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pour la grande ovation que Rome lui préparait, pour les honneurs consulaires décernés à son nom!... vous disiez : « Bientôt » il reviendra; le peuple ira lui rendre grâce; je volerai au >> devant de lui; je reverrai ses traits aimés; il m'embrassera; » il me racontera ses exploits; mais moi, je lui parlerai, je le » saluerai la première!... » Malheureuse Livie, qui mériticz si peu ce grand revers! vous, la vertueuse épouse du premier des hommes! De quoi vous ont servi tant de qualités éclatantes, puisque vous n'avez pu fléchir les dieux ?... Oui, la fortune à craint, en vous épargnant, de faire douter de sa fata'e puissance, alors que rien ne vous manquait, ni le comble des biens, ni le comble des mérites... Ainsi, naguère, avait-elle moissonné Marcellus, le cher enfant d'Octavie... Parques homicides! assez, assez de funérailles! fermez ces tombeaux!... Drusus, n'es plus!... vainement nous t'avons nommé consul!... les lic teurs sont là, tes ordres sacrés manquent... Du moins, vous, Tibère, son frère et son ami, vous avez pu recueillir son haleine expirante! mais sa mère n'a pu l'embrasser, ni réchauffer, sur sa poitrine les membres glacés d'un fils!... Et, maintenant, elle pleure; elle se résout en larmes, ainsi qu'on voit les neiges devenir fleuves au premier souffle des vents furieux du midi... Je l'entends; elle s'est écriée « O mon fils! tu m'es ravi pour tou>> jours!... Gloire de ton père, où es-tu? Gloire de ta mère, où >> es-tu?

Gloria confectæ nata parentis, ubi es?

Gloria confectæ nunc quoque matris, ubi es?

t

>> Qu'ai-je fait pour m'attirer ce malheur? existe-t-il de justes >> dieux?... O mon fils! je n'ai plus que tes entrailles à honorer » sur ce bûcher! mais ton corps! mais tes mains, je ne puis les >> baigner de mes pleurs, les couvrir de parfums, les presser de >> mes lèvres!... Je t'attendais consul et triomphateur, je te re»çois mort! je ne vois briller tes faisceaux que devant ton cer»cueil !

Sic mihi, sic miseræ nomina tanta refers!"
Quos primùm vidi fasces, in funere vidi..

» ....Désormais, quand on viendra me dire Voici votre fils » Néron le vainqueur, je ne pourrai plus demander lequel? Ah! » malheureuse que je suis! je tremble, je frissonne!...

I.

Me miseram, extimui, frigusque per óssa cucurrit!!.

» A présent, je crains toujours de voir mourir le second ; j'étais

» si tranquille, quand ils vivaient tous les deux!... Du moins, » Tibère, ne va pas me quitter! me laisser seule sur la terre! et >> que je t'aie pour me fermer les yeux!...>>

Ainsi parla Livie, jusqu'à ce que les sanglots eussent étouffé sa voix !

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Princesse, ne vous abandonnez pas ainsi! Pensez qu'il y a des consolations pour vous...; de précieux restes vous ont été rapportés. L'armée les couvrit de ses regrets; et il fallut que Tibère, pour ainsi dire, les lui arrachât... Toutes les villes de l'empire, par où ils ont passé, ont pris le deuil... Rome entière n'a plus qu'un seul discours, qu'un seul aspect, le deuil... Les lieux publics sont fermės; on sort, on court de tout côté, saisis d'effroi...; la justice est suspendue...; les temples sont déserts... Drusus! l'histoire consacrera ta vie!... ta statue ornera le Forum!... on dira que tu es mort pour la patrie! Et toi, Germanie cruelle, qui nous l'as enlevé, tu périras!... Tes enfans, si fiers de la mort de notre héros, seront traînés, par le bourreau, dans nos prisons... Je les verrai, je les contemplerai, nus, exposés sans honneur sur la voie publique, et je me réjouirai!

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Carnifici in masto carcere dandus erit,
Consistam, lætisqué oculis, lentusque videbo

Strata per obcœnas corpora nuda vias, etc., etc.

