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ART A- prit les leçons de Gorgias le Léontin, X E R X E célébre Rhéteur, qui les vendoit fort cher. Lorfqu'il fe vit en état de pouvoir commander, & de faire du bien à fes amis auffi bien que d'en recevoir, il fe mit au fervice de Cyrus, dans l'efpérance de s'y avancer. Il ne manquoit pas d'ambition, mais il ne vouloit point aller à la gloire par un autre chemin que par celui de la vertu. C'eût été un capitaine parfait, s'il n'eût eu affaire qu'à des hommes braves & difciplinés, & s'il n'eût falt que fe faire aimer. Il craignoit plus d'être mal avec fes foldats, que fes foldats d'être mal avec lui. Il croioit qu'il fuffifoit, pour commander, de louer les bonnes actions, fans châtier les mauvaises: c'eft pourquoi il étoit aimé des honnêtes gens, mais les autres abufoient de fa facilité. Il mourut à l'âge de trente ans.

Des deux hommes que nous venons de peindre d'après Xénophon, fi a on eût pu les fondre enfemble, on en eût fait quelque chofe de parfait, en leur ôtant à chacun leurs défauts,

a Egregium Principa- folæ virtutes mifcerentus temperamentum, fi, tur. Tacit. Hiftor. lib demptis utriufque vitiis, cap. 5+

& ne leur laiffant que leurs vertus. MNEMON, Mais il eft bien rare qu'un même homme, a comme Tacite le dit d'Agricola, fe montre,felon l'occurrence des affaires & des tems, tantôt doux, tantôt févére, fans que ni la douceur diminue rien de l'autorité, ni la févérité de l'amour qu'on a pour lui.

Ménon étoit de Theffalie, homme avare & ambitieux, mais qui ne fe livroit à l'ambition que pour contenter fon avarice, & qui ne cherchoit de l'honneur & de l'estime que pour avoir de l'argent. Il briguoit l'amitié des Grands & de ceux qui étoient en crédit pour être en état de commettre plus impunément des injuftices. Pour arriver à fes fins, le menfonge la fraude, le parjure ne lui coutoient rien: la fincérité & la droiture de cœur n'étoient, felon lui, que foibleffe & bétise. Il n'aimoit perfonne, & s'il témoignoit de l'amitié, ce n'étoit que pour tromper. Comme on fait gloire de religion, de probité, d'honneur; il faifoit vanité d'injuftice, de fourberie, de trahison. Il gagnoit l'amitié

a Pro variis tempori- aut facilitas autoritatem, bus ac negotiis feverus aut feveritas amorem de& comis.... nec illi, minuit. Tacit. in Agris quod eft rariffimum

,

cap. 9.

ARTA- des Grands par les faux raports & les XERXE calomnies, & celle des foldats par la

Xenoph. in Expedit. Cyri, l. 3. & 4.

licence & l'impunité. Enfin il cherchoit à fe rendre terrible par le mal qu'il pouvoit faire, & il l'imputoit comme une faveur à ceux à qui il n'en faifoit point.

J'avois fongé à retrancher ces portraits qui rompent le fil de l'hiftoire. Mais comme les hommes, dans tous les tems, font toujours les mêmes, j'ai cru que ces portraits pourroient ne pas déplaire aux Lecteurs.

S. V.

Retraite des dix mille Grecs depuis la province de Babylonie jufqu'à Trébifonde.

LES GÉNÉRAUX des Grecs aiant été arrêtés & ceux qui les avoient fuivis maffacrés, les Grecs furent dans une grande confternation. Ils étoient à cinq ou fix cens lieues de la Gréсе environnés de grands fleuves & de nations ennemies, fans guide ni conducteur, & fans que perfonne leur fournît des vivres. Dans l'abbattement général où l'on étoit, on ne fongeoit point à prendre ni nourriture,

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ni repos. Vers le milieu de la nuit, MNEMON. Xénophon, jeune Athénien, mais fenfé & prudent au-deffus de fon âge va trouver quelques Officiers, & leur repréfente, qu'il n'y a point de tems à perdre; qu'il eft de la derniére conféquence de prévenir les mauvais deffeins de leurs ennemis; qu'en quelque petit nombre qu'ils foient, ils fe rendront terribles s'ils montrent de la hardieffe; que c'eft le courage, & non la multitude, qui décide de la victoire; qu'avant tout il faut nommer des Commandans, parce qu'une armée fans Chef, eft un corps fans ame. Sur le champ on tient Confeil, où fe trouvent plus de cent Officiers. Xénophon étant prié d'y parler, déduit fort au long les raifons qu'il n'avoit d'abord touchées que légère-ment, & fur fon avis on nomme des Commandans: favoir Timafion, à la place de Cléarque; pour Socrate Xanticle; au lieu d'Agias, Cléanor; Philéfie, pour Ménon; & Xénophon, pour Proxéne.

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Avant la pointe du jour on affembla l'armée. Les Chefs parléreat pour animer les troupes, & entre autres Xénophon. » Camarades, dt-il, il

ART A- » eft bien trifte pour nous d'avoir perXER XE » du tant de braves gens par une lâ

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» che trahison, & de nous voir aban» donnés de nos amis. Mais il ne faut » point fuccomber à notre malheur; » &, fi nous ne pouvons vaincre, » choififfons plutôt de périr glorieufe»ment, que de tomber fous la puis» fance des Barbares qui nous fe>> roient fouffrir les maux les plus » extrêmes. Souvenons-nous des cé» lébres journées de Platée, des Ther» mopyles, de Salamine, & de tant » d'autres, où nos ancêtres, quoi » qu'en petit nombre, ont terraffé & >> vaincu des armées innombrables » des Perses, & leur ont rendu pour » toujours formidable le nom feul des » Grecs. C'est à leur courage invinci »ble que nous fommes redevables de » l'honneur que nous avons de ne re» connoitre fur la terre d'autres mai »tres que les dieux, ni d'autre bon»heur que la liberté. Ils nous feront >> favorables ces dieux , vengeurs du » parjure, & témoins de la perfidie de » nos ennemis; & comme c'est à eux » qu'on s'attaque en violant les trai»tés, & qu'ils fe plaisent à abbaisser » les grands, & à élever les petits,

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