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DÉCENCE.

Les anciens Romains observoient avec sévérité les lois de la décence et des mœurs. Un avocat qui bâilloit trop librement devant les censeurs, pensa être condamné à une grosse amende il ne l'évita qu'en assurant, par serment, que c'étoit une incommodité dont il étoit affligé depuis long-temps.

2. Epicharme, poète comique de Sicile, étoit extrêmement plaisant, et divertissoit, par ses bons mots, Héron II, roi de Syracuse. Mais s'étant un jour hasardé de lâcher quelques plaisanteries un peu libres en présence de la reine, le monarque le chassa de sa cour tant étoit grand le respect qu'on avoit alors pour les dames!

3. Louis XIV avoit coutume de danser dans les ; ballets; mais lorsqu'on eut joué devant lui la tragédie de Britannicus, et qu'il eut entendu ces vers où il est dit de Néron :

Pour mérite premier, pour vertu singulière,
Il excelle à conduire un char dans la carrière,

A disputer des prix indignes de ses mains,

A se donner lui-même en spectacle aux Romains;

dès-lors il ne dansa plus en public; il se rappela les règles de la décence, et le poète réforma le monarque. Voyez Pudeur.

DÉFIANCE.

1. << HEUREUX le prince qui ne croit rien de ce

<< que lui disent les courtisans ! » C'étoit le maxime du philosophe Cléobule, l'un des sept sages de la Grèce :

maxime sublime, digne d'être gravée dans les palais des monarques, et plus encore dans leurs coeurs !

2. Après la mort d'Auxence, évêque arien de Milan, Valentinien écrivit en ces termes aux prélats assemblés dans cette ville : « Choisissez un pasteur qui, par sa << vertu et par sa doctrine, mérite que nous le respections, << et qui puisse nous donner de salutaires avis; car, << étant comme nous le sommes, des foibles mortels, « nous ne pouvons éviter de faire des fautes. » Les évêques prièrent l'empereur de désigner lui-même celui qu'il croyoit le plus capable. Il leur répondit que ce choix étoit au-dessus de ses lumières, et qu'il n'appartenoit qu'à des hommes éclairés de la grace divine. Milan étoit rempli de troubles : la cabale arienne faisoit les derniers efforts pour placer sur le siège d'Auxence un prélat imbu des mêmes erreurs. Ambroise, aussi distingué par la beauté de son génie et par la pureté de ses mœurs, que par sa noblesse et par ses richesses, gouvernoit alors la Ligurie et l'Emilie. Instruit dans les lettres humaines, il avoit d'abord exercé à Rome Ja profession d'avocat, et étoit devenu assesseur de Probe, préfet d'Italie. Lorsqu'il avoit été chargé du gouvernement de la province dont Milan étoit la capitale, ce préfet, en lui faisant ses adieux, lui avoit dit: «Gouvernez, non pas en magistrat, mais en « évêque. » Cette parole devint une prophétie. La contestation sur le choix de l'évêque s'échauffant de plus en plus, faisoit craindre une sédition. Ambroise, obligé par le devoir de sa charge, de maintenir le bon ordre, vint à l'église, et fit usage de son éloquence pour calmer les esprits, et les engager à choisir avec discernement et sans tumulte celui qui devoit être pour eux un ange de lumière et de paix. Il parloit encore, lorsque tous, d'une commune voix, catholiques etariens, s'écrièrent qu'ils demandoient Ambroise pour évêque. Ambroise, saisi d'effroi, prit la fuite, et n'oublia rien pour résister au désir du peuple. Les évêques, qui approuvoient ce choix, s'adressèrent à l'empereur, parce que les lois défendoient de recevoir dans le clergé ceux qui étoient engagés dans les

emplois civils. Valentinien fut flatté d'apprendre que les magistrats qu'il choisissoit fussent jugés dignes de l'épiscopat; et, dans le transport de sa joie: «< Sei«gneur,» s'écria-t-il, « graces vous soient rendues de << ce que vous voulez bien commettre le salut des ames << à celui à qui je n'avois confié que le soin des corps! » L'autorité du prince, jointe aux instances des prélats et à la persévérance du peuple, força enfin la modestie d'Ambroise. Il fut baptisé; car il n'étoit encore que catéchumène, quoique âgé d'environ trente-cinq ans. Il reçut l'onction épiscopale; et, par le crédit que lui procura auprès des empereurs l'élévation de son ame, soutenue d'une éminente sainteté, son élection fut un événement aussi avantageux pour l'état que pour l'Eglise. Dès les premiers jours de son épiscopat, on vit un heureux présage de la généreuse liberté dont il feroit usage avec les princes, et des égards que les princes auroient pour ses avis. Il se pour ses avis. Il se plaignit à l'empereur de quelques abus qui s'étoient glissés dans la magistrature. Valentinien lui répondit : «Je connoissois votre << franchise; elle ne m'a pas empêché de vous donner «mon suffrage. Continuez, comme la loi divine vous « l'ordonne, de nous avertir de nos erreurs. »

3. Le sophiste Antiochus s'emportoit facilement ; mais la philosophie lui avoit appris à connoître son défaut. Comme il n'étoit pas assez maître de luimême pour parler tranquillement sur les abus de son siècle, il s'abstenoit de monter à la tribune aux harangues, et de se mêler du gouvernement. Quelqu'un se moquoit de cette sage défiance, et l'accusoit d'être à cet égard d'une timidité condamnable : « Ce n'est << pas le peuple,» répondit-il, « c'est Antiochus que << je crains. >>

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4. La défiance, dans un gouverneur de place, est P'effet d'une prudence active et éclairée. Le grand-duc de Toscane, François, avoit fait dire à César Cavaniglia, castellan de Livourne, de rendre les plus grands honneurs à un vice-roi de Naples, qui eut la curiosité de voir la citadelle où il commandoit. Dom César le prie d'y venir avec peu de suite; et, avant de le

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recevoir, y fait entrer une compagnie d'infanterie. Comme il s'apercoit que ces précautions blessent le vice-roi: «< Monseigneur, « lui dit-il, « j'ai ouï assurer « à nos pères, qu'anciennement on couvroit d'une peau « d'âne ceux à qui l'on confioit des places importantes, << pour les avertir que le devoir de leur charge les << exemptoit de toute cérémonie et de toute civilité, « afin d'éviter toute surprise. » Voyez MÉFIANCE.

1.

DÉLICATESSE.

CLOTAIRE II, roi de France, manda S. Eloi à sa cour pour lui faire prêter serment de fidélité. Le monarque lui proposa de jurer sur les saintes reliques. Eloi promettoit bien de demeurer toujours fidèle ; mais il ne put se résoudre à mettre la main sur la châsse, moins encore à jurer, parce qu'il savoit que Jésus-Christ a défendu tout jurement, hors le cas d'une indispensable nécessité. Plus le roi le pressoit de se lier à son service par un serment, plus Eloi s'en défendoit avec humilité; en sorte que, craignant d'offenser Dieu en obéissant au roi, et d'offenser le roi en obéissant à Dieu, il n'opposoit que des larmes aux instances du prince. Clotaire en fut touché; et jugeant que ces scrupules ne venoient que de la délicatesse de sa conscience, et du respect qu'il avoit pour les choses sacrées, il n'insista pas davantage. « Votre « répugnance, » lui dit-il en le congédiant, «m'assure << beaucoup mieux de votre fidélité, que tous les ser<< mens que vous pourriez faire. »

2. Les martyrs Alexandre et Caïus, firent voir jusqu'où les chrétiens de leur siècle portoient la délicatesse, et ce religieux scrupule qui est, pour ainsi dire, la boussole d'une ame sainte. Ces deux héros de notre religion auguste, ayant été condamnés à mort, et conduits au supplice avec des Marcionites, demandèrent, comme une grace singulière à leurs bourreaux, d'être décapités séparément, afin que leur sang, consacré par

la pureté de leur foi, ne se mêlât et ne se confondît point avec celui de ces hérétiques.

3. « Lorsque j'éprouve quelque mouvement de co«<lère,» dit St. Jérôme, « quand une mauvaise pensée << m'est entrée dans l'esprit, ou quand j'ai eu quelque << illusion pendant le sommeil, je n'oserois entrer dans << les basiliques des martyrs, tant j'ai le corps et l'esprit << saisis de frayeur et de tremblement ! »

4.St. Jean-Chrysostome n'ayant pu réconcilier deux évêques, dont l'un accusoit l'autre avec chaleur dans une assemblée composée de vingt-deux prélats, en ressentit quelque émotion: son ame pacifique et amie de la concorde, se troubla. Le sentiment qu'il éprouva étoit un peu vif, il est vrai ; mais il n'avoit rien que de louable dans son principe, et l'on pouvoit lui donner le nom de sainte indignation. Le religieux prélat n'en jugea pas de la sorte. L'agitation de son esprit alarma sa conscience: il s'abstint d'offrir le saint sacrifice, pria l'évêque Pansophius de le faire en sa place, et sortit de l'église pour aller, suivant le précepte du Sauveur, se réconcilier avec son frère, avant d'approcher de l'autel.

5. Après une victoire remportée sur les ennemis de la religion et de l'état, le grand Théodose s'abstint de communier, à cause de la mort de ses ennemis qui avoient été tués à la bataille ; et il ne s'approcha du sacrement de l'eucharistie, qu'après avoir fait une espèce de pénitence de tant de meurtres involontaires.

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6.St. Grégoire-le-Grand, pape, ayant appris qu'on avoit trouvé mort un pauvre habitant d'un village voisin de Rome, s'abstint, pendant quelques jours, de dire la messe il craignit que ce malheureux ne fût mort de faim et de misère: il se regardoit comme coupable de ne l'avoir pas secouru ; et l'on eût dit, à voir les austérités qu'il s'imposa, qu'il avoit tué cet infortuné de ses propres mains. Que les peuples seroient heureux, si tous ceux qui commandent portoient à ce point la délicatesse !

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