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INDULGENCE.

1. Le jeune prince de Joinville ayant pratiqué des

intelligences avec les Espagnols, alors ennemis de la France, Henri IV en fut informé. Ce bon prince, excusant la jeunesse du coupable, fit venir le duc et la duchesse de Guise, et leur apprit le crime de leur fils, <«< Voilà, leur dit-il, le véritable enfant prodigue. Qu'il << s'est imaginé de belles folies! mais, comme pleines <d'enfances et de nivelleries, je lui pardonne, à con<dition que vous le chapitrerez tous deux.

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2. Louis XIV, se nettoyant les pieds, un valet-dechambre qui tenoit la bougie, lui laissa tomber sur le pied de la cire toute brûlante. Tu aurois aussi-bien fait de la laisser tomber à terre,» lui dit-il sans s'émouvoir. Un autre lui apporta en hiver sa chemise toute froide : « Tu me la donneras brûlante à la canicule, » lui dit-il en riant. Un portier du parc, qui avoit été averti que le roi devoit sortir par la porte qu'il gardoit, ne s'y trouva pas, et se fit long-temps chercher. Comme il venoit tout en courant, c'étoit à qui lui diroit des injures. Le monarque dit : «Pourquoi le grondez-vous Croyez-vous qu'il ne soit pas assez affligé de m'avoir fait attendre?»

Gaye, un de ses musiciens, se croyoit perdu, parce qu'il avoit mal parlé, dans une débauche, de l'archevêque de Cambrai, maître de la musique du roi. Il alla se jeter aux pieds de ce prince, et lui avoua sa faute, en lui demandant pardon, Le monarque lui fit la réprimande qu'il méritoit, et il eut la bonté de lui promettre sa protection. Quelque temps après, Gaye chanta un motet devant le roi. L'archevêque de Cambrai, qui s'y trouva, et qui avoit sur le coeur le discours du musicien, auquel il ignoroit que le roi avoit pardonné, dit assez haut pour être entendu : « Le pauvre Gaye « perd sa voix, et ne chante plus aussi-bien qu'il fai<< soit. Vous vous trompez, lui dit le roi; il chante « bien, mais il parle mal. »

3. Les clercs de la Bazoche, qui faisoient, du temps

de Louis XII, un corps considérable, étoient en possession de jouer les farces du temps. Ils eurent l'insolence de jouer le monarque en plein théâtre, et de le représenter malade, avec un visage pâle et maigre et tel qu'on figure l'avarice, ayant un vase plein d'or devant lui, et dont il paroissoit vouloir éteindre une soif insatiable. Louis, qui le sut, n'en fit que rire : il loua même ce qu'il trouva d'ingénieux dans le jeu de ces bouffons, et se contenta de dire qu'ils lui devoient le bon temps dont ils jouissoient. « Je leur pardonne << volontiers, ajouta-t-il; mais qu'ils ne s'émancipent << pas jusqu'à insulter la reine, ni même l'honneur << d'aucune autre dame; car je me fàcherois, et je les <«< ferois pendre. » De pareilles insultes ne se font point à un méchant prince; et le bon qui les méprise, les fait oublier. Voyez Bonté, Clémence, DOUCEUR, PARdon.

1.

INGENUITÉ.

ON N faisoit au célèbre docteur Abou-Joseph, l'un des plus savans musulmans de son siècle, une question extraordinaire et difficile. Il avoua ingénument son ignorance; et, sur cet aveu, on lui reprocha de recevoir de fort grosses pensions du trésor royal, sans cependant être capable de décider les points de droit sur lesquels on le consultoit. «Ce n'est point une merveille, « répondit-il; je reçois du trésor, à proportion de ce << que je sais mais si je recevois à proportion de ce que << je ne sais pas, toutes les richesses du califat ne suf<< firoient pas pour me payer. »

:

2. Un jeune homme indiscret demanda à M. de Turenne comment il avoit perdu les batailles de Mariendal et de Rhetel?<«< Par ma propre faute,» répondit ce grand général. Quelques officiers prétendoient qu'il n'avoit jamais mieux agi que dans ces deux combats. « Je fus, leur dit-il, dans ces deux occasions trop facile et trop crédnle; mais quand un homme n'a point fait << de faute à la guerre, il ne l'a pas faite long-temps. >> 5. Le duc de la Feuillade ayant rencontré Des

,

préaux dans le galerie de Versailles, lui récita un sonnet qu'il vantoit beaucoup, et que Louis XIV avoit approuvé. Le satirique lui dit que ce n'étoit point une production merveilleuse, et qu'elle ne donnoit pas une grande idée de son auteur. Il parloit encore lorsque le maréchal, ayant aperçu madame dauphine, s'élanca vers la princesse, et lui lut le sonnet dans l'espace de temps qu'elle mit à traverser la galerie. « Voilà une « belle pièce, M. le maréchal», répondit la dauphine, qui ne l'avoit peut-être pas écouté. Le duc accourut aussitôt pour rapporter au poète le jugement de la princesse, en lui disant, d'un air moqueur, qu'il étoit bien délicat de ne pas approuver un sonnet que le roi avoit trouvé bon, et dont la princesse avoit confirmé l'approbation par son suffrage. « Je ne doute point, « répliqua Despréaux, que le roi ne soit très-expert << à prendre des villes, et à gagner des batailles : je << suis aussi très-persuadé que madame la dauphine est «une princesse très-spirituelle, et remplie de lumiè<<< res; mais, avec votre permission, M. le maréchal, « je crois me connoître en vers aussi-bien qu'eux. » A ces paroles, le maréchal accourt chez le roi, et lui dit, d'un air vif et impétueux : « Sire, n'admirez-vous << pas l'insolence de Despréaux, qui dit se connoître << en vers un peu mieux que votre majesté ! Oh ! << pour cela je suis bien fàché, M. le maréchal, d'être « obligé de vous dire que Despréaux a raison. »

