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DARIUS naître : avarice que l'on éteignoit bien moins en défendant aux particu liers d'en avoir, qu'on ne l'enflam moit en permettant à la ville entiére d'en amaffer & de s'en fervir. Car il étoit impoffible qu'en voiant cette monnoie en honneur & en eftime dans le public, on la méprisât en particulier comme inutile, & que chacun regardât comme de nulle valeur pour fes affaires domestiques ce que ville eftimoit & recherchoit à fort pour les fiennes; les mauvais ufages autorifés par les moeurs publiques, étant mille fois plus dangereux pour les particuliers que les vices des par ticuliers ne le font pour le public. Ainfi, dit encore Plutarque, les La cédémoniens, en infligeant peine de mort contre ceux qui feroient usage en particulier de la nouvelle monnoie, furent affez imprudens & affez aveu gles pour croire qu'il fuffifoit de placer comme en fentinelle à la porte maisons la loi & la crainte du fupplice, pour empêcher l'or & l'argent dy entrer; pendant qu'ils laiffoient le coeur de leurs citoiens ouvert à l'ad miration & au défir des richeffes, & qu'ils

des

qu'ils y introduifoient eux-mêmes une NOTHUS. violente paffion d'en amaffer, en faifant regarder comme une chofe grande & honorable de devenir riche.

Av. J. C.454.

Ce fut vers la fin de la guerre du Pé- AN. M. 16:0. loponnéfe que mourut, après un régne de dix-neuf ans, Darius Nothus Roi de Perfe. Cyrus étoit arrivé à la Cour avant fa mort; & Paryfatis fa mere, dont il étoit l'idole, non contente d'avoir fait fa paix malgré toutes les fautes qu'il avoit commises dans fon Gouvernement, preffoit encore le vieux Roi de le déclarer fon fucceffeur, à l'exemple de Darius premier de ce nom, qui avoit donné la préférence à Xerxès fur tous fes freres, parce qu'il étoit né, comme celui-ci, depuis l'avénement de fon pere à la couronne. Mais Darius ne pouffa pas jusques-là fa complaifance pour elle. Il donna la couronne à Arface fon aîné, & fils auffi de Paryfatis: il eft appellé Arficas dans Plutarque; & ne laiffa à Cyrus que le gouvernement des provinces qu'il avoit déja.

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ARTA

MNÉMON.

abababababababababababai

LIVRE NEUVIEME

SUITE

DE L'HISTOIRE

DES PERSES ET DES GRECS Pendant les quinze premiéres années di régne d'Artaxerxe. Mnémon.

CHAPITRE

CE

PREMIER.

E CHAPITRE renferme les trou bles domeftiques de la Cour de XERXE Perse la mort d'Alcibiade : le réta bliffement de la liberté à Athènes : les fecrets deffeins de Lyfandre pour faire Roi.

AN. M. 3600.

S. I.

fe

Saere d'Artaxerxe Mnémon, Cyrus en 21treprend d'égorger fon frere. Il eft renvoié dans l'Afie Mineure. Cruelle vengeance de Statira femme d'Artaxerxe fur les auteurs & les complices du meurtre de fon frere. Mort d'Alci

biade. Son caractére.

ARSACE, en montant fur le trône, Av.J.C,454. prit le nom d'Artaxerxe: c'est celui à

* Ce mot fi

a une bonne

Athen. lib.

12. p. 548.

qui les Grecs, à caufe de fa mémoire AR TAprodigieufe, ont donné le furnom de X ER X E *MNÉMON. Etant auprès du lit de fon MNÉMON. pere malade, il lui demanda, un moment avant qu'il expirât, quelle avoit gnifie en Gree été la régle de fa conduite pendant un un homme qui régne auffi long & auffi heureux que mémoire. le fien, afin de pouvoir l'imiter. Ca été, lui répondit-il, de faire toujours ce que la juftice & la religion demandoient de moi. Paroles mémorables, & qui méritent d'être gravées en lettres d'or dans le palais des Rois, pour les faire - fouvenir continuellement de ce qui doit régler toutes leurs actions. Il est affez ordinaire aux Princes de donner en mourant d'excellentes inftructions à leurs enfans. Elles feroient plus efficaces, fi l'exemple & la pratique les avoient précédées: fans cela elles font auffi foibles que le malade qui les donne, & ne lui survivent de guéres.

* Ville de

Peu de jours après la mort de Da- Plut. in Arrius, le nouveau Roi partit de fa ca- tax. p. 1012. pitale, & alla à la ville de * Pafargades pour s'y faire facrer, felon la coutu- Perfe, bâtie par le grand me, par les Prêtres de Perfe. Il y avoit Cyrus. dans cette ville un temple de la Déeffe qui préfide à la guerre, où fe faifoit le facre des Rois. Il étoit accompagné

ART A- de cérémonies très finguliéres, qui XER X E fans doute ont un fens caché, mais

Plutarque ne l'explique point. Le Prince qui devoit être facré dépouil loit fa robe dans ce temple, & y pre noit celle que l'ancien Cyrus avoit portée avant que de devenir roi, laquelle y étoit gardée avec beaucoup de vénération. Enfuite, après avoir mangé une figue féche, il mâchoit des feuilles de térébinthe, & avaloit un breuvage compofé de vinaigre & de lait. Cela fignifieroit-il que les douceurs qu'on goûte dans la roiauté font mélées de beaucoup d'amertumes, & que fi le trône eft environné de plai firs & d'honneurs, il ne l'eft pas moins de peines & d'inquiétudes? Il paroit affez clair qu'en revétant le nouveau Roi de la robe de Cyrus, on vouloit lui faire entendre qu'il devoit auffi être revétu de ses grandes qualités & de ses

rares vertus.

Le jeune Cyrus, dévoré d'ambition, étoit au défespoir d'être fruftré pour toujours de l'efpérance du trône que fa mere lui avoit donnée, & de voir paffer dans les mains de fon frere un fceptre qu'il croioit lui être dû. Les crimes les plus noirs ne coutent rien à

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