صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Écossais l'étant venu voir, Edgar lui proposa une partie de chasse, et le conduisit dans un bois, où un écuyer les attendoit avec deux épées d'une même longueur. Alors, mettant pied à terre, et présentant ces deux épées au roi d'Ecosse, qui étoit aussi descendu de cheval: « Prenez<<< en une, lui dit-il, et voyons qui de nous deux mérite <<<< mieux d'être roi. » Kennet, étonné et tremblant, ne lui répondit que par de profondes révérences qu'il lui faisoit en reculant. «Quoi! vous refusez le combat? lui << dit Edgar; et votre bravoure ne fait du bruit qu'à <<< table?» Le roi d'Ecosse bégaya quelques mauvaises excuses. « Avouez donc, reprit Edgar, que, tout petit « que je suis, je mérite de commander aux Anglais et << à vous-même; et sachez que c'est par le courage, et <<< non par la taille, qu'il faut mesurer les rois. »

[ocr errors]

6. Deux des écuyers de Liutprand, roi des Lombards, formèrent le dessein d'assassiner ce prince. Instruit de leur noir complot, le monarque les mène seuls avec lui, sous prétexte d'une promenade, dans un bois fort épais; et là, tirant son épée : « Je sais << dit-il, que vous voulez m'assassiner; voyons si vous aurez le courage de profiter de l'occasion que j'ai « voulu vous en donner moi-même. » Frappés d'une démarche aussi hardie, les deux écuyers tombent aux pieds du roi, qui, non moins généreux que magnanime, leur accorde le pardon qu'ils lui demandent.

7. Après une grande victoire, Gélon, tyran de Syracuse, prince doux, humain, affable, généreux, apprenant que quelques citoyens murmuroient de ce qu'ilgardoit l'autorité souveraine, convoqua l'assemblée des Syracusains, qui eurent ordre d'y venir armés. Pour lui, il s'y rendit sans armes; exposa au peuple quelle avoit été sa conduite, et quel usage il avoit fait de sa puissance, et ajouta que si quelqu'un avoit quelque plainte à former contre lui, sa personne et sa vie étoient entre leurs mains. Tous les Syracusains, touchés d'un discours si peu attendu, et encore plus de la confiance avec laquelle il s'abandonnoit à eux, répondirent par une acclamation générale de joie, de louange et de reconnoissance; et surle-champ, d'un commun accord, on lui déféra l'autorité Tome II.

D d

souveraine avec le titre de roi. Pour conserver à jamais la mémoire de cette action magnanime, le peuple lui érigea une statue, où il étoit représenté avec un simple habit de citoyen, sans ceinture et sans armes.

8. En présence de tout le peuple, l'empereur Trajan donna une épée au préfet de Rome, et lui dit: << Prends cette épée; si je gouverne selon les lois <«< de la justice, tu t'en serviras pour moi : si je deviens << un tyran, tu t'en serviras contre moi. >>

9. Des soldats mutinés refusoient de suivre Alexandre. « Allez, lâches, leur dit ce prince; allez, ingrats, dire en votre pays que vous avez abandonné votre « roi, parmi des peuples qui lui obéiront mieux que « vous. » Alexandre, dit le grand Condé, grand admirateur de cette noble fierté; Alexandre abandonné des siens parmi des Barbares mal assujettis, se sentoit si digne de commander, qu'il ne croyoit pas qu'on pût refuser de lui obéir. Etre en Europe ou en Asie, parmi les Grecs ou les Perses, tout lui étoit indifférent: il pensoit trouver des sujets où il trouvoit des hommes.