Mais, que dirai-je de vous, Antonie? digne épouse de Drusus, digne belle-fille de Livie! Hélas! vous étiez faits l'un pour l'autre, égaux en naissance, en biens, en vertus...; vous fûtes son unique amour, le charme de sa vie, le repos de ses travaux!... il ne vous racontera plus ses dangers et ses victoires!...; dans votre désespoir, vous arrachez votre belle chevelure, vous cherchez vainement cet époux absent à jamais...; vous interro gez vainement votre couehe silencieuse et déserte... Telle fut Andromaque, telle Evadné... Mais, pourquoi désirer la mort ! quand il vous reste, dans vos enfans, de précieux gages de Drusus?... Calmez ces fureurs insensées!... Drusus a rejoint ses glorieux ancêtres : il triomphe maintenant chez les dieux pour ne plus mourir... Songez, veuve infortunée, et vous aussi, mère illustre, à ne rien faire d'indigne de vous! La barque de Caron nous attend tous à peine suffit-elle à la foule qui s'y précipite.

Fata manent omnes, omnes exspectat avarus
Portitor, et turbæ vix satis una ratis...

Que dis-je ? le ciel, la terre et la mer passeront...; comment vouliez-vous que Drusus échappåt, seul, à la destinée?... Il est mort jeune, il est vrai, mais plein d'honneur et de gloire: Le Rhin

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les Alpes, le Danube, et jusqu'au Pont-Euxin, ont vu ses exploits. L'Arménien en fuite, le Dalmate suppliant, la Germanie entière ouverte aux Romains, les attestent... Résignez-vous donc. Obéissez aux ordres d'Auguste, qui vous forcent à prendre de la nourriture!.... Qu'attendre des dieux qui n'ont pu rendre Achille aux larmes de Thétis?.... Entendez la voie de Drusus luimême, qui vous crie: «J'ai le sort des héros; je meurs assez >> vieux, puisque j'ai beaucoup fait; his ævum fuit implendum, non segnibus annis. Il m'est doux de voir les chevaliers romains honorer mes cendres, et se presser autour de mon lit funèbre..... Ma femme, ma mère, séchez vos pleurs!.... Princesses! vous avez entendu cette voix courageuse. C'est assez : contenez vos douleurs! et que la demeure d'Auguste ne soit plus troublée des images de mort; car les destins du monde sont confiés à notre

empereur.

Un mot maintenant sur l'Etna de Cornelius Severus. Ce poème descriptif est rempli de beaux vers. Il faut savoir gré à l'auteur de la difficulté qu'il eut à vaincre, aussi bien que Lucrèce, pour plier la langue poétique à l'explication technique des phénomènes naturels ; mais, outre que sa théorie des volcans est aujourd'hui complètement surannée, elle ouvre, par elle-même, peu de champ à l'intérêt. Sans le récit heureusement amené, dès le début, du combat des géans contre Jupiter, et aussi sans l'épisode final des deux jeunes frères qui, dans une éruption de l'Etna, sauvèrent leur père et leur mère, en les chargeant sur leurs épaules, tandis que les autres habitans de Catane ne songeaient qu'à sauver leurs trésors, l'ouvrage paraîtrait sec et languissant. A la vérité, ces deux morceaux sont justement admirés, comme le remarque le traducteur exact et savant de Severus, Accarias de Sérione (1). Sénèque, le philosophe, admirait aussi beaucoup un fragment du même auteur, sur la mort de Cicéron, dans un poème qu'il avait entrepris sur la guerre civile, disent les uns; sur la guerre de Sicile, disent les autres. Voici ce fragment que nons ferons suivre d'un essai de traduction en vers.

Abstulit una dies civis decus, ictaque luctu
Conticuit latiæ tristis facundia linguæ :
Unica sollicitis quondam tutela, salusque,
Egregium semper patriæ caput, ille senatus
Vindex, ille Fori, legum, ritusque, togæque
Publica vox suavis æternùm obmutuit armis.

(1) L'Etna de P. Cornelius, et les Sentences de Publius Syrus, traduits en prose française par Accarias de Sérione. 1 vol. in-12. Paris, 1736, fig. (Vol. peu commun.)

