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DARIUS dement de la flote à Lyfandre, avec promeffe de fervir avec plus d'affetion & de courage s'il les commandoit. Comme il y avoit à Sparte une loi qui défendoit que le même homme fût deux fois Amiral, les Lacédémoniens, qui vouloient faire plaifir aux alliés, donnérent le titre d'Amiral à un certain Aracus, & envoiérent avec lui Lyfandre, à qui ils ne donnérent en apparence que le titre de Vice-Amiral, mais qu'ils revétirent en effet de toute l'autorité de l'Amiral même.

Tous ceux qui dans les villes avoient le plus de part au gouvernement, &y étoient le plus en crédit, le virent arriver avec une extrême joie, fe promet tant tout de fon autorité pour achever de détruire par tout la Démocratie. Son caractére complaifant pour fes amis, & indulgent pour toutes leurs fautes, accommodoit bien mieux leurs vûes ambitieuses & injuftes, que l'auftére équité de Callicratidas. Car Lyfandre étoit un homme profondément corrompu, & qui faifoit gloire de n'avoir nul principe fur la vertu & fur les devoirs les plus facrés. Il ne faifoit aucun fcrupule d'emploier en tout la rusą & la fourberie. Il n'estimoit la justice

qu'autant qu'elle pouvoit lui fervir; NOTHUS. & quand elle ne favorifoit point fes intérêts, il lui préféroit fans héfiter l'utile, qui chez lui étoit le feul beau & le feul honnête, perfuadé que la vérité n'avoit, par fa nature, nul avantage fur le menfonge, & qu'il faloit mefurer le prix de l'une & de l'autre au profit qui en revenoit. Et pour ceux qui lui repréfentoient que c'étoit une chofe indigne des defcendans d'Hercule, d'emploier le dol & la fraude, il s'en moquoit ouvertement. Car, difoit-il, par tout où la peau du lion ne peut atteindre, il faut y coudre la peau du renard.

On rapporte de lui un mot, qui marque bien le peu de compte qu'il faisoit de fe parjurer. Il avoit coutume de dire* qu'on amufoit les enfans avec des offelets, & les hommes avec les fermens, montrant par une irréligion fi déclarée qu'il faifoit encore moins de cas des dieux que de fes ennemis. Car celui qui trompe par un faux ferment, dé

offelets, & les hom

Le texte grec peut re-pellent tricher) au jeu des cevoir un autre fens, qui n'eft peut être pas moins bon. Que les enfans pouvoient tromper, ufer de fupercherie (deftce qu'ils ap-analar.

mes dans les fermens.
Exédeve ròs μèr naïfas åsfg-
város, Toùs 5o årffas uphols

Xenoph. Hellen. li 2. p. 454.

DARIUS clare ouvertement par là qu'il crain fon ennemi, mais qu'il méprife Dieu. Icit finit la vingt-fixiéme année d la guerre du Péloponnéfe. C'est dan: cette année que le jeune Cyrus, éblou de l'éclat du commandement auque il étoit peu accoutumé, & jaloux de moindres marques d'honneur qui pou voient relever fon rang & fon autori té, découvrit par une action éclatante le fecret de fon cœur. Elevé dès l'enfance dans la maifon régnante, nourri à l'ombre du trône parmi les foumif fions & les profternemens des gens de Cour, entretenu de longue main, par les difcours d'une mere ambitieufe qui l'idolâtroit dans le défir & l'efpérance de la roiauté il commençoit déja à en exercer les droits & à en exiger les refpects avec une hauteur & une rigidité qui étonnent. Deux Perfes de la famille roiale, ses coufins germains, & dont la mere étoit four de Darius fon pere, avoient manqué

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de fe couvrir les mains de leurs manches en fa présence, felon le cérémonial qui ne s'obfervoit qu'à l'égard des Rois de Perfe. Cyrus, choqué de cette omiffion comme d'un crime capital, les condanna à mort, & les fit im

pitoiablement exécuter à Sardes. Da- NOTHUS. rus, aux piés duquel les parens vinrent fe jetter pour lui demander jufice, fut fort touché de la mort tragique de fes deux neveux, & regarda cette action de fon fils comme un attentat contre hi-même, à qui seul cet honneur étoit dû. Il prit la réfolution de lui ôter fon gouvernement, & il le manda à la Cour fous prétexte qu'étant malade il avoir envie de le voir.

Avant que de partir pour s'y rendre, Cyrus fit venir Lyfandre à Sardes, & lui remit en main de groffes fommes d'argent pour paier få flote, lui en promettant encore davantage pour l'avenir. Et, par une oftentation de jeune homme, pour lui faire voir combien il avoit envie de lui faire plaifir, il l'affura que quand le Roi fon pere ne lui fourniroit rien, il lui donneroit plutôt du fien propre; & que fi tout venoit à lui manquer, il feroit fondre fon trône d'or & d'argent maffif, fur lequel il s'affeioit pour rendre la juftice. Enfin, fur le point de partir, il lui donna le pouvoir de recevoir les tributs & les revenus des villes, lui confia le gouvernement de

DARIUS fes provinces, & l'embraffant il le conjura de ne point donner de bataille en fon abfence s'il n'étoit fupérieur en force, parce que le Roi ni lui ne manquoient pas de pouvoir ni de volonté pour le rendre plus puiffant que fes ennemis; & il lui promit, avec les affurances les plus fortes de fon affection, de lui amener grand nombre de vaiffeaux de la Phénicie & de la Cilicie.

Xenoph.

2.p.455-458.

P. 437-440.

pag. 212. Diod. lib. 13. pag. 223-.

226.

Après le départ de ce Prince, LyHellen. lib. fandre tourna du côté de l'Hellefpont, Plut. in Lyf. & mit le fiége par mer devant LampId. in Alcib. faque. Torax s'y étant rendu en mềme tems avec fes troupes de terre, donna l'affaut de fon côté. La ville fut emportée de force, & Lyfandre l'abandonna au pillage. Les Athéniens, qui le fuivoient de près, mouillérent au port d'Eléonte dans la Querfonnése avec cent quatre-vingts galéres. Mais fur la nouvelle de la prife de Lampfails allérent promtement à Sefte, & après s'y être fournis de vivres, ils firent voile, en remontant le long de * La riviére la côte, jufqu'à un lieu appellé * Ægosde la chevre, potamos, où ils s'arrêtérent vis-à-vis des ennemis qui étoient encore à l'ancre devant Lampfaque. L'Hellefpont n'a pas dans cet endroit deux mille

que,

pas

de

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