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3. Louis XI, n'étant encore que dauphin, quitta la cour; et dans l'espérance de faire la loi à son père Charles VII, ou d'être puissamment secondé dans sa révolte, il se retira auprès du duc de Bourgogne. Mais l'estime que ce prince faisoit du monarque étoit trop grande, pour l'engager à suivre aveuglément les impressions du dauphin rebelle. « Monseigneur, lui << dit-il, mes soldats et mes finances sont votre ser<< vice, excepté contre monseigneur le roi votre père; <«<et pour ce qui est d'entreprendre de réformer son << conseil, cela ne convient ni à vous ni à moi. Je le <«< connois si sage et si prudent, que nous ne saurions << mieux faire que de nous en rapporter à lui. » Voyez ESTIME.

SOLON

CONSOLATION.

1. COLON voyant un de ses amis plongé dans la douleur, et ne pouvant le consoler, le conduisit au haut de la citadelle d'Athènes. Quand ils y furent arrivés, il lui dit de jeter les yeux sur toutes les maisons qu'on découvroit à l'entour. « Songez, ajouta<«<t-il ensuite, quel soucis dévorans, quelles peines << cruelles, quels chagrins, quels maux habitent sous <«< ces toits, et supportez des malheurs que vous par<< tagez avec tant d'autres. >>

2. Henri IV demandoit un jour au duc de Sully son confident, s'il n'étoit pas bien malheureux, après avoir essuyé, pendant sa jeunesse, plus de disgraces lui seul, que tous les rois de France n'en avoient jamais éprouvées ensemble, de ne pouvoir jouir d'aucun plaisir durant le cours de sa plus brillante fortune, de ne point posséder le cœur de sa femme et de voir au nombre de ses ennemis la plupart de ceux qu'il avoit comblés de bienfaits. « Tous ces mal«heurs, sire, répondit le duc, ne seroient rien, si vous n'y ajoutiez celui d'y être trop sensible. »Voyez CONSTANCE.

CONSTANCE.

1. Le philosophe Chilon, l'un de sept Sages de la

Grèce, voyant quelqu'un qui se plaignoit de ses maux: « Eh! mon ami, lui dit-il, considère ceux des autres, <«<et les tiens te paroîtront légers. »

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2. Peut-on porter plus loin la constance que ne l'a fait Dion, souverain magistrat de Syracuse, après l'expulsion de Denys le jeune ! Ce grand homme, qui, par son courage, avoit rendu la liberté à sa patrie s'entretenoit avec ses amis : tout-à-coup un bruit terrible se fait entendre. On vient lui apprendre que son fils s'est précipité par la fenêtre de son palais. Il ordonne tranquillement ses funérailles, et reprend ensuite la conversation qu'il avoit commencée, sans donner le moindre signe de douleur. Cependant Dion étoit père tendre et sensible: la philosophie triomphoit du sentiment.

3. Tandis que l'historien Xénophon étoit occupé à faire un sacrifice, on vint lui apprendre la mort de son fils Grillus. Cette triste nouvelle ne lui fit point interrompre la cérémonie ; il ôta seulement son chapeau de fleurs. Mais quand on l'eut assuré que son fils étoit mort en combattant courageusement, il le remit sur sa tête, et rendit graces aux dieux.

4. Caton d'Utique étoit naturellement ennemi, nonseulement des tyrans déclarés, mais encore de toute puissance suspecte dans un particulier. Un jour, lorsqu'il déclamoit dans l'assemblée du peuple contre la tyrannie de Pompée, de César et de Crassus, dont la puissance réunie sous le nom de triumvirat, asservissoit la république, le tribun Trébonius envoya un licteur pour l'arracher de la tribune. Caton n'en continua pas moins son discours. Le tribun irrité le fait chasser de la place publique rien ne peut ébranler la constance de l'intrépide orateur. Trébonius furieux ordonne enfin qu'on le conduise en prison; mais ce

dernier outrage ne pouvant encore le réduire au silence, le peuple accourt en foule, et l'arrache des mains des licteurs.

5. Lysandre, général lacédémonien, ayant pris la ville d'Athènes, changea la forme du gouvernement, et y établit un conseil composé de trente magistrats souverains, qui devinrent bientôt autant de tyrans, Sous prétexte de contenir la multitude dans le devoir, et d'arrêter les séditions, ils s'étoient fait donner des gardes, avoient armé trois mille d'entre les citoyens qui leur servoient de satellites, et en même teinps avoient ôté les armes à tous les autres. La ville entière. étoit dans l'effroi et la consternation. Quiconque s'opposoit à leur injustice et à leur violence en devenoit la victime. Les richesses étoient un crime: elles attiroient à leurs maîtres une condamnation certaine, qui toujours étoit suivie de la mort, et de la confiscation des biens que les trente tyrans partageoient entre eux. Les plus considérables d'entre ces magistrats injustes et barbares, étoient Critias et Théramene. Ce dernier avoit de l'honneur ; il aimoit sa patrie. Quand il vit les violences et les cruautés où se portoient ses collégues il se déclara ouvertement contre eux, et par là s'attira leur haine, Critias sur-tout devint son plus mortel ennemi, et n'oublia rien pour le perdre. Il l'accusa devant le sénat, lui reprochant de troubler l'état, et de vouloir renverser le gouvernement présent. Comme il s'aperçut qu'on écoutoit avec silence et approbation la défense de Théramène, il craignit que les sénateurs ne le renvoyassent absous. Aussitôt il fit approcher des barreaux la jeunesse qu'il avoit armée de poignards; puis, élevant la voix : « Il est du devoir d'un souverain « magistrat, dit-il, d'empêcher que la justice ne soit << surprise; et c'est ce que je veux faire en ce jour, Mais << puisque la loi ne permet pas qu'on fasse mourir ceux << qui sont du nombre des trois mille, autrement que << par l'avis du sénat, j'efface Théramène de ce nom« bre, et le condamne à mort en vertu de mon autorité << et de celle de mes collegues. » A ces mots, Théra mène sautant sur l'autel : « Athéniens, dit-il, je

