صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

ARTA- lui plaire, qu'en faifant sa volonté. KERXE Voila de quelle maniere Socrate inftruifoit la Jeuneffe; voila les principes & les fentimens qu'il lui infpiroit; d'un côté, une parfaite fou Xenoph. miffion aux Magiftrats & aux Loix, lib. 4. Me- en quoi il faifoit confifter la juftice; 803-805. de l'autre, un profond refpect pour

morabil. p.

la Divinité, ce qui conftitue la religion. Il vouloit qu'on confultât les dieux fur toutes les chofes qui paffent notre connoiffance; & comme ils ne fe découvrent qu'à ceux qu'il leur plait, parce qu'ils ne doivent rien à perfonne, il recommandoit avant tout de fe les rendre propices par une conduite fage & réglée. Les Dieux font libres, dit-il, & il dépend d'eux d'ac corder ce qu'on leur demande, ou de donner tout le contraire. Il cite une belle priére, tirée d'un Poéte dont le nom n'eft pas connu. Grand Dieu, donni nous les biens quinous font néceffaires, foit que nous vous les demandions, ou non;& éloignez de nous toutes les chofes qui pour roient nous nuire, quand même nous vous

2 Ε'πί θεοῖς ἐσὶν, οἶμαι, ὥσε] τάτων. Plut. in Alcib, τα διδόναι ἀπ' ἐν τις ευχές pag. 148. μενος τυγχάνη, και τάμαντι

Memorab.

les demanderions. Le vulgaire penfoit MNEMON: qu'il y a des chofes que les dieux remarquent, d'autres qu'ils ne remar-Xenoph. quent point. Mais Socrate enfeignoit 1. 1. p. 711. que les dieux obfervent toutes nos actions & toutes nos paroles; qu'ils pénétrent jufques dans nos plus fecrettes penfées; qu'ils font préfens à toutes nos délibérations, & qu'ils nous infpirent dans toutes nos affaires.

S. V.

Socrate s'applique à décréditer les Sophiftes dans l'efprit des jeunes gens d'Athénes. Ce qu'il faut entendre par l'Ironie qui lui eft attribuée.

SOCRATE avoit à prémunir les jeunes gens contre un mauvais goût qui depuis quelque tems commençoit à prévaloir dans la Gréce. On voioit paroitre des hommes faftueux, qui, prenant la place des premiers Sages de la Gréce, avoient une conduite entiérement oppofée. Car au lieu qu'infiniment éloignés de toute avarice & de toute ambition, Pittacus, Bias, Thalès, & les autres, faifoient leur principale occupation de l'étude de la fageffe

[blocks in formation]

ARTA- ceux-ci, ambitieux & avares, s'intr XER XE guoient dans les affaires du monde, & trafiquoient de leur prétendu favoir. Ils Plut in Apo- fe nommoient Sophiftes. Ils alloient de Log. pag. 19. ville en ville. Ils s'y faifoient annoncer

& 20.

comme des oracles. Ils marchoient ac compagnés d'une foule de difciples, qui, par une espèce d'enchantement, abandonnoient le fein de leurs parens, pour fe livrer à ces maîtres orgueilleux qu'ils paioient bien chérement. Il n'y avoit rien que ces Docteurs n'enfei gnaffent. Théologie, Phyfique, Morale, Arithmétique, Aftronomie, Gram maire, Mufique, Poésie, Rhétorique, Hiftoire: ils favoient tout, & pouvoient tout enfeigner. Leur fort étoit la philofophie & l'éloquence. La plupart, comme Gorgias, fe piquoient de fatisfaire fur le champ à toutes les queftions qu'on leur pouvoit faire. Les jeunes gens n'emportoient de leurs inftructions qu'une fote eftime d'eux-mêmes, & qu'un mépris général pour tous les autres; difciple & il ne fortoit aucun de ces écoles qui ne fût plus imperti nent que quand il y étoit entré.

a Sic enim appellantur | phantur. Cic. in Luçılı hi, qui, oftentationis aut n. 129. queftus caufa, philofo

Il s'agiffoit de décréditer dans l'ef- MNEMON. prit des jeunes Athéniens la fauffe éloquence & la mauvaise dialectique de ces orgueilleux maîtres. Les attaquer de front, & les combattre directement par un discours fuivi, Socrate étoit très capable de le faire, car il poffédoit dans un fouverain degré le talent de la parole & celui du raisonnement: mais ce n'eût pas été le moien de réuffir contre de grands difcoureurs, qui ne cherchoient qu'à éblouir leurs auditeurs par un vain éclat & un flux rapide de paroles. Il fuivit une autre route, & emploiant les détours, & la foupleffe de l'Ironie, qu'il favoit manier avec un art & une délicateffe merveilleuse, il prit le parti de cacher fous une fimplicité apparente, & fous une ignorance affectée, toute la beauté & toutes les richeffes de fon efprit. La nature, qui lui avoit donné une fi belle ame, fembloit lui avoir formé l'extérieur exprès pour foutenir le caractére ironique. Il étoit fort Xenoph. 5: laid, & outre fa laideur, il avoit in Conviv p. 883. dans la phyfionomie quelque chofe

a

a Socrates in ironia dif- Initate præftitit. Cic. l. 2. fimulantiaque longè om- de Orat. n. 270. nibus lepore atque huma- b Zopyrus phyfiogno

Plat. in Pro

315 & 335.

[ocr errors]

186. &c.

ART A- d'ébété & de ftupide. Tout l'air de XERXE perfonne, qui n'avoit rien que de tre commun & de très pauvre, répondoit parfaitement à l'air de fon vifage. Quand a il fe trouvoit dans une tag. pag. 314. compagnie avec quelqu'un de ces SoIn Lachet. phiftes, il propofoit fes doutes d'un air timide & modefte, faifoit des queftions toutes fimples; & comme s'il n'eût pu fe faire entendre autrement, il ufoit de comparaifons triviales, & prifes des métiers les plus vils. Le Sophifte l'écoutoit avec une attention dédaigneufe, & au lieu de donner une réponse précise, il t jettoit dans des lieux communs, & difcouroit beaucoup fans rien dire qui fût à propos. Socrate , après avoir applaudi pour ne pas effaroucher for homme, le prioit de vouloir bienie

[ocr errors]

ne,

Atupidum effe Sed & illum quem us Socratem dixit & bar-minavi (Gorgiam) dum. Cic. de Fat. n. 10. cæteros Sophiftas, a Socrates de fe ipfe Platone intelligi pot detrahens in difputatio- lafos videmus à So plus tribuebar is Is enim percontando quos volebat refellere. que interrogando da Ita cum aliud diceret folebat eorum opis atque fentiret, libenter quibufcum differebr uti folitus eft illa diffi- ad ea, quæ ii refpecs mulatione, quam Græci fent, fi quid videt: persiar vocant. Cic. A-diceret. Cic. de E

[ocr errors]

cademic. Quæft. lib. lib. 2. n. 2.

4.

« السابقةمتابعة »