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traitement qui avoit été fait à un autre ambassadeur, pour une semblable hardiesse ? « Non, répondit cet « homme intrépide, mais je suis l'envoyé de la reine «Elizabeth ; et si l'on fait un affront à son ministre, <<< elle saura bien en tirer une vengeance éclatante.O le brave homme! s'écria le czar. Qui de vous, dit«il à ses courtisans, eût agi et parlé de la sorte, pour « soutenir mon honneur et mes intérêts ? »

«

10. Après la prise de Thèbes en Béotie, par Alexandrele-Grand, des Thraces abattirent la maison d'une dame de qualité et de vertu, nommée Timocléa, pillèrenttous ses meubles et tous ses trésors ; et leur capitaine l'ayant prise elle-même, lui demanda, après avoir assouvi sa brutale passion, sielle n'avoit point de l'oret de l'argent caché: Timocléa,animée d'un violent désir de se venger, lui ayant répondu qu'elle en avoit, le mena seul dans son jardin, lui montra un puits, et lui dit que dès qu'elle avoit vu la ville forcée, elle avoit jeté là elle-même tout ce qu'elle avoit de plus précieux. L'officier ravi s'approcha du puits, se baissa pour regarder dedans, et en examiner la profondeur. Timocléa,qui étoit derrière, le poussa de toutes sa force, le précipita dans le puits, et jeta dessus quantité de pierres, dont elle l'assomma. En même temps elle fut prise par les Thraces, et conduite au roi, les fers aux mains. A sa contenance et à sa démarche, Alexandre connut d'abord que c'étoit une femme de qualité et d'un grand courage; car elle suivoit fièrement ces barbares, sans faire paroître le moindre 'étonnement, sans témoigner la moindre crainte. Le monarque lui ayant demandé qui elle étoit, elle lui répondit qu'elle étoit sœur de Théagène, qui avoit combattu contre Philippe pour la liberté de la Grèce, et qui avoit été tué à la bataille deCheronnée, où il commandoit.Alexandre, admirant la réponse intrépide de cette dame, et encore plus l'action qu'elle avoit faite, commanda qu'on le laissat aller où elle voudroit avec ses enfans. 11. M. le prince, étant devant une place où il y avoit une palissade à brûler, promit cinquante louis à celui qui seroit assez brave pour entreprendre une, si belle action. Le péril étoit si évident, que la récompense ne

tentoit

tentoit personne. Il n'y eut qu'un soldat qui, plus courageux que les autres, dit au prince, qu'il le quittoit des cinquante louis, s'il vouloit le faire sergent de sa compagnie. Le prince lui ayant promis l'un et l'autre, il descendit dans le fossé avec des flambeaux, et brûla la palissade, malgré une grêle de mousquèterie, dont il ne fut que légèrement blessé. Toute l'armée, témoin de cette action intrépide, et le voyant revenir, le combloit de louanges; mais s'apercevant qu'il lui manquoit un de ses pistolets: «Il ne me sera pas re<< proché, dit-il, que ces marauts en aient profité ; » et, quoiqu'on promît de lui en douner d'autres, il retourna sur ses pas, essuya encore cent coups de mousquets, et rapporta son pistolet.