So

« demande que mon procès ma soit fait conformément « à la loi ; et l'on ne peut me refuser ma prière sans << la dernière injustice. Ce n'est pas que j'ignore que << mon bon droit ne me servira de rien, non plus que << la franchise des autels; mais je veux montrer au <«< moins que mes ennemis ne respectent ni les dieux << ni les hommes. Je m'étonne seulement que des gens « sages comme vous ne voient pas qu'il est aussi facile « de raver leur nom du rôle des citoyens, que celui « de Théramène. » Alors Critias ordonna aux officiers de la justice de l'arracher de l'autel. Tout étoit dans le silence et dans la crainte, à la vue des soldats armés qui environnoient le sénat. De tous les sénateurs, crate seul dont Théramène avoit été disciple, prit sa défense, et se mit en devoir de s'opposer aux officiers de la justice; mais ses foibles efforts ne purent délivrer l'infortunée victime de l'ambition des tyrans ; et, malgré le plus sage des hommes, Théramène fut conduit au lieu du supplice, à travers une foule de citoyens qui fondoient en larmes, et qui voyoient dans le sort d'un homme également considérable par son zèle pour la liberté, et par ses grands services, ce qu'ils devoient craindre pour eux-mêmes. Théramène parut seul insensible à sa disgrace. Il vit approcher avec indifférence l'instant qui devoit être le dernier de sa vie il triompha du despotisme par sa constance héroïque. Quand on lui cut présenté la ciguë, il prit la coupe empoisonnée d'un air intrépide; et après Favoir bue, il en jeta le reste sur la table, comme on faisoit du vin dans les repas de réjouissance. « Cette « libation, disoit-il est pour le beau Critias. »

6. Sylla, s'étant rendu maître de Rome, força le sénat à déclarer Marius, son rival, ennemi de la république, et l'on rendit un décret qui ordonnoit à tout le monde de le poursuivre, et de le tuer par-tout où l'on pourroit le prendre. L'infortuné Marius, sans se laisser abattre par la disgrace, s'embarqua promptement à Ostie; et porté par un vent favorable, il côtoya l'Italie. Mais une violente tempête s'éleva tout-àcoup, et les matelots craignirent que le vaisseau ne

pût résister aux efforts des vagues écumantes. D'ailfeurs, l'illustre proscrit étoit incommodé de l'air de la mer: ainsi ils gagnèrent, avec beaucoup de peine, le rivage de Circé. La tempête augmentoit; ils n'avoient plus de vivres : ils descendirent à terre, et furent errans cà et là, sans avoir aucun but certain. Sur le soir ils rencontrèrent quelques bouviers, qui, reconnoissant Marius, l'avertirent de se retirer au plus vite, parce qu'ils venoient de voir passer des cavaliers qui le cherchoient. A cette effrayante nouvelle, Marius, sans proférer un seul mot, s'éloigna du grand chemin, et se jeta dans un bois où il passa la nuit dans l'état le plus triste.

Le lendemain, après avoir conjuré ses compagnons de soutenir avec courage les malheurs qui le poursuivoient, il marcha avec eux le long de la côte. En approchant de Minturnes, ils virent une troupe de cavaliers qui venoient à eux, et découvrirent deux barques qui passoient assez près du rivage. D'abord ils se mirent à courir de toutes leurs forces vers le rivage de la mer ; et, se jetant dans l'eau, ils gagnèrent à la nage ces deux barques. Marius, qui étoit pesant, et ne pouvoit se remuer qu'avec peine, fut soutenu dans l'eau par deux de ses esclaves, qui le mirent sur l'une des barques. Dans ce moment, les cavaliers se montrent, et commandent aux mariniers d'amener la barque à terre, ou de jeter Marius dans la mer. Mais Marius les conjurant avec larmes de ne pas le trahir, les maîtres de la barque, après avoir balancé pendant quelques instans, refusèrent d'obéir, et les cavaliers se retirèrent pleins de dépit. Dès qu'ils furent éloignés, ces mêmes matelots, changeant de pensée, ramèrent vers la terre, et conseillèrent à Marius de descendre pour prendre quelque nourriture sur le rivage, et se remettre un peu de ses grandes fatigues. Marius les crut: il descendit, et se coucha sur l'herbe, bien éloigné de songer à la nouvelle disgrace qui le menaçoit. A peine fut-il débarqué, que les perfides matelots l'abandonnèrent, et mirent à la voile. Ce coup imprévu l'accabla. Il demeura quelque temps immobile; mais bientôt, reprenant courage, et ramassant

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