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fentit les maux d'une exceffive liberté. Ces deux grandes Républiques, contraires dans leurs moeurs & dans leur conduite, s'embarraffoient une l'autre dans le deffein qu'elles avoien d'affujettir toute la Gréce; de forte qu'elles étoient toujours ennemies, plus encore par la contrariété de leurs intérêts, que par l'incompatibilité de leurs humeurs.

Les villes grecques ne vouloient la domination ni de l'une ni de l'autre: car, outre que chacune fouhaitoit pouvoir conferver fa liberté, elles trouvoient l'empire de ces deux Républiques trop fâcheux. Celui de Lacédémone étoit dur. On remarquoit dans fon peuple je ne fai quoi de farouche. Arift. Polit. Un gouvernement trop rigide & un lib. pag. 4. vie trop laborieufe y rendoient les ef prits trop fiers, trop auftéres, & trop Id. 7. p. 14. impérieux : joint qu'il faloit fe réfoudre à n'être jamais en paix fous l'empire d'une ville, qui étant formée pour la guerre, ne pouvoit fe conferve Xenoph. de qu'en la continuant fans relâche. Ainfi rep. Lacon. les Lacédémoniens pouvoient com mander, & tout le monde craignoi qu'ils ne commandaffent.

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Les Athéniens étoient naturellemen plus doux & plus agréables. Il

avoit rien de plus délicieux à voir que leur ville, où les feftins & les jeux étoient perpétuels; où l'efprit, où la liberté & les paffions donnoient tous les jours de nouveaux fpectacles. Mais leur conduite inégale déplaifoit à leurs alliés, & étoit encore plus infupportable à leurs fujets. Il faloit effuier les bizarreries d'un peuple flaté, c'est-àdire, felon Platon, quelque chofe de plus dangereux que celle d'un Prince gâté par la flaterie.

Ces deux villes ne permettoient point à la Gréce de demeurer en repos. On a vu la guerre du Péloponnése, & les autres, toujours caufées ou entretenues par les jaloufies de Lacédémone & d'Athénes. Mais ces mêmes jaloufies qui troubloient la Gréce, la foutenoient en quelque façon, & l'empéchoient de tomber dans la dépendance de l'une ou de l'autre de ces Républiques.

Les Perfes apperçurent bientôt cet état de la Gréce. Ainfi tout le fecret de leur politique étoit d'entretenir ces jaloufies, & de fomenter ces divifions. Lacédémone, qui étoit la plus ambitieuse, fut la premiére à les faire entrer dans les querelles des Grecs. Ils y entrérent dans le deffein de fe rendre

de leg. Ifocrat. Pa negyr.

maîtres de toute la nation; & foigneux d'affoiblir les Grecs les uns par les auPlat. lib. 3. tres, ils n'attendoient que le moment de les accabler tous ensemble. Deja les villes de Gréce ne regardoient dans leurs guerres que le Roi de Perse, qu'elles appelloient le grand Roi, ou le Roi par excellence, comme fi elles fe fuffent déja comptées pour fujettes. Mais il n'étoit pas poffible que l'ancien efprit de la Gréce ne se réveillât à la veille de tomber dans la fervitude, & entre les mains des Barbares.

De petits Rois Grees entreprirent de s'oppofer à ce grand Roi, & de ruiPolyb.lib.3. ner fon empire. Avec une petite armée, mais nourrie dans la difcipline que nous avons vûe, Agéfilas, Roi de Lacédémone, fit trembler les Perfes dans l'Afie Mineure, & montra qu'on les pouvoit abbattre. Les feules divifions de la Gréce arrétérent fes conquêtes. La fameufe retraite des dix mille Grecs, qui, après la mort du jeune Cyrus, malgré les troupes victorieufes d'Artaxerxe, traverférent quelque tems auparavant en corps d'armée tout l'empire des Perses, & retournérent dans leur pays : cette action, dis je, montra à la Gréce plus que jamais, qu'elle nourriffoit une milice invinci

ble à laquelle tout devoit céder, & que fes feules divifions la pouvoient foumettre à un ennemi trop foible pour lui réfifter quand elle feroit unie.

Nous verrons dans la fuite com ment Philippe, Roi de Macédoine profitant de ces divifions, vint à bour à la fin, moitié par adreffe, & moitié par force, de fe rendre le plus puiffant de la Grèce, & comment il obligea tous les Grecs à marcher tous fes étendarts contre l'ennemi commun. Ce qu'il n'avoit fait qu'ébaucher, Alexandre fon fils l'acheva; & monua à l'univers étonné ce que peuvent l'habileté & L courage contre les armées les plus nombres & l'appareil le plus terrible.

Après ces réflexions fur le gouvernement des principaux peuples de la Gréce, tant en paix qu'en guerre & fur leurs différens caractéres, il me refte à parler de ce qui regarde la religion, & c'est par où commencera le Volume fuivant.

Fin du IVe Tome,

TABLE

DU QUATRIEME VOLUME

HISTOIRE

DES PER SES

E T

DES GRECS.

§. III. Quatre cens hommes aiant été revétus de
toute l'autorité à Athènes, en abufent tyran
niquement. Ils font caffés. Alcibiade eft rap-
pellé. Après divers accidens, & plufieurs con
quêtes confidérables, il retourne triomphant

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