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« putés, qu'un prince qui a entendu sans s'irriter un mot <<< aussi outrageant, a en plus de considération pour « vous, que celui qui l'a prononcé sans sujet. »

14. François I accordoit beaucoup de liberté à ceux qui avoient l'honneur d'être présens à ses repas.En voici une preuve. Ce prince parloit à son dîner de l'antiquité, de la grandeur et de la beauté de la ville de Milan;chacun' en disoit son sentiment. Un Italien, prenant la parole, dit que Milan étoit, à la vérité, une belle et grande ville, mais que son port ne valoit rien. Le monarque, le regardant avec un souris agréable, lui dit de s'approcher, et de lui rendre compte des défauts du port de Milan,qu'il paroissoit avoir examiné de fort près. L'Italien, s'avancant, et en faisant une profonde révérence, dit, en sa langue : « Sire, j'ai eu l'honneur de parler à votre majesté; cela me suffit.-Que voulez-vous dire, lui de<<< manda le roi? - Sire, répondit-il, voyant la bonté << que vous avez de donner à chacun la permission de « parler, je voulois en profiter. Je sais bien que la mer << n'est pas plus près de Milan que de Gênes; mais si << j'avois dit quelque chose de raisonnable, on ne m'eût << point remarqué; j'ai trouvé moyen de me faire écou<< ter, et de me faire entendre de votre majesté ; c'est « le seul bonheur que j'ambitionnois. >>

15. Louis II demanda compte au maréchal Desquer-· des de l'argent qu'il lui avoit donné pendant la guerre, pour les dépenses dont il l'avoit chargé. Desquerdes présenta un mémoire fort détaillé, dans lequel la dépense excédoit de beaucoup la recette.Louis se met à discuter les articles.Le maréchal se lève,et dit avec une noble liberté: << Sire, avec cet argent j'ai conquis les villes d'Arras, de << Hesdin, de Boulogne; rendez-moi mes villes, et je << vous rendrai votre argent.-Par la pâque-dien!répond << le monarque, il vaut mieux laisser le moustier où il << est ; » et il ne fut plus question de compte à rendre. 16. Lorsque le maréchal de Biron produisit ses titres de noblesse pour être admis au nombre des chevaliers du Saint-Esprit, ce seigneur, voyant que l'on paroissoit avoir plus d'égards pour les preuves généalogiques que pour les services, et que d'ailleurs, parmi ceux qui

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fournissoient leurs preuves, il s'en trouvoit qui avoient passé avec des titres supposés, il affecta de ne produire que fort peu de titres. Il n'apporta, dit Brantóme, que cinq ou six titres fort antiques; et les présentant au-roi et à MM. les commissaires et inquisiteurs : <«< Sire, dit-il, voilà ma noblesse ici comprise ; » et puis, mettant la main sur son épée, il ajouta : << Mais, sire, la voici encore mieux. »

17. Charles XII, roi de Suède, avoit accoutumé ses troupes à la discipline la plus sévère, et le soldat ne se permettoit pas le moindre pillage dans le pays ennemi. Cependant un grenadier, ayant un jour enlevé le dîner d'un paysan, et celui-ci étant venu s'en plaindre au monarque, le soldat, interrogé sur cette action, répondit hardiment: « Sire, vous avez bien ôté un royaume à << l'électeur de Saxe; pourquoi ne pourrois-je pas enle<< ver un misérable dindon à ce paysan?» Ce bon mot, malgré sa liberté, ne déplut point au roi : il fit grace au soldat, et se contenta de lui dire qu'en ôtantun royaume à Auguste, il n'en avoit rien réservé pour lui. Ensuite il renvoya le paysan, après lui avoir donné dix ducats pour le dédommager. Voyez GRANDEUR D'AME, HEROÏSME, AMOUR DE LA PATRIE, FAMILIARITÉ. ·

1. <<

LOIS.

Où il y a beaucoup de médecins, il y a beau

<«coup de malades, disoit le philosophe Arcésilas; « de même, où il y a beaucoup de lois, il y a beau<<coup de vices. »

2. Solon demandoit au philosophie Anacharsis, son ami, ce qu'il pensoit des lois qu'il avolt portées pour le bonheur des Athéniens? « Ce sont, lui répondit«il, autant de toiles d'araignées : elles arrêteront les « foibles, et laisseront passer les forts. »

3. « Les citoyens, disoit Iléraclide, doivent combat«tre avec autant d'ardeur pour la défense des lois, que << pour celle de leurs remparts; car les lois ne sont pas

« moins nécessaires que les remparts pour la conser<<< vation d'une ville. »

4. On demandoit à Démarate comment il pouvoit se faire qu'étant roi de Lacédémone, il en fût cependant exilé?«Parce que les lois à Lacédémone sont au-dessus << des rois,» répondit-il.

5. Lorsqu'Antigonus-Doson cut pris possession du trône de la Macédoine, il fit savoir à toutes les villes de son obéissance, que s'il arrivait qu'il écrivît quelque chose qui fût contraire aux lois, elles eussent à ne point obéir, parce que ses dépêches auroient été surprises.

6. La discorde régnoit depuis long-temps dans Athènes; et ce fléau des états populaires désoloit les différens corps qui composoient cette république fameuse. Enfin, les gens de bien voulurent faire cesser ce désordre; et tous les citoyens, par un choix unanime, jetèrent les yeux sur Solon, le plus grand philosophe de son siècle, et l'Athénien le plus vertueux. Ce sage fut élu archonte, et nommé arbitre souverain et législateur absolu. Il n'abusa point de son pouvoir; et ne cherchant, à l'exemple de Lycurgue, que le bien de sa patrie, il rétablit le calme par des lois sages, dont voici les principales.