Informes vultus, sparsumque cruore nefando
Canitiem, sacrasque manus, operumque ministras
Tantorum pedibus civis projecta superbis,
Proculcavit ovans: nec lubrica fata, deosque
Respexit; nullo luet hoc Antonius ævo.

Un seul jour a ravi l'honneur de la cité!
Par ce coup la voix manque au Latin attristé!
L'appui des malheureux, le chef de la patrie,
Le vengeur du sénat, la voix sainte et chérie,
Et des grands et des dieux, du Forum et des lois,
Sous un barbare fer succombent à la fois.

Un monstre, sans égards pour le ciel qu'il outrage,
Osa souiller de sang cet auguste visage,

Flétrir ces cheveux blancs, ces glorieuses mains,
Fier de fouler aux pieds le plus grand des Romains.
Antoine détesté! ta honte est immortelle !

Cornelius Severus est un poète religieux; il cherche et voit la main divine partout: nous l'en félicitons comme poète et comme philosophe. Cenoble penchant couvre beaucoup d'erreurs en physique. Ne vaut-il pas mieux trouver, dans la main suprême, la cause première des volcans, ainsi que de tous les grands effets de la nature, que d'en mal expliquer les causes secondes, et de dire, par exemple, que les éruptions volcaniques ont lieu parce que le vent qui s'introduit dans les crevasses de la montagne, venant à souffler le feu, détermine la combustion? Severus vivait 24 ans avant Jésus-Christ; il fut précoce dans son talent, et mourut jeune.

APHTONII PROGYMNASMATA.

Partim à Rodolpho Agricolâ, partim à Johanne Mariâ Catanæo latinitate donata: cum scholiis R. Lorichii (Reinhard). Novissima editio, superioribus emendatior et concinnior; adjecto indice utilissimo. Amstelodami, apud Lud. Elzevirium. (1 vol. pet. in-12, br., portant 5 pouces 2 lignes de hauteur). C13.15. XLIX.

(350-1515-1649.)

Le rhéteur Aphtonius vivait dans le ive siècle de notre ère, temps de la décadence des lettres grecques et latines, et l'on s'en aperçoit à ses écrits. Il passe pour avoir reproduit les préceptes d'Hermogène, autre rhéteur fameux sous le règne de Marc-Aurèle. Suidas lui a fait de grands reproches, que nous adoptons avec empressement; ce qui n'a pas empêché qu'il vint jusqu'à nous; qu'il ait été imprimé avec soin à Florence, chez les Giunti, dès l'année 1515; que l'on en ait fait, depuis, plusieurs éditions, sans compter celle-ci, qui est fort jolie, et que François Escobar en ait donné une traduction française, imprimée in-8, à Barcelonne, en 1611. Sa renommée a donc eu des destins fort heureux, en comparaison de celle de bien d'autres.

Il nous donne, dans quatorze chapitres, quatorze matières d'exercices pour la jeunesse, et commence, on ne sait pourquoi, par la fable; à la vérité, la fable devait lui plaire avant tout, en sa qualité de fabuliste. Les autres thêmes d'exercices sont, pour le genre délibératif, la narration, chreia ou l'utilité morale, la sentence et la thèse; pour le genre judiciaire, la réfutation ou le renversement, la confirmation, le lieu commun; et, pour le genre démonstratif, l'éloge, le blâme, l'imitation des mœurs ou l'éthopée, la description, et la législation ou induction des lois. Rien de plus sec, de plus aride que cette classification arbitraire des principes de la rhétorique, et généralement que la manière d'Aphtonius. Il définit en deux mots, divise et subdivise sans transition, sans explication aucune; se bornant ensuite à énoncer comment on doit procéder; ici, par l'éloge, la paraphrase, la cause, le contraire, le semblable, la parabole, l'exemple, les témoignages et l'épilogue'; là, quand on réfute, par exemple, par des moyens tirés de l'obscur, de l'incroyable, de l'impossible, de l'inconséquent, du honteux, de l'inutile, etc., etc.; à peine daigne-t-il s'humaniser jusqu'à proposer quelques modèles pris d'Iso crate, de Théognis, de Thu

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