12. Après la mort d'Isdegerdes, roi de Perse, les Persans, qui avoient beaucoup souffert de ses violences jugèrent que Baharam-Gur, son fils, seroit aussi cruel que lui: ainsi, loin d'appeler ce prince à la succession, ils jetèrent les yeux sur un seigneur nommé Kesra,et le placèrent sur le trône. Baharam, qui étoit alors à Hirach, en Arabie, ayant appris ces nouvelles, assembla une grosse armée d'Arabes, et vint attaquer l'usurpateur. Il avoit encore dans la Perse plusieurs amisqui s'efforcèrent de ménager un accommodement entre les deux princes; mais la chose étoit assez difficile. Il falloit que l'un des deux cédât sa place à l'autre. Baharam proposaunexpédient qui fut approuvé des deux partis; ce fut de mettre la couronne royale entre deux lions affamés, et enfermés dans un lieu choisi exprès : celui des deux princes qui la pourroit enlever de cet endroit, devoit être jugé le plus digne de la porter, et reconnu pour en être le légitime possesseur. Le jour destiné pour ce fameux.combat étant arrivé, les deux concurrens se présentèrent. Alors Baharam dit à Kesra: «Avancez courageusement, << et enlevez la couronne. Je suis en possession du << trône, dit Kesra: c'est à vous, qui y prétendez, de reti<< rer la couronne du lieu où elle est.» Baharam, sans répliquer ni hésiter, se jeta aussitôt sur les lions, avec la furie et l'impétuosité d'un tigre ; et ne se servant d'autres armes que de ses propres bras, il les tua lous

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deux, et ceignit fièrement le diadême. Il comparut en cet état devant les seigneurs persans, accourns de toutes parts à un spectacle si extraordinaire : et Kesra fut le premier qui, après l'avoir embrassé, le proclama digne de la couronne qu'il venoit d'acquérir par son intrépide valeur.

13. Alexandre-le-Grand avoit fait bâtir une ville sur les bords de l'laxarte. Le roi des Scythes qui habitoient au delà de ce fleuve, voyant que c'étoit nn joug qu'on lui imposoit, envoya de nombreuses troupes pour la démolir, et pour en chasser les Macédoniens. En même temps, il députa vers Alexandre des ambassadeurs au nombre de vingt, selon la coutume du pays, qui traversèrent le camp à cheval, demandant à parler au roi. Alexandre les ayant fait entrer dans sa tente, les pria de s'asseoir. Ils furent long-temps à le regarder fixément, dans un profond silence, surpris apparemment de ne pas trouver que sa taille répondit à la grandeur de sa renommée. Enfin, le plus ancien de la troupe prenant la parole, adressa ce discours au conquérant de l'Asie: « Si les dieux t'avoient donné un corps proportionné à ton ambition, tout l'univers seroit trop petit pour toi. D'une main tu toucherois l'Orient, et de l'autre l'Occident que dis-je ? tu voudrois suivre le soleil dans sa course rapide; tu voudrois savoir où cet astre radieux va cacher sa lumière. Homme petit et foible! ti aspires où tu ne saurois atteindre. De l'Europe tu passes dans l'Asie ; et quand tu auras subjugué tout le genre humain, tu feras la guerre aux rivières, aux forêts, aux bêtes sauvages. Ne sais-tu pas que les grands arbres sont long-temps à croître, et qu'il ne faut qu'une heure pour les arracher ? que le lion sert quelquefois de pâture aux petits oiseaux? que le fer, malgre sa dureté, est consumé par la rouille? qu'enfin il n'est rien de si fort que les choses les plus foibles ne puissent détruire ? Qu'avons-nous à démêler avec toi ? jamais nous n'avons mis le pied dans ton pays. N'est-il pas permis à ceux qui vivent dans les bois d'ignorer qui tu es, et d'où tu viens? Nous ne voulons ni commander, ni obéir à personne ; et afin que tu saches quels

:

hommes sont les Scythes, nous avons reçu du Ciel, comme un riche présent, un joug de bœufs un soc de charrue, une flèche, un javelot, et une coupe c'est de quoi nous nous servons et avec nos amis et contre nos ennemis. A nos amis, nous donnons du blé provenu du travail de nos bœufs avec eux, nous offrons du vin aux dieux dans la coupe; et, pour nos ennemis, nous les combattons de loin à coups de flèches, et de près avec le javelot: c'est avec quoi nous avons domté autrefois les peuples les plus belliqueux, vaincu les rois les plus puissans, ravagé toute l'Asie, et pénétré jusques dans l'Egypte. Mais toi, qui te vantes de venir pour exterminer les voleurs, tu es toi-même le plus grand voleur de la terre. Tu as pillé et saccagé toutes les nations que tu as vaincues ; tu as pris la Lydie, envahi la Syrie, la Perse, la Bactriane: tu songes à pénétrer jusqu'aux Indes; et tu viens ici pour nous enlever nos troupeaux. Tout ce que tu as ne sert qu'à te faire désirer plus ardemment ce que tu n'as pas. Ne vois-tu pas combien il y a de temps que les Bactriens t'arrêtent? Pendant que tu domtes ceuxci, les Sogdiens se révoltent; et la victoire n'est pour toi qu'une semence de guerre. Passe seulement l'Iaxarte, et tu verras l'étendue de nos plaines. Tu as beau suivre les Scythes ; je te défie de les atteindre. Notre pauvreté sera tonjours plus agile que ton armée chargée des dépouilles de tant de nations; et quand tu nous croiras bien loin, tu nous verras tout d'un coup tomber sur ton camp ; car c'est avec la même vitesse que nous poursuivons et que nous fuyons nos ennemis. J'apprends que les Grecs font passer en proverbe et en raillerie, les solitudes des Scythes. Oui, nous aimons mieux nos déserts, que vos grandes villes et vos fertiles campagnes. Crois-moi, la fortune est glissante; tiens-la bien, de peur qu'elle ne t'échappe. Mets un frein à ton bonheur, si tu veux en demeurer maître. Si tu es un dieu, tu dois faire du bien aux mortels, et non pas leur ravir ce qu'ils ont : si tu n'es qu'un homme, songe toujours à ce que tu es. Ceux que tu laisseras en paix, seront véritablement tes

amis, parce que les plus fermes amitiés n'existent qu'entre des personnes égales ; et ceux-là sont estimés égaux, qui n'ont point éprouvé leurs forces l'un contre l'autre. Mais ne t'imagine pas que ceux que tu auras vaincus puissent t'aimer : il n'y a jamais d'amitié entre le maître et l'esclave; et une paix forcée est bientôt suivie de la guerre. Au reste, ne pense pas que les Scythes, pour contracter une alliance, fassent aucun serment ils n'ont point d'autre serment que de garder la foi sans la jurer. De telles précautions conviennent aux Grecs, qui signent les traités, et appellent les dieux à témoins. Pour nous, nous ne nous croyons religieux qu'autant que nous agissons de bonne foi. Qui n'a pas honte de manquer de parole aux hommes, ne craint point de tromper les dieux. Et de quoi te serviroient des amis à qui tu ne te fierois pas? Considère que nous veillerons pour toi à la garde de l'Europe et de l'Asie. Nous nous étendons jusqu'à la Thrace; et la Thrace, à ce que l'on dit, confine à la Macédoine. Il ne s'en faut que de la largeur de l'Iaxarte que nous ne touchions à la Bactriane: ainsi nous sommes tes voisins des deux côtés. Vois lequel tu aimes le mieux, de nous avoir pour amis ou pour ennemis.» 14. Durant la guerre du Péloponnèse, Philoclès, l'un des généraux athéniens, avoit fait prononcer un décret qui ordonnoit qu'on couperoit le pouce de la main droite à tous les prisonniers de guerre, afin qu'ils fussent hors d'état de manier la pique, et qu'ils ne pussent servir qu'à la rame. Ayant été fait prisonnier lui-même par Lysandre, général de Lacédémone, il fut condamné à mort avec tous les compagnons de sa disgrace. Levainqueur, avant de le faire conduire au supplice, le fit venir, et lui demanda comment il vouloit qu'on punit la barbarie dont il avoit usé juqu'à ce jour envers les Spartiates. Philoclès, sans rien rabattre de sa fierté, incapable de trembler à la vue de la mort qui le menacoit, lui répondit: «N'accuse point des gens dont tu << n'es pas le juge. Tu es vainqueur; use de tes droits: <«< fais contre nous ce que nous eussions fait contre toi, << si nous t'avions vaincu. » Il alla se mettre au bain,

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