Il permit à tout le monde d'épouser la querelle de quiconque auroit été outragé; de sorte que le premier venu pouvoit poursuivre et mettre en justice celui qui avoit commis l'excès. Par cette ordonnance, il vouloit accoutumer ses concitoyens à sentir les maux les uns des autres, comme membres d'un seul et même corps. Ceux qui, dans les différents publics, ne prenoient aucun parti, et attendoient le succès pour se détermi

étoient déclarés infames, condamnés à un bannissement perpétuel, et à perdre tous leurs biens.

Solon abolit les dots de mariages, par rapport aux filles qui n'étoient pas uniques, et ordonna que les mariées ne porteroient à leurs époux que trois robes et quelques meubles de peu de valeur. Car il ne vouloit que le mariage devînt un trafic et un commerce d'intérêt; mais qu'il fût regardé comme une société honorable pour donner des sujets à l'état, pour vivre

pas

ensemble dans une douce union, et pour se témoigner une amitié, une tendresse réciproque.

Avant Solon, il n'étoit point libre de tester: les biens du mourant alloient toujours à ceux de sa famille. Ilpermit de donner tout à qui l'on voudroit, quand on étoit sans enfans, préférant ainsi l'amitié à la parenté, le choix à la nécessité et à la contrainte, et rendant chacun véritablement maître de ses biens, par la liberté qu'il lui laissoit d'en disposer à son gré. Il n'autorisa pourtant pas indifféremment toutes sortes de donations, et n'approuva que celles qu'on avoit faites librement, sans aucune violence, sans avoir l'esprit aliéné et corrompu par des breuvages, par des charmes, ou par les attraits et les caresses d'une femme.

Il diminua la récompense de ceux qui remportoient la victoire dans les jeux isthmiques et dans les olympiques, en les fixant pour les premiers, à cent drachmes, c'est-à-dire, à cinquante livres ; et les seconds, à cinq cents drachmes, c'est-à-dire, à deux cent cinquante livres. Il trouvoit que c'étoit une chose honteuse de donner à des athlètes et à des lutteurs, gens non-seulement inutiles, mais souvent dangereux à leur patrie, des récompenses très-considérables, qu'il falloit garder pour ceux qui mouroient à la guerre pour le service de leur pays, et dont il étoit juste de nourrir et d'élever les enfans qui suivroient un jour l'exemple de leurs pères.

C'est dans cet esprit qu'il ordonna que tous ceux qui auroient été estropiés à la guerre seroient nourris aux dépens du public. La même grace étoit accordée aux pères et mères, aussi-bien qu'aux enfans de ceux qui, étant morts dans le combat, laissoient une famille pauvre et hors d'état de subsister. La république alors, comme une bonne mère, s'en chargeoit généreusement, et remplissoit à leur égard tous les devoirs, leur procuroit tous les secours qu'ils auroient pu attendre de ceux dont ils pleuroient la perte.

Afin de mettre en vigueur les arts, les métiers et les manufactures, il chargea l'aréopage du soin d'informer des moyens dont chacun se servoit pour subsister, etde châtier sévèrement ceux qui menoient une vie oisive,

Il déclara qu'un fils ne seroit pas tenu de nourrir son père dans sa vieillesse, s'il ne lui avoit fait apprendre aucun métier. Il dispensa du même devoir les enfans nés d'une courtisane. « Il est evident, disoit-il, que « celui qui méprise la sainteté et l'honnêteté du ma<«<riage, ne voit des femmes que pour asssouvir une << passion aveugle et brutale, et point du tout pour << avoir des enfans. Il a donc sa récompense. Il ne s'est « réservé aucun droit sur ceux qui sont venus de ce «< commerce, et dont il a rendu la vie, aussi-bien« que la naissance un opprobre éternel.»>

. Il étoit défendu de dire du mal des morts, parce que la religion porte à tenir les morts pour sacrés ; la justice, à épargner ceux qui ne sont plus; la politique, à ne pas souffrir que les haines soient éternelles.

Il l'étoit aussi de dire aucune injure à personne dans les temples, dans les lieux où se rendoit la justice, dans les assemblées publiques, et dans les théâtres pendant les jeux.

Quand les esclaves étoient traités avec trop de dureté et d'inhumanité, ils avoient action contre leurs maîtres, qui étoient obligés de les vendre à d'autres, si le fait étoit bien prouvé. Ils pouvoient se racheter même malgré leurs maîtres, quand ils avoient amassé une somme assez considérable pour se rédimer.

Enfin Solon fit encore une loi pour la réparation du dommage causé par les bêtes, dans laquelle il ordonna que le maître d'un chien qui auroit mordu quelqu'un, seroit tenu de le livrer, et de lui attacher au cou un billot de quatre coudées ; assez plaisante invention pour mettre en sureté contre les attaques d'un chien.

Il ne statua rien contre le parricide; et comme on lui en demandoit la raison, il répondit qu'il lui sembloit que faire des lois et décerner des peines contre un crime inconnu et inoui jusques-là, c'eût été l'enseigner plutôt que le défendre.

7. Toutes les lois des Egyptiens avoient pour objet de rendre la vie commode et les peuples heureux aussi cette nation grave et sérieuse observoit-elle avec un religieux scrupule ces saintes ordonnances, qui, fondées

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