10. Sur le point de livrer bataille au roi Artaxerxès, Cyrus le jeune, son frère, fut conseillé par Cléarque, capitaine grec, qui étoit venu pour seconder la révolte de ce prince, de ne point s'engager dans la mêlée, et de mettre sa personne en sureté derrière les bataillons grecs qu'il commandoit. « Que me dis-tu la? lui ré«pondit Cyrus. Quoi! tu veux que, dans le temps, «< même que je cherche à me faire roi, je me montre <«< indigne de l'être ! »

11. Sylla avoit assemblé le sénat pour le contraindre à déclarer Marius ennemi de la république. Il trouva dans un vieux sénateur, nommé Scévola, une résistance à laquelle il ne s'attendoit pas. « Je ne crains << point, lui dit ce généreux vieillard, ces satellites << armés qui assiégent le sénat ; et pour conserver un << reste de sang que l'âge a glacé dans mes veines, je << ne déclarerai jamais ennemi de la république, Ma<< rius qui a conservé Rome et toute l'Italie. »

12. Après la mort de Cambyse, roi de Perse, Patisithe, chef des mages, forma l'ambitieux dessein de

,

placer la couronne sur la tête de son frère Smerdis. Il le fit passer pour un autre Smerdis, fils du grand Cyrus, que le successeur de cet immortel conquérant avoit fait mourir. La ressemblance de l'imposteur avec le prince défunt autorisa l'usurpation; et, pour qu'on ne pût découvrir l'artifice, le fourbe affecta, dès le commencement de son règne, de ne se point montrer en public de se tenir enfermé dans le fond de son palais, de traiter toutes les affaires par l'entremise de quelques eunuques, et de ne laisser approcher de sa personne que ses plus intimes confidens. Tant de précautions jetèrent des soupcons dans les esprits : les grands de la cour et le peuple commencèrent à suspecter la légitimité du monarque; et bientôt il se forma, dans tous les ordres des citoyens, de ces fermentations cachées qui annoncent les grandes révolutions. Smerdis avoit épousé toutes les femmes de son prédécesseur. Au nombre de ces princesses, étoit Atosse, fille de Cyrus, et Phédime, fille d'Otanès, un des plus grands seigneurs de Perse. Otanès envoya demander à sa fille, par un homme bien sûr, si le roi étoit le véritable Smerdis? Elle répondit que n'ayant jamais vu Smerdis, fils de Cyrus, elle ne pouvoit lni apprendre ce qui en étoit. Otanès ne se contentant point de cette réponse, la fit prier de s'informer d'Atosse, à qui son propre frère devoit être connu, si c'étoit lui ou non? Elle répondit que le roi, quel qu'il fût, du premier jour qu'il étoit monté sur le trône, avoit distribué ses femmes dans des appartemens séparés, afin qu'elles ne pussent avoir entre elles aucune communication, et qu'ainsi elle ne ponvoit parler à Atosse. Il lui envoya dire que, pours'en éclaircir,lorsqueSmerdis seroit avec elle, et qu'il dormiroit d'un profond sommeil, elle examinat adroitement s'il avoit des oreilles. Cyrus les avoit fait autrefois couper au mage, pour quelques crimes dont il étoit convaincu. Il fit entendre à sa fille, qu'en cas que ce fût lui, il n'étoit ni digne d'elle, ni de la couronne. Phédime promit tout à son père ; et, résolue de braver lesp lus grands dangers pour exécuter ses ordres, elle fit heureusement la découverte désirée,et l'apprità Otanès. Ce seigneur, sur-le-champ, forma une conspiration,

avec cinq autres des plus grands seigneurs persans, du nombre desquels étoit Gobrias; et tous ensemble coururent au palais, l'épée à la main. Les partisans de l'usurpateur n'opposèrent qu'une foible résistance au courage déterminé de ces vengeurs de la patrie. Smerdis fut assailli par Gobrias, qui l'ayant terrassé, et le tenant sous lui étroitement pressé, demanda du secours à l'un de ses compagnons, qui survint; mais comme l'action se passoit pendant la nuit, celui-ci craignoit de tuer d'un même coup Gobrias et le mage. << Frappe hardiment, mou ami, lui crie ce magna<< nime seigneur; frappe, dusses-tu nous percer tous << deux ; je suis content de périr, pourvu qu'il meure.»> Le tyran fut tué, et son despotisme expira avec lui.

