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Jamais négociation ne fut si singulière. D'abord il persuada aux Genevois et aux Suisses de faire la guerre au duc de Savoie, conjointement avec la France: Il leur promit de la cavalerie, qu'il ne leur donna point, leur fit lever dix mille hommes d'infanterie, et les engagea de plus à donner cent mille écus. Quand il se vit à la tête de cette armée, il prit quelques places au duc de Savoie ensuite il sut tellement gagner les Suisses qu'il engagea l'armée à marcher au secours du roi.

2. Pélopidas, général thébain, s'étant transporté à la cour d'Artaxerxès, roi de Perse, y reçut tous les honneurs dûs à la grandeur de ses vertus. En l'appercevant, tous les satrapes s'écrioient, pleins d'admiration:

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Voilà cet homme qui a ôté aux Lacédémoniens l'em« pire de la terre et de la mer, et réduit Sparte à se << renfermer entre le Taïgète et l'Eurotas; Sparte qui, << depuis peu encore, sous la conduite d'Agesilas, ne << tendoit à rien moins qu'à nous venir attaquer dans << Suze et dans Ecbatane. » Le roi, ravi de son arrivée, fit ses efforts pour lui prouver son estime, et bientôt il ne dissimula point l'extrême considération qu'il avoit pour lui, et la préférence qu'il lui donnoit sur tous les autres. Pélopidas usa de son crédit en bon citoyen, politique habile. Il fit sentir au monarque de quelle importance il étoit, pour les intérêts de sa couronne, de protéger une puissance naissante, qui n'avait jamais porté les armes contre les Perses, et qui, formant une espèce d'équilibre entre Sparte et Athènes, pouvoit faire une utile diversion contre ces deux républiques, ennemies perpétuelles et irréconciliables de la Perse: Le roi goûta ses raisons, et les ratifia; puis, voulant récompenser dignement l'utile avis du capitaine thébain, il lui demanda quelle faveur il vouloit de lui? « Je souhaiterois, sire, répondit Pélopidas, que Mes«sène demeurât libre et affranchie du joug de Lacédé« mone; que les Athéniens, qui s'étoient mis en mer << pour infester les côtes de la Béotie, retirassent leurs galères, ou qu'on leur déclarât la guerre; que ceux qui ne voudroient pas entrer dans la ligue, ou marcher contre les réfractaires, fussent attaqués les Tome II.

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«<premiers. » Tout cela fut ordonné, et les Thébains furent déclarés amis et alliés du roi. Lorsqu'on fit la lecture de ce décret aux ambassadeurs des autres républiques, Léon dit assez haut pour qu'Artaxerxès pût l'entendre: « Athènes n'a qu'à chercher main«tenant un autre allié que le roi. » Pélopidas, après avoir obtenu tout ce qu'il pouvoit désirer, partit de la cour, sans avoir accepté de tous les présens du roi, que ce qu'il falloit pour porter chez lui une marque de sa faveur et de sa bienveillance.

3. Le célèbre Périclès, étant parvenu à la souveraine autorité, alloit rarement aux assemblées. Il savoit que le peuple, naturellement léger et inconstant, se dégoûte ordinairement de ceux qui sont toujours sous ses yeux, et qu'un trop grand empressement à lui plaire, le lasse et l'importune. Afin d'éviter et inconvénient, il ne se montroit en public que par intervalles, pour se faire désirer, pour conserver auprès de ses concitoyens un crédit toujours nouveau, qui ne fût point usé et comme flétri par une grande assiduité; se réservant avec prudence pour les grandes et importantes occasions. C'est ce qui fit dire qu'il imitoit Jupiter, qui, selon le sentiment de quelques philosophes, ne s'occupoit, dans le gouvernement du monde, que de grands événemens, et laissoit le soin du détail à des divinités subalternes.

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CRITIQUE.

1. Lig célèbre Apelle disoit son sentiment avec sim

plicité, et recevoit de la même manière celui des autres. Un de ses disciples lui montrant un tableau pour savoir ce qu'il en pensoit, et ce disciple lui disant qu'il l'avoit fait très-vite, et qu'il n'y avoit employé qu'un certain temps: « Je le vois bien, sans que vous me le << disiez,» répondit Apelle; » et suis étonné que, << dans ce peu de temps-là même, vous n'en ayez pas << fait davantage. » Un autre peintre lui faisant voir le

tableau d'une Hélène qu'il avoit peinte avec soin, et qu'il avoit ornée de beaucoup de pierreries : « Mon « ami, » lui dit-il, « n'ayant pu la faire belle, vous << avez voulu du moins la faire riche. »

Sa coutume étoit, quand il avoit achevé un ouvrage, de l'exposer aux yeux des passans, et d'entendre, caché derrière un rideau, ce qu'on en disoit, dans le dessein de corriger les défauts qu'on pourroit y remarquer. Un cordonnier ayant trouvé qu'il manquoit quelque chose à une sandale, le dit librement; et la critique étoit juste. Repassant le lendemain par le même endroit, il vit que la faute avoit été corrigée. Tout fier de l'heureux succès de sa critique, il s'avisa de censurer aussi une jambe, à laquelle il n'y avoit rien à dire. Le peintre alors, sortant de derrière sa toile, averlit le cordonnier de se renfermer dans son métier, et de ne point porter sa censure au-delà de la chaussure.

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2. Polycrète, sculpteur célèbre, fit en même temps deux statues: il conserva l'une dans sa maison, et exposa l'autre au jugement du peuple. Caché près de là, dans un endroit d'où il pouvoit tout entendre être vu, il écoutoit tous les avis; et quand les critiques étoient partis, il réformoit tout ce que l'on avoit trouvé à reprendre dans sa statue. Lorsqu'il crut l'avoir mise en état de paroître au grand jour, et de contenter tout le monde, il l'exposa tout de nouveau avec celle qu'il avoit gardée chez lui sans y rien changer. Ceite dernière attira tous les suffrages, et l'on se moqua de de l'autre ; << Messieurs » dit alors Polycrète « apprenez que vous admirez mon ouvrage, Vous vous moquez du vôtre. >>

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3. Un peintre de portraits, que l'on accusoit de ne bien saisir la ressemblance, voulut s'assurer un jour si le reproche qu'on lui faisoit étoit fondé. Il annonce à plusieurs personnes et à ses enfans, qu'il a fait un portrait de quelqu'un qu'ils connoissent tous. On vient voir son tableau; on le critique; et la prévention agissant, on trouve qu'il n'a po'nt saisi les traits de son original. « Vous vous trompez, Messieurs, dit alors la tête du tableau, car c'est moi-même. En

effet, c'étoit un ami qui s'étoit prêté au projet du peintre, en plaçant son visage dans la toile d'un cadre ajusté à cet effet.

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CURIOSITÉ.

¡. DINA, fille de Jacob et de Lía, étant sortie pour

voir les femmes du pays de Chanaan, Sichem, prince du pays des Sichimites, l'aperçut; et l'ayant enlevée de force, il la viola.

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David au lieu d'accompagner son armée, étoit demeuré à Jérusalem. Se promenant un jour sur la terrasse de son palais, il apercut une femme qui se baignoit : c'étoit Bethsabée, épouse d'Urie, officier plein de bravoure, et qui servoit actuellement au siége de Rabath. Le monarque, poussé par une curiosité criminelle, jeta des regards impudiques sur cette femme. Le démon de l'impureté empoisonna son ame: David devint adultère, et se prépara pour le reste de ses jours, une source inépuisable de

remords.

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2. Un roi du Nord, dont la vivacité faisoit le principal caractère, demanda à un ambassadeur d'Angleterre, s'il harangueroit le peuple en cas qu'on le pendît ou qu'on lui tranchât la tête. Le ministre, sans se déconcerter, répondit qu'il avoit toujours son discours prêt et ses gants blancs dans sa poche. «Je voudrois bien vous entendre,» repartit le monarque. L'ambassadeur s'étant mis alors dans la posture d'usage, s'exprima de la sorte: « Vous me voyez, Messieurs au moment de perdre le jour. « Je ne regrette point la vie ; mais je vois avec peine << que ceux qu'on ne devroit connoitre que par des << actes d'humanité et de bienfaisance, viennent jouir << avec avidité d'un spectacle cruel qu'ils ont mendié. Ces << scènes tragiques sont faites la barbare popupour « lace; mais les cœurs vertueux et sensibles devroient

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« rougir d'entendre de sang froid... En voilà assez, << M. l'ambassadeur, » dit le roi, qui reconnut alors que le but de la harangue étoit de lui reprocher une curiosité qui le dégradoit.

3. Louis XI, toujours curieux et impatient d'apprendre ce qui se passoit dans son royaume et dans les états voisins, établit l'usage des postes, qui étoit inconnu en France. Les courriers n'étoient chargés que des affaires du roi, et couroient à ses dépens. Mais maintenant, dit Mézerai, ils portent aussi <<< les paquets des particuliers ;_ si bien que, par « l'impatience et la curiosité du Français, il s'en est << fait un avantage encore plus grand pour les coffres << du prince, que pour la commodité publique. »

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