qu'il vivoit ? « Vous craignez ce prince lorsqu'il n'est plus ! Qu'a<< vez-vous donc gagné à lui ôter la vie? Je me suis « défait d'un ennemi, dites-vous: non, Maxime,

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« Gratien n'étoit pas votre ennemi ; c'est vous qui étiez « le sien. Il n'entend pas ce que je dis en sa faveur; << mais vous, soyez-en le juge. Si quelqu'un s'élevoit << aujourd'hui contre votre puissance, diriez-vous que « vous êtes son ennemi, où qu'il est le vôtre? Si je << ne me trompe, c'est l'usurpateur qui est l'auteur de << la guerre : l'empereur ne fait que défendre ses droits. « Vous refusez donc les cendres de celui dont vous ne << pourriez retenir la personne, s'il étoit votre prison<< nier? Donnez à Valentinien ce triste gage de votre

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réconciliation. Comment ferez-vous croire que vous << n'avez pas attenté à la vie de Gratien, si vous le << privez de la sépulture? » Il convainquit ensuite Maxime d'être l'auteur de la mort du comte Vallion, qui n'étoit coupable que de fidélité envers son maître. Ambroise, entre les mains et sous le pouvoir du tyran, sembloit être son juge; et Maxime confus ne se tira d'embarras qu'en renvoyant le prélat, et en lui disant qu'il délibéreroit sur les demandes de son souverain.

11. La célèbre marquise de Montespan tâchoit de concilier le vice avec la piété. Elle s'étoit faite une morale trop relâchée pour une chrétienne, trop sévère pour la maîtresse d'un roi. Ses belles mains ne dédaignoient pas de travailler pour les pauvres. Elle croyoit que des aumônes, l'assiduité au service divin, quelques pratiques extérieures rachetoient auprès de Dieu le déréglement de sa conduite. Elle approchoit de la table sacrée à la faveur de quelques absolutions surprises à des prêtres mercenaires ou ignorans. Un jour,' elle essaya d'en obtenir une d'un curé de village, dont on lui avoit vanté la facilité; mais cet homme de Dieu lui dit : « Quoi! vous êtes cette madame de Montespan << qui scandalise toute la France? Allez, madame, << renoncez à vos coupables habitudes, et vous vien<<<< drez ensuite à ce tribunal redoutable. » Elle sortit furieuse, alla se plaindre au roi, et lui demanda justice de la généreuse fermeté du confesseur comme d'un outrage; mais le monarque ne crut point que son autorité s'étendit jusqu'à juger dans les sacremens ce qui se passe entre l'homme et Dieu.

12. Lorsque le maréchal de Marillac se vit condamné à la mort par la haine cruelle du cardinal de Richelieu, il témoigna une résignation parfaite aux ordres de la Providence. En passant devant le palais du tout-puissant ministre, pour aller au lieu de son supplice: « Voilà, dit-il, une maison où l'on m'a promis bien << des choses que l'on ne me tient pas aujourd'hui. » Après qu'on lui eut lié les mains, il dit avec un sourire d'indignation: « Quand je me considère en cet état, << je me fais presque pitié à moi-même. Je ne sais si je << ne fais point aussi un peu de pitié aux autres. M. le << chevalier du Guet, n'êtes-vous point touché de quel<< que sentiment de compassion?» Le chevalier du Guet lui répondit qu'il avoit un extrême regret de le voir en cet état. «Ayez-en regret pour le roi, et non pour moi,» reprit le maréchal ; et il présenta sa tête au bourreau.

13. De Cinq - Mars, ayant été condamné à mort par les ordres du même cardinal, son implacable ennemi, monta sur l'échafaud avec une fermeté, un courage, un sang froid, qui manifestoient une ame grande et intrépide. Un garde lui voyant son chapeau sur la tête, osa le lui ôter; mais Cinq-Mars, se tournant brusquement vers cet archer, lui arrache son chapeau, et le remet fièrement. Le bourreau étoit malade; un vieux crocheteur de la ville tenoit sa place. Cing-Mars ne voulut pas souffrir qu'on le touchât; il se coupa lui-même la moustache, et son confesseur lui coupa les cheveux. Il se promenoit sur l'échafaud, la main gauche sur le côté, avec la même assurance que s'il n'eût point touché au dernier moment de sa vie : il venoit de se mettre à genoux auprès du billot, pour essayer la posture qu'il devoit tenir, la demandant au bourreau d'une voix ferme, et sans paroître ému. Après avoir encore parlé quelques momens à son confesseur, sans vouloir permettre qu'on lui bandât les yeux, il se remit à genoux devant le billot qu'il tint étroitement embrassé : « Suis-je bien, dit-il à l'exécuteur? << -Oui, monsieur, lui répondit celui-ci. -Frappes « donc, reprit Cing-Mars. » D'un seul coup de hache, le bourreau lui sépara la tête du corps.

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