صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

<< Votre procédé est ingénieux,, lui dit le roi l'expé<«<rience en est terrible et surprenante; mais les << moyens de destruction employés à la guerre sont « suffisans : je vous défends de publier celui-là; con« tribuez plutôt à en faire perdre la mémoire : c'est << un service à rendre à l'humanité. » Ce fut sous cette condition que ce grand monarque accorda une récompense digne de lui au chimiste.

4. Le roi Stanislas, à qui son humanité et ses vertus sublimes méritèrent le surnom rare et glorieux de Bienfaisant, persécuté par des sujets rebelles, proscrit de ses propres états, errant dans une terre étrangère, avoit cherché un asile dans le duché de Deux-Ponts. Il s'y croyoit en sureté, lorsque des malheureux résolurent de l'arrêter, pour le livrer à ceux qui avoient juré sa perte et mis sa tête à prix. Mais ces scélérats furent arrêtés en sa présence. «Que vous « ai-je fait, mes amis, leur dit-il, pour vouloir me <«< livrer à mes ennemis? De quel pays êtes-vous ? » Trois de ces misérables répondirent qu'ils étoient Français. «Eh bien! leur dit-il, ressemblez à vos << compatriotes que j'estime, et soyez incapables d'une << mauvaise action. » En disant ces mots, il leur donna tout ce qu'il avoit, son argent, sa montre, sa boîte d'or; et ils partirent en admirant et en versant des larmes.

5. Un pauvre cultivateur, des environs d'Amboise, laissoit, par sa mort, une femme dans la misère, et quatre enfans en bas-âge. La femme tombe malade peu de temps après, et suit son époux au tombeau. La famille s'assemble, et se partage les trois enfans les plus àgés; mais personne ne veut se charger du quatrième, âgé de quatre mois. On députe un des parens pour aller consulter un ecclésiastique vertueux, qui, dans un château voisin, élevoit deux jeunes seigneurs. L'ecclésiastique ne voit d'autre ressource que d'envoyer le malheureux orphelin à l'Hôtel-Dieu de Blois, ou aux Enfans-Trouvés de Tours. Mais l'un de ses élèves, âgé d'environ 12 ans, témoin de la consultation et dé la réponse, s'écrie: « Je me charge de l'enfant, allons « le voir. » Son gouverneur lui représente, pour

l'éprouver, que ses moyens ne pourront suffire à la dépense, et que d'ailleurs M. le père est déjà accablé d'une multitude de pauvres. « Quoi! mon bon maître, répon<< dit-il avec vivacité, ce laboureur, qui vient vous con<< sulter avec la plus grande confiance, et qui peut à << peine faire vivre une mère infirme, trouve dans sa << misère des ressources pour se charger d'un de ces « malheureux orphelins; et moi, fils d'un père riche, <<< je n'en trouverois pas pour secourir ce petit enfant « encore plus infortuné? Je sacrifierai, avec la plus << grande satisfaction, tous mes menus-plaisirs, et je « demanderai à mon bon papa une culture afin de << fournir aux besoins du petit innocent. Partons pour << rassurer au plus vite sa famille. » On court aussitôt : on arrive à la cabane; on trouve l'enfant. Il tend ses petits bras vers son bienfaiteur : il le caresse; on eût dit que le Ciel le lui désignoit. Le jeune homme l'embrasse avec transport, et dit aux plus proches parens: << N'ayez plus d'inquiétude sur cet enfant, je m'en <<< charge; il est à moi. Cherchez une bonne nourrice, « le plus près que vous pourrez du château : je veux <«< être à portée de veiller à ses besoins.. » Depuis ce temps, il ne fut plus occupé, dans ses momens de loisir, que de son charmant enfant qu'il appeloit son fils. Il entroit dans le détail de tout ce qui lui étoit nécessaire, et le lui fournissoit avec cette joie pure et douce qui accompagne toujours la bienfaisance. Voyez BIENFAISANCE, CHARITÉ, GÉNÉROSITÉ.

HUMEUR (bonne).

འའ་འ་འའ་

1. LE marquis de Dangeau ayant été admis à la cour

des deux reines, mère et épouse de Louis XIV, le jeu devint pour lui la source d'une fortune considérable. I en avoit souverainement l'esprit. Avec une tête naturellement algébrique, et pleine de l'art des combinaisons puisé dans ses réflexions seules, il eut toujours l'avantage au jeu des princesses. Cependant il ne ressembloit pas à ces joueurs sombres et sérieux, dont l'ap

plication profonde découvre le dessein, et blesse ceur qui ne pensent pas tant. Il parloit avec toute la liberté d'esprit possible: il divertissoit les deux reines; il égayoit leur perte. Comme elle alloit à des sommes assez fortes, elle déplût à l'économie de M. Colbert qui en parla au roi, même avec quelque soupcon. Le roi trouva moyen d'être un jour témoin de ce jeu, et placé derrière le marquis de Dangeau, sans en être aperçu. Le monarque se convainquit par lui-même de son exacte fidélité; et il fallut le laisser gagner et rire tant qu'il voudroit. Bientôt son humeur enjouée plut à Louis XIV, qui l'ôta du jeu des reines pour le mettre du sien, avec une dame qu'il prenoit grand soin d'amuser agréablement.

:

2. A la répétition des Fêtes publiques, opéra comique, mademoiselle S***, connue sous le nom de ma mie Babichon, se glissa derrière le banc des symphonistes qui étoient rangés sur une ligne dans l'orchestre. Babichon attacha aux perruques des musiciens des hameçons qui se réunissoient à un fil de rappel, attaché à une des troisièmes loges. Cette jeune espiègle y monte, et attend le signal de l'ouverture. Au premier coup d'archet la toile se lève; en même temps les perruques s'envolent. Grande rumeur on cherche l'auteur de cette espiéglerie. Un grave musicien, qui présidoit à la répétition, veut en avoir raison.Cependant Babichon avoit eu la temps de descendre elle s'étoit placée auprès du plaignant, et crioit plus fort que lui. Mais elle fut bientôt reconnue à son air hypocrite et malin. Elle avoua sa faute, et, s'adressant au sermoneur : <«< Hélas! monsieur, lui dit-elle, je vous supplie de << me pardonner: c'est un effet de l'antipathie insur<< montable que j'ai pour les perruques; et même, au << moment que je vous parle, malgré le respect que « je vous dois, je ne puis m'empêcher de me jeter sur « la vôtre; ce qu'elle fit, en prenant la fuite aussitôt. On voulut venger l'honneur des têtes à perruques : on porta plainte. Babichon fut mandée devant un commissaire; mais elle raconta si plaisamment son histoire, que le juge, l'accusée, les accusateurs et les auditeurs étouffant de rire, terminèrent gaiement ce procès burlesque. Voyez ENJOUEMENT, GAIETÉ, JOIE, Ris.

HUMILITÉ.

1. UN soli N solitaire ne voulut point prier avec S. Serapion, parce qu'il avoit commis, disoit-il, tant de péchés, qu'il s'estimoit indigne d'un tel honneur, et même de respirer le même air que lui. Il se tenoit assis contre terre, et n'osoit pas se placer sur le même siége que le saint. Il fit de plus grandes résistances encore, lorsque Serapion voulut lui laver les pieds. Le saint anachorète l'ayant engagé, après bien des instances, à manger un morceau de pain avec lui, erut devoir l'avertir avec douceur, de n'être plus oisif et vagabond à l'avenir, mais de demeurer dans sa cellule, pour y vivre du fruit de son travail. Cet avis charitable piqua sensiblement l'amour-propre du solitaire ; l'amertume de son cœur parut sur son visage, et Sérapion s'en apercut: << Eh! mon fils, lui dit-il, vous vouliez me persuader, << il n'y a qu'un moment, que vous aviez commis tous <«<les crimes imaginables; d'où vient donc qu'un << simple avertissement, qui n'a rien d'offensant, qui << devroit même vous édifier et vous prouver combien << votre salut m'est cher, vous irrite si fort, que vous ne pouvez cacher votre indignation? Attendiez-vous « lorsque vous vous efforciez tantôt de vous humilier, « que je vous appliquasse cette parole de l'esprit-saint: « Le juste commence son discours par s'accuser soi<< méme? Ah! mon fils, la véritable humilité ne con« << siste pas dans les gestes, ni dans les paroles; elle «ne consiste pas à s'attribuer de faux crimes que << personne ne croira, mais à souffrir avec patience << que les autres nous reprennent, et à mépriser, avec << une douceur affable, toutes les injures qu'on nous « fait. »

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

2. Lorsque S. Louis s'asseyoit auprès du prêtre pour confesser ses péchés, il se regardoit comme un coupable que Dieu même alloit juger : il s'humilioit sous sa main puissante; et si, durant l'aveu de ses

fautes, quelque porte ou quelque fenêtre s'ouvroit, il se levoit aussitôt pour l'aller fermer, en disant à son confesseur : « Vous êtes mon père ; je suis votre << fils: c'est à moi de vous servir. >>

,

le

3. Quelqu'un des amis du cardinal le Camus félicitant sur la nouvelle élévation, lorsqu'il recut le chapeau, et lui disant que sa dignité étoit le fruit et le tribut de son mérite, il répondit fort humblement : <<< Il faut que Sa Sainteté aime bien la vertu, puisqu'eHe << en récompense jusqu'à l'ombre. »

4. Philippe, père du grand Alexandre, roi de Macédoine, s'exercant un jour à la lutte, se laissa tomber sur l'arène. En se relevant, il vit la trace de son corps imprimée sur le sable : « Grand Jupiter! s'écria-t-il, << que l'homme tient peu de place sur cette terre dont <«< il ambitionne l'empire, et qui suffit à peine à ses « désirs ! »

[ocr errors]

5. Un étranger, curieux de s'instruire de l'ancienne histoire de France, alla consulter le fameux M. Ducange. Cet écrivain l'envoyant au P. Mabillon : « On << vous trompe, quand on vous adresse à moi, dit le << modeste religieux; allez voir M. Ducange. C'est « lui-même qui m'envoie à vous, dit l'étranger. Il << est mon maître, répliqua dom Mabillon. Si cependant vous m'honorez de vos visites, je vous com« muniquerai le peu que je sais. » Voyez MODESTIE,

[ocr errors]
« السابقةمتابعة »