4. A la première représentation de l'opéra d'Astrée, en 1691, M. de la Fontaine étoit placé derrière plusieurs dames qui ne le connoissoient pas. Pendant la pièce, il ne cessoit de répéter: « Cela est détestable, détestable, <<< du dernier détestable! » Ces dames ennuyées de l'entendre, lui dirent enfin : « Mais, monsieur, cela «<< n'est pas si mauvais ; l'auteur est un homme d'esprit: « c'est M. de la Fontaine.-Eh! mesdames, reprit-il, << sa pièce ne vaut rien. La Fontaine, dont vous par<«<lez, est un stupide, et c'est lui qui vous parle. »>

5. A la représentation de l'Amour et de la Vérité, comédie qui fut donnée sans succès au théâtre des Italiens, M. de Marivaux dit en sortaut, que cette

ièce l'avoit plus ennuyé qu'une autre. « Pourquoi lui demanda-t-on ? C'est que j'en suis l'auteur; » et 1 se fit ainsi connoître. Voyez BONNE FOI, CANDEUR.

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INNOCENCE.

1. UN milord, hai du ministre, fut injustement aç

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cusé d'avoir trempé dans une conspiration contre le、 roi. En conséquence, il fut injustement puni de mort. Pendant le procès, son épouse ne fit aucune démarche pour travailler à sa justification. Quelque temps après, ses enfans tramèrent une véritable conspiration contre le ministre, et résolurent de l'assassiner. Ils furent découverts; et, pendant qu'on instruisoit leur procès, la mère sollicitoit vivement pour eux. Le ministre lui dit un jour : « D'où vient, madame, que vous solli<<< citez si vivement la grace de vos enfans, et qu'on ne << vous a pas vue ici pendant l'affaire de votre mari? « Mon mari étoit innocent,» répondit-elle.

1.

INTÉGRITÉ.

THEMISTOCLE déclara, en pleine assemblée, qu'il avoit concu un dessein important, mais qu'il ne pouvoit le communiquer au peuple, parce que, pour le faire réussir, il avoit besoin d'un profond secret ; et il demanda qu'on lui nommat quelqu'un avec qui il pût s'en expliquer. Le choix tomba sur Aristide, et tous les citoyens s'en rapportèrent entièrement à son avis tant ils comptoient sur sa probité, sur sa prudence! Thémistocle, l'ayant tire à part, lui dit qu'il songeoit à brûler la flotte des Grecs, qui étoit dans un port voisin, et que par là Athènes deviendroit certainement maîtresse de toute la Grèce. Aristide, sans proférer un seul mot, revint à l'assemblée, et déclara simplement que rien ne pouvoit être plus utile que le projet de Thémistocle; mais qu'en même temps, rien

n'étoit plus injuste. Alors tout le peuple, d'une commune voix,défendit à Thémistocle de rien entreprendre.

2. Après la fameuse bataille de Marathon, Aristide fut laissé seul avec sa tribu, pour garder les prisonniers et le butin; et ce grand homme justifia la bonne opinion qu'on avoit de son intégrité. L'or et l'argent étoient semés cà et là dans le camp ennemi; toutes les tentes, anssi-bien que les galères qu'on avoit prises, étoient pleines d'habits et de meubles magnifiques : non-seulement il ne fut pas tenté de toucher à ces monceaux de richesses,maisilempêcha que les autres n'y touchassent.

3. Les boulangers de Lyon, voulant renchérir leur pain, vinrent trouver M. Dugas, prévôt des marchands de cette ville; et, après lui avoir expliqué leurs raisons, laissèrent sur la table une bourse de deux cents louis, ne doutant point que cette somme ne plaidât efficacement leur cause. Quelques jours après ils se présentèrent pour recevoir la réponse du magistrat. « Messieurs, leur dit M. Dugas, j'ai pesé vos raisons << dans la balance de la justice, et je ne les ai pas trou<< vées de poids. Je n'ai pas jugé qu'il fallût, par une « cherté mal fondée, faire souffrir le peuple; au reste, « j'ai distribué votre argent aux hôpitaux de cette ville, << n'ayant pas cru que vous en ayez voulu faire un << autre usage : j'ai compris aussi que, puisque vous << êtes en état de faire de telles aumônes, vous ne perdiez pas, comme vous le dites, dans votre métier. » Ils s'en retournèrent fort surpris et pleins de confusion.

4. Un homme fort pauvre trouva une bourse qui contenoit cent pièces d'or. « Cet argent n'est point à << moi, se dit-il à lui-même cherchons quel est son maître. » Aussitôt il fait publier que si quelqu'un a perdu une bourse remplie d'or, on peut s'adresser à lui. Celui qui l'avoit perdue vient le trouver, et lui désigne la bourse de manière à prouver qu'elle lui appartenoit. « Je vous la rends, lui dit le pauvre, et je << me félicite d'avoir pu vous la rendre. » Cet homme, plein de joie et de reconnoissance, le prie d'accepter vingt pièces d'or comme une preuve de sa gratitude.Le pauvre les refuse. Il lui en offre dix; il les refuse encore.

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