13. Fabius-Maximus commandoit l'armée contre Annibal, en qualité de dictateur. Une affaire importante le rappelant à Rome, il fut obligé de laisser le commandement entre les mains de Minucius, son général de cavalerie, homme vain et imprudent. Fabius, en partant, non-seulement lui ordonna, comme son supérieur, de ne point livrer de combat; il prit encore la voie du conseil, comme son ami, et eut même recours aux prières. Mais il ne fut pas plutôt parti, que Minucius oublia ses ordres et ses remontrances, et s'attacha à harceler l'ennemi. Un jour, entre autres, ayant appris qu'Annibal avoit envoyé au fourrage une grande partie de son armée, il attaqua ceux qui étoient restés dans le camp, en tua un grand nombre, et leur fit craindre à tous qu'il ne les forçât dans leurs retranchemens. Après que toutes les troupes carthaginoises furent rentrées, il se retira en sureté, sans avoir fait aucune perte. Ce succès lui inspira un orgueil sans bornes ; il en envoya la nouvelle à Rome, et prit soin de l'exagérer en termes pompeux. Fabius, en l'apprenant, dit qu'il ne craignoit rien tant que la bonne fortune de Minucius; mais le peuple, plein de joie et d'espérance, courut à la place. Le tribun Métilius, qui étoit parent de Minucius, s'étendit beaucoup sur ses louanges, et se plaignit de la timidité et de la lenteur de Fabius. Le dictateur, sans daigner répondre au tribun,

dit qu'il alloit retourner promptement à l'armée, pour châtier la témérité de son lieutenant, qui, contre ses ordres, avoit attaqué l'ennemi. Le peuple, craignant pour la vie de Minucius, n'osa cependant pas contraindre Fabius à déposer la dictature, quoiqu'il fût tombé dans un grand mépris : il ordonna seulement que Minucius partageroit avec lui le commandement de l'armée, et auroit une puissance égale à celle du dictateur.

Fabius, pour ce qui le regardoit, fut insensible à cette injure, mais, par rapport au bien public, il étoit très-fàché de cette imprudence du peuple, qui venoit de donner à un téméraire le moyen de satisfaire sa folle ambition. Craignant donc, qu'aveuglé par son orgueil, il ne se hâtât de faire quelque faute irréparable, il partit de Rome en diligence. Etant arrivé au camp, Minucius hui proposa de commander l'armée chacun à son tour. Fabius n'y voulut jamais consentir : il aima mieux partager avec lui les troupes, trouvant qu'il y avoit moins de danger à lui en laisser commander toujours la moitié, que de le souffrir un seul jour à la tête de toute l'armée. Il se contenta de lui remontrer avec douceur

que, s'il étoit sage, il verroit bien que ce n'étoit pas contre Fabius qu'il avoit à combattre, mais contre Annibal. Minucius prit ce conseil pour une raillerie de vieillard; et, se mettant à la tête des troupes qui étoient à ses ordres, il alla camper dans un lieu séparé.

Le général carthaginois étoit très-bien informé de ce qui se passoit entre les deux capitaines romains, et il épioit sans cesse l'occasion d'en tirer avantage. Entre l'armée de Minucius et celle d'Annibal, il y avoit une petite colline, dont il n'étoit pas bien difficile de se rendre maître, et qui pouvoit fournir à une armée un camp très-commode et très-sûr. La pleine d'alentour, à la voir de loin, paroissoit toute unie, parce qu'elle étoit nue et totalement découverte ; mais elle avoit, en divers endroits, des ravines, des cavernes, et d'autres creux assez profonds. Voilà pourquoi Annibal ne voulut pas se saisir de cette hauteur à la dérobée, comme il le pouvoit facilement; illa négligea comme une amorce pour attirer l'ennemi au combat. Dès qu'il eût vu que

« السابقةمتابعة »