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l'égalité que les lois de Lycurgue avoient mise entre tous les citoyens. Il en donna le premier l'exemple mit tout ce qu'il possédoit en commun, et descendit au niveau des autres.

27.Un Lacédémonien nommé Timandrides, partant pour un voyage, abandonna le gouvernement de sa maison et de ses biens à son fils. De retour, ayant reconnu que, par son économie, il avoit augmenté son héritage, il lui dit fort en colère : « Malheureux ! as-tu

pu commettre une pareille injustice contre les dieux, << tes proches, tes amis, tes hôtes et les pauvres ? Et ne << devois-tu pas te contenter de prendre sur ces biens, <<< vils objets de ton avarice, ce qu'il te falloit pour « vivre, sans priver les misérables du superflu qui << leur appartient?» Il le déshérita.

28. Le maréchal de Boucicaut ne laissa qu'un fils, âgé de trois on quatre ans, qui fut depuis maréchal de France et gouverneur de Gênes. Ce grand homme ne s'étoit pas soucié d'accumuler d'immenses richesses sur la tête de cet héritier de son nom et de sa gloire, et n'avoit songé qu'à lui laisser de grands modèles de vertu. Ses amis le blâmèrent de n'avoir point profité de la faveur du roi Jean son maître. « Je n'ai rien vendu de « l'héritage de mes pères, leur répondit-il, et je n'y << ai rien non plus augmenté. Si mon fils est homme de «< bien, il aura assez; mais s'il ne vaut rien, il aura << trop, et ce sera grand dommage. »

29. Les députés d'une ville rebelle, pour calmer la colère du comte de Ligny, qui se disposoit à les traiter avec la dernière sévérité, lui présentèrent un service de vaisselle d'argent du poids de trois cents mares; mais le comte ne voulut point le prendre pour lui; et se tournant vers le chevalier Bayard, dont la rare valeur avoit fait prospérer toutes ses entreprises en Italie : << Chevalier, lui dit-il, voilà ce que je vous donne. >> Bayard remercia très-respectueusement le général, et le refusa, en ajoutant : « Je craindrois, monseigneur,

que ce riche don ne me communiquât quelque chose « de l'infidélité de ceux qui vous l'ont offert ; » et, prenant toute cette argenterie, il la distribua à ceux qui se trouvèrent auprès de lui.

30.Le maréchal de Fabert étoit si peu attaché aux richesses, qu'il sacrifioit généreusement tout son bien au service du roi. Il faisoit, en beaucoup d'occasions, travailler les soldats, et élever des fortifications à ses dépens. Lorsque son épouse et ses plus intimes amis lui représentoient que, par ces dépenses, il ôtoit à sa famille un bien qu'il étoit obligé de lui conserver, il répondoit: «Si pour empêcher qu'une place que le roi m'auroit confiée, ne tombât au pouvoir des ennemis, il falloit mettre à une brèche que je verrois faite, ma personne, ma famille, tout ce que je possède, « je ne balancerois point à le faire.»

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DEVOIR S.

1.Un jeune roi de Perse s'abandonnoit à la dissipa

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tion et à tous les plaisirs que lui préparoient les courtisans. Un jour il chantoit, dans un festin, ces paroles: » Je jouissois du moment qui est passé ; et je << commence à jouir de celui qui succède. Content et <<< tranquille, l'espérance d'aucun bien, la crainte d'au<< cun mal ne me donne d'inquiétude. « Un pauvre, assis sous la fenêtre de la salle du festin, entendit le monarque, et lui cria; «Si tu es sans inquiétude pour << ton sort, n'en as-tu jamais pour le nôtre?» Le roi fut touché de son discours. Il s'approcha de la fenêtre, regarda quelque temps le pauvre avec attention, et, sans lui parler, lui fit donner une somme considérable. Il sortit ensuite de la salle du festin, en faisant des réflexions sur sa vie passée. Elle avoit été opposée à tous ses devoirs. Il en eut honte. Il prit en main les rênes du gouvernement, qu'il avoit jusqu'alors abandonnées à ses favoris. On le vit travailler assidument; et, en peu de temps il rétablit l'ordre dans l'empire. Depuis qu'il étoit occupé de l'administration de ses états, on lui faisoit souvent des plaintes de la licence et du désordre dans lesquels vivoit le pauvre qu'il avoit enrichi. Enfin, il le vit un jour à la porte du palais.

Il étoit couvert de lambeaux, et il revenoit demander l'aumône. Le roi, le montrant à l'un des sages de sa cour, lui dit : «Vois-tu les effets de la bonté? Tu << m'as vu combler cet homme de richesses : vois-tu quel << en est le fruit? Mes bienfaits ont corrompu ce pau« vre; ils ont été pour lui une source de nouveaux vices << et d'une nouvelle misère. Cela est vrai, répondit « le sage, parce que tu as donné à la pauvreté ce que « tu ne devois qu'au travail. »

2. Henri IV ne faisoit point consister la grandeur et la gloire dans l'étendue de la puissance d'un souverain, mais dans le bon usage qu'il en sait faire. On lui reprochoit un jour le peu de pouvoir qu'il avoit dans la Rochelle. «Vous avez tort, répondit-il ; je fais dans cette << ville tout ce que je veux, parce que je n'y fais que « ce que je dois. >>

3. Aureng-Zeb, mort empereur des Mogols en 1707, sortoit d'une longue maladie, et travailloit plus que sa foiblesse ne pouvoit lui permettre. Un ministre lui représenta combien cet excès d'application étoit dangereux, et quelles suites il pouvoit avoir. Le monarque lui lança un regard d'indignation et de mépris ; puis se tournant vers les autres courtisans : « N'avouez<< vous pas, leur dit-il, qu'il y a des circonstances où << un roi doit hasarder sa vie, et périr les armes à la « main, s'il le faut, pour la défense de sa patrie ? Et « ce vil flatteur ne veut pas que je consacre mes veilles << au bonheur de mes sujets !Croit-il donc que j'ignore «< que. la Divinité ne m'a conduit sur le trône, que << pour la félicité de tant de millions d'hommes qu'elle << m'a soumis? Non, non, Aureng-Zeb n'oubliera « jamais le vers de Sadi:

» Rois, cessez d'être rois, ou régnez par vous-mêmes.

<< Hélas! la grandeur et la prospérité ne nous tendent « déjà que trop de piéges. Malheureux que nous som<< mes! tout nous entraîne à la mollesse ; tout nous « éloigne de nos devoirs. Faudra-t-il que des ministres « élèvent encore leur voix perfide pour combattre la

Tome II.

<< vertu tonjours foible et chancelante des rois, et les << perdre par de funestes conseils ?>>

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DEVOTION.

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1. Le divin Maris, dit Théodoret, non content d'avoir passé toute sa vie dans les exercices de la vertu, et de s'être toujours conservé dans la chasteté du corps et de l'ame, fit une petite maison, où, s'étant enfermé, il demeura trente-sept ans reclus. Agé de quatre-vingt-dix ans, il n'avoit pour tout habit qu'une peau de chèvre, et ne vivoit que d'un peu de pain et de sel. Comme il y avoit fort long-temps qu'il souhaitoit de voir célébrer le saint sacrifice de la messe, il me pria de l'offrir dans sa cellule : j'y consentis, et j'envoyai chercher les vases sacrés dans l'église voisine. Au lieu d'autel, je me servis des mains des diacres, et j'offris de la sorte la mystique, la divine, la salutaire victime. Durant la célébration du sacrifice, cet homme de Dieu fut rempli d'une joie si sainte et si spirituelle, qu'il s'imaginoit être dans le ciel, et que depuis, il disoit qu'il n'avoit jamais eu, en toute sa vie, une telle consolation, ni été comblé d'un semblable coutentement.

2.S. Palémon dit, un jour de Pâques, à S. Pacôme, son disciple, d'apprêter à manger en considération de cette grande fête. Celui-ci, contre son ordinaire, mêla un peu d'huile avec du sel pilé, et y ajouta quelques herbes. Le saint vieillard, 'après la prière accoutumée, s'approcha de la table: voyant cette huile et ce sel, il dit, en versant une abondance de larmes: «Mon maître << a été crucifié, et je mangerois maintenant de l'huile!» Quelques instances que Pacôme lui fit, il n'en voulut jamais goûter, et ne prit que du pain et du sel, selon leur coutume.

3. S. Homebon étoit de Crémone en Lombardie : il se retira de la compagnie des hommes pour s'appliquer aux jeûnes, aux veilles, à la prière, et distribuoit aux

pauvres ce qu'il avoit gagné par son trafic; car il avoit été marchand. Il avoit sur-tout une singulière dévotion pour le très-saint sacrifice de la messe. Il alloit toutes les nuits à l'église ; et après matines, il demeuroit devant le crucifix prosterné en oraison jusqu'à la célébration des ineffables mystères, auxquels il assistoit avec une ardeur et un recueillement qui portoient l'édification dans tous les cours. Un jour, ayant assisté à matines, et prié jusqu'à la messe à son ordinaire, il se prosterna au Gloria in excelsis, les mains étendues en croix. Comme on vit qu'il ne se levoit point à l'évangile, on crut qu'il s'étoit endormi; on voulut l'éveiller, on trouva qu'il étoit mort.

4. La bienheureuse Julienne, religieuse de la maladrerie de Mont-Cornillon, au faubourg de Liège n'étant encore âgée que de seize ans, vit en songe la lune dans son plein, qui avoit néanmoins une brèche. Cette vision, qui arriva l'an 1210, s'offrit encore depuis à son imagination, presque toutes les fois qu'elle se mettoit en prières. Elle comprit enfin, deux ans après, que la lune étoit l'Eglise, et que la brèche pou~ voit marquer le défaut d'une fête du Saint-Sacrement. Elle avoit une grande dévotion au saint sacrifice de la messe : elle y apportoit volontiers toutes ses pensées. Elle garda le silence de sa vision jusqu'en 1230, qu'ayant été élue prieure de la maison de Mont-Cornillon, elle s'en ouvrit à un chanoine de S. Martin de Liège, nommé Jean; et elle lui persuada de communiquer son projet aux pasteurs et aux théologiens. Le chanoine étant entré dans ses vues, intéressa dans cette affaire une foule de personnes pieuses, et sur-tout l'archidiacre de l'église de Liège, nommé Jacques de Troye, qui fut depuis pape sous le nom d'Urbain IV. La bienheureuse Julienne, assurée de tant d'approbations, fit composer un office du Saint-Sacrement, dont elle-même donna le plan, et elle le fit approuver ensuite par les principaux théologiens du pays. Les chanoines de S. Martin furent les premiers qui s'en servirent, et qui solennisèrent la fête du Saint-Sacrement, dès l'an 1247.j et bientôt, par les soins de l'évêque de Liège